Jérôme, Johanne et moi cherchions une destination de randonnée au soleil pour nos vacances du mois d’avril. Après avoir pensé un temps aux Baléares, nous avons finalement opté pour la côte lycienne en Turquie. La Lycian Way est itinéraire qui permet de marcher le long de la mer, de se baigner et de découvrir la culture des lyciens.
La voie lycienne
La voie lycienne, lycian way en anglais et likya yolu en turc est un itinéraire de grande randonnée entre Ovacik et Antalya dans le sud de la Turquie. Créé par l’anglaise Kate Clow et long de 509 km, il est réalisable dans sa totalité en 26 jours environ.
Nous nous sommes cantonnés à randonner sur les huit premiers jours du GR entre Ovacik et Kalkan.
Parcours entre mer et montagne, la voie lycienne traverse de nombreux villages, lieux de ravitaillement et de rencontres avec la population turque, longe de belles plages et criques d’un bleu éclatant et passe quelques sites antiques lyciens : Pydnai, Letoon, Xanthos et Patara sur notre itinéraire.
La vidéo de notre lycian way
En route pour Ovacik
C’est avec Pegasus, la compagnie aérienne Low-cost turque que nous avons rejoint le petit aéroport de Dalaman au sud de la Turquie, avec une escale, un peu longue, à Istanbul. Huit d’heures d’attente la nuit dans un aéroport est un bon moment pour tester la qualité des fauteuils. Et ceux de l’aéroport de Sabiha Gökçen sont plutôt durs.
Moins d’une heure de vol entre Istanbul et Dalaman. A proximité immédiate de la mer Méditerranée, on a bien cru à un moment que l’avion allait amerrir. A la sortie de l’aéroport, le parking est quasi vide. Pas grand monde à l’horizon. Un employé de l’aéroport passe. Je l’alpague. « Where can we take the Havas bus to go to Fethiye ». “Juste behind you. Wait 5 minutes. It arrive”.
Nous patientons devant l’arrêt de bus. Les 5 minutes défilent. Pas de bus en vue. On se met à s’inquiéter vu qu’on est les seuls à attendre. Il finit par arriver 10 minutes plus tard. Ouf !! Le trajet pour la ville côtière de Fethiye coûte 20 TL par personne et dure un peu plus d’une heure.
Nous faisons le choix d’y passer la nuit. Direction l’Ideal Pension près du port. C’est une guesthouse bon marché (20 TL la nuit avec le petit-déjeuner). Simple, plutôt propre et bien placée.
Avant de débuter la randonnée, nous devons acheter une cartouche de gaz. Les seules disponibles sont celles de la marque Camping-Gaz mais restent très dures à trouver. Pour que vous ne galériez pas comme nous, sachez que le magasin Kalyon en vend (36°37.242’N 029°06.576’E).
Nous en profitons aussi pour réserver la croisière le long de la côte lycienne que nous allons faire après la randonnée. Une journée reposante avant de se lancer sur la voie lycienne.
Ovacik – Faralya
+ 594 m / – : 619 m 11,6 km 5h15Le début du GR démarre à Ovacik à quelques kilomètres au sud-est de Fethiye. Pour nous y rendre, nous prenons le dolmus (bus collectif) qui se rend à Ölüdeniz (4TL). L’arrêt est situé derrière la grande mosquée de l’Atatürk caddesi. Nous montons dans le premier et demandons à descendre au Sultan Motel à Ovacik où commence le balisage selon le topo-guide de Kate Clow. Le dolmus nous dépose puis repasse nous prendre deux minutes plus tard. Il existe deux Sultan Motel à Ovacik. Demandez bien celui qui se situe à la sortie de la ville en direction d’Ölüdeniz. Cette fois, on nous dépose au bon endroit. La trace GPS le dit !
Le sentier démarre sur une piste forestière et se met à grimper en douceur sous la pinède. Belle vue sur la station branchée d’Ölüdeniz en contrebas. Hôtels à gogo sertis de petites tâches bleues.
Nous quittons la piste pour un ancien chemin en balcon. Nous passons devant plusieurs anciennes citernes à l’eau plus ou moins limpide. Filtre et/ou cachets de Micropur indispensables. L’été, certaines citernes peuvent être à sec. Heureusement qu’elles sont là car le massif calcaire ne contient pas beaucoup de rivière ou de source en surface.
