Quel trek incroyable ce tour du Manaslu : 13 jours de marche d'une incroyable diversité, qui démarre au milieu des rizières et des villages, jusqu'à rejoindre le bord des glaciers et des moraines des plus hauts sommets himalayens et le Larkya Pass à plus de 5000 m. Les paysages sont à couper le souffle mais je garde aussi en mémoire ces rencontres et ces échanges avec les populations Gurung et Tibétaines. Récit.
Ce Trekking autour du Manaslu a été réalisé avec Huwans Clubaventure, devenu maintenant Atalante, spécialiste des randonnées et voyages à pied à la rencontre d’autres cultures. Atalante propose plus de 20 voyages au Népal : voyage découverte, randonnées et trekkings accompagnés, en liberté et en formule spéciale famille.
L'avant trek autour du Manaslu
Katmandou, 5 ans plus tard
5 ans que je n’avais pas posé les pieds au Népal. À l’époque la monarchie était encore en place. Dès la descente de l’avion Gulf Air, je me demande si les choses ont changé.
Au premier abord, ça n’y paraît pas : la circulation est toujours aussi dense et la ville aussi polluée. Mais après trois jours sur place, force est de constater qu’il y a quelques évolutions : l’Etat a lancé une campagne d’élargissement des routes et n’a pas hésité à détruire les habitations qui avaient illégalement empiété sur la voie publique. Il faut dire que la circulation est infernale. Comme à Paris, la mode est aux deux roues, toujours plus nombreux à Katmandou et on y voit aussi plus de masques pour se protéger de la pollution. Mais le gros changement est dans le discours. Les népalais n’hésitent plus à donner leurs opinions. La paranoïa liée au conflit qui a opposé l’armée royale et les opposants maoïstes semble terminée.
Je suis toujours autant étonné de la ferveur religieuse des hindouïstes.
A Durbar Square, ils sont très nombreux à venir prier et faire des offrandes, et quelque soit les âges. Seuls les vêtements traditionnels semblent perdre de leur intérêt chez les jeunes qui lui préfèrent le jean.
Comme à mes habitudes, je vais chez le barbier avant le début du trek. J'y retournerai en fin de voyage.
La veille du départ pour le Tour du Manaslu, je fais la connaissance des autres membres du groupe et de Bikas, le guide francophone. C’est le baptême népalais pour Roland, Sandrine et David. Caroline et Régis y sont déjà venus à plusieurs reprises.
En bus jusqu’à Baluwa
Huit heures de bus sont nécessaires pour rejoindre le village de Baluwa au nord de Gorkha dans le bas du massif du Manaslu. Une route qui n’a pas été de tout repos pour les passagers, encore moins pour le chauffeur. Encore plus défoncée qu’en 2007, elle se réduit à une piste pleine d’ornières après le village de Chanaute. Nous y crevons avant de nous enliser. Le chauffeur ne perd pas de son enthousiasme et nous sort du bourbier dans lequel nous sommes tombés.
Selon la légende, c’est à Baluwa que le roi Gorkha, qui unifia le Népal, décima les troupes du roi Barpak en cachant des armes dans le sable. Depuis, le village porte le nom de « Baluwa » que l’on traduit en français par « sable ».
Tant qu’il fait jour, tout le village semble à l’extérieur des maisons. Les unes lavent le linge pendant que d’autres discutent ou préparent le repas du soir sur les marches des perrons. Les hommes palabrent, boivent du raki, certains un peu trop.
A la nuit tombée, une bonne quarantaine de villageois se regroupe autour de la maison de la famille chez qui nous dormons pour danser sur des chants traditionnels. Le trek n’a pas commencé que les rencontres sont déjà émouvantes.
La vidéo du tour du Manaslu
Le récit du tour du Manaslu
J1 : Baluwa – Barpak
+ 1333 m / – 188 m 9,2 km8h30. Nous quittons Baluwa à pied et traversons le pont qui enjambe la Darandi Khola. Notre premier pont népalais.. Nous récupérons la piste en construction qui a l’ambition de monter jusqu’à Laprak. Comme toujours au Népal, les routes se construisent à la force du poignée et parfois contre les évidences du terrain. Le plus souvent, un simple burin comme outil, parfois fort heureusement une grue.
