Randonnée dans le massif du Rila

Récit d'une randonnée de 3 jours dans le massif du Rila en Bulgarie.

La Randonnée en Bulgarie

Avec 37 000 km de sentiers balisés, la Bulgarie se range parmi les grandes destinations de randonnée en Europe.

Les montagnes couvrent le pays à hauteur de 28%. La majorité des massifs sont au sud du pays. Le Balkan et sa crête de 550 km divisent le pays entre le nord et le sud. Les monts Vitocha sont sillonnés par trois grands sentiers de randonnée européens (E3, E4 et E8). Les massifs du Pirin et du Rila sont les deux zones les plus appréciées des randonneurs qui aiment la montagne avec un grand M. Les Rhodopes regroupent des sommets moins élevés et des reliefs plus doux mais on peut y faire des rencontres riches en séjournant dans les nombreux villages.

Le massif du Rila

Surnommée « montagnes d’eau » par les Thraces, le massif du Rila ne dépasse guère 2629 km² mais sa morphologie et ses 180 lacs constituent un terrain idéal pour la randonnée.

Situé à 100 km au sud de Sofia, il est classé parc national depuis 1992 pour protéger son exceptionnel écosystème. Ce sanctuaire abrite de majestueuses forêts de sapins blancs, de pins macédoniens et d’hêtres ainsi qu’une flore et une faune variées et protégées. Sur les 141 espèces de plantes médicinales recensées, 20 sont répertoriées dans le Red Data Book, tandis que 8 sont protégées en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement. On y trouve également 282 espèces de mousses, 233 de champignons et 130 d’algues d’eau douce. Côté faune, 2934 invertébrés, 172 espèces de vertébrés, 5 de poissons, 20 d’amphibiens et de reptiles, 48 de mammifères, et 99 d’oiseaux nicheurs, dont 5 sont protégés. L’aigle royal, l’ours, le loup et le chamois y vivent.

Près de la station de Borovets, le mont Mousala (2925 m) est le plus haut sommet de Bulgarie et des Balkans. Pour ma part, c’est dans le secteur de Maliovitsa que je pars marcher trois jours en compagnie d’autres randonneurs de l’agence Allibert Trekking.

Mont Maliovitsa

C’est assez tardivement que nous entamons la randonnée au pied des pistes de ski de la station de Maliovitsa, une des plus réputée du massif de Rila avec Borovets. Face à nous, l’imposant sommet de Maliovitsa (2730 m) domine le cirque glacière par sa face nord.

Momtchil, notre guide bulgare Allibert, nous fait entrer dans le parc national de Rila symbolisé par un chamois. Un panneau d’indication donne quelques recommandations d’usage face aux ours ; hélas il est en cyrillique.

Nous remontons un bon sentier tout en petites pierres jusqu’à l’hija Maliovitsa (refuge) situé à 1960 m. Composé d’un bâtiment principal plutôt austère, il comporte également plusieurs petits chalets en mauvais états pour ceux qui veulent passer une nuit au calme. C’est un des 250 refuges de l’Union des Randonneurs Bulgares.

L’histoire des activités de montagne, randonnée et alpinisme, débute en Bulgarie en 1885 grâce à Aleko konstantinov, un écrivain de Sofia. Il crée dans la capitale la première association des amis de la montagne et organise la première ascension en trois jours du Tchernivrah, une montagne de 2300 m. La course réunit à l’époque plus de 300 personnes et donne un élan sans pareil pour les activités de montagne. Après 1990 et l’ouverture de la Bulgarie sur le monde extérieur, la randonnée a repris ses lettres de noblesse, encore plus depuis 2000 et la création du métier d’accompagnateur en montagne.

Dès que nous terminons notre encas, nous poursuivons notre montée vers le fond du cirque glaciaire. Sur notre droite quelques montagnards grimpent les parois verticales jusqu’à du 7B. Pour nous, pas question d’escalade. Le sentier se fait plus raide quand nous posons les pieds sur la moraine. Un chamois solitaire se laisse observer d’assez loin dans les pentes abruptes de la montagne. Il ne tarde pas à s’éloigner de nous en grimpant agilement un peu plus près des faces granitiques.

Nous arrivons au lac Elenino (2450 m) pour le repas du midi. Y pique-niquer au soleil, les pieds à l’air ou encore mieux dans les eaux du lac est un vrai régal. Il nous reste assez de temps pour faire l’ascension du mont Maliovitsa. Deux options s’offrent au groupe : passer par les crêtes de droite par un passage un peu technique ou par les crêtes de gauche par un bon sentier un peu plus long. Le groupe se divise en deux. Tout le monde se retrouve au sommet pour la photo de groupe.

