Je repars pour la Laponie une deuxième fois en cette année 2017. Le matériel utilisé sera sensiblement similaire au premier voyage bien que j’ai fait le choix de m’alléger un peu, parce que je me trouve plus tard dans la saison. Mon objectif est ici d’atteindre le plus haut sommet de Finlande, le Halti (1324 m).
Premier jour : 5 km jusqu’au refuge
Je suis dans le bus depuis hier 22 h 15. J’arriverai vers 17 h 40 à Kilpisjarvi. En quittant Rovaniemi, le bus était bondé. Il y avait même des personnes debout. J’ai voulu acheter de la nourriture à emporter quand le bus a fait 15 minutes de pause, mais le chauffeur est venu me chercher avant que ce ne soit prêt. 12 euros de perdus !! Les paysages sont magnifiques ici, il n’y a pas d’arbre. Je fais les cinq kilomètres qui me séparent du refuge de Saanajärvi päivätupa de ce soir. Sur le chemin, j’ai vu beaucoup de motoneiges. Cela me rappelle que je ne suis pas dans un parc national, mais dans une zone sauvage. J’ai même vu la police ramener deux motoneiges vers la ville et que j’ai vu revenir jouer sur les pentes du Saana dans la soirée. Le soleil se couche à 21 h 30, ça fait bizarre. J’essaye d’attendre les aurores, mais il est 22 h 40 et le ciel est encore très clair. Je n’ai pas besoin de la frontale pour écrire à l’intérieur de la cabane.
Deuxième Jour : Du Saana (1029 m) à la frontière Norvège-Suède-Finlande
Lorsque je me réveille à 6 h, le ciel est très nuageux. Je vais au sommet du Saana (1 029 m) en trouvant difficilement mon chemin. J’arrive au sommet pour 8 h, il y fait -13 °C avec beaucoup de vent. À la descente, j’ai beaucoup de difficulté de trouver un chemin, car je ne vois pas les reliefs du terrain à cause du ciel et du sol blanc. Je ne fais pas trop vite pour essayer de ne pas chuter d’une barre rocheuse. Je finis de descendre puis traverse la route. Sur la montée vers le col, je croise la motoneige qui fait les traces pour les skieurs. Au col, je vois deux lagopèdes, mais il se met à neiger assez fort avec de gros flocons. La descente s’annonce difficile avec peu de visibilité. Les nuages disparaissent et laissent place au soleil, je suis en t-shirt. Il y a une magnifique cascade de glace sur la falaise à ma droite. Les envols et les chants de lagopèdes m’accompagnent. Je redescends sur le refuge de Kuohkimajärvi autiotupa. Je vois distinctement où se situent les trois frontières.
Troisième jour : sur la route du Halti
Il fait nuageux aujourd’hui, je verrai bien si ça se dégage dans la journée, je l’espère en tout cas. Comme tous les jours, je prends une heure exactement pour tout préparer. Je traverse tranquillement le lac, il n’y a jamais personne le matin sur les pistes. Vers 9 h, j’ai le droit à une petite averse de neige, les nuages s’égouttent. Je rencontre un français qui vient de finir 12 jours à ski depuis le parc d’Abisko en Suède, il va prendre un taxi pour aller chercher son avion à Tromsø. En me rapprochant de la route pour Halti, je commence à croiser de nouveau des skieurs et des motoneiges.
Je me trompe de route et commence à partir sur la piste motoneige vers Hetta. Après avoir repris la bonne direction, je croise plusieurs skieurs et motoneiges qui reviennent. Je ne comprends pas pourquoi les gens se laissent transporter alors qu’ils ont des skis de randonnée. J’arrive au refuge Saarijärvi autiotupa en début d’après-midi. J’ai fait les 25 km d’aujourd’hui en 6 h. Le refuge est plein ce soir. Je tente de communiquer avec un mélange de finnois et d’anglais avec quelques personnes. Deux sœurs qui ont réservé leur place dans la deuxième partie du refuge arrivent, elles viennent de Tampere. Une parle un peu anglais. On passera la soirée à jouer dans la neige, et à rigoler. Elle s’appelle Wilma.
Un gros groupe d’étudiant finlandais venant de Rovaniemi arrive. Ils sont chargés comme des bœufs. Tous les nuages disparaissent et le ciel est magnifique. J’en profite pour faire plein de photos. Un couple a planté sa tente à l’extérieur du refuge, ils sont venus en traîneau à chiens. Nous sommes allés voir les chiens pour jouer avec eux.
Ils ont leur trou pour dormir à côté de la tente. Nous tentons de voir des aurores boréales à 1 h du matin, mais il fait trop jour, on sent que dans quelques semaines la nuit disparaîtra. Nous n’avons pas allumé le poêle, la chaleur humaine fut suffisante pour chauffer l’ensemble du refuge. Dans le groupe des étudiants, l’un d’eux parlait français. Il était allé étudier un an à Lyon sans avoir appris la langue avant.
