Les Pyrénées, beaucoup de randonneurs les traversent de part et d’autre, en entier ou en partie par le GR10 ou la HRP ou se cantonnent à découvrir le centre de la chaîne. Dans les montagnes du Béarn, Gilles Bergeras, accompagnateur en montagne en vallée d’Aspe, a voulu initier un nouvel itinéraire plus intimiste et plus proche des villages tout en restant une vraie randonnée sportive avec un dénivelé total de plus de 6 000 mètres sur près de 100 km dans sa totalité. Son nom de code : le Trek des 3 vallées. 3 vallées pour l’Ossau, l’Aspe et le Barétous.
Le Trek des 3 vallées, c’est 5 jours de marche au départ de Laruns jusqu’au sommet du Pic d’Anie sur des sentiers pastoraux, oubliés de nombreux randonneurs, peu empruntés, souvent mal marqués mais ô combien intéressants.
La vidéo du trek des 3 vallées
Je vous invite à regarder la vidéo pour vous en rendre compte. Parfois, des images valent mieux que des mots.
Plus d’infos sur son site Rando-Bike mais aussi auprès des offices de tourisme de Laruns/Artouste et d’Aspe.
L’intégralité du trek est couvert par 2 cartes au 1/25 000 :
Laruns – Eaux Chaudes
+ 1389 m / – : 1309 m 15,6 km 5h00Nous quittons le village de Laruns dans la vallée d’Ossau par le bois des Taillades un peu après le camping du Pont Laugère, à hauteur d’une croix sur la route. Le chemin est bien raide, le ciel est bouché. Gilles Bergeras, accompagnateur en montagne et instigateur de ce trek des 3 vallées donne le rythme.
La forêt semble imprégnée de mystères. Que cache t-elle ? Nous avançons à un rythme soutenu et n’avons pas le temps d’en percer ses secrets.
Nous sortons des nuages en arrivant sur la cabane d’Arlioutort. Quel magnifique cirque face à nous ! Pic Monteaud, Mardas, Montagnon d’ IIseye le composent. Nous pique-niquons à la cabane. Roland le berger nous y rejoint et commence alors la discussion. Les bergers ne sont jamais avares de paroles ou alors c’est complètement l’inverse. Ce matin, avant de démarrer le trek, nous sommes d’ailleurs allés rencontrer Régis qui montait ses brebis en montagne. Pour lui, c’est le moment de la dernière traite et début de la transhumance jusqu’à la fin de l’été ou le début de l’automne selon l’état des pâturages. Avec d’autres bergers de l’Ossau, il produit un fromage de brebis tout simplement exquis.
Plutôt que de suivre le chemin de la carte IGN, nous prenons la direction du col de la Taillandère, passons devant une cascade, remontons de petits mamelons et mettons le cap sur le Montagnon de Besse. Sur l’autre versant, c’est la claque. Le panorama des Hautes-Pyrénées au Pic Montaud en passant par le seigneur des lieux, le Pic du Midi d’Ossau est magistral. On l’admire un peu pataud. Que c’est beau !
Nous redescendons en hors-piste pour rejoindre le chemin et filons jusqu’au village de Ghoust. Eaux Chaudes n’est plus très loin.
Nuit à l’Auberge la Caverne : Des patrons gentils comme tout, une cuisine d’un très bon rapport qualité/quantité/prix et des chambres très agréables le long du Gave.
Eaux-Chaudes – Accous
+ 1215 m / – : 1510 m 20 km 6h00L’itinéraire commence par une portion de 2,5 km de route le long de la D934 que Gilles nous propose de zapper puisqu’il ne la réalise pas avec ses clients. Nous voilà donc entrain de remonter les gorges du Bitet. C’est un spot réputé pour le canyoning. Il y a deux jours, c’est sur un autre canyon que je me suis exercé, celui de Soussouéou. Je le conseille vivement.
