Randonnée en kayak sur le Léman

Embarquez avec moi, pour 3 jours de randonnée en kayak sur le lac Léman, un décor unique pour s'initier à l'itinérance à la pagaie. Récit et traces GPS.


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Focus Rando :Randonnée en kayak sur le Léman
3 jours +0 m/-0 m 1
Lac Mars, Avril, Mai, Septembre, et Octobre

A deux pas de Lyon et Genève, à un saut de TGV de Paris et Marseille, quatre grands lacs des Alpes, réunis sous l’appellation lacs Savoie Mont Blanc, offrent un décor unique pour d’inoubliables micro-aventures. Quatre lacs des Alpes pour s’initier au canoë et au kayak, s’offrir un weekend de flânerie et de dépaysement complet ou découvrir l’itinérance à la pagaie sur une semaine. En kayak de mer, j’ai dessiné sur l’eau, pour vous, quelques sillages éphémères sur le plus grand d’entre eux, le Léman. Plus grand lac alpin d’Europe, d’origine glaciaire, il étire sa silhouette en forme de croissant sur un peu plus de 70 km de long et une quinzaine de large. Le rivage nord et les extrémités Est et Ouest sont situées en Suisse. C’est le rivage Sud, haut-savoyard, que je vous propose d’explorer, tout en vous livrant quelques pistes pour un tour complet du Léman en kayak.

Evian-les-Bains et Thonon-les-Bains

J’embarque dans mon kayak de mer à la base nautique d’Évian-les-Bains. J’ai soigneusement pris la météo, une précaution indispensable car sous ses airs débonnaires, le Léman peut cacher une nature sauvage qui n’a rien à envier à certaines conditions marines.  Pour ce weekend, c’est un beau fixe et un vent quasi nul qui s’annoncent. Avant de partir cap à l’Ouest sur mon itinéraire, je fais un petit crochet pour admirer la riviera d’Évian-les-Bains, ses grands hôtels historiques, son casino et ses thermes. J’ai décidé, ensuite, de prendre un peu du large et retrouver la respiration du lac. J’ai face à moi la plus grande largeur du Léman et comme horizon Lausanne, la côte vaudoise et le Jura tandis que, vers l’Est, s’élèvent les pré-Alpes et, au loin, les Alpes suisses, la Gruyère. Cette vue justifierait à elle seule de venir pagayer sur le Léman ! J’oblique alors vers l’Ouest et poursuis ma navigation à bonne distance du rivage. Je conserve ainsi non seulement la meilleure vue sur le panorama alpin mais je m’assure également de ne pas déranger la faune et en particulier celle de la réserve naturelle du delta de la Dranse. Unique réserve française sur le Léman, elle est l’un des derniers espaces naturels du lac. J’y admire une femelle de harle qui traîne sa marmaille à la queu-leuleu. C’est un drôle de canard tout de même que celui-ci, avec son régime piscivore et son nid dans la cavité d’un tronc ! Peu après la réserve, j’atterris sur la petite plage du parc de la Châtaigneraie. Un gazon moelleux, quelques produits régionaux tirés des caissons, un verre de vin savoyard rafraichi aux eaux du lac, un hamac tendu entre les châtaigniers et voici l’après midi qui file si vite que je décide de passer la nuit au camping Saint Disdille, à quelques centaines de mètres à peine.

Yvoire et au-delà …

Le lendemain, lever dès potron-minet pour profiter des lumières matinales et pouvoir prendre le temps de cette étape longue d’un peu plus de 10 miles (une vingtaine de kilomètres). Les eaux translucides du Léman laissent voir les fonds avec une étonnante qualité. Galets morainiques et sables des sédiments du Rhône alternent avec quelques herbiers où passent les ombres de bancs de perches et d’ablettes. Moins sensible du point de vue de la préservation de la faune, le rivage de cette étape permet de tracer un itinéraire au plus près de la côte. Après les bois de la Châtaigneraie et de la Pinède, je passe Thonon les Bains puis Sciez et Excenevex, entrecoupés de grandes propriétés, maisons de maîtres et d’architectes qui déroulent l’immensité de leur tapis engazonnés jusqu’à la berge. La plage d’Excenevex marque l’heure de la pause de midi. Mais nous ne nous y attardons pas car l’envie d’atteindre Yvoire est trop forte. Quelques coups de pagaies et nous quittons le golfe de Coudrée. Les silhouettes de l’église Saint Pancrace et du château fortifié, les deux bâtiments les plus emblématiques du village médiéval fortifié d’Yvoire, apparaissent d’abord à contre-jour. Nous glissons dans le minuscule port et profitons d’une cale pour débarquer. Nos chariots de transport nous permettent de quitter sans difficulté ni fatigue le village médiéval et de rejoindre le camping situé à 500m, puis de profiter de la fin de journée à déambuler dans les rues pavées. Profitant d’un weekend long, nous poussons la flânerie un troisième jour jusqu’au village suisse d’Hermance, qui marque la frontière. Une dizaine de kilomètres que nous parcourons sur les rives du “petit Léman”, cette partie “resserrée” du lac qui permet de profiter du panorama sur le Jura plongeant dans le bleu lémanique. La tentation est immense de poursuivre ce tour, pagayer avec le jet d’eau genevois en vue, longer la Côte vaudoise et ses vignobles en terrasses, passer les rives valaisannes et le delta lacustre du Rhône, et boucler le tour en rejoignant Évian. Ce projet, d’une dizaine de jours, fait peu à peu sa place dans mon esprit et nul doute que je reviendrai prochainement re-pagayer sur les eaux du Léman.