Quatrième jour : Halti en vue
Durant la nuit, une personne dormante dans une tente a eu froid et est venue se réfugier dans le cottage. Le ciel est resté clair toute la nuit, il fait assez froid ce matin. Je ne tarde pas à partir pour profiter de cette journée ensoleillée. Mon premier objectif de la journée est le refuge suivant à 9 km. Je le rallie en 2 heures en prenant le temps de faire des photos. J’atteins la cabane suivant en près de 2 h aussi. Les paysages sont de plus en plus beaux, les pentes des collines s’accentuent pour donner des falaises. J’ai plus l’impression d’être en montagne. Je rencontre à ce refuge deux dames qui reviennent du Halti, la plus âgée parle très bien anglais, je pense qu’elle a plus de 70 ans.
C’est l’heure de la pause casse-croute et ce refuge s’y prête bien. Je continue ma route, gêné parfois par les motoneiges qui circulent sur la même piste que moi. Après le passage du dernier col, j’aperçois enfin le Halti… on me l’indique, je ne l’aurai pas reconnu. J’ai l’impression d’être le seul à crever de chaud même en t-shirt à manche courte. Tous les Finlandais sont en pantalon de ski de piste avec 3 couches sur le haut du corps. J’ai l’impression de ne pas fatiguer. Au refuge Pihtsusjärvi autiotupa où je m’arrête pour la nuit, je retrouve deux couples que j’ai rencontrés la veille. Ils continuent jusqu’au refuge du Halti, j’irai demain. Ici tout est blanc, il n’y a pas d’arbre. Deux femmes se sont fait déposer en motoneige au refuge, elle laisse les portes du refuge grandes ouvertes en rentrant leurs différents sacs de voyage. Un homme que j’avais rencontré au premier refuge ce matin est arrivé ainsi qu’un autre descendant du Halti, il y est monté en Fat-Bike. Un groupe de 7 personnes est arrivé à 19 h 30, je ne comprends pas l’utilité d’arriver aussi tard. La météo reste stable pour l’instant, j’espère pouvoir monter au sommet demain.
Cinquième jour : au sommet du Halti (1361 m)
Je me réveille plus tard que ce que j’espérais, il est 6 h 30. Je suis le premier à quitter le refuge. Il fait nuageux et très venteux, j’ai la face qui gèle d’un côté. Je prends la direction du refuge Halti que j’atteins en 1 h 10. Après 30 min de pause, je prends la direction du sommet. Le vent souffle énormément. Je suis seulement parti avec ma doudoune dans le sac à dos. Je rattrape deux hommes que j’ai déjà croisés à plusieurs reprises. On se prend en photo mutuellement. Du sommet, la vue n’est pas très claire à ce qu’il parait le coucher du soleil était magnifique hier soir. J’enlève les peaux sous les skis et je descends en hors-piste droit dans la pente. J’arrive rapidement au refuge. Je n’ai pas le courage de monter faire un autre sommet, le vent souffle trop et le ciel n’est pas dégagé. Je passe l’après-midi au refuge. Quatre femmes que j’ai croisées hier dormiront ici. L’une d’elles parle un peu français. Je ne passe pas une journée sans croiser un finlandais qui parle français. Elle a fait un an de « service civique » dans le sud-est de la France. Ce soir, c’est la tempête dehors, le vent n’arrête pas de souffler. Je me suis fait des crêpes avec le restant de farine et d’œufs que j’avais.
Sixième jour : seul dans ma cabane
À mon habitude, je suis le premier debout. Je pars plus tard vers 8 h et je me suis bien couvert, car le vent souffle toujours assez fort ce matin, mais après 1 km de ski, je retire toutes mes couches, je crève de chaud. Les Finlandais m’étonnent à porter un collant à longueur de journée en plus de leur pantalon de ski. Je ne marque pas l’arrêt au refuge d’avant-hier et continue ma trace vers le col. En descendant, je me balade hors des traces et je trouve un très beau petit canyon. Il fait raisonnablement beau. Je croise un grand groupe de l’école des guides de Munio. Ils dorment en tente, la nuit dernière a dû être sportive pour eux. Il y a toujours beaucoup de motoneiges, certaines pour ravitailler les refuges en bois d’autres pour le transport de touristes et de pécheurs. En parlant de pêche, il faudrait que je tente le Rautu. Le Rautu est une truite qui est une spécialité de la région.