Le sentier se met à grimper. Il fait chaud à ces altitudes et nous transpirons à grosses gouttes. La pause à Rang Rung vient à point ; le poisson épicé que nous offre un couple de villageois est exquis. L’étape n’est pas finie, il faut repartir. Nous traversons un autre pont pour passer de l’autre côté de la Rang Rung Khola.
Après un passage plus facile, la pente se fait plus raide jusqu’à l’école de Manche (1495 m). A notre arrivée, les enfants se ruent aux fenêtres. Ouf, les professeurs n’étaient pas dans les classes. Les échangent s’installent autour de quelques mots d’anglais. Nous nous posons un peu plus loin dans le village pour le déjeuner.
Caroline me révèle qu’elle est déjà partie avec Bikas, le guide, Nirman et Bim, les assistant-guides lors d’un précédent trek avec Huwans Clubaventure. Elle est heureuse de retrouver la fine équipe. Si Bikas est plutôt calme, Nirman et surtout Bim ne ratent pas une occasion pour faire les pitres.
L’après-midi, nous continuons à monter à travers les champs de millet. L’atmosphère est étouffante et le temps semble virer à l’orage. Finalement à l’approche de Barpak (1915 m), la température chute de 8°C et les nuages envahissent le village.
Installation au lodge de la Kouribot tenu par Usadebi, une charmante Gurung de 39 ans. Elle a ouvert son lodge de 3 chambres en 2009. L’idée lui est venue après avoir vécu 4 ans à Katmandou. « Je suis contente d’avoir ouvert mon lodge. Avec la petite supérette, il suffit à ma famille pour vivre et je rencontre beaucoup de monde, des touristes, surtout français et suisses comme des villageois ».
J2 : Barpak – Singla
+ 1636 m / – 1302 m 14,1 kmIl a plu une bonne partie de la nuit. Au petit matin, le sommet du Buddha Himal (6672 m) prend des couleurs au moment où le soleil l’illumine. Nous quittons le village de Barpak au moment où toutes les chaumières laissent dégager une fumée teintée d’odeurs de cuisine et de bois.
C’est par un escalier que nous grimpons au col de Bhosu Kang (2800 m). En chemin, magnifique panorama sur le Buddha Himal. A l’occasion d’une pause, nous nous arrêtons près de porteurs de poulets. Cette tâche incombe autant aux hommes qu’aux femmes. Parmi elles, Kantchi et son sourire radieux. Au col, c’est le Ganesh Himal et ses 7422 m qui s’offre en spectacle. Quel beau paysage ! Trois femmes Gurung viennent à notre rencontre. Elles sont du village de Laprak où vit aussi Nirman, un de nos deux assistant-guides. L’une d’entre-elle tisse du fil tout en marchant.
Laprak, nous y allons justement pour faire une halte chez Nirman où il vit avec sa femme et ses parents. Puisque c’est l’heure du déjeuner, c’est chez lui que nous le prenons. Les repas se préparent dans un feu creusé dans le sol. Sur les murs intérieurs, des rangées d’ustensiles de cuisine en aluminium brillent grâce aux flammes qui scintillent.
L’après-midi, descente jusqu’au pont de Jebu (1780 m) avant d’entamer la dernière portion de la journée jusqu’au village de Singla (2300 m) en traversant de nombreux champs de blé en pleine semence. Il fait presque nuit lorsque nous nous installons dans le lodge toujours en construction. Une longue mais belle étape.
J3 : Singla – Tatopani
+ 371 m / – 1698 m 10,4 kmAujourd’hui, c’est surtout une journée de descente pour rejoindre la Buddhi Khola par le village de Khorlabeshi. Les marches cassent les jambes et détruisent les genoux. Le groupe s’étire, les jambes deviennent dures et les pieds douillent. Régis souffre le martyr. Ses jambes sont raides comme des bâtons de bois.
