Le tour de Chartreuse en trail (GR® de Pays)

Après mon tour de la Chartreuse en bikepacking, j'avais bien envie d'y revenir avec davantage d'immersion en pleine nature. Voici comment naquît cette idée de faire le tour de ce massif des préalpes en trail par son GR® de Pays ! Place au récit de cette aventure de 3 jours !

Le GR® de Pays Tour de Chartreuse forme une sorte de huit à trois boucles, j'ai donc décidé de commencer mon aventure à Entremont-le-Vieux tout simplement parce que c'est l'endroit le plus près de chez moi. Cela me permettait aussi de réserver le même AirBnB pour deux nuits, à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Ainsi, je vous fournis ce graphique ci-dessus à titre indicatif afin de vous organiser autrement si vous le souhaitez.

J1. Entremont-le-Vieux – Saint-Pierre-de-Chartreuse

Après à peine plus d'une heure de route depuis Annecy, me voilà à Entremont-le-Vieux pour commencer mon tour de la Chartreuse en trail. Il fait bien frais et bien humide alors qu'il est pourtant déjà presque 9:30, l'automne est déjà bien avancé en cette toute fin novembre, et l'hiver est bel et bien presque là. Le décor débute avec un sol paré de feuilles mortes ponctué d'arbres habillés de lichens, aussi ces teintes d'ocres et de verts se marient à merveille. Je progresse bien, bien en forme du matin de ce premier jour et, au détour d'un virage, je surprends un lynx. J'écarquille les yeux, la scène dure à peine quelques secondes avant qu'il ne s'enfuie, mais oui oui c'est bien un lynx ! Je ne crois pas en Dieu, mais je me sens comme touché par la grâce. Voir cet animal dans son milieu naturel n'arrive que très rarement dans une vie. Je n'ai bien évidemment pas le temps de sortir mon téléphone pour le prendre en photo, et c'est avec un sourire béat que je poursuis ma route. Tantôt en sous-bois, tantôt ouvert, l'itinéraire laisse entrevoir le paysage sur les montagnes rocheuses de la Chartreuse. Quelques passages sur routes de campagne me permettent d'avaler également quelques kilomètres plus rapidement qu'en progression sur les sentiers du GRP.

J'arrive peu après 12:30 à Saint-Pierre-d'Entremont et toutes les boulangeries ont déjà fermé leurs portes. Je me repose donc dans une brasserie très sympa avec une bière légère et une terrine histoire de me requinquer. Puis vient le temps de repartir. En chemin, je remarque que la tempête de la semaine a sévi. Quelques arbres sont couchés, déracinés par les rafales de vent violent, et reposent en paix au milieu du sentier. Pour ma part, bien vivant et encore debout, je dois soit me faufiler à travers les branches pour franchir ces barrières naturelles, soit les contourner en descendant dans le talus puis remonter pour retrouver le sentier. À de nombreuses reprises, pour quelques foulées qui n'ont plus lieu d'être, ce sont de nombreuses minutes de perdues. J'y laisse aussi pas mal d'énergie. Au fur et à mesure de ma progression, la brume se lève et les paysages se découvrent. Je suis bien content d'être un peu en altitude, car plus bas dans la vallée, les villages sont restés dans les nuages.

La nuit arrive, et en étant parti un peu plus tard que prévu d'Annecy, plus les arbres couchés entravant les sentiers, je termine ma journée à la frontale. J'arrive enfin à Saint-Pierre-en-Chartreuse où je rentre me réchauffer sous la douche de mon AirBnB. À noter pour cette première journée, pas de problème d'approvisionnement en eau, il y a des sources de partout et les traversées de village donnent accès aux fontaines.