Les gorges sont magnifiques et sauvages. Je prends plaisir à découvrir cette portion de forêt recouverte de mousse. L’ambiance est complètement différente de celle d’hier, on dirait une forêt enchantée.
A la sortie du Bois de Sesques, nous entrons dans une clairière dans laquelle la cabane de Gujalate nous invite à une pause. Les Pyrénées possèdent un dense réseau de cabanes qui trouve son origine dans le pastoralisme. Par tradition, et même si certaines ne sont plus utilisées par les bergers, elles continuent souvent à être entretenues par les communes. Beau panorama sur le Pic de la Ténèbre (2344 m) et le pic d’Isabe (2407 m).
La grimpette se poursuit à travers le joli bois de Métoura jusqu’au col de l’Iseye qui marque la frontière naturelle entre la vallée d’Ossau et celle de l’Aspe. En chemin, nous casserons la croute à la cabane de Laiterine (1680 m). Chevaux et vaches paissent dans les alentours en toute tranquillité.
Le col de l’Iseye (1829 m) n’est plus très loin. Lorsque nous le passons, des vautours nous survolent. Nous auraient-ils pris pour des proies ? Sur ce sujet, lire l’article sur la prédation des vautours vaufes sur le bétail. Dans la descente, nous croisons le couple de bergers de la cabane de Lapassa qui monte leur troupeau à l’estive.
Le temps se couvre de plus en plus, il ne faut pas traîner. Nous rejoignons Accous où je réaliserai mon premier saut en parapente.
Nuit au gîte d’étape de la maison Despourrins : Une belle salle à manger et de bons petits plats. Petits dortoirs simples mais largement suffisants pour se reposer. Ici on amène ses draps et son linge de toilette (possibilité aussi de les louer).
Accous – Plateau de Lhers
+ 1113 m / – : 539 m 17,4 km 5h00Aujourd’hui est une étape de transition entre ce qui sera les deux grands types de paysage : des montagnes plutôt pastorales des deux premières journées de marche et des montagnes karstiques des deux dernières journées.
Quittons Accous tranquillement car ça ne va pas durer. La montée sur les crêtes de Pausaté est rude. Les muscles n’ont pas eu le temps de se réveiller qu’ils doivent déjà s’activer. Le ciel est bouché ce matin. Heureusement, une grande partie de la randonnée est en sous-bois. Ici encore la forêt est magnifique. Je me surprends à l’aimer autant, moi qui préfère les paysages plus désertiques. C’est qu’il y a ici une énergie tout à fait spéciale.
Ce matin, je n’ai pas pris le téléobjectif. Grave erreur. Le long de la Crête d’Ourtasse, les vautours fauves n’ont fait que passer. J’étais dépité. Dans les Pyrénées, c’est le rapace qui a la plus grande population. On dit que la plus grande colonie est dans la Réserve Naturelle d’Ossau à quelques kilomètres à peine à vol d’oiseau d’où nous sommes alors qu’on peut le retrouver à 150 km de son nid lors de ses prospections journalières. En réalité, dans le secteur, on peut le voir partout.
Le cirque de Lescun est en contrebas mais avec le ciel bouché, nous ne voyons que le pied des montagnes. « C’est bien dommage, le panorama est magnifique par grand beau » nous dit Gilles. Et il a raison, le lendemain matin nous en prendrons plein les yeux.
Nous traversons Lescun et poursuivons jusqu’au plateau de Lhers où nous terminons notre journée de marche. Ce n’est pas la plus jolie du trek mais la météo n’a pas été avec nous non plus, il faut le dire.
Nuit au Gîte-camping de Lhers : un gîte d’étape de 17 places, un petit camping pour tentes et camping-cars. Marie-Pierre gère son établissement dans la bonne humeur. Très bonne cuisine. Une adresse que je recommande chaudement.