Randonnées en kayak sur le Léman, carnet pratique

Comment y aller ?

En train, accès la gare de Thonon-les-Bains depuis Genève (1h30), Lyon (3h), Paris (5h), Marseille (5h), … Pour ceux transportant leurs propres navires, accès à Thonon par l’autoroute A40 ou A41, sortie Annemasse, puis direction Thonon / Évian sortie Vongy ou par l’autoroute suisse Lausanne Nord, suivre Montreux, puis Evian, sortie Vongy.

Quand pagayer sur le Léman ?

Le printemps et l’automne offrent quiétude, lumières magiques sur les reliefs. Ces deux saisons sont nos préférées. L’hiver, souvent rude, imposera une organisation plus complexe du fait de la fermeture de nombreux hébergements, de conditions logistiques et de sécurité plus complexes. Mais naviguer quand la glace fige les berges, que tous les sommets étincellent de neige est une expérience exceptionnelle.

Randonnées en kayak sur le Léman, quels itinéraires ?

Il existe une infinité de possibilités. Le parcours proposé, en deux-trois jours, offre des ambiances variées, de superbes vues sur les montagne et le patrimoine des villes thermales d’Evian et Thonon. On peut l’organiser comme ce fut notre cas avec un véhicule à l’arrivée pour faire la navette vers le point de départ ou retourner depuis Yvoire jusqu’à Evian en une troisième grosse journée.

  • Evian (plage Dolfuss) – Thonon France (Camping St. Disdille) : 3,23 mn (6km)
  • Thonon France (Camping St. Disdille) – Yvoire France (camping St. Mathieu) : 10,25 mn (19km)
  • Yvoire France (camping St. Mathieu) – Hermance : 5,95 mn (11km)

Faire le tour du Léman en kayak de mer ?

Il est également possible de faire le tour complet du Léman en kayak de mer en 8 jours de navigation, 10 jours si l’on prend le temps de visiter Genève et Lausanne. Avec 12 jours, on s’offre le luxe d’un peu de farniente et la possibilité de s’adapter à la météo. On parcourra ce tour idéalement dans le sens des aiguilles d’une montre pour bénéficier de la meilleure vue sur les panoramas jurassiens et alpins. Les étapes peuvent être les suivantes :

  • Thonon France (Camping St. Disdille) – Yvoire France (camping St. Mathieu) : 10,25 mn (19 km)
  • Yvoire France (camping St. Mathieu) – Genève Suisse (camping TCS Vézenaz) : 10,25 mn (19 km)
  • Genève Suisse (camping TCS Vézenaz) – navigation en boucle vers la rade de Genève – Genève Suisse (camping TCS Vézenaz) : 8,1 mn (15 km)
  • Genève Suisse (camping TCS Vézenaz) – Rolle Suisse (camping de Rolle) : 16,2 mn (30 km)
  • Rolle Suisse (camping de Rolle) – Lausanne Suisse (camping de Vidy) : 11,3 mn (21 km)
  • Lausanne Suisse (camping de Vidy) – La Tour de Peilz Suisse (camping de la Maladaire) : 13 mn (24 km)
  • La Tour de Peilz Suisse (camping de la Maladaire) – Port-Valais Suisse (camping rive bleue) : 7,5 mn (14 km)
  • Port-Valais Suisse (camping rive bleue) – Thonon France (Camping St. Disdille) : 15 mn (28 km)

Difficultés

Avec de nombreux abris tout au long de l’itinéraire décrit, celui-ci est idéal pour une découverte du kayak itinérant. Il faut cependant précautionneusement prendre la météo avant toute sortie. Par fortes bises ou par temps d’orages, les vents peuvent devenir violents et la houle, courte, hachée, a dérouté plus d’un kayakiste aguerri.

Le tour complet du lac offre également de nombreux abris, sauf lors de la boucle en rade de Genève avec une traversée de près de deux miles nautiques. Bien noter la longueur des étapes, certaines représentent de grosses journées que l’on appréciera d’autant plus facilement que l’on est entraîné. A fortiori si un vent contraire est de la partie.

Où dormir ?

