Dans les Landes, les oiseaux ne chantent pas, ils jacassent ! Ils font office notamment de radio-réveil. Leur discussion vibrante et musicale perce les murs et vous annonce, avec originalité, le lever du jour.
Ce matin-là, la maison d’hôte de Labouheyre parut silencieuse. Dans le couloir menant aux chambres, au premier étage, un désert talonnait le dénouement de l’aurore. Seul occupant de l’étage, je me sentis en situation extrême de privilège, avançant à pas feutrés vers une plénitude grandissante. Le couple jadis parisien attendait beaucoup de monde à partir de juillet ; août serait également complet. Leurs affaires foisonnaient selon leurs souhaits.
Par l’escalier en marbre, je descendis. Une porte ouverte sur l’extérieur me guida dans le jardin, où la veille les grillades avaient enfumées ma soirée. Sur une table en bois rehaussée d’un parasol, un bol de porcelaine, une cafetière, des petits pains, une carafe de jus d’orange, des tablettes de beurre, le tout agrémenté d’une rose dans un récipient, m’invitaient à m’asseoir. La perspective intéressante sur la piscine encore endormie enchantait ma prise de petit-déjeuner.
Le père de famille fut le premier à se présenter à moi. Nous nous échangeâmes de nouvelles paroles aux résonances accueillantes. Son épouse vint peu après, clamant que l’air ambiant s’élevait déjà à 19° et que le double se ferait infernale dès l’après-midi.
Tandis que les trois enfants partaient à l’école, mon hôtesse s’enthousiasma à l’idée de m’accompagner dans une reconnaissance approfondie de leur nouvelle demeure. Du jacuzzi au sauna, passant par les pièces encore en travaux, rien ne lui échappa dans sa visite. Elle me permit en outre d’effectuer des clichés de leur salle de déjeuner et du salon.
Là encore, j’eus un pincement au cœur en m’en allant. Entré la veille dans une famille que je connaissais à peine, je la quittai déjà après d’excellentes affinités.
Suivant le prolongement de la rue Pierre et Marie Curie, au bord de laquelle « Le Pacha » exhibait sa façade fleurie et chatoyante, je récupérai la voie de Tours, sur les chemins de Compostelle. La difficulté ne serait pas de savoir quelle route emprunter : le balisage jusqu’à Pissos traçait en une ligne droite sur une piste goudronnée, évitant ainsi les départementales. L’inconvénient toutefois était de recevoir le soleil en pleine face, à n’importe quelle heure de la journée. Les forêts de pins étant en retrait de la route, la misère des coins ombragés s’intensifia au fil des heures, d’où des arrêts intempestifs et une transpiration précoce. Une formidable vague de chaleur sévissait sans amélioration possible.
Sur huit kilomètres approximativement, ma seule distraction en ce paysage désertique consistait à compter les rares nuages – accessoirement aussi, les voitures !
A une courbe – la première en quatre heures ! -, un tronçon se poursuivait en piste sablonneuse et fermée à la circulation. Le chemin de Compostelle évoluait ici au cœur de la forêt landaise, véritable poumon de la région. Malgré l’interdit aux véhicules motorisés, deux en sens inverse me dépassèrent, en dégageant à chaque fois un manteau de poussière qui m’obligeait à effectuer une halte et à cracher du sable.
Assoiffé, je buvais à petites gorgées de ce qui me restait de ma gourde ; l’eau était chaude mais buvable. Plus tard, le sentier me conduisit à Escoursolles, hameau typiquement landais. Sans vouloir récupérer la départementale, à deux-trois kilomètres de distance (parfait raccourci jusqu’à mon étape mais au paysage appauvrissant), je contournai le village par l’ouest et entrai dans une belle piste forestière, longée par des lignées de pins majestueux. De même me procurait-elle enfin une fraîcheur tant recherchée. A un ruisseau de l’Eyre, je me désaltérai. J’appréciai alors toute la beauté de ce paysage landais, richement coloré d’une verdure flamboyante et tapissé de brindilles de pins.