Plateau de Lhers – La Pierre Saint-Martin
+ 1240 m / – : 680 m 16 km 5h00Belle étape de randonnée, la plus variée de notre trek des 3 vallées. Pour ne pas reprendre l’itinéraire de la veille, Gilles organise un transfert jusqu’à Sanchèse qui nous raccourci l’étape de 9,4 km quand même et 350 mètres de dénivelé positif en moins. Il organisera le même transfert avec ces clients ainsi que sur demande le jour où le circuit se montera en liberté (ce qui est prévu).
Nous attaquons un peu tard la journée après avoir découvert le cirque de Lescun à VTT ce matin. Au moment où j’écris ces lignes, mon corps porte encore les stigmates de mes deux chutes. Un genou écorché et un énorme hématome à la cuisse droite. Le Pic de la Brècque est face à nous. Nous contournons l’imposant monolithe en longeant le ruisseau d’Anaye. Dans la montée, je sens la fringale venir. A l’ombre de la forêt, nous pique-niquons. Je reprends quelques forces mais je ne suis pas au mieux physiquement.
Nous nous approchons du Pic d’Anie (2504 m) que nous ne gravirons pas aujourd’hui. L’ascension est prévue pour demain. Nous passons sous le Cailloux de Lagne. Beau panorama sur la vallée de Lescun. Face à nous les orgues de Camplong ont aussi de la gueule. Le GR10 les longe par le pied. Notre itinéraire est franchement bien plus esthétique.
Courte halte à la cabane de Lacure qui a été joliment remise en état. L’intérieur est un vrai petit nid montagnard. Nous récupérons le GR10 un peu plus loin à la cabane du Cap de la Baitch (1689 m) où nous mangeons un fruit, histoire de prendre un peu de force avant d’attaquer la montée au Pas du val d’Azuns (1873 m).
Deux options pour rejoindre la Pierre Saint-Martin : rester sur le GR10 en passant par le Pas de l’Osque ou descendre jusqu’à la cabane de Camplong et suivre le balisage jaune d’un PR. Gilles n’aime pas les autoroutes. Le GR10 est laissé de côté.
Nous remontons donc un vallon karstique qui baigne dans un tapis forestier. L’endroit est réellement inspirant mais je suis mort et ne prends finalement pas de photos.
Nous traversons la station de la Pierre Saint-Martin, ses pistes de ski, son centre-ville désert et finissons l’étape au refuge Jeandel où le brouillard nous cueille. Le refuge est agréable, les chambres sont confortables et les gardiens qui partent à la retraite à la fin août 2015 sont charmants. C’est le fils qui va prendre la relève avec sa compagne. Un héritage qu’il va falloir rondement mener. Bon courage à vous !
Après le dîner, le coucher sur le Pic d’Anie est une main tendue pour la journée de demain.
Ascension du Pic d’Anie
+ 950 m / – : 950 m 14,20 km 5h00Ce matin au réveil, une mer de nuages a envahi les vallées en contrebas. Les yeux ne savent plus où regarder. C’est beau, partout.
Le Pic d’Anie, l’objectif de la journée sera presque toujours face à nous en phase d’ascension. Pour commencer, nous rejoignons la cabane de Pescamou sous le pic d’Arlas (2044 m). Le berger fait sortir les brebis de leur enclos.
Nous pénétrons dans le secteur des Arres de Soum Couy et d’Anie. Ces immenses plateaux calcaires sont des lapiaz gigantesques datant du Crétacé. On dirait des glaciers tout en roche tellement ils en imposent. Si nous les traversons par le haut, c’est bien par le bas que les spéléologues avertis les découvrent. Le réseau est immense : près de 2000 gouffres, 380 km de réseaux souterrains traversés par 13 rivières. Ce secteur est un vrai gruyère géant.
