Clermont-Ferrand : vol en mongolfière

L'Auvergne est comme une femme : à peine est-on dans ses bras chaleureux et verdoyants, ou au creux de ses formes arrondies, qu'on refuse de les quitter...

Focus Rando :Clermont-Ferrand : vol en mongolfière

C’était un dimanche, j’étais en congés, le temps était merveilleusement doux et la ville entière dormait encore ; et pourtant dès quatre heures du matin j’étais debout ! Fou, je ne cesse de me le répéter !!!

A l’heure convenue, un taxi m’attendit au bas de l’hôtel. Les rues étaient désertes quand nous nous y engageâmes. Le château de Montlosier est situé au pied des Puys de La Vache et de Lassolas. Il faut compter trente minutes pour s’y rendre, malgré une faible circulation. Sur le siège arrière, je luttais pour conserver mes yeux ouverts ; mais en esprit et le ventre creux je salivais d’avance sur les prochains paysages uniques à admirer depuis une certaine hauteur. La journée promettait d’ailleurs d’être unanimement ensoleillé, sans encombre nuageux. C’était rarissime en ce pays devenu, en si peu de temps, une véritable éponge.

Mon taxi fit halte devant l’entrée du Parc Naturel des Volcans. Sur la même place de stationnement, étaient alignées quelques voitures, ainsi que deux 4×4. Dehors, la nuit était noire et fraîche. Sitôt réglé mon trajet auprès du chauffeur, je rejoignis à petits pas un groupe d’individus emmitouflés dans des anoraks et de grosses chaussures ou des bottes. Un type au crâne dégarni, sur lequel reposait une casquette bleue, certainement un des organisateurs, leva une feuille à hauteur des yeux et commença l’appel. Tous les inscrits étaient présents, alors le groupe se scinda-t-il en deux pour partir séparément dans les 4×4 mis à notre disposition. Chacun d’eux traînait, à l’arrière, une remorque parfaitement cloisonnée. Monté derrière le conducteur à la casquette, je compris que notre lieu d’appareillage serait le Puy Pariou. Quinze minutes suivant notre départ, nous nous interrompions au bord d’un champ, sur une route non fréquentée, à la sortie d’un village.

Nous descendîmes tous, tandis que les organisateurs lâchaient dans les airs un petit ballon gonflé à l’hélium pour confirmer la météo et mesurer la direction, puis la force du vent. Nous remontâmes dans les véhicules. Notre parcours s’acheva durant le lever timide du soleil, dans un champ très vaste au pied du Puy Pariou, voisin du Puy-de-Dôme. Nous apercevions d’ailleurs son sommet mythique, au-dessus duquel s’élevait l’antenne du relais hertzien, au cœur d’un sanctuaire : le temple de Mercure.

Les deux remorques se vidèrent de leur contenu, avec des gestes précis, par les pilotes qui nous accompagneraient tout le long de notre randonnée aérienne. En effet, le clou de mon spectacle se couronnerait par un survol de la chaîne des puys en montgolfière. Pour le moment, ces toiles en nylon ressemblaient davantage à des capotes géantes, étalées sur l’herbe humide, prêtes à l’usage. Certains passagers s’activaient pour secourir les pilotes à monter tous les éléments nécessaires à la préparation des ballons, séparés entre eux par une vingtaine de mètres. L’assemblage fut suivi conjointement par l’installation de deux énormes ventilateurs, au seuil de la toile. Les brûleurs, fixés au centre de la nacelle posée sur son flanc, se mirent alors en action : la capote se gonfla en accéléré, se souleva par côtés, pour former une bouillotte grandeur nature. La suite s’enchaîna dans une pure logique : la nacelle, entraînée, se dressa à la verticale, tandis que le soleil, selon son rythme légendaire, illuminait le champ d’une couleur rosée.

