Le chant imperturbable des grillons des jours précédents disparut à contre-cœur en remplacement du passage infernal et monotone des poids lourds, face à l’hôtel « Le Grandgousier ».
Dès mon départ de l’établissement, après avoir réglé la note, j’entrai dans une petite épicerie pour m’approvisionner en fruits et en eau. Toujours gravé dans ma mémoire, l’incident à « La Maranne » équivalait à une avalanche d’incompréhensions et d’une mauvaise communication.
Je voulus en avoir le cœur net. Je sonnai à leur porte à nouveau, après avoir remarqué deux voitures dans le jardin. De l’agitation parcourait la maison principale, les fenêtres grandes ouvertes et les rideaux tirés. Une petite fille apparut sur le seuil, suivi d’une grande silhouette. Sûrement le père. Entre les barreaux de la grille, je lui expliquai la raison de ma venue et il me fit entrer. Sitôt avertie, une femme vint vers moi. En apprenant mon identité, elle déferla sur moi des excuses. D’urgence, m’expliqua-t-elle, elle avait dû récupérer la veille son mari à l’aéroport. Persuadée qu’aucune réservation pour le soir-même ne la gênerait, elle avait fermé ses volets et verrouillé la demeure. Elle soutint ensuite qu’elle n’avait pas réceptionné la confirmation de mon séjour, je m’insurgeais au contraire que c’était pourtant le cas. Elle prenait appui sur sa manière d’organiser ses affaires, d’effectuer une copie de chaque règlement par chèque et autre justification inutile. Par ailleurs, elle se serait souvenue si mon chèque avait été encaissé ! Si elle avait su que j’étais seul et à pied, ajouta-t-elle complaisante, sans doute aurait-elle fait plus attention à ma réservation. Que cela aurait-il changé ?
Je la quittai, désenchanté : à mon retour, j’irais m’assurer un éventuel encaissement à leur nom. Si cela devait se vérifier, je demanderais une réclamation express.
La sortie du Muret correspond à l’embouchure des Landes et de la Gironde. Evoluant toujours dans le Parc Naturel des Landes de Gascogne, je venais de pénétrer, au bout d’une heure, dans le troisième et dernier département à traverser, conformément à mes prévisions. Et en suivant la RN10, à la quête de zones d’ombre, je me retrouvai dans le pays d’Aliénor d’Aquitaine.
Cette dame fut en son temps (le 12è siècle) une figure emblématique de la liberté accordée aux femmes de rang supérieur. Une insoumise dont la vie fut bien remplie, devenue reine par deux fois et marquant l’Histoire de son empreinte. Née au château de Belin, son existence demeure encore vivace dans la mémoire de cette bourgade. Celle-ci rattachée désormais au bourg de Beliet, ces deux hameaux représentent une vaste commune où le Parc Naturel des Landes de Gascogne a établi son siège.
Nombreuses sont les visites à accomplir pour saisir la richesse intérieure de Belin-Beliet. Nombreux aussi les points d’attache à Compostelle ; ses édifices religieux (croix, église, etc) représentent un afflux d’attraction et de méditation. L’histoire locale possède son musée, relatant son économie passée et ses hospices ou auberges accueillant jadis les voyageurs de Compostelle.
Afin de vous aider à vous démêler dans ce dédale historique et géographique, je vous recommande le Guide du Broutard, particulièrement mordant sur la vie de la commune :
http://www.adiu.fr/a/uploads/Affiches/GuideBroutardBelinBeliet.pdf
Pour revenir à ma course pédestre : la distance entre le Muret et Belin-Beliet est faible, autrement dit une douzaine de kilomètres avec une coupure entre la nationale. Sol plat au préalable, l’ascension se fait cruellement sentir après la traversée d’un pont surplombant l’Eyre. Ici, je croisai un pèlerin affublé d’un petit appareil numérique et d’un bâton ; nous nous saluâmes d’un signe de tête. Le dénivelé jusqu’à Belin-Beliet serpentait à travers la Forêt des Landes.
Ce jour-là, nouveau record de température : 38° ! L’ombre était à peine épargnée à cause d’un vent du sud qui réchauffait l’air frais. Mon avancée en fut ralentie maintes fois.