Nous longeons la frontière espagnole et d’ailleurs tous les randonneurs que nous croisons sont espagnols. Les français montent plutôt par la voie normale qui passe au pied du Pic de soum Couy ou via le refuge de l’Abérouat. L’ascension ne pose pas de difficultés techniques. La randonnée n’est physiquement pas très dure mais je suis épuisé. Un coup de pompe physique et musculaire sans précédent pour moi. J’avance à la volonté, un pas après l’autre. Je suis pourtant en harmonie avec ce lieu aride, ce désert d’altitude. C’est sans doute le type de paysage qui m’émeut le plus.
Au sommet d’Anie, le panorama à 360° vaut bien l’effort fourni. Au loin, le pic du Midi d’Ossau, la citadelle du Béarn. Depuis son pied, on voit très bien l’itinéraire du trek des 3 vallées. Mais le regard se pose aussi vers les vallées béarnaises, le Pays Basque et les Hautes-Pyrénées. C’est que le Pic d’Anie est la première véritable montagne rocheuse des Pyrénées en venant de l’Atlantique.
Pour le retour, nous empruntons la voie normale. Une magnifique ascension qui vient clôturer 5 jours de trek de toute beauté. Un itinéraire que je recommande chaudement. Les photos ne parlent-elles pas d’elle-même ?
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
Bonjour, je n’arrive pas à ouvrir le Trek, comment faire ?
Comment ça vous n’arrivez pas à ouvrir le trek ? A télécharger la trace GPS peut-être ou à la lire ?
il est téléchargé mais je n’arrive pas à l’ouvrir car le format est GPX
Le format GPX est le format universel d’un tracé GPS. Pour pouvoir l’utiliser en montagne, il faut l’importer dans un GPS ou dans une application GPS téléphone. Voici un article qui compare 5 applications GPS : https://www.i-trekkings.net/articles-outdoor/comparatif-5-applications-gps/. La plupart sont gratuites.
Bonjour,
Est-ce que le trek des 3 vallées peut se faire vers fin octobre ?
Oui mais les hébergements sont fermés. Il faudra le faire en tente. Il se peut aussi qu’il y ait de la neige…
Bonjour,
Je suis à la recherche d’un trek à faire seule mais ce sera une première pour moi… Le trek des 3 vallées m’intéresse beaucoup mais est ce raisonnable de commencer par celui ci ?
Merci d’avance.
Bonjour Camille,
Difficile de répondre à votre place car je ne connais pas votre niveau physique. Le trek en lui même n’est pas techniquement difficile mais il y a des treks plus facile pour démarrer. Quoi qu’il en soit, je vous conseillerais de faire votre premier trek en refuges/gîtes d’étape plutôt qu’en tente pour limiter le poids du sac à dos.
Bonjour, je n’arrive pas à ouvrir la trace GPS du trek des 3 vallées présente sur ce site. Est ce que vous sauriez où je peux la trouver également svp ? Merci d’avance.
La trace est téléchargeable sous la carte en haut de l’article. J’ai retiré les sections, ce qui devrait vous aider à la lire. Sans doute utilisez-vous une app GPS qui ne lis pas les traces divisées en section.
Merci, j’ai pu le télécharger via un ordinateur et l’envoyer sur garmin connect. Y a-t-il des épiceries, ou quelque chose qui permette de se ravitailler sur le parcours ? Merci d’avance.
A Laruns et La Pierre Saint-Martin oui. A vérifier sur Google Maps pour Accous. De mémoire, pas sur le reste du sentier.
Parfait merci beaucoup. Pour revenir au tracé, en le téléchargeant je n’ai que les 19,3 premiers kilomètres de disponible sur la carte, juste après la centrale hydroélectrique de Miegebat. Je ne sais pas si je suis le seul à avoir ce souci ?
Vide le cache navigateur et retélécharge la trace GPS. J’ai justement retiré les sections. Tu peux le vérifier avec VisuGPX https://www.visugpx.com/editgpx/. Sinon, avec ton logiciel télécharge chaque section une à une s’il te permet cela (journée par journée).
Vraiment magnifique !