A Khorlabeshi (975 m), nous rejoignons l’itinéraire principal du tour du Manaslu et ses caravanes de mules, de porteurs et de trekkeurs. Une heure plus tard, nous stoppons à Tatopani (1030m) qui comme son nom l’indique contient une source chaude, formidable occasion pour se décrasser et laver son linge.
J4 : Tatopani – Sirdibas
+ 1068 m / – 602 m 14,9 kmCela fait 7h00 que nous marchons le long de la Buddhi Gandaki, par une succession d’up and down, lorsque nous entrons dans le village de Sirdibas. Le village est un peu spécial pour Bikas puisque c’est le sien, celui où vit sa famille et où il est né.
Bikas, né Supté comme l’exige la tradition chamanique Gurung, est originaire du village de Sirdibas, le long de la Buddhi Gandaki. Guide Atalante depuis 2008, il est posé, rassurant et près des voyageurs qu’il accompagne. Unanimement apprécié du groupe de trekkeurs, il reste cependant un piètre danseur. Encore une chose : ne lui demandez pas de raconter une blague !
Les maisons sont réparties de part et d’autres du chemin dallé. On nous offre la khata et le malla comme des invités prestigieux. Je retrouve un peu de ce que j’avais déjà vécu lors de mon trek humanitaire au Népal en 2005.
Ce soir, nous mangeons chez Tharchani, la maman de Bikas dont il ne peut prononcer le nom comme le veut la tradition Gurung. Plus que le repas en lui-même, ce sont les retrouvailles pleines d’émotions contenues, qui rend ce moment si spécial. Nous ne nous attardons pas trop pour laisser la famille se retrouver sans le groupe.
J5 : Sirdibas – Deng
+ 1159 m / – 675 m 14,2 kmC’est difficilement que nous quittons le village de Sirdibas. Echange de fleurs, drapeaux à prières. Derniers sourires, derniers regards avant de partir vers le Shiringhi Himal, toujours le long de la Buddhi Gandaki. A Deng, aussi écrit Dyang, nous tournons nos premiers moulins à prières.
J6 : Deng – Namrung
+ 1867 m / – 1063 m 16,9 kmNouvelle étape de montagne russe le long de la Buddhi Gandaki. Plus on monte, plus la forêt devient dense. Les colobes s’ébattent dans les branches lorsque nous les croisons sur le bord du sentier. Nous quittons définitivement le monde de l’Hindouisme pour celui du bouddhisme facilement reconnaissable à ses monuments religieux : kani à l’entrée des villages, mani et chorten.
Au milieu d’une prairie, trois tibétains préparent du beurre entre deux razzias de raki. De sacrés loulous qui n’hésitent pas à poser pour la photo.
A Namrung, tous les lodges sont plein sauf celui que tient une famille tibétaine à la sortie du village. A la nuit tombée, guides, porteurs et touristes se réfugient dans l’unique pièce du rez de chaussée enfumée par le feu. Alors que nous avons déjà mangé, les népalais se préparent un plat de tsampa à base de farine d’orge.
J7 : Namrung – Shyala
+ 1436 m / – 608 m 13,2 kmAssez rapidement après la sortie du village de Namrung, les panoramas sur les montagnes et les glaciers s’ouvrent à nous. A Lihi (2939 m), un tibétain nous remet spontanément trois pommes à chacun. Une offrande que je prends comme un présage positif.
A l’entrée de Shyo, belles vues sur le Ngadi Chuli aussi connu sous les noms de Dakura et Peak 29 est le vingtième plus haut sommet du monde avec ses 7871 mètres d’altitude. A la sortie du village, nous passons la barre des 3000 m.
Monter toujours plus haut, admirer les paysages et commencer à écouter le corps s’adapter à l’altitude. Sandrine, qui a l’insouciance du premier trek en altitude, galope sans y penser. Fort heureusement, cela ne lui sera pas préjudiciable plus tard.
