Nous étalons une dernière fois la carte du Zanskar. Les villages en direction du col de la Pensi la n’ont pas encore reçu notre visite. Dès que nous prenons un peu d’altitude en empruntant les petits sentiers qui s’élèvent vers les montagnes, les maisons nous apparaissent comme autant de petits esquifs ramassés sur eux-mêmes, flottant dans l’immense plaine. Tous les signes de l’activité des hommes, les chemins et les champs sont recouverts de neige. A l’intérieur des petits paralepipèdes que forment les maisons, sont engrangés suffisamment de céréales, et provisions pour la survie des hommes durant le long hiver. Stockés sur les terrasses, d’épais amoncellements de brindilles, fourrages et bouses séchées qui permettront de nourrir les bêtes et d’alimenter le feu jusqu’au retour du printemps.
Ces nouvelles pérégrinations nous conduisent de monastères en monastères. De cette dernière randonnée, c’est surtout la nonnerie de Tungri dont nous nous souviendrons. Les femmes moines ne bénéficient pas du même prestige que les hommes. Moins nombreuses, les lieux où elles vivent sont plus modestes. Leur gaîté et leur générosité nous ont donné de l’énergie, notamment le jour où elles nous ont réveillées à 6h00 du matin dans la salle de prières où nous dormions. Emmitouflées dans notre duvet pour échapper à l’air qui s’infiltrait au travers des carreaux cassés, qu’elle n’a pas été notre surprise lorsque nous les avons vues débarquer avec du thé et des galettes. Femmes de tous âges, elles n’ont pas la chance de recevoir une éducation comme leurs homologues hommes.
Texte & Photos : Marie-Laure VAREILLES ; Esquisses : Ansatu Schlumberger