Faire une croisière vélo de Bâle à Amsterdam avec chaque jour une belle balade à vélo dans une région différente, au fil du Rhin. C’est ce que j’ai fait au début de l’été, six jours durant, en partant chaque matin d’un navire de CroisiEurope. J’ai beaucoup aimé cette croisière dans la croisière, qui démultiplie le plaisir de la découverte. Tantôt j’ai longé le fleuve, notamment dans les parties les plus spectaculaires comme le Rhin romantique -classé à l’Unesco-, tantôt je me suis enfoncé dans les magnifiques régions qui le bordent.
Cette croisière-vélo entre Bâle et Amsterdam, avec CroisiEurope, n’a pas encore commencé et, déjà, je suis persuadé que tout, ou presque, va me plaire. Il faut dire qu’étant originaire de Strasbourg, donc né sur les bords du Rhin, je ne peux qu’apprécier ce fleuve majestueux. Sans chauvinisme, les régions qu’il traverse sont parmi les… plus belles du monde. Si, si ! A commencer par Bâle, en Suisse, une ville où j’adore musarder. Avant d’embarquer sur le « MS Douce France », un bateau de CroisiEurope entièrement rénové, j’ai fait un tour dans la vieille ville. J’aime ses grandes demeures médiévales, ses fontaines tout autant que son ambiance, son effervescence. Ses galeries de peinture, ainsi que ses magasins de montres trop chères pour moi.
Mais c’est une autre passion qui m’appelle ce matin, le vélo. La monture fournie est une belle bête, un Fuji -une marque que je ne connaissais pas- au guidon plat et roues archi-fines. Léger, avec ça : sans doute pas plus de 8 kilos. Je sens qu’on va bien s’entendre !
Durant la croisière vélo, les Américains découvrent les cigognes
De fait, les choses se passent super bien. Évidemment, le décor y est pour quelque chose. Cette première journée, qui se déroule en Alsace, est celle des cigognes. Elles se laissent voir un peu partout : certaines planent dans le ciel, d’autres encore cherchent leur pitance derrière un tracteur fauchant un pré. Je les désigne du doigt. Car dans notre petit groupe -une dizaine de cyclistes- figurent deux couples d’Américains. Bien sûr, ils ne connaissent pas ce volatile, qui fait ici figure d’emblème régional.
La première escale est Colmar, au beau milieu de la plaine, que tout le monde prend plaisir à arpenter… moi y compris. Je connais pourtant parfaitement la ville puisque ma sœur y habite. Puis nous partons à l’assaut des vignes, dans les coteaux, jusqu’à Eguisheim. Là, notre rando se termine dans la cour d’une grande coopérative viticole, Wolfberger, connue pour son excellent crémant. Encore fallait-il vérifier si cette réputation n’a rien d’usurpé. Eh bien, non. Le retour à bord se fait sur la rive allemande du Rhin, car le « Douce France » est maintenant amarré à Breisach. Où je déguste, sur une terrasse en soirée, une appétissante glace -moitié moins chère qu’en France- tout en contemplant le vieux château perché sur une colline.
La seconde journée nous voit une nouvelle fois partir en direction du vignoble alsacien. Cette fois, le but est Ribeauvillé, une bien charmante cité où des effluves de choucroute nous accueillent sur le coup de midi. Une carte postale grandeur nature : la longue rue pavée, bordée de maisons à colombages avec dans l’enfilade les ruines d’un château, les bretzels accrochées en guirlande dans les boulangeries, le nid de cigognes sur le toit de l’église. Après cela, toujours sur la Route des vins à vélo, vient Riquewhir, un village au moins aussi joli avec un monde fou dans les rues. Avec, là encore, un arrêt dégustation. Celui-là est particulièrement mérité : pour y parvenir, il m’a d’abord fallu venir à bout d’une sacrée grimpée, une suée de presque une demi-heure.
Une croisière a ceci de sympa : on voyage et voit du pays sans défaire et refaire ses valises. Lorsque le bateau navigue de jour, j’ai tout loisir d’admirer le paysage avec une perspective originale. Si c’est de nuit, je me réveille à chaque fois dans un autre décor.
