En randonnée chamelière, j’ai marché dans le désert mauritanien durant six jours. Traversant des dunes, des palmeraies et des canyons d’une rare beauté, cette rando m’a mené depuis l’erg Amatlich jusqu’à la ville sainte de Chinguetti. Waouh, quelle épopée ! Avec en prime un ciel peuplé d’innombrables étoiles pour veiller sur mes nuits en bivouac.
Six jours durant, je m’en suis pris plein les yeux au cours de cette randonnée chamelière organisée par Nomade Aventure. Chaque nouveau matin me garantit de nouveaux paysages balayés par un souffle épique, de grands frissons. Entre les dunes, les oasis ou les canyons, inutile de me demander ce que j’ai préféré. J’ai tout aimé, du premier au dernier jour, et surtout l’incroyable variété des décors que j’ai vus défiler.
Les dunes de l’Amatlich
Une gigantesque glace, parfum rhum-raisin qui plus est ! Chaque dune a une forme particulière. Celle-ci me fait irrésistiblement penser à une photo publicitaire de crème glacée. Ni un mirage, ni un fantasme : je ne suis pas encore en manque… D’ailleurs, cette même image vient aussi à l’esprit de mes compagnons de trek. En tout cas, un voyage dans les dunes de l’Amatlich -un vaste cordon dunaire, pas très large mais très long puisqu’il s’étend sur quelque 400 km- est une découverte, un ravissement de chaque instant.
Les trois premiers jours du trek se déroulent presque entièrement dans ce décor de cinéma. Le coup d’envoi est donné au pied de la grande dune d’Azoueïga, environ à 3 heures de route -puis de piste où chaloupe le pick-up 4×4 nous amenant à pied-d’œuvre- depuis Atar, la petite capitale régionale de l’Adrar. Vue d’en bas, c’est une petite montagne : plus de 150 m de haut, presque à la verticale. Je ne résiste pas au plaisir d’aller voir là-haut, ce qui n’est pas une mince affaire. Sur de la terre, une telle pente serait impossible à grimper. Sur le sable, il faut monter tout droit, à petits pas réguliers… et reprendre son souffle de temps en temps. En haut, s’offre le panorama d’un océan de sable.
Un sable très particulier, comme je le constate vite. Suivant les endroits, il présente une myriade de couleurs différentes, du presque blanc à l’ocre en passant par un très beau rose du meilleur effet. Et surtout, tellement fin ! De la poudre, qui colle aux doigts, pas du tout abrasive mais qui s’insinue partout. A l’horizon, le plateau de l’Adrar, une ligne de couleur très sombre, donne l’orientation. Et lorsque l’Adrar n’est plus en vue, j’y perds vite mon latin et suis bien incapable de donner la bonne direction. Car, pour avancer, il faut suivre les contours des barkhanes, le croissant des dunes, une fois dans un sens, puis dans un autre… Quoi qu’il en soit, le bivouac nous trouve au beau milieu des dunes, sans rien d’autre en vue que les dunes de l’Amalich. Féerique !
Les journées s’égrènent ainsi. Petit à petit apparaissent de plus en plus de blocs de pierre, des amas de grès. Ces petits plateaux, qui voisinent souvent avec un acacia, voire des petits arbustes que sont les pommiers de Sodome -parfois en fleurs- sont très jolis.
Puis un dromadaire, en liberté bien sûr, annonce le retour vers la terre des hommes. La première oasis, en l’occurrence celle de Neima, approche.
Oasis, fresques rupestres et canyons balayés par un souffle épique
Un conte des Mille et une nuits ! Ou Aladin, au choix. L’oasis de Terjit, qui est l’une des dernières étapes de ma rando chamelière en Mauritanie, est encore mieux que dans les films. Tout y est : les hauts palmiers bien sûr et le murmure du ruisseau qui coule à mes pieds, les hautes falaises couvertes de végétation qui protègent de part et d’autre cet endroit béni des dieux. Ici, en Adrar, il n’est pas un un grand mariage qui ne se déroule à Terjit. D’ailleurs, on dit que si tu n’as pas une photo à Terjit, c’est que tu ne t’es pas marié ! Elle est vaste, tout entière dédiée au bon temps : une demi-douzaine d’aires de pique-nique y sont aménagées, chacune à l’abri des regards.
Bien sûr, toutes les oasis que j’ai croisées ne sont pas aussi belles. Certaines sont très bien entretenues, et même encore dévolues à la culture maraîchère, d’autres en triste état, envahies par le sable. Mais elles ont toutes leur charme. Alentour, se trouvent souvent des villages fantômes. La plupart de leurs habitants se sont en effet évanouis dans la nature. Ils reviendront, comme chaque année, pour la récolte des dattes -celles de la région sont particulièrement appréciées- durant les mois d’été.
Un grand moment du trek est ce détour pour aller admirer des fresques rupestres. La balade, à travers des barres rocheuses, est belle. Mais pas autant que ces dessins qui ont traversé les siècles. Ils sont à l’abri d’un large auvent de pierre, long d’une bonne quinzaine de mètres, tel un balcon couvert dominant la plaine. Gazelles, zébus, hommes qui dansent… il y en a des dizaines, tous tracés voici plus de 2 000 ans. Émouvant.