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Une simple avenue dessert le village reliant les deux hameaux autrefois distincts. Pour cause, celle-ci devient interminable avec ses cinq kilomètres environs. Une halte à la Maison du Parc, avant d’atteindre le cœur de la commune, me permit de bénéficier d’une accalmie pédestre. Ici, à l’intérieur d’un ancien pensionnat pour jeunes filles rénové en lieu d’informations, une personne prit de son temps pour m’éclaircir sur les pistes cyclables, ainsi que sur l’itinéraire exact pour ma prochaine maison d’hôtes.
L’atteindre équivalait à traverser tout le village. Depuis le bourg, la route est rallongée d’un magnifique kilomètre et demi en prenant la direction de Bazas. Au lieu-dit « La Coste », dans l’allée des Meuniers, une demeure contemporaine, aux façades blanchies par le soleil et aux parterres teintées de brillance, respirait d’emblée l’accueil chaleureux des hôtes. L’adhésion au label « Fleurs de soleil » lui procurait, en sus, d’une disposition particulière à l’égard du séjour et de son confort.
A la porte principale, personne ne répondit. Aucun bruit ou d’agitation ne filtrait. Je craignis un moment revivre la malheureuse expérience d’avec « La Maranne ». Aussi décidai-je d’effectuer le tour du propriétaire. Proche de l’entrée, une piscine exposait ses rebords trempés et son eau translucide. J’aperçus une femme sur un transat, qui amorça un mouvement pour se lever, une main en visière. Ce fut pourtant un homme, dissimulé à l’ombre de chênes, qui vint à ma rencontre. En maillot, une serviette à une épaule, il me parut le teint mat et âgé d’une bonne quarantaine d’années.
Après la colonisation de ce qui allait être ma chambre pour une nuit, je me joignis à mes hôtes autour de la piscine. Dans l’intervalle de deux nages enrichies d’une bronzette au soleil ou sous la fraîcheur d’un parasol, une discussion d’approche combla vite le fossé qui s’instaure d’ordinaire entre inconnus. Je relatai au couple mon infortune de la veille au soir, en découvrant porte et fenêtres closes au Muret. Les connaissant seulement de nom, ils s’intriguèrent d’un pareil comportement.
Par commodités, ils ont exclu la table d’hôtes. Je devais en conséquence me soucier moi-même de mon repas. L’homme émit l’idée de commander une pizza auprès d’un de ses amis propriétaire d’une pizzeria, au centre du village. Nous y allâmes en voiture, empruntant des raccourcis qui me faisaient découvrir d’autres aspects de mon étape. J’appréciais l’architecture girondine, différente de celle des Landes malgré une sensible proximité. L’art floral, aussi bien dans les parcs que dans les jardins privés, se déclinaient sous ses formes les plus avantageuses.
Au retour à la maison d’hôtes, la femme m’accorda le privilège de dîner en leur compagnie, sur la terrasse extérieure, sans partager pour autant le même repas. Notre conversation instructive me permit de comprendre leurs motivations quant à leur choix de proposer des chambres chez l’habitant. Refusés par « Gîtes de France » car leur maison est récente et non ancienne, ils se sont rabattus sur le label « Fleurs de soleil ».
Une maisonnette s’affichait à l’écart, destinée aux familles et comprenant chambres, salon et toilettes privées. Ce fut ici que ma soirée s’accomplit, pour suivre un reportage télévisé. A la tombée de la nuit, je sortis prendre l’air. L’incommodant brasier de la journée se substituait à une douceur supportable. Je croisai mon hôtesse. En dépit du crépuscule naissant, nous nous engageâmes dans de nouvelles conversations.
Première nuit en Gironde, je commençais à songer à la finalité de ma marche. Deux journées éreintantes et cuisantes me guettaient dès le lendemain avant de prétendre à un repos méritoire.
Je suis un passionné de montagne. J’aime prendre de l’altitude, à l’instar de ceux qui prennent du recul.
Ma pratique du trek se compose en solitaire depuis de nombreuses années, en semi-autonomie sur plusieurs jours, souvent l’été, rarement l’hiver. Photographe passionné, j’apprécie de faire des reportage-photos pour exprimer la beauté des paysages, à califourchon sur les plus hauts cols. Aussi, je retranscris par écrit toutes mes aventures pédestres, avant de partager ces découvertes par le biais de mes sites dédiés au voyage.
Nul besoin de consulter un spécialiste en cas de déprime ou de crises d’angoisse, la randonnée en montagne est mon médicament naturel !
Mes sites à consulter pour continuer ensemble l’aventure :
* Photos de voyage
* Carnets de voyage
* Annuaire de voyage
* Handi-cv.com sur les sommets