Pour finir la journée, nous retournons au lac par un autre chemin et redescendons à notre point de départ. Installation dans une pension familiale à Govedartsi à quelques kilomètres de la station de Maliovitsa.

Le lac Strashnoto

Comme la veille, nous repartons non loin du pied des pistes de la station de Maliovitsa (1760 m). Mais au lieu de remonter la vallée glacière, nous empruntons un piste au nord qui nous conduit à une piste de ski.

Nous la quittons rapidement et grimpons au milieu des épilobes à feuilles étroites et des insectes qui nous tournent autour (moustiques, taons, abeilles et guêpes) en suivant les indications vertes. Si les fleurs et les feuillus ont déjà bien repoussés, un incendie a eu lieu ici et les pins Mugo n’ont pas encore repoussé. C’est quelques étages plus haut que nous marchons à travers une rangée de cet arbuste buissonnant dépassant rarement 3 mètres de haut.

Ce coin du massif de Rila est envahi par les fleurs : genévrier de Sibérie, gentiane bleue (plus petite que celle des Alpes), pensées, silènes à col, benoîte orangée… Des teintes multicolores sous un ciel bleu azur. Quel spectacle de la nature !

Le lac Yontchévo (2120 m) se dresse devant nous avec ses eaux bleues noires. Nous nous arrêtons sur son flanc pour grignoter un peu ; certains iront même se baigner avec une certaine délectation si j’en crois les gloussements de plaisir.

Nous ne pouvons nous éterniser car du chemin nous attend encore. La montée se poursuit par le sud en suivant le balisage bleu. Un petit passage nécessite de poser les mains une ou deux fois mais sans danger. Nous poursuivons, croisons un petit lac et tombons nez à nez avec la cabane de Strashnoto et son lac. Cet abri dispose d’environ 15 couchages et des couvertures. C’est étroit mais en bon état et la cabane est magnifiquement posée face au Goliam Kupen (2731 m). Si vous venez en ces lieux magiques, il est bon de savoir que « Strashnoto » signifie « peur » en bulgare. C’est qu’ici le tonnerre a déjà frappé le lac et les montagnards qui étaient alors sur place ont bien cru être en enfer. Avec le soleil radieux qu’il fait, nous nous croyons plutôt au paradis bulgare. C’est ici que nous pique-niquons. Momtchil nous conduit à une source que nous n’aurions sûrement pas trouvé sans sa présence. Un fin filet d’eau coule des éboulis rocheux au sud ouest du lac. En chemin, observation d’une Primula Deorum, la Primevère de Dieux, fleur endémique de Rila.

Tomates, concombres, sauce, pain, saucisson, jambon, fromage et pommes au repas. Le ventre plein, nous poursuivons vers l’est pour finir notre boucle de la journée en suivant le balisage rouge cette fois-ci. Nous longeons les deux lacs Prekorechki et continuons en direction du refuge Maliovitsa où nous sommes passés hier.

Momtchil nous fait quitter le sentier pour rejoindre plus en aval le sentier bleu de la vallée glaciaire de Maliovitsa. Il nous reste 45 minutes à descendre avant de pouvoir nous installer au bar du bas de la station et commander une bonne bière fraîche bulgare.

Les sept lacs

Dernière journée de randonnée dans le massif du Rila. Nous partons le long d'une route asphaltée en mauvaise état. Le minibus ne peut pas l'emprunter à l'inverse des 4×4. Presque à plat, elle présente peu d'intérêts sauf celle de discuter entre nous.
Après une heure de marche, nous arrivons à l'hija Vada (1500 m), l'ancienne écurie du Tsar Ferdinant reconvertie en refuge du BTC. Deux drapeaux, l'un bulgare, l'autre du partie macédonien (BMPO) trônent devant le refuge. Le bâtiment est d'ailleurs en grand travaux puisque la charpente est complètement en rénovation. Le gardien du refuge, bedonnant comme un ballon de baudruche, est assis à l'abri du soleil près d'un tas de bière reposant dans l'eau fraîche de la fontaine et près à être vendu aux randonneurs de passage.

La route devient piste et nous grimpons un peu plus dans la pinède. Au col de Vada, nous passons la ligne de partage des eaux. Dorénavant, la pluie ne se déversera plus dans la mer Noire mais dans la mer Egée.