Nous faisons une hale le midi près de l’une d’elle. A l’ombre d’un chêne, nous mangeons nos plats lyophilisés. Nous nous arrêtons près de deux heures et prenons bien soins de nous imposer un rythme de vacancier. Des parapentistes passent au dessus de nos têtes. Ils décollent de la montagne de Babadag (1975 m) et atterrissent sur la plage d’Ölüdeniz.
Le chemin part dans l’intérieur des terres et grimpe jusqu’au village de Kozağac qui signifie source limpide. Pas grand monde dans le village, des grandes habitations en construction (de futures hôtels ?) et une source très claire comme on pouvait le penser.
Nous récupérons une piste jusqu’à Kirme. Le village est construit autour de terrasses étagées constituées de champs d’oliviers et de vignes. A la sortie du village, rencontre avec un berger qui garde quelques chèvres près d’une source.
Nous récupérons un sentier et poursuivons plein sud vers la Méditerranée. Il reste 4 km pour rejoindre le village de Faralya en surplomb de la magnifique vallée des Papillons.
Hôtels et pensions offrent des hébergements variés : familial ou plus chic avec piscine. Nous jetons notre dévolue chez Georges House, une pension familiale florissante si l’on en croit les récents bungalows construits. Simple, propre et lits confortables (40 TL la demi-pension).
Le soir, nous apprécions le coucher de soleil en sirotant une bière.
Faralya – Vallée des Papillons – Faralya – Kabak
+ 659 m / – : 785 m 4,2 km 3h30Pour la prochaine étape jusqu’à Kabak, nous décidons dans un premier temps de partir explorer la vallée des Papillons. Accessible uniquement à pied ou par bateau, la vallée accueille de nombreux papillons dont le rarissime écaille chinée (euplaçia quadripuncturia). Le sentier démarre derrière la George House. Raide, il comporte quelques passages d’escalade assurés par des cordes.
Sur la plage, un bar hôtel restaurant de style néo hippie permet aux visiteurs de se poser pour une nuit ou plus. Les lieux sont calmes quand il n’y a pas les bateaux de croisière venant de Fethiye.
Une fois en bas, il nous faut remonter à Faralya, récupérer nos sacs à dos et poursuivre vers Kabak.
A la sortie du village, le sentier étroit monte dans la garrigue et zigzague à travers les pins, les cistes et les genêts. Les senteurs de la Méditerranée explosent aux narines.
Depuis le chemin, nous dominons le village d’Uzunyurt et poursuivons le long d’anciennes terrasses agricoles. Nous ne tardons pas à descendre sur Kabak et tombons nez à nez avec le Mama’s Restaurant qui propose aussi quelques chambres pour la nuit. Ne trouvant pas la propriétaire des plus sympathiques, nous longeons à l’établissement sur la droite et posons nos sacs à dos à l’Olive Garden Café & Restaurant pour y prendre le déjeuner. Nous y mangeons trois poulets cuisinés différemment. C’est tellement bon et la vue sur la baie de Kabak est si belle qu’on décide de rester ici pour la nuit (130 TL le bungalow de deux personnes sur pilotis en demi-pension). Nous nous installons dans un bungalow face à la piscine.
Après avoir fait la lessive, nous descendons sur la plage deux mètres plus bas. Comme c’est agréable de pouvoir se trouver torse nu en plein avril. C’est par contre un peu plus difficile de rentrer dans l’eau. 16 ou 17°C, guère plus. Mais, une fois qu’on y est. Quel plaisir ! Johanne et Jérôme restent sur la plage. Poules mouillées !
Le soir, c’est turbo grillé au menu. Fishement bien !
Kabak – Gey
+ 1025 m / – : 581 m 8,2 km 7h30Nous descendons sur Kabak beach. Nous ne nous arrêtons pas comme hier pour faire un plongeon dans la Méditerranée ou nous dorer la pilule. Nous traversons la plage et remontons la rivière vers le nord pour nous enfoncer sous le couvert de la pinède. Nous sommes sur une des variantes de la « Lycian Way ».
Sous les falaises du Karadãg (1120 m), nous récupérons les traces de l’itinéraire principal. Le sentier monte toujours. De magnifiques points de vue sur la baie de Kabak et la Méditerranée s’offrent à nous entre les branches des pins.
L’estomac crie famine et nous sommes heureux d’arriver à Alinca (760 m) après 4h00 de marche. Nous nous arrêtons chez Bircam et Ali Bayram pour déjeuner. La famille loue quelques bungalows sommaires et offrent le couvert aux randonneurs de passage. Crudité, haricots verts, riz et yogourt feront notre bonheur. L’estomac rassasié, nous repartons.
Le balisage et la trace GPS que j’ai récupéré sur internet ne correspondent plus. La trace reste sur la route ; nous préférons suivre les marques qui descendent vers la mer. Le paysage est aride, tapissé de coussinets accrochés à un sol karstique. Puis, il change à nouveau du tout au tout. Nous voilà maintenant à travers des champs de blé. Ambiance bucolique !
A une intersection, nous avons le choix entre l’itinéraire nord qui passe par les vestiges de Sidyma ou l’option sud qui longe la mer. Nous optons pour la deuxième solution.
Le chemin grimpe dans un décor aride et rejoint une petite route de campagne. Sur son bord, des apiculteurs sont au travail en tenue de protection. Nous les regardons travailler d’assez loin. Encore 2 km pour terminer cette étape magnifique. Gey et son minaret sont en vue.
Nous faisons une halte à la première supérette pour boire un coca. Les propriétaires appellent les deux pensions du village. Full toutes les deux ! Ils nous proposent instantanément de planter la tente dans le jardin. Nous acceptons volontiers. Après un repas gargantuesque, ils nous invitent finalement à dormir chez eux. Une proposition inattendue, Nous acceptons. Nous passons la soirée à échanger et à jouer avec les enfants.
Gey – Gavuragili
+ 344 m / – : 868 m 10,5 km 5h15Nous nous réveillons un peu plus tôt que d’habitude. Les coqs font leur job et les vaches semblent vouloir les imiter. Altidia s’affaire déjà à la cuisine à préparer le petit-déjeuner. Pâtes, soupe, crudités, omelette, pain, miel, feta, pommes de terre, olives et thé pour bien démarrer la journée. Avant de partir, Altidia me remets un sac à pique-nique. Elle nous a bien gâté.
Nous quittons la supérette à regret tout en étant très heureux que toutes les pensions de Gey aient été complètes hier soir. Le sentier s’enfonce à travers les champs en terrasse. Le balisage est sommaire. Nous devons à un moment faire demi-tour pour retrouver les marques. Et je n’ai pas la trace GPS jusqu’au village de Bel.
Entre les murets de pierre, Jérôme aperçoit une première tortue, puis une seconde et une troisième. Des mastodontes de 20 à 30 cm se déplacent avec lenteur. Le chemin se poursuit en balcon sur la Méditerranée. Plusieurs points de vue donnent sur des criques inaccessibles à pied. Le corps transpire. Nous aimerions bien plonger une tête dans les eaux turquoises. Il nous faut continuer sur ce sentier de caillasses tout en faisant attention au balisage.
A la sortie d’une côte, deux allemands sexagénaires sont assis sur une citerne. En des temps moins amicaux, cette rencontre aurait fini en boucherie. Aujourd’hui, nous discutons et rions quelques instants ensemble avant de reprendre notre randonnée.
Après trois heures d’effort, nous atteignons le village de Bel. Pas de shop ni de guesthouse mais il y a la possibilité de planter la tente dans le jardin d’une famille. Une vieille femme nous invite à boire le thé. Lorsque nous arrivons sur la terrasse, un groupe de marcheurs turco-anglais finissent leur thé. Nous mangeons un succulent beignet et buvons un thé avant de finir nos plats lyophilisés sur la place du village.
Il nous reste 6/7 km pour rejoindre Gavuragili. Le soleil tape fort lorsque nous nous engageons sur la piste. Nous l’a quittons pour une autre qui monte dans la forêt. Les nuages nous envahissent lorsque nous arrivons aux quelques maisons de pierre de Belcegiz. Il nous reste à descendre sur notre point de chute. Le sentier est escarpé et casse-gueule si on n’y prête pas attention.
Deux hébergements sont possibles dans le village. C’est au Patara lodge chez Ahmet, un turque ayant vécu de nombreuses années en Allemagne que nous passons la nuit. Piscine mais pas d’eau à notre passage.
