La Bourboule -> Station du Mont-Dore – 10 km

L'Auvergne est comme une femme : à peine est-on dans ses bras chaleureux et verdoyants, ou au creux de ses formes arrondies, qu'on refuse de les quitter...

Focus Rando :La Bourboule -> Station du Mont-Dore – 10 km

Mon réveil se déploya dans la grisaille. La prévision de la veille se vérifia en examinant le ciel. La noirceur au-dehors m’horrifia soudain. Coûte que coûte, ma randonnée jusqu’au lac de Guéry devait être achevée à son terme. Ma certitude s’écroula au moment de prendre ma douche : l’orage éclata et des averses d’automne continuèrent d’inonder ce coin du monde, en précipitant les alentours dans les ténèbres. Un souffle de désolation me pénétra quand, depuis la salle de restaurant pour le petit-déjeuner, tous entendirent la tempête redoubler d’intensité.

J’abandonnai l’hôtel à 9h30, sous une pluie finalement timide et, accrochée à mon sac à dos, mes victuailles du midi se balançaient. Quelques pas plus loin, la pluie déversa encore à trombe d’eau. De fines gouttes perlaient à mon passage, m’éclaboussant et m’inondant. Proche de l’église, je m’autorisai une halte et m’enfilai un vêtement de pluie. Trempé des pieds à la tête, le froid balança son dévolu sur moi.

M’éloigner de la Bourboule devint une nécessité, à cause de mon refus d’attendre une accalmie. Aidé par un topo-guide et la carte du Sancy, je m’échinai à localiser le tronçon du GR 30 pour mieux axer mon projet. Les panneaux directionnels et indicateurs s’embuaient jusqu’à disparaître parfois de mon champ de vision. Les crêtes et le ciel se confondaient en une noirceur terrifiante.

J’atteignis avec peine le hameau des Planches et cherchai un abri salutaire. Le seul qui fut accessible était le dessous des arbres, près d’un torrent déchaîné. Puis je repris mon itinéraire sur une route forestière, en pente ascendante.

De fines gouttelettes ruisselaient sur mon visage, mes joues se mouillaient. Le ciel pleurait et les nuages, s’essorant, se vidaient de leur contenu. Au milieu d’un sentier à plus de 1000 mètres d’altitude, je poussai ma gueulante dans un cri féroce, qui s’était répandu en écho. Je hurlai même à nombreuses reprises successives. Cela apaisa légèrement ma colère. Une pluie diluvienne et discontinue s’abattait sur toute la région. Je pestais contre ce temps médiocre. Ma première journée de randonnée subissait un avortement misérable. Je devenais maussade comme la météo. Impossible de bien distinguer les chemins ou les indications de randonnée à travers champs, je me perdais facilement entre toutes ces allées qui se croisaient. A treize heures passées, en gravissant une pente devenue trop raide, je devais me rendre à l’évidence : jamais je ne parviendrai au lac de Guéry. Loin et périlleux, et sous cette pluie battante, la grosse difficulté aurait été de fermer cette boucle jusqu’au Mont-Dore. Je pris finalement la résolution, désagréable et irréversible, de rejoindre mon prochain hôtel. Cette idée sitôt fixée dans mon esprit, je m’aventurais dans une piste descendante. Finalement, vers quatorze heures, les larmes célestes cessèrent, et je découvris une meilleure visibilité. Cet itinéraire improvisé fut d’ailleurs très agréable. Pourtant, au cours de mon odyssée solitaire, je ne côtoyai aucun randonneur. Une certitude, fermentée graduellement, me vint : si possible, il fallait coûte que coûte, Enfers et contre tout, reprendre cette randonnée inachevée pour une prochaine année. Je méprise de demeurer sur une défaite.

Après maintes éclaboussures sur des pierres encore pleureuses, je rejoignais la D996. Très vite, j’entrevis le hameau des Planches, que j’avais quitté quatre-vingt dix minutes auparavant. J’enrageais encore pour avoir accompli une boucle qui m’avançait peu. Je parcourus la départementale vers ma prochaine étape, six kilomètres en contrebas. A moitié du circuit, je m’arrêtai près de la Taillerie du Sancy. Je m’installai sur des bancs et me restaurai enfin. Des ondées continuaient à persister mais c’était sans compter ma terrible fureur pour les forcer à déguerpir.

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Je pénétrai aux abords du Mont-Dore (1050 m) seulement à seize heures. Quelques lieux-dits plus tard, j’accédai à la ville elle-même. Derrière moi, un ciel noir se profilait dangereusement. Ici, une nouvelle averse me saisit par surprise. Une pancarte m’indiqua l’office de tourisme. Selon mes espérances, j’escomptais recueillir la localisation précise de mon hôtel. Bientôt, l’averse se convertit en tempête furieuse : me voilà encore inondé ! Je dus m’abriter sous la terrasse d’un bar en songeant à une éventuelle trêve orageuse. Vaines pensées ! Cette dégringolade houleuse semblait imprévisible quant à son arrêt définitif. J’obtins, par la patronne du bar, la meilleure route pour l’office de tourisme et je partis, la capuche sur mon crâne dégarni.

Dans un bâtiment aux allures de chalet, j’atterris complètement trempé. A l’accueil, l’hôtesse m’informa que mon hôtel était situé à trois kilomètres d’ici, vers la station du Mont-Dore, au pied du Sancy ! S’engager sous ce torrent interminable m’était déconseillé ; aussi demandai-je à tout hasard si un car établissait une liaison jusque là-bas. Par bonheur, le prochain et dernier passage était prévu dans quarante-cinq minutes. Je patientai avec une lente agonie, dans l’office même. Je discutai brièvement avec une vieille dame qui passait chacun de ses étés au Mont-Dore, et c’est la première année que la menace orageuse était si présente. Le dimanche dernier, me raconta-t-elle, « il a même fait très froid ». Puis elle ne cessa de rabâcher cette information, au détriment de mon extrême amabilité et de ma patience.

Finalement, dès dix-huit heures, le car s’interrompit à la station d’arrêt, face à l’office. Quinze minutes passant, j’appareillais devant une grandiose maison-chalet, l’hôtel « Au Puy Ferrand ». Sans m’attarder, je pris possession de ma chambre et, sur le lit double, je déballai mes affaires mouillées. Je dressai un rapide inventaire des effets récupérables et irrécupérables. Le tri s’annonçait difficile, me trouvant au bord de l’épuisement. J’avais tant besoin d’émerger après ce flot d’épreuves que je me sentis déjà usé.

A la salle du restaurant, je ressentis pleinement ma fatigue. Pour l’apaiser, je commandais du Rosé Saint-Pourcin. Au terme de quatre verres, l’esprit m’abandonnait pour laisser place à une certaine amertume. Autour de moi, le flou s’installait. Le va et vient continu des serveurs et serveuses, zigzaguant entre les tables, me faisaient sombrer dans une somnolence irréversible. Seulement la grande cheminée allumée, à deux mètres de ma table, s’avérait capable de me tenir éveillé.

Le soir, après le dîner, je m’étalai en biais sur mon lit, rompu : impossible de rédiger pour narrer ma journée. Pour passer le temps, je visionnai un film à la télé. Je m’écroulai vite dans un sommeil laborieux et peu enclin au repos. Au moins, l’avantage de cette journée était que je ne souffrais d’aucun coup de soleil.

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