Le sentier grimpe plus raide. Nous prenons le temps d'observer les fleurs sous le tapis forestier comme plusieurs spécimens de lys Martagon. Nous sortons de la pinède pour rejoindre un plateau recouvert de pins Murgo. A droite sur les crêtes, des centaines de marcheurs avancent à la queue leu leu. Ils viennent à peine de descendre du télésiège qui les a conduit jusqu'au refuge Rilski Ezera (2150 m). A gauche, le sommet des prières commencent à se colorer des toiles de tente des adorateurs de la secte de la Fraternité Blanche. Créée en 1918 par Peter Denof, elle utilise un mélange de diverses pratiques et préceptes : yoga, végétarisme, vénération du soleil et des croyances empruntées au Christianisme et à l'Hindouisme.

Nous passons le premier des sept lacs, le lac Dolmoto Ezero et montons au lac Ribnoto Ezero que nous contournons. Les algues et le refuge Sedemte Ezera (2196 m) lui donnent une bien belle allure. Un peu plus loin, nous longeons le lac Trilistnika avant de déboucher quelques mètres plus loin sur le lac Bliznaka. C'est là que nous prenons le pique-nique, sur la rive la plus éloignée du sentier pour ne pas être dérangé par les centaines de marcheurs. Après s'être rassasiés, nous sommes plusieurs à tremper les pieds dans l'eau. Rapidement, de petits poissons les prennent pour une mie de pain et viennent nettoyer les peaux mortes.

Nous n'irons pas voir les lacs Salzata et Okomo. Nous longeons le lac Babreka et traversons les cercles des rituels où se réunissent tous les ans en août les croyants de la Fraternité Blanche. Nous descendons plein nord jus qu'à a réserve de Skakavitsa, sa cascade et son refuge qui fut le premier ouvert en 1922 par le BTC. Encore une petite heure pour rejoindre le parking où nous attend Nicolaï et son minibus avant de rejoindre le monastère de Rila.

Le monastère de Rila

Le plus grand et le plus populaire des monastères de Bulgarie se dresse au cœur de la vallée Rilski dans le massif de Rila en Bulgarie. Il fut fondé au Xe siècle par saint Jean de Rila, un ermite canonisé par l'Église orthodoxe.

Détruit en grande partie par un incendie au début du XIXe siècle, l’ensemble a été rebâti entre 1834 et 1862. Ce monument caractéristique de la Renaissance bulgare (XVIIIe-XIXe siècles), symbolise la prise de conscience d’une identité culturelle slave après des siècles d’occupation.

Le monastère de Rila est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983. Plus d’informations : www.rilamonastery.pmg-blg.com

Informations pratiques

Comment y aller ?

Le plus simple est de rejoindre Sofia en avion. Air France y fait des vols directs depuis Paris. Pour trouver votre vol au meilleur prix, utilisez notre comparateur de billets d’avion.

Pour rejoindre le massif de Rila et plus particulièrement la station Maliovitsa, un bus part normalement tous les matins à 9h00 de la gare routière Youg de Sofia. Si le bus direct ne fonctionne pas, prenez un bus pour Samokov puis un minibus pour Maliovitsa.

Quand partir ?

La meilleure période pour randonner dans le massif du Rila va de mi juin à fin septembre. En début de saison, il est possible que la neige soit encore importante sur les cols.

Avec qui partir ?

Randonnée réalisée avec Allibert Trekking, spécialiste des voyages à pied, randonnées et trekkings à travers le monde.

Difficulté

Randonnée pour bons marcheurs sachant cumuler des journées de 6h00 et des dénivelés d’environ 800 à 1000 mètres par jour. Aucune difficulté technique.

Balisage, cartes et topo-guides

Le massif du Rila, en particulier dans le secteur de Maliovitsa, est bien balisé. Les sentiers sont marqués en rouge, vert, jaune ou bleu. On retrouve ses correspondances sur les cartes de randonnée comme sur Rila Tourist Map au 1 :50 000 (anglais-bulgare). Stenata dispose de deux magasins outdoor à Sofia et à Varna. Ils peuvent vous expédier la carte comme vous fournir du gaz ou de l’équipement avant de partir. Vous pouvez aussi vous référer au site de l’éditeur Domino.

Pas de topo-guides en français mais une carte Rila Et Pirin 1/80.000 et deux guides en allemand pour les amoureux de la langue de Goethe: Bulgarien – Pirin- und Rila-Gebirge et Bulgarien: Wandern im Rila- und Piringebirge. En anglais, The Mountains of Bulgaria est la référence pour randonner dans le Rila et les autres montagnes de Bulgarie.

Le guide Bulgarie de Lonely Planet apporte une très bonne approche du pays.

Pour les utilisateurs de GPS Garmin, vous pouvez télécharger gratuitement des fonds de carte des montagnes de Bulgarie à la page : http://bgmountains.org/en/bgmountainsgpsmap/180-bgmountains.

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