La douceur de l’été succéda à la fraîcheur matinale, pendant que nous réalisions tous que nous allions vivre bientôt une aventure à part entière. Mon cœur battait la chamade comme jamais, le face-à-face avec la voûte céleste et ses chefs-d’œuvre d’ici-bas était proche. Notre impatience générale fut finalement récompensée par le sifflet final des pilotes : nous nous embarquâmes dans l’un des ballons d’une contenance maximum de huit passagers. Un premier groupe partit d’abord ; moi et mon groupe, depuis la nacelle du second ballon resté encore à terre, nous nous exaltâmes devant la montée de l’autre ballon. Il s’agissait d’un envol souple et sans accélération excessive. Nous-mêmes, une fois les brûleurs poursuivant le gonflage continu de la toile, décrochâmes du sol herbeux dans un mouvement bien proportionné. Nous amorçâmes une montée qui convertissait notre appréhension du vertige par une fascination toujours grandissante. Imaginez une grosse limace s’élever vers le ciel, le museau pointé à la verticale et le postérieur tournant au gré de la respiration de l’air ! Les vents étant favorables et la météo clémente, le décollage se déroula tranquillement, sans incident.

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Après une inclinaison selon une trajectoire prédéfinie, le ballon se stabilisa en maintenant son altitude. Le soleil, brillant de mille feux, nous talonnait le pas, faisant témoin de notre balade hors du commun. Nous dépassâmes paisiblement la pointe du surprenant Puy-de-Dôme. Une auréole lumineuse l’encerclait.

D’en haut, il était sublime de constater toutes les nuances de vert, allant au plus clair au plus foncé. Moi, sensible à la couleur, j’étais comblé à la vue de cet horizon démesuré. Des nappes nuageuses flottaient au-dessus des plaines et des lacs, au loin. Nous voguâmes ainsi dans les airs, selon les caprices jouissifs du vent du nord et en silence absolu, interrompu uniquement par les brûleurs actionnés par le pilote. Cette chaleur nous caressait la nuque en compensation de l’aurore matinale.

Nous nous hissâmes à plus de mille mètres d’altitude par rapport à notre point d’envol, équivalent à 2600 mètres de hauteur depuis le niveau de la mer. Tous les points culminants de la région me paraissaient minuscules. Nous survolâmes des paysages boisés, longeâmes des plaines, survolâmes des villages et des champs couverts de tâches blanches : des vaches ! Le pilote s’amusait parfois, en guise de démonstration, à activer les brûleurs pour nous montrer les vaches s’agiter et s’enfuir comme folles. Certains paysans, le menton et le poing levé, pestaient après nous. Au détour d’une colline, nous découvrîmes un château dissimulé entre des rangées de bosquets. Par moments, les appareils photos crépitèrent pour fixer ces paysages qui n’apparaîtraient plus de la même manière une fois en bas. Aucune turbulence ne faisait gigoter notre moyen de transport aérien, aucune vitesse ne nous signalait la limite, aucune nuisance sonore nous engorgeait. Le temps s’était arrêté. Plus loin, nous doublâmes le premier ballon, qui poursuivait sa route en basse altitude, presque à ras motte. Le ciel devenant plus illuminé par le soleil, toujours dans notre dos, je parvenais à reconnaître des chemins et des sentiers pour les avoir parcourus à pied récemment. A notre gauche, se dessinait dans un creux la ville de Rochefort-Montagnes et, encore plus loin, dans la même perspective, se dressaient les deux fabuleux et redoutables pitons rocheux à la formation insolite : Tuilière et Sanadoire, reconnaissables aisément par leur tête feuillue et leur silhouette particulière. J’aurais tant voulu que nous poussions notre balade aérienne jusqu’à elles ; hélas, il fallait déjà songer à redescendre car notre heure de vol expirait bientôt.