Il était prévu que nous dormions à Lho (3200 m) mais Bikas nous propose de continuer jusqu’à Shyala pour profiter selon lui du plus beau lever de soleil sur le Manaslu. Cela permettra aussi de raccourcir l’étape du lendemain et de mieux s’acclimater. Nous acceptons. Après le déjeuner, nous filons au monastère Ribung Gompa sur les hauteurs du village. Posé sur un éperon rocheux en contrebas du Manaslu, les moines ne pouvaient rêver meilleur emplacement pour la méditation. Les moinillons sont en classe sous un préau et lisent le « Kangyur », le canon tibétain en 108 volumes des paroles de Bouddha. Il doit être lu entièrement une fois par an dans le monastère. Chaque moine lisant sa partie à haute voix dans une jolie cacophonie ! Des avions en papier volent, ça chuchotent dans tous les sens. Quelques moinillons sont plus studieux. Comme par hasard, ce sont ceux qui sont au premier rang. Les nonnes qui font la classe n’ont pas l’air de trop se soucier de cette attention précaire.
Nous reprenons le chemin pour Shyala, 300 mètres plus haut. Bistare, bistare (doucement doucement) comme disent souvent les népalais.
Là haut, les nuages ont envahi le sommet du Manaslu lorsque nous entrons dans le village. La forêt autour du village a été en partie coupée. Des planches de bois sont posées sur de nombreuses maisons qui ont le projet d’étendre leur habitat en lodge pour accueillir les trekkeurs de passage. Le froid ne tarde pas à envahir l’atmosphère et c’est tout naturellement que tout le monde se retrouve autour du feu.
J8 : Shyala – Sama Gaon
+ 210 m / – 141 m 4,8 km5h35. Je regarde ma montre et m’extirpe du sac de couchage pour affronter le froid. A peine la tête dehors, je scrute le ciel en quête de nuages. Rien à l’horizon. Le soleil n’est pas encore levé ni mes compagnons de trek. J’installe mon matériel. Je pose la caméra vidéo sur mon pied. Mes camarades de trek me rejoignent emmitouflés sous leur doudoune. On a tous l’air de bonhomme Michelin…
Face à nous, le Manaslu (8163 m), l’un des plus majestueux 8000 mètres de la planète. Appelé Kutang par les tibétains, en sanskrit son nom signifie « montagne de l’esprit ». C’est le 9 mai 1956 qu’une expédition japonaise atteint le sommet de la montagne pour la première fois. Nos pensées vont aux familles des neuf victimes décédés le 23 septembre, il n’y a même pas un mois, dans une avalanche qui détruit le camp III situé à 6 800 m d'altitude où dormaient une vingtaine d'alpinistes. Que la montagne est belle… et dangereuse.
Les premiers rayons du soleil me sortent de ces tristes pensées. Durant quelques minutes, nous sommes dans l’admiration du moindre changement de lumières et de couleurs du ciel. D’abord rosé, le panorama prend des teintes plus chaleureuse, puis c’est l’explosion de nuances. Les appareils photo crépitent face à la plus belle vue du Manaslu. Bikas a bien eu raison de nous monter jusqu’ici.
Les yeux pétillent lorsque le jour s’est installé. Ne compte que cet instant qui ne fut qu’à nous puisqu’aucun groupe n’est monté à Shyala et que les deux allemands qui partagent notre lodge ne se sont pas réveillés.
Courte marche d’1h30 pour rejoindre Samagaon à travers un paysage toujours plus montagneux. Sama(Ryo), perché à 3520 mètres, sous le Manaslu et son glacier, est un village typiquement tibétain avec ses maisons en pierre et son magnifique Kani à l’entrée du village. Dans les cours, les femmes battent l’orge fraîchement récolté. Elles utilisent encore le fléau que jadis nous utilisions en France jusqu’à la découverte de la vapeur au milieu du XIX siècle. Pendant ce temps là, les hommes construisent de nouveaux lodges plus en amont dans le village de Samagaon qui jouxte celui de Sama(Ryo).
L’après-midi, courte randonnée au lac Birendra Tal pour parfaire notre acclimatation. Le soir, nous fêtons l’anniversaire de Nirman. Un peu d’alcool mais pas trop en raison de l’altitude.