Gavuragili – Çavdir
+ 344 m / – : 304 m 20,9 km avec le dolmus 4h30 + temps de visiteAvant de partir, Ahmet nous donne quelques indications. Il nous déconseille fortement de vouloir suivre l’itinéraire de la carte de Kate Clow. Selon lui, tous ceux qui s’y sont aventurés s’y sont égarés. A la sortie de Rydnai, il nous invite à prendre un dolmus car le sentier serait très boueux.
Nous nous élançons sur le chemin en gardant ses recommandations dans un petit coin de nos têtes. Le balisage ne suit pas le tracé de la carte à partir du moment où nous rejoignons la piste. Balisage et traces GPS suivent cette dernière. Nous nous y engageons. Belle vue sur la petite plage de galets de Gavuragili sur la presqu’ile de Zeytin.
A pied, nous gagnons le site lycien de Pydnai. On traverse les ruines d’une base navale et militaire qui dispose d’une église en son sein. La zone marécageuse qui entoure le fort était selon toute vraisemblance un port en eau profonde.
Nous traversons le bras de la rivière Özlen. Le sentier, qui quitte l’asphalte et s’engage dans les marais, est inondé comme nous l’avait dit Ahmet. Un dolmus est stationné sur une place déserte. Nous le prenons pour Kumluova. De part et d’autres de la route, des serres à tomates à perte de vue.
A Kumluova, passage par le supermarché avant de rejoindre le site de Letoon à pied distant d’un km. Nous sommes surpris de constater une nouvelle fois que les supermarchés ne vendent ni fruits ni légumes alors que tomates et concombres sous serre nous entourent.
Letoon est un sanctuaire archéologique dédié à la déesse Leto dont les vestiges les plus anciens remontent au VIIème siècle avant JC. On y trouve un théâtre construit à des fins religieuses et trois temples d’époque hellénistique parallèles et tournés vers le sud. Ils vénèrent Léto et ses deux jumeaux, Artémis et Apollon. Une légende locale raconte que Leto transforma tous les paysans qui s’opposèrent à elle en grnouille; ce qui explique pourquoi on croise encore de nombreux batraciens autour du site.
De retour à Kumluova, nous reprenons un dolmus pour Kinik plus au nord. Il faut vraiment être fauché pour y aller à pied et marcher sur l’asphalte en pleine chaleur entre les serres à tomates. Plus sérieusement, ce passage n’a que très peu d’intérêts paysagers.
Sur la place de Kinik où trône Ataturk et deux soldats portant des obus, nous nous attablons sur la terrasse d’un restaurant. Turkish pizza pour tout le monde !
Le ventre bien rempli, direction le site de Xanthos, ancienne capitale de la Lycie. Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988, Xanthos est célèbre pour ses monuments funéraires et ses temples. Les habitants résistèrent à l’armée perse en 545 avant JC, préférant s’immoler plutôt que de s’absoudre à l’envahisseur. Seules 80 familles survécurent. Ce scénario se reproduit en 42 de notre ère face à Brutus. Quelques vestiges subsistent du monument des Néréides, un somptueux hypogée royale dont le décor sculpté est au British Museum à Londres. Portes, tombeaux, basiliques, piliers, églises, sarcophages, allées, agora tentent de résister au temps qui passe.
Nous terminons cette journée de marche et de visites en poursuivant vers le nord. A Çavdir, nous achetons quelques provisions. L’itinéraire passe par un cimetière où nous faisons le plein des gourdes et continuons une petite demi-heure avant d’installer le bivouac au milieu d’oliviers. Ce soir, il n’y avait pas d’hôtels pour passer la nuit.
Çavdir – Akbel
+ 400 m / – : 353 m 9,6 km 6h00Alors que je pensais que nous allions passer la nuit à la belle étoile, la forte rosée nous a vite dirigé sous la tente. Jérôme a passé la nuit dans l’une des deux absides pendant que Johanne et moi dormions sous la toile avec une grande partie des affaires à protéger.
Nous mettons un peu de temps à nous mettre en route. Rapidement après notre départ, nous rejoignons l’aqueduc de Xanthos et traversons un pont antique. L’Histoire rejoint encore la randonnée.
Le chemin descend dans des champs d’oliviers. Une bergère vient à notre rencontre. Bavarde, elle nous parle d’un tas de truc dont nous ne comprenons absolument rien. Cela ne semble pas la déranger outre mesure, et nous non plus !
Nous longeons les maisons du village d’Inpinar avant de faire le plein d’eau à la source et de retrouver l’aqueduc. Mais contrairement à avant, cette portion est toujours en activité et l’eau qui y coule abondamment au printemps sert à l’agriculture locale. Dès lors la végétation change. Les cistes comme les lauriers refont leur apparition.
Nous gagnons le village d’Uzümlü par une route de campagne. Il fait très chaud et marcher sur l’asphalte nuit à notre morale. Le resto du village est en rénovation. Nous achetons donc de quoi manger dans une des deux supérettes de la place centrale. On s’installe à l’ombre, mangeons puis repartons.
A Öz Mahalle, nous faisons une courte halte dans un tea shop pour nous désaltérer. Qu’il fait chaud aujourd’hui ; pas loin des 35°C !
Le sentier défile sans que je l’imprime réellement. Nous nous trompons de chemin et retrouvons la trace au GPS. A l’entrée d’Akbel, nous croisons l’Hidden Garden qui loue des bungalows en bois face à une piscine. 50 TL la nuit par personne en demi-pension. Pas une seconde nous n’hésitons.
Akbel – Patara
+ 174 m / – : 386 m 12,9 km 4h30 (sans la visite de l’antique Patara)Il fait très lourd quand nous quittons Akbel. Nous achetons des oranges dans le centre du village et poursuivons plein sud. Nous traversons la route principale. Les véhicules défilent à vive allure. Au delà de l’asphalte, quelques beaux emplacements de bivouac au cœur de la forêt mais sans eau.
L’itinéraire se poursuit en balcon au dessus de la vallée de l’Esen. Comme la veille, nous surplombons les serres à tomates. Le rythme est bon ; nous rejoignons Delikkemer assez rapidement. Nous y reviendrons demain pour boucler le tour de la pointe de Patara. Nous prenons le sentier de l’intérieur des terres. Nous croisons une source. Nous en profitons pour nous désaltérer et manger une orange. Vu notre progression, nous décidons de manger à Patara (Gelemis).
La station balnéaire ressemble à un village fantôme. Il y a toutes les infrastructures touristiques (hôtels, restaurants, boutiques…) mais pas de touristes ou très peu. Avril n’est pas l’été à coup sûr. Nous nous installons à la Golden Pension (70 TL la chambre de trois personnes) et déjeunons.
Nous consacrons la fin de l’après-midi à la visite du site archéologique lycien de Patara (5TL/personne).
Ville natale d’Apollon, Patara a été la cité la plus ancienne et la plus importante de Lycie. Elle était aussi la seule porte sur la mer même si aujourd’hui le port est englouti sous les marécages. Nous entrons par le nord ; nous ne tardons pas à passer la porte monumentale construite en 100 après J.C. par le gouverneur Romain Mettius Modestus. Des nécropoles et des sarcophages jouxtent la route. Nous poursuivons notre visite vers la mer. Nous marchons sur la voie antique la plus large de toute l’Anatolie dans les pas d’Alexandre le Grand qui l’a foulé sans la détruire.
Nous passons l’Agora en cours de rénovation et entrons dans le théâtre. En comparaison avec Xanthos, Letoon et Pydnai, à Patara, on se rend mieux compte de ce que fut la cité lycienne. En fermant les yeux, on s’imagine très bien les basiliques, les tombes, la citerne, le port, les rues et ses milliers d’habitants drapés dans un élégant tissu.
Nous poursuivons jusqu’à la plage. Longue trainée de sable clair, elle n’a été que très peu exploité touristiquement pour protéger les tortues qui viennent y pondre leur œufs. On n’y trouve qu’un seul resto/bar bien loin des ambiances d’Izmir ou de Bodrum. Je lui préfère néanmoins Kabak beach, plus intimiste et plus hippie.
La nuit, combat singulier avec les moustiques. Et oui, si le port est enseveli sous les marécages, d’autres ennemis, plus sournois, attaquent les voyageurs dans leur sommeil.