Après une courte escale à Strasbourg -où j’ai joué le touriste dans ma ville, à vélo bien sûr- me voilà ainsi le lendemain matin à Mayence, en Allemagne.
Cette nouvelle journée se déroule entièrement le long du Rhin, sur la route EuroVélo 15. Il vaut mieux, car c’est son tronçon le plus spectaculaire qui nous attend, le Rhin romantique. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, cette partie est ma préférée. Je suis toujours admiratif devant les vignes dévalant vers le fleuve, les innombrables châteaux qui hérissent le moindre monticule. Il y a là tous les styles, toutes les époques. Et tous ont un je-ne-sais-quoi qui me touche.
De la même manière, les villages traversés sont souvent étonnants. Comme celui de Bacharach. A le voir, j’ai l’impression de contempler un décor en carton-pâte autour d’un train miniature. Il y a la voie ferrée et les maisons à colombages, -visiblement anciennes-, plantées juste devant les rails, et encore un château à chaque extrémité. Sauf que ce n’est pas un décor, c’est pour de vrai, avec un charme fou.
Et j’arrive devant le rocher de la Lorelei. Célèbre, certes, mais il ne m’impressionne pas autant que le trafic sur le Rhin. Le courant est ici impétueux : les pilotes des nombreux chalands et bacs qui relient une rive à l’autre doivent parfois avoir quelques frayeurs !
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Sur la route de ma croisière vélo, un café aménagé dans une grue
Pour la première fois de ce périple, le temps est plutôt couvert. Voilà qui ne me donne pas envie de m’arrêter dans l’une des nombreuses guinguettes qui jalonnent la piste cyclable. La plus originale, c’est le lendemain que je la verrai, non loin de Dusseldorf. C’est un « biergarten », un jardin à bière dont le bistro est aménagé dans la base d’une… grue. Un lieu de poésie inattendu, aussi mignon que sympa.
Autour, le paysage a changé radicalement. Après les villas cossues autour de Bad Godesberg puis la trépidante Cologne, ce sont maintenant des usines, des cheminées. Pas longtemps heureusement. De toute manière, l’itinéraire cyclable -sur lequel il y a de plus en plus de circulation et malgré cela tout le monde se salue- nous en écarte assez vite.
Le lendemain, le « Douce France » nous laisse entrevoir le Rhin industriel, avec une incursion dans la Ruhr, avant l’entrée aux Pays-Bas. Pas besoin de drapeaux, les moulins à vent sur les berges suffisent à l’annoncer. Non loin de la frontière, j’ai pris beaucoup de plaisir à visiter le grand écomusée d’Arnhem, sans doute l’un des premiers créés en Europe, avec ses dizaines de fermes et maisons anciennes. Il est grand, et je m’y suis baladé dans un authentique tramway des années 1950.
Enfin, c’est l’arrivée à Amsterdam. Notre dernière virée à vélo se fera dans la campagne environnante, avec une étape dans la jolie petite ville d’Edam -célèbre pour son fromage-, puis sur une longue digue, le Monnickendam, séparant la mer d un beau parc naturel. Là, il a fallu batailler fort contre le vent.
Une sacrée semaine de vélo !
Informations pratiques
Leader européen de la croisière fluviale, CroisiEurope est une entreprise française basée à Strasbourg. Elle est propriétaire de 50 bateaux et propose toutes sortes de croisières tant en Europe que sur d’autres continents.
Parmi les croisières à thèmes (randonnée, musique, golf…) figurent en bonne place les croisières vélo sur divers cours d’eau. Sur le Rhin (9 j/8 nuits à partir de 2 149€) entre Bâle et Amsterdam, mais aussi le Danube, le Rhône et la Marne ainsi que plusieurs canaux (Bourgogne, canal latéral à la Loire, du Rhône au Rhin…).
Le vélo est fourni, de même que le casque. Les diverses randonnées se font sur un itinéraire pré-établi et guidé par GPS, qui peut être ajusté ou arrêté à la convenance de chacun des participants. Ceux-ci circulent en toute liberté.
Les randonnées sont encadrées par des véhicules transportant les paniers repas et les éventuels bagages, qui assurent l’assistance en permanence.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !