La maison des trois petits cochons

La maison des trois petits cochons - Trek entre Kerlingarfjöll et Dreki

Focus Rando :La maison des trois petits cochons

En relisant les notes de mon voyage, je viens de me rendre compte que j’avais complètement oublié cette journée. Elle a bien dû exister puisque sans elle, les dates des derniers jours ne correspondraient pas. Je m’en rends compte en faisant le compte à rebours depuis Dreki jusqu’à mon arrivée à Kistufell.

 

Je ne m’en rappelle absolument pas. J’ai sans doute joué au solitaire. Le temps devait être épouvantable. Curieux ce trou noir. Curieux aussi que j’ai complètement oublier de noter mes sensations.

Je n’aime pas cette sensation d’oubli dans ma mémoire immédiate.

Un jour de perdu donc dans ma vie. Pas bien grave, il devait pas être très enthousiasment. J’aurais juste préféré oublier un jour de ma vie quotidienne routinière.

La maison des trois petits cochons

La nuit a été difficile. J’ai passé mon temps à regarder les intempéries dehors. Il ne fait pas plus chaud que sous ma tente.

1°C dedans. Juste un petit de plus que dehors. Ce matin, tout est blanc à nouveau. Il est hors de question cette fois ce repartir. Il n’y a plus de refuge possible avant l’arrivée à Askja.

Je vais donc repréparer un peu d’eau. Aujourd’hui, nouvelle technique, récupération de l’eau des gouttières et je plonge de la neige dans mon eau déjà préparée. Elle fond beaucoup plus vite. Les souvenirs de TP reviennent.

J’ai repéré hier un paquet de café. Paquet de café entamé, il doit être ouvert au moins depuis un an. De marque Bonus, j’imagine la super qualité du produit. Mais j’ai bien envie de boire un bon café bien chaud. Mais où qu’elle est la cafetière?

Pour faire un bon café, prenez un kilo de café. Versez une goutte d’eau. Faites bouillir dix minutes. Jetez une pierre dessus. Si la pierre s’enfonce, rajoutez du café.

Fabrication de la cafetière. casserole et entonnoir avec filtre trouvés dans la cuisine. Je fais bouillir de l’eau chaude. Beaucoup de café dans le filtre. A moi maintenant d’être calme et patient en faisant le percolateur avec mon eau bouillante que je verse tout doucement sur le café. Comme je l’ai déjà dit, la patience n’est pas ma première vertu. A mi-casserole, je verse tout d’un coup. Je m’en fiche que ça passe lentement. Ce que je veux, c’est de l’eau chaude avec un peu de goût. La vague de mon versement rapide et instantané fait déborder le café par dessus le filtre. Pfff…M’en battis… Au point d’inconfort où j’en suis, je n’en suis plus à deux grains de café sous la dent.

 

Il est infect. Je crois encore pire que mon muesli dans le genre. Abominable. Tout compte fait, le marc de café dans la bouche, c’est plus immonde que tout. Je vais en revenir au bon vieux thé en sachets qui m’accompagne tous les soirs depuis le début.

La neige est moins forte en fin de matinée. Par contre le brouillard fait son apparition.

Nettoyage de la tente.

Réarrangement du sac.

Nouvelle check-list du bonhomme. Pleine forme en dehors d’une grosse douleur dans les mollets, notamment le droit qui me remonte jusqu’à l’arrière des genoux. Curieusement plus douloureux quand je ne porte pas le sac.

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La journée se passe monotone. De réussites en réussites. L’as de pique est devenu mon plus fidèle compagnon. Toujours présent quand je n’ai plus d’espoir. Le huit de coeur mon pire ennemi.