J9 : Sama Gaon – Samdo
+ 465 m / – 153 m 9,9 kmLe ciel est lourdement chargé dès le réveil. De gros nuages noirs ont envahi le fond de la vallée que nous remontons jusqu’au village tibétain de Samdo en aval de la source de la Buddhi Khola. La neige se met à tomber et le froid nous envahit.
Bistare bistare…
Au village de Samdo, le dernier avant de passer le Larkya pass, toutes les chambres des lodges sont occupées. Bim nous a trouvé un couple de népalais pour nous accueillir. Dawa (lune) et Karma (étoile) sont d’origines tibétaines. Leurs parents sont venus du Tibet après l’invasion chinoise dans les années 50. Agriculteur et éleveurs de yacks et de vaches, ils ont aussi une toute petite épicerie où l’on trouve le strict minimum. Ils ont l’ambition d’ouvrir un lodge dans les prochaines années s’ils amassent suffisamment d’argent d’ici là. Leur maison fait face à l’école construite par l’association Samdo Avenir qui aide à scolariser les enfants dans le village jusqu’au niveau 2 (CE1) puis à Katmandou.
J10 : Samdo – Dharamsala
+ 657 m / – 80 m 6,2 kmAu delà de Samdo, c’est le début du no man's land. La frontière tibétaine est à 6h00 à pied mais nous laissons le chemin qui y mène pour monter vers le Larkya Pass lorsque le soleil éclot derrière le Samdo Peak (6335 m).
La marche d’acclimatation de la veille nous permet de progresser sans trop souffrir de l’altitude. Seule une légère pression sur le crâne commence à se faire sentir chez certains membres du groupe. A ces altitudes, c’est tout à fait normal sans être alarmant.
Lorsque nous sommes à hauteur du glacier Shyala, qui descend presque jusqu’au mani que nous passons par la gauche comme le veut la tradition bouddhiste, un troupeau de yacks transportant des vivres et des étoffes passe devant nous. Généreusement poilues sur les guiboles pour supporter les grands froids himalayens, ces « vaches à poils longs » sont utilisées dans le transport de marchandises entre la Chine et le Népal. Ils fournissent aussi les bouses nécessaires pour chauffer les habitations car en haute-altitude, point de bois. Qui n’a pas de crottes sèches se gèle les couilles !
Face à ces géants himalayens, petit comme la poussière, nous poursuivons jusqu’à Dharamsala (4460 m) les yeux rivés sur les sommets et les glaciers.
Au camp, nous nous assaillons à l’abri du vent face au soleil. Tel des lézards, nous ne faisons rien jusqu’au début de l’après-midi où nous repartons pour une marche d’acclimatation. Des barhals se laissent observer mais je n’ai pas emporté mon téléobjectif avec moi.
La nourriture au goût de kérosène ne tarit pas la bonne humeur du groupe. On ne traîne pas trop, demain, il faut se lever tôt.
J11 : Dharamsala – Larkya Pass (5160 m) – Bhimtang
+ 721 m / – 1449 m 15,5 km4h00. On vient frapper à la porte de la chambre. La tête enfarinée, il faut se lever, ranger son sac dans le noir et filer au petit-déjeuner. Les oeufs sont pourris. Décidément, la nourriture n’est pas le fort à Dharamsala.
5h10. Départ à la frontale pour le Larkya Pass, d’abord le long de la moraine puis sur la moraine. Il fait -10°C. Ce n’est pas chaud mais pas non plus si froid. Je suis parti avec ma doudoune Kiruna et je porte une petite paire de gants.
Le soleil commence à pointer le bout de son nez lorsque nous passons le lac glaciaire de Larke. Nous entrons dans un décor lunaire qui nous transporte si loin des paysages et des ambiances du début du trek.
L’altitude commence à se faire sentir sur les organismes. Tout le monde en souffre. Roland un peu plus que les autres. Mais à force de courage et de détermination, c’est tout le groupe qui parviendra à atteindre les 5160 mètres du Larkya pass. Cette barre des 5000 mètres est une première pour Sandrine, David et Roland qui sont au Népal pour la première fois. Forcément, l’arrivée au col est teintée d’émotions. On croirait presque que tout le monde a atteint le sommet de l'Everest !