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Marcher sur du sable peut devenir pénible. Cet afflux est particulièrement important en certains endroits, à l’approche de Pissos. Autrefois, l’idée était de décourager les pèlerins du Moyen-Age à emprunter ces voies ou pour endurer leur foi avant d’atteindre Compostelle. Aujourd’hui, les randonneurs se bloquent dans l’éventualité de couper par la pinède, certes plus agréable et pittoresque que les abords routiers mais au risque de démultiplier inutilement l’activité physique.
L’arrivée à Pissos fut d’autant reçue telle une récompense bien méritée et non arrachée. Village de la Haute Lande, il découle également de la vallée de la Grande Leyre, nom de la rivière parcourant en flèche la région aquitaine.
Pour gagner la maison d’hôtes « Au milieu des Pins », gérée par Josiane Courdent, il est nécessaire de s’éloigner de Pissos par le nord. Comme son appellation l’indique, c’est situé dans la forêt, camouflé et rafraîchissant. A regrets, aucune pancarte ne mentionne son existence ; sa recherche n’est réalisable qu’en interrogeant les habitants du quartier de Sauboua.
Mes nouveaux hôtes sont tous deux à la retraite. L’homme fut instructeur militaire en Indochine. Son visage creusé et sa démarche rectiligne démontraient cette appartenance. Or la profession de la femme m’a échappé ! Ayant connu jeune les Landes, lieu de vacances familiales, elle-même a établi le choix de s’y installer avec son mari.
Elle me conduisit au premier étage, dans une belle chambre individuelle avec salle de bains privée. La vue donnait sur le jardin de derrière. Avec la chaleur, l’arrosage s’affichait indispensable afin de couvrir une large superficie.
Sitôt ma purification corporelle terminée sous une douche abondante, je rejoignis mes hôtes dans le salon où je fis connaissance du mari instructeur. Son tempérament impulsif et sa volonté de secourir en cas de besoin, dès qu’il connût mon itinéraire du lendemain, le poussèrent à attraper une carte routière et à en vérifier les détails.
Josiane me tendit un verre de jus d’orange. Ensuite elle me questionna si j’avais prévu de dîner en ville. Je pris alors conscience que ma réservation de la nuitée ne comprenait pas la table d’hôtes. Un oubli de ma part, certainement. D’ordinaire, elle prévoyait une table uniquement sur commande, le temps pour elle d’effectuer les courses. Elle fit une exception à mon égard, en improvisant un repas pour trois. Son geste cordial me mit un long moment dans l’embarras, puis je fis abstraction de ma gêne pour mieux profiter de l’invitation de dernière minute.
A l’apéritif, nos échanges verbaux nous plongèrent dans une bonne entente immédiate. Nous avons dîné sur la terrasse extérieure, proche de la mini forêt de pins composant la propriété. L’air ambiant soutenait inlassablement une écrasante canicule. Pissos étant dans un micro climat, m’expliqua la femme, les orages et les intempéries sont peu nombreux. Ainsi la fraîcheur eut du mal à s’implanter ce soir-là. Le vent souffla une dizaine de minutes en agitant le sommet des arbres, puis se tut à jamais. Sans encombre nuageux, le ciel étoilé exhibait ses merveilles nocturnes.
Tard dans la nuit, moi et mon hôtesse restâmes encore à table, distraits à converser autour de la littérature. Mon projet de roman l’enthousiasmait, tant et si bien que je me résolus à lui conter certains détails, ainsi que mon ambition littéraire.
Je suis un passionné de montagne. J’aime prendre de l’altitude, à l’instar de ceux qui prennent du recul.
Ma pratique du trek se compose en solitaire depuis de nombreuses années, en semi-autonomie sur plusieurs jours, souvent l’été, rarement l’hiver. Photographe passionné, j’apprécie de faire des reportage-photos pour exprimer la beauté des paysages, à califourchon sur les plus hauts cols. Aussi, je retranscris par écrit toutes mes aventures pédestres, avant de partager ces découvertes par le biais de mes sites dédiés au voyage.
Nul besoin de consulter un spécialiste en cas de déprime ou de crises d’angoisse, la randonnée en montagne est mon médicament naturel !
Mes sites à consulter pour continuer ensemble l’aventure :
* Photos de voyage
* Carnets de voyage
* Annuaire de voyage
* Handi-cv.com sur les sommets