Des voitures passaient, à vive allure en dessous de nous, mais en sourdine : nous n’entendions même pas leur bruit – événement rare ! Finalement, un champ en pente fut vite localisé vers l’ouest, d’un nivelé correct et parfait pour notre zone d’atterrissage. A l’amorce de la descente, nous nous sentîmes moins léger d’un coup, un peu comme si nous avions perdu de l’apesanteur. Une nouvelle appréhension nous saisit : si nous allâmes nous renverser et nous écraser au sol ? Notre pilote nous rassura, en mesurant sa trajectoire et ses gestes. Au contact de la terre, la nacelle ne fléchit pas un seul mètre, tandis qu’elle s’immobilisa immédiatement. Les secousses furent à peine perceptibles. Un miracle de précision ! Nous quittâmes d’emblée le ballon et posâmes pieds au plancher. Une fois la nacelle défaite, tous s’empressèrent désormais de dénicher une sortie, afin que la voiture des suiveurs nous joignît rapidement. La seule issue fut découverte en amont, près d’un village qui laissaient entrevoir seulement quelques murs et les fenêtres des premiers étages. Mais le chemin herbeux pour gagner la route était étroit et jonché de ronces. La sœur du propriétaire du champ, à sa venue, s’engagea à nous aider et accepta la présence du 4×4 pour récupérer la montgolfière. Ce fut à partir du moment où le ballon, dégonflé et replié, fut embarqué dans le véhicule et celui-ci paré à emprunter le chemin de ronces, que les vraies difficultés se manifestèrent. Les pneus eurent vite fait d’être freiné par l’herbe haute et les épines envahissantes. Le treuil, désormais sorti, fut accroché au tronc d’un arbre. Celui-ci, bientôt, menaça de céder sous le poids du 4×4. Devant nos mines désappointées, le pilote ne cessa de nous balancer sa philosophie : « L’aventure est terminée seulement une fois qu’on est à la maison ! » A l’arrivée du second véhicule des suiveurs, nous présumâmes que le sauvetage serait rapide. Or, une fois encore, ce n’était qu’un leurre ! Lui aussi s’enlisa en s’efforçant de remorquer son confrère. Depuis peu, des femmes à l’allure bourgeoise, en provenance du village, se bousculaient en haut du chemin pour assister au spectacle. Malgré leur bonne volonté, elles ne nous furent d’aucune utilité : leurs maris partis à la ville, elles avouèrent qu’elles ignoraient se servir d’un tracteur.

Une autre solution se solidifia en nous : embarquer dans le deuxième véhicule, tandis que le premier se débrouillerait pour s’en sortir seul. En jetant un regard sur ma montre, mon étonnement atteignit son comble : depuis notre atterrissage en douceur, deux heures s’étaient écoulées ! Exit mon petit-déjeuner à la terrasse de mon hôtel clermontois !

Pour gagner la départementale, la traversée par le village s’avéra indispensable. Son nom, « Bouchetel », ne pouvait pas s’inventer ! Nous passâmes soulagés en aval du champ de notre point de chute. Une seconde issue se dévoila dans une encoignure, nettement plus accessible que celle utilisée. Notre pilote passa un rapide coup de fil au chauffeur resté sur place et lui prévint de notre découverte. Puis, la rage au cœur mais toujours la tête dans les nuages, nous roulâmes jusqu’à Rochefort-Montagnes, sur le parking d’un supermarché, lieu de nos retrouvailles avec l’autre groupe qui, dans l’intervalle, avait eu le temps d’acheter des biscuits et deux bouteilles de champagne. La plupart d’entre nous étaient encore à jeun, à mon image ; onze heures venaient de sonner. Trinquer dans ces conditions, particulièrement suite à cette aventure mouvementée autant en très haute altitude qu’en basse, demeurait un moment exceptionnel, inoubliable. Le retour à la civilisation fut des plus dures. Court, toujours trop court ces vols en ballon. La seule pensée qui venait dans tous les esprits était d’effectuer un nouveau saut céleste.

Ma réapparition à Clermont-Ferrand, jusqu’à mon départ en train dans l’après-midi, fut vide d’intérêt. En moi, je conservais des clichés peuplés de légèreté, de brillance, avec un arrière-goût d’immensité terrestre.

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