Patara – Kalkan
+ 640 m / – : 631 m 15,6 km 7h15La brume de chaleur a déjà envahi l’horizon quand nous décollons de Patara. Nous trouvions qu’il faisait chaud les jours précédents. Que dire d’aujourd’hui ? 10 minutes après notre départ, nous sommes ruisselants de partout. Il fait un cagnard pas possible et pas un arbre pour se mettre à l’ombre. Nous marchons ; personne ne pipe mot, pas même le chien noir qui a décidé de prendre le pas sur le nôtre.
La carte de Kate Clow montre une source à la pointe est de Patara. Elle est mal indiquée, elle est plus au nord à l’intersection avec une petite route descendant sur une plage. Les gourdes sont vides depuis un moment quand nous y arrivons. Nous nous rafraichissons le visage et faisons chauffer nos plats lyophilisés.
Nous pensions dérouler tranquillement jusqu’à Kalkan. Nous le pensions…
Nous passons Delikkemer et empruntons le sentier côtier qui part vers l’est. La progression est bonne. Kalkan est en vue, si proche, si loin. Là, face à un mur de calcaire, nous stoppons nette. Nous cherchons le sentier du regard ne pouvant croire qu’il est face à nous. La pente est raide, le rocher est accrocheur et saillant comme une lame de rasoir. Il nous faut progresser avec prudence, poser les mains régulièrement, être vigilant pour ne pas chuter. Nous suons à grosses gouttes. Nous avançons… à pas de tortue. Nous finissons par sortir de ce piège et entrons dans une forêt. Les faubourgs de Kalkan sont en approche et leurs immenses demeures avec piscine pour anglophones fortunés. Nous nous installons à la Celik pansiyon, une des moins chères de la ville. Je n’aime pas trop la cité ; Kalkan a vendu son âme aux promoteurs immobiliers et a perdu de sa superbe.
Avant de démarrer notre croisière sur la côte lycienne pour revenir sur Fethiye, passage par le barbier; sauf Johanne.
Informations pratiques sur la Lycian Way
Comment y aller ?
Le plus simple est de prendre l’avion jusqu’à l’aéroport de Dalaman. C’est le plus proche d’Ovacik. Escale à Istanbul. Le meilleur tarif trouvé était avec la compagnie low-cost Pegasus. Vous pouvez faire une recherche de tarif avec notre comparateur de vols.
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Quand s’y rendre ?
La meilleure période pour randonner sur la voie lycienne est le printemps et l’automne. L’été, il y fait très chaud et l’hiver, il neige sur les sommets.
Difficulté ?
Notre parcours entre Ovacik et Kalkan est un itinéraire de moyenne montagne présentant des passages faciles (routes, pistes, sentiers) à difficiles (étape 2 : passages équipés de cordes ; étape 8 : chemin scabreux).
106,5 km parcourus pour un dénivelé positif cumulé de 4288 m.
Balisage et topo-guides
Le balisage est assez hétérogène. C’est souvent bien balisé mais parfois, ça l’est beaucoup moins.
Il n’existe pas de topo-guide en français. Vous trouverez deux références, une en anglais, l’autre en allemand :
- The Lycian Way: Turkey’s First Long Distance Walking Route de Kate Clow, la créatrice du sentier
- Türkei: Lykischer Weg. Von Fethiye nach Antalya de Michael Henneman
Je conseille de partir avec une trace GPS de l’itinéraire. Téléchargez la notre en début d’article.
Hébergements
Sur notre itinéraire, nous avons trouvé de quoi nous héberger presque à chaque étape. Pensions familiales, hôtels avec des bungalows en bois, gîtes parcourent le sentier. Nous n’avions rien réservé avant de partir.
Il n’y a qu’à Çavdir que nous n’avons pas trouvé de quoi dormir. Sans chercher à dormir chez l’habitant, nous avons posé notre bivouac à 30 minutes de la ville.
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.
Merci Gregory pour ce récit.
Nous partons à 4 sur un bout de ce “ likya yolu” mi-octobre. On espère une météo plus clémente et surtout se repérer assez facilement (avec ta trace GPS !) 🙏
Denis
Je te souhaite un super bon trek. On avait beaucoup aimé. Comme c’était il y a quelques années, il est fort probable que le sentier ait un peu été modifié par endroit.
Les topos-guides sont aussi utiles (si on parle allemand ou anglais).
En tout cas, les gens étaient super charmants.