Avec la possibilité de conserver son embarcation proche de soi, avec des tarifs demeurant abordables malgré la cherté de la région et une offre (tente, bungalow, …) s’adaptant aux besoins de confort de chacun, les campings sont la meilleure solution, le bivouac étant inenvisageable. Une mention particulière pour le camping St. Disdille, à Thonon-les-Bains offrant un accueil remarquable. L’itinéraire décrit au-dessus, mais également le tour du lac peuvent se faire au départ de celui-ci.

Quel équipement ?

Retrouvez tous nos conseils équipement en kayak dans notre check-list pour une randonnée kayak de mer. Notez que la température très basse de l’eau au printemps et en hiver font qu’un bon équipement, isolant, étanche, est un élément de sécurité indispensable. Sur le Léman, les kayaks sont soumis aux règles d’équipements de sécurité obligatoire identiques à celles en vigueur en mer. Enfin, un chariot pour kayak complètera agréablement cette liste et vous évitera de fatigants portages des berges jusqu’aux campings.

Où louer son matériel ?

Alpo Vive basé au camping Saint Disdille, à Thonon-les-bains, loue des kayaks de mer Rainbow laser, à l’heure, à la journée ou sur plusieurs jours. Réservation préalable nécessaire. L’équipe offre aussi des possibilités de sorties en kayak encadrées par un guide diplômé. Une première approche idéale pour apprendre les premiers gestes techniques (comment tenir sa pagaie, tourner, pagayer en s’économisant, etc.)

La base de Vengeron étant désormais fermée, il n’est désormais plus possible de louer de kayak en bord de lac à Genève. Location possible directement au dépôt, réservation préalable nécessaire.

Sécurité – santé

Comme toute activité de pleine nature, le kayak doit être pratiqué en pleine connaissance des risques liés à son environnement (noyade, hypothermie, insolation, ophtalmie, …) mais également de son propre niveau technique et physique. Retrouvez nos 10 conseils pour améliorer sa sécurité en kayak de mer.

En été, comme sur tous les lacs d’Europe, si vous présentez des démangeaisons après la fin de la baignade et notez l’apparition d’éruptions cutanées, c’est qu’on vous a pris pour un canard ! Il s’agit en effet d’une larve microscopique, la cercaire – appelée communément “puce de canard” car elle parasite ces malheureux volatiles – qui, dans votre cas, s’est trompée de cible et pénètre sous votre peau. Elle y mourra rapidement mais peut provoquer des démangeaisons durant quelques heures parfois plusieurs jours et jusqu’à un mois. L’important est de ne pas se gratter, le fait de se gratter pouvant provoquer des infections. Appliquer une crème pour soulager en cas de fortes démangeaisons (demander conseil à son pharmacien) et appliquer des compresses froides. Si les symptômes persistent plus d’un mois, consulter un médecin. Il n’existe pas de traitement préventif mais on peut conseiller de se doucher après le bain et se sécher énergiquement avec un linge. Éviter de se baigner longuement dans les eaux chaudes et peu profondes. Hormis ces désagréments, il n’y a pas de risque sanitaire particulier.

Réduire son impact environnemental

Malgré ses berges artificialisées, le lac Léman abrite une nature riche. Sa situation médio-européenne en fait même un site remarquable pour les oiseaux qui s’y arrêtent nombreux en cours de migration automnale ou pour passer l’hiver loin des rigueurs arctiques. On peut ainsi assister à des rassemblements de plusieurs centaines, parfois milliers de canards colverts, nettes rousses, fuligules morillons, milouins et de foulques. Quelques eiders à duvets et autres hareldes fréquentent même régulièrement les eaux lémaniques. Pour leur éviter tout dérangement – qui provoque la consommation d’une énergie précieuse – et réduire tout risque sanitaire, il est capital de se tenir éloigné des rassemblements d’oiseaux. Trois réserves naturelles préservent les derniers écosystèmes rivulaires. Celle des Grangettes, sur le delta lacustre du Rhône et celle de la Pointe à la bise, proche de Genève, sont situées en Suisse. Elles offrent des équipements d’observation de la nature qui méritent une pause. A l’instar de l’unique réserve française, du delta de la Dranse, elles bénéficient à la fois d’une zone terrestre et d’une zone de aquatique. L’approche par l’eau des trois réserves est réglementée et les zones balisées de bouées sont strictement interdites à la navigation et au débarquement. Enfin, rappelons-nous que le lac Léman est un écosystème presque fermé. Tout déchet, toute pollution en affecte durablement la santé. Récupérer ses déchets est un minimum. Éviter d’en produire est encore mieux, ramasser ceux qui traînent une bonne idée. Préférer les produits d’hygiène et santé naturels est également un geste positif pour réduire la pollution des eaux.

En savoir plus ?

Le site Savoie Mont Blanc est une précieuse source d’informations pour organiser son séjour.

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