Atteindre le col est un objectif. Mais la journée de marche est loin d’être finie. Il faut enquiller avec une descente ardue sur la moraine du glacier Salpudanda jusqu’à rejoindre les pelouses grasses en contrebas non loin du Pokar Tal. Reste 600 mètres de descente pour arriver à Bimthang, avec la fierté d’avoir passé le Larkya La.
J12 : Bhimtang – Dharapani le bas
+ 436 m m / – 2248 m 24,4 kmBimthang est un petit village au centre d’un plateau d’altitude (3668 m) plaqué entre le massif du Manaslu et celui des Annapurnas. En pénétrant hier soir dans la zone, nous sommes entrés officiellement dans le parc national des Annapurnas et il faut aussi nous acquitter du permis du parc en plus de celui du Manaslu.
Ce matin, Sandrine et moi quittons le lodge encore en construction (aménagé et décoré avec goût) par la crête de la moraine qui domine la plaine pendant que les autres sont restés dans le creux de la vallée. Beau panorama sur le glacier Bimthang, un lac et les sommets du Cheo himal (6820 m) et de l’Himlung himal (7126 m) à l’ouest et le Manaslu et le Ngadi Chuli à l’est.
Nous enjambons la moraine pour entrer dans une très belle forêt aux couleurs automnales où nous rejoignons le reste du groupe. Peuplés de singes, elle offre aussi de merveilleux points de vue sur les montagnes du Manaslu. Plus on s’éloigne des sommets enneigés, plus la chaleur s’impose. En enlevant les couches de vêtements, j’ai l’impression de laisser une partie de moi-même dans ces montagnes.
L’après-midi, l’orage approche quand nous entrons dans Dharepani, une des étapes du tour des Annapurnas. Ce soir, la douche chaude annonce presque la fin du trek.
J13 : Dharapani le bas – Jagat
+ 991 m / – 1595 m 15,6 kmBeaucoup de monde sur cette dernière étape. Nous croisons des centaines de trekkeurs à l’assaut du Thorong La sur le tour des Annapurnas. Beaucoup de pistes aussi et quelques 4×4 qui montent déjà jusqu’à Temang. Le tour des Annapurnas se réduit comme peau de chagrin. Une chance peut-être pour le Tour du Manaslu.
Informations pratique – Tour du Manaslu
Comment se rendre au Népal
Vol international à destination de Katmandou. Puis bus pour se rendre au départ du trekking.
Permis de trek
Le massif du Manaslu est une zone réglementée pour le trekking qui nécessite l’obligation de passer par un guide et de prendre un permis de trekking.
Généralement, les agences se chargent de vous le procurer. Plus d’infos sur les zones de trekking réglementées par un permis de trekking.
Avec qui partir ?
Ce trekking sur le tour du Manaslu a été réalisé avec l’agence Atalante. Il présente deux avantages : une première partie du voyage loin de l’itinéraire classique avec de nombreuses rencontres et très peu de randonneurs ; des nuits chez l’habitant en plus des nuits en lodge permettant un contact plus approfondi avec les populations locales. Je recommande. Logistique parfaite.
Niveau de marche
Le Tour du Manaslu est un itinéraire de trekking qui ne présente pas de difficultés techniques ni de passages vertigineux. Il demande néanmoins une très bonne condition physique pour enchaîner les journées, parfois longues, de marche et passer le Larkya La à 5160 m.
Périodes conseillées
Les mois les plus favorables sont ceux d’octobre, novembre et avril. Il y a moins de monde en novembre, mais il y fait plus froid.
Bibliographie
- Lonely Planet Népal
- Lonely Planet Trekking in the Nepal Himalaya [Anglais]
- A Trekking Guide to Manaslu and Tsum Valley: Lower Manaslu & Ganesh Himal
- Cartes de randonnée pour le Tour du Manaslu.
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
Magnifique ce carnet de voyage. 12 ans déjà. Que de merveilleux souvenirs et beaucoup de belles rencontres.
Merci Roland. C’était quand même un superbe trek avec des paysages de dingue et de très belle rencontre. Et quel groupe de randonneurs. Passe un joyeux Noël.