J2. Boucle autour de Chamechaude

Après être passé à la boulangerie pour acheter une baguette et un croissant, une courte descente abrupte me permet de sortir du village, et m'amène près de la rivière. La course le long de celle-ci est très agréable malgré le froid et l'humidité. Le peu de dénivelé de cette partie me chauffe tranquillement avant d'attaquer la longue montée qui me mène sous le Charmant Som. D'abord à l'ombre, puis le soleil commence à percer à travers les arbres pour réchauffer l'atmosphère. La limite de végétation passée me permet ensuite de profiter des superbes vues sur le massif de Belledonne au loin. Une fois en haut, la progression accélère avec de nombreux passages sans dénivelé, voire descendants. Je commence à croiser du monde, et de plus en plus à l'approche du Col de porte qui est un parking de départ pour de nombreuses randonnées du coin. Il est à peine midi et je m'arrête à la terrasse d'une buvette du col afin de me reposer en déjeunant.

Je repars en descente jusqu'au Sappey-en-Chartreuse où la seconde longue montée de la journée débute. La dernière partie en zigzags sous Chamechaude passe finalement vite et m'amène à de superbes vues une fois encore sur la chaine de Belledonne, plus proche qu'au matin. Une fois en haut, ma progression est encore une fois plutôt rapide grâce au peu de dénivelé. C'est arrivé sous la Dent de Crolles que la descente commence réellement. Cette dernière est longue et raide et je commence à avoir les jambes dures comme du bois. J'en bave mais je sais que je suis presque arrivé. Cette descente m'amène dans une vallée littéralement frigorifique ! Tout est à l'ombre et ne doit pas voir le soleil de la journée. Les plantes, les arbres, la route, tout est givré. C'est très beau, mais c'est glacial. Je rejoins la route au village de Perquelin, où je n'ai plus que quelques kilomètres quasi à plat pour terminer cette journée.

J3. Saint-Pierre-de-Chartreuse – Entremont-le-Vieux

Dernier jour de mon tour de Chartreuse en trail, je nettoie mon AirBnB et file à la même boulangerie que la veille avant de partir sur les sentiers. Dès le début de la montée, juste après la sortie du village, je croise des chasseurs. Je discute quelques minutes et leur dis gentiment avec un clin d'œil de ne pas faire de bavure sur un trailer. Plusieurs minutes plus tard, j'en croise d'autres qui me disent qu'ils rentrent car ils sont passés à côté de leur gibier, et que je n'ai pas à m'inquiéter. J'avoue que ça me rassure un peu. Passé le Col de la Saulce, la dernière partie en zigzags sous les Lance de Mallissard est bien raide, et entre les zones d'ombre et de soleil, parfois accompagnées de vent, j'alterne sans cesse entre remettre la veste et la quitter. Au Col de Bellefont, j'ai la vue sur le Mont Blanc au loin, et la descente dans un névé au plus près. Ce sera le seul de mon tour. Les premiers mètres sont exposés et je fais donc bien attention de ne pas glisser. La suite est plus facile et je peux augmenter le rythme, cela me permet de tester l'adhérence de la semelle de mes chaussures X-Bionic TerraSkin X00/C dans la neige. Une fois au soleil, je m'arrête pour une vraie pause et déjeuner.

Je poursuis dans ce vallon de Marcieu à la configuration topographique propice aux fosses à froids. Une succession de petites bosses d'une dizaine de mètres de dénivelé tout au plus fait qu'entre chaque bosse se situe une zone d'ombre et de froid glacial. Tout est givré, alors que sur les bosses le soleil réchauffe bien. C'est assez surprenant mais cela donne une ambiance atypique à l'itinéraire ! S'ensuit la descente sur Saint-Pierre-d'Entremont, jonchée de feuilles mortes. Je dois donc faire attention aux pierres cachées sous celles-ci pour ne pas me tordre une cheville. Après un plein d'eau au village, je poursuis pour ma dernière partie. Ce n'est plus très long mais la fatigue accumulée étant bien présente, je suis pressé d'arriver et les derniers kilomètres me semblent interminables. Dernière centaine de mètres dans le village d'Entremont-le-Vieux et me voilà à ma voiture pour rentrer à la maison. Quelle aventure !

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