16h00. Je suis transpercé par le froid. Là sort de l’ombre mon côté fou furieux. Ca faisait des années qu’il ne s’était pas manifesté. Dès son apparition, raisonnable court se planquer le plus loin possible. Même dingo se tient à distance respectueuse de mon esprit. J’en ai marre d’attendre ici. Je me taille. On est mardi. Au plus tard, je dois être à Askja vendredi en début d’après-midi et il me reste 70 bornes à faire. J’ai ralenti mes étapes depuis Hitulaug. Un arrêt prolongé à Gaesavötn, Hier deux km pour rejoindre ce refuge. Aujourd’hui bloqué.

Dehors le vent est furieux, le brouillard intense, mais je n’ai pas peur. Quand je serai redescendu en altitude, les conditions seront meilleures. Juste les premières heures peuvent éventuellement être difficiles.

Avant de changer d’avis, je me précipite sur mon sac, me couvre au maximum et me jette dehors. Pendant que je remets les planches de protection sur les fenêtres et la porte, je suis abrité par la batisse. J’ai à la limite chaud à cause du spped de mes dix dernières minutes. Je note les coordonées gps du refuge au cas où…

C’est parti. Premier pas dans le brouillard. Il ne pleut pas vraiment. Je suis plus dans les nuages. Le vent me prend d’entrée de plein fouet de face, à la limite de me faire basculer en arrière. Dire que je trouvais le vent des derniers jours violent. Là, c’est la véritable tempête. Il ne pleut pas, mais j’ai l’impression d’avoir reçu une bassine sur la tête. Détrempé en deux secondes.

Sur le coup, c’est assez génial. J’ai l’impression de me lancer à l’assaut du Cap Horn. Un immense défi à relever.

20 mètres. C’est apocalyptique. Si quelqu’un est dans le coin à jouer au cerf-volant avec un piano, je risque de le prendre dans la gueule.

200 mètres. Je m’arrête. Il est impossible de marcher de face. Je n’ai pas d’anémomètre, mais je crois que le vent est supérieur à 80km/h. Je me retourne pour regarder ce que j’ai laissé derrière moi. Ben, j’y vois rien. Absolument rien. C’est de l’inconscience pure et simple. Je cours à mon suicide avec cette sortie. Je dois retourner me réfugier. Retour en suivant mes traces de pas. Mes vêtements en gore-tex ont été transpercés en moins de cinq minutes. Détrempé. Gros coup au moral.

Raisonnable ressort de son trou et se fend la poire. Il est mort de rire de mon inconscience. Furieux retourne à la niche.

Point positif en rentrant. J’ai chaud maintenant que je suis au sec et à l’abri du vent. A ça un bon thé derrière et l’abandon pour aujourd’hui de toute velléité de sortie.

L’Islande vient de m’envoyer un message. Qui c’est le chef ici? C’est toi ou c’est moi? Qui décide si tu as le droit de sortir? Qui est ce qui pisse dans le lavabo? … ben c’est toi, et le lavabo, c’est Kistufell.

Qu’est ce que ça tombe maintenant. Le vent ne cesse de forcir. plus de 100km/h, j’en suis sûr. Je me concentre sur mes réussites pour oublier le stress montant face à cette tempête.

22h00, je tente de dormir. c’est impossible. Je ne me rappelle pas d’une telle tempête. Le mastic des vitrages est en train de lacher face à la pluie. L’eau s’infiltre à travers le double vitrage et commence à couler sur les banquettes. Le vent crie dans les haubans et les antennes du refuge. S’engouffre en hurlant dans la cheminée. Je ne sais si c’est mon imaginaire, mais les murs bougent sous le souffle du vent. Le bruit me rappelle celui que j’avais connu dans un ferry pris dans une tempête au retour de Corse. Un bruit régulier, cyclique, très sourd, presque mécanique. Quasiment un bruit de moteur.

La maison en bois des trois petits cochons va se déliter sous le souffle du grand méchant loup.

L’angoisse, même si je me dis qu’il tient encore debout après des années sous les tempêtes. Demain je déclenche les secours; J’appuierai sur le bouton de détresse de ma balise à 8h00.

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