J’arrive à 14 h à la cabane Jogasjärven autiotupa de ce soir. Elle est à 5 km de la piste principale. Je traverse le lac pour aller voir le cottage sur l’autre rive, je le pensais à 500 m, il est en fait à plus de 1 km. Mon abri de ce soir comporte juste une cheminée ouverte, pratique pour faire cuire les saucisses, moins pour chauffer la pièce. J’aurais du mal à dépasser les 15 °C, je suis pour l’instant à 8 °C. J’ai eu la visite d’un groupe, de 4 personnes et d’un chien, qui fait un parcours de 175 km. Ils dorment principalement en tente. Le chien s’endormait debout, tellement la journée l’avait épuisé, je crois qu’il espérait rester dormir ici. Il fait toujours beau pour l’instant, mais, c’est censé se dégrader pour demain, il devrait neiger. Juste avant de me coucher, la cheminée s’est mise à fumer énormément et j’ai dû l’éteindre.
Septième jour : il fait bon d’être dans la tempête
Ce matin, il fait bon dans le refuge ainsi que dehors. Mais les nuages ont comblé tout le fond de la vallée dont la partie montagneuse où je me dirige. Je passe au travers d’une forêt de petit Bouleau, seul arbre de la région. Je me rends compte que mon portable n’oriente pas bien la carte. Alors je continue au feeling. Je vais tout droit en me donnant des points de repère visible afin de garder la même direction. La visibilité est plutôt faible et bien que je voie certains rochers à 100 m, les reliefs sont peu discernables. Je vérifie le GPS de temps en temps afin de garder le bon cap.
La piste que je rattrape, je l’avais empruntée, il y a 3 jours et passe à un refuge où je fais une pause. Je recroise deux couples qui allaient à kilpisjarvi, que j’avais rencontrés il y a 2 jours. Durant ma pause, je vois un homme arrivé, il est tiré par son kite et suivi par ses deux pulkas. Je continue dans la tempête, ça fait deux heures que ça souffle. Je rejoins le refuge de Saarijärvi autiotupa où je resterai ce soir comme à l’aller. Le vent ne faiblit pas, heureusement qu’il n’est pas du nord, car il ne fait pas froid (0 °C). Il y a un groupe qui a ces tentes à l’extérieur, ils sont de l’école de guide de Kuopio. J’ai vu deux fat bikes qui montaient dans la tempête. Ils n’allaient pas bien vite. Le ciel s’éclaircit vers 17 h et le réseau téléphonique disparaît durant 2 h. Je n’avais pas eu de réseaux depuis quelques jours et j’ai un message de mon responsable à Décathlon. Les deux couples finnois que j’ai croisés ce midi arrivent vers 19 h, ils ont profité de l’éclaircie. D’autres arrivent à 20 h, je suis toujours impressionné par le chargement. Il fait grand beau maintenant, comme quoi la météo peut changer très rapidement ici.
Huitième jour : Dernière nuit en cabane
Je pars sous le soleil ce matin. J’y vais tranquillement, je profite de mon dernier jour sur les skis. Je croise des caravanes de motoneige comme toujours. En arrivant à kilpisjarvi, je croise même une énorme chenillette qui transporte du monde. Je comprends de moins en moins les gens, je crois. À kilpisjarvi, je passe au visitor center acheter un écusson de la réserve. J’y retrouve mes amis du refuge qui m’invitent à un sauna. Maintenant, je suis fatigué et j’ai du mal à me remettre en jambe.
Je cherche un lieu afin de manger du Rautu, mais seul l’hôtel en propose et le restaurant ouvre tard. Je reprends le chemin du premier jour pour rejoindre la cabane où je vais passer ma dernière nuit afin d’attendre le bus. La chenillette est arrêtée près de la tupa, ils ont l’air d’avoir un événement kite, ski, etc. Pour faire 5 km, il aurait pu venir à ski. Il y a du monde qui passe au refuge Saanajärvi päivätupa du premier soir . Je discute encore avec une Finlandaise qui parle français. Elle est allée au Halti en motoneige, je ne comprends pas le but… Je teste le sac de survie Simond dans la neige durant une demi-heure. Il y fait bon mais l’humidité me gagne vite. Vers 21 h, il y a trois vieux qui arrivent, il profite de la météo dégagée de cette soirée. Ils ont l’air d’avoir plus de 70 ans et ils gardent la pêche en ski de fond, c’est assez impressionnant.
Liens aidant à la préparation
La réserve sauvage de Enontekiö: On y trouvera toutes les informations sur cette zone protégée, les sentiers (pied, ski, canoë,…) ainsi que pour réserver les cabanes ou refuges fermés. Pour ma part, je n’ai utilisé que ce qui était gratuit et sans réservation.
Les transport en bus pour tout la Finlande. Plusieurs compagnies de bus y sont regroupées.
J’ai commencé la randonnée quand je partais en vacances avec mes parents. Aujourd’hui, je pratique la randonnée en autonomie, l’alpinisme, le ski de randonnée alpin et nordique. Grosso modo tout ce qui peut se faire en montagne tout en respectant le milieu m’intéresse. J’ai fait plusieurs séjours voyages en Laponie à ski/pulka. J’essaie de faire découvrir ce milieu à mes amis. Depuis 5 ans, je pratique énormément la spéléo et donc moins l’itinérance.