Quelques heures plus tard apparaît la passe de Tifoujar, qui ouvre sur la vallée Blanche. Un panorama extraordinaire. L’un de ces endroits que l’on sent balayés par un souffle épique, qui donnent une pêche pas possible. Le lendemain, les gorges de Grara me feront le même effet. A chaque fois, je me sens à la fois tout petit face à ces vastes étendues devant moi, mais aussi submergé par une ivresse qui fait gonfler la poitrine.
La ville sainte de Chinguetti et ses bibliothèques
Point final de mon trek, la ville historique de Chinguetti, que j’ai gagnée en 4×4 depuis l’oasis de Terjit. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, depuis 1996, cette ancienne cité caravanière a en commun avec les précédents endroits que j’ai traversés… le fait de servir de toile de fond au film « Fort Saganne ». Une grande fresque signée Alain Corneau, avec Sophie Marceau, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu qui rend bien la beauté des lieux.
Il y a une ville moderne, pas désagréable d’ailleurs, avec une multitude de petits commerces, une ambiance. Et la vieille ville, aux prises à l’ensablement. En fait, les constructions sont pour la plupart réduites à l’état de ruines dont ne subsistent que les murs, faits de pierres ocres. Pourtant, j’aime son atmosphère, les ruelles qui se croisent à angles droits. Et tout particulièrement la mosquée, qui date du XIIIe, avec son beau minaret. Les non-musulmans ne peuvent y entrer, mais les portes d’enceinte sont toujours ouvertes, laissant voir les grandes cours garnies de fidèles. La visite d’une bibliothèque -Chinguetti en comptait une trentaine à ses riches heures et il en reste moins de la moitié- est un autre plaisir. Ce n’est pas tous les jours que je peux contempler des incunables, en l’occurrence des Coran, dans un tel décor : un ensemble de vieux bâtiments historiques qui, malgré les vicissitudes, n’ont rien perdu de leur superbe.
Informations pratiques – Randonnée chamelière des dunes de l’Amatlich à Chinguetti
Ce reportage a été réalisé durant la randonnée chamelière, « Dunes et oasis de l’Amatlich » organisée par Nomade Aventure. C’est un circuit de 8 jours (9 jours pour les départs en avril) classé facile de niveau 2 comprenant le vol Paris/Roissy – Atar et retour (4h30 de vol) et la pension complète durant tout le séjour. Un guide francophone vous accompagne tout au long : il vous accueille à l’aéroport d’Atar et vous y ramène à la fin.
Le visa (55 euros en 2021) est délivré sur place, à l’arrivée.
Dans le désert, comment s’habiller et se chausser ?
Dans le désert, comment faut-il s’habiller et, surtout, se chausser ? Pour commencer, bien que les bagages soient transportés, inutile de se charger. Car dans le désert on ne transpire pas -le taux d’humidité est au plus bas- et on ne se salit pas. Tout au plus, ramasse-t-on de la poussière et du sable. Donc pas la peine de prendre beaucoup de linge de rechange : deux t-shirts, mais si possible à manches longues, suffisent amplement pour une semaine ! Pour le bas, le pantalon ou à la rigueur un pantacourt, de préférence en polyester, est recommandé. Comme les soirées et les nuits sont fraîches, voire froides, se munir aussi d’une polaire et d’un bonnet.
Aux pieds, je conseille la sandale ouverte (choisir un modèle de bonne qualité car on marche tout de même entre 15 et 20 km par jour) que l’on porte avec des chaussettes pour se protéger des frottements. C’est parfait pour tous les terrains, surtout les dunes de sable. A éviter : les grosses chaussures de rando. Sur des sols plus rocailleux, des baskets basses feront l’affaire.
Pour le transport des affaires à la journée, un petit sac à dos de 25-30 l suffit. Surtout ne pas oublier gourde ou poche à eau (et les pastilles de traitement de l’eau) ainsi que la lampe frontale, indispensable au bivouac ! Pas plus que des lingettes, très pratiques pour se débarbouiller et une toilette sommaire, puisqu’il y a trop peu d’eau pour se laver avec.
Rando chamelière, mode d’emploi
Côté pratique, comment se passe une rando chamelière ? Voici mon expérience dans le désert mauritanien durant un circuit de Nomade Aventure.
Tout d’abord, sauf demande particulière, les dromadaires ne servent qu’au transport du matériel et des bagages. Et non pas des randonneurs. La plupart du temps, la petite caravane de dromadaires va à son propre rythme, et peut s’écarter de l’itinéraire de rando. Mais elle précède (ou retrouve) les marcheurs sur le lieu de pique-nique et bien sûr le soir au bivouac. Les chameliers fournissent les trois repas quotidiens, ainsi que l’eau potable.
Le trek comprend environ 4 heures de marche le matin. L’après-midi est plus cool. On ne démarre qu’après la sieste, lorsque le plus gros de la chaleur est passé.
Pour dormir, plusieurs options. La plus simple, et la plus agréable à mon sens : à la belle étoile ! Chaque soir, je déroule mon duvet sur l’un des matelas en mousse fournis (les mêmes servent aussi de siège durant les repas), un peu à l’écart du campement. Mais je peux aussi opter pour la grande tente commune, la khaima, ou seulement y laisser mon bagage pour ne pas m’encombrer. Dernière possibilité, que personne n’a utilisée, des tentes individuelles sont également fournies.
La dernière nuit du circuit a lieu dans une auberge -donc avec douches- soit à Chinguetti soit à Atar.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !