Jean, pourriez-vous vous présenter ?
J’ai 47 ans. Je suis juriste de formation et actuellement chef d’une entreprise de conseil et de formation à Paris. Originaire de Bordeaux, le Massif des Pyrénées a toujours eu ma prédilection du fait de la grande richesse floristique et faunistique qu’il présente. C’est le premier massif que j’ai traversé. C’était durant l’été 2000. Depuis, j’ai fait plusieurs grandes randonnées. J’ai ainsi arpenté les Alpes par différentes « Via Alpina ». Mais j’ai aussi parcouru des itinéraires dans les Dolomites ou encore dans l’Himalaya. Je suis un passionné de montagne en général et d’alpinisme et de randonnée en particulier. Je pratique toutefois de plus en plus la randonnée car je trouve qu’elle apporte un plaisir plus contemplatif et que l’on peut y trouver des intérêts supplémentaires grâce aux rencontres que l’on y fait. La randonnée peut effectivement comprendre une dimension humaine et un enrichissement culturel.
Pourquoi avoir choisi le Liban ?
Je suis particulièrement attaché au Liban depuis mon enfance, et ce en grande partie en raison de la couverture médiatique de la guerre à compter de 1975. Plusieurs fois par semaine, je suivais le journal télévisé qui ouvrait souvent sur le Liban. J’étais très jeune à l’époque et j’étais en quelque sorte un peu “bercé” par ces évènements tragiques. Mais déjà ce pays me fascinait. Le choix du Lebanon Mountain Trail n’est donc pas du tout de circonstance !
Je suis d’ailleurs venu une première fois au Liban avec un ami français journaliste durant l’été 1998. Depuis cette date, j’ai toujours voulu revenir. J’ai beaucoup d’amis libanais à Paris et c’est grâce à eux que j’ai appris l’existence du Lebanon Mountain Trail.
Marcher seul, qu’est-ce que ça vous rapporte ?
Marcher seul, c’est une démarche intéressante, très personnelle. C’est peut-être avant tout se lancer un défi à soi-même.
C’est aussi profiter des rencontres. Marcher seul pourrait signifier « penser tout le temps ». Mais en réalité, je pense dans l’ensemble à peu de choses et toujours de façon ponctuelle et brève. En fait, ma principale préoccupation, c’est simplement de mettre un pied devant l’autre, de trouver le bon itinéraire et de ne pas me blesser.
Mon métier, c’est aussi de m’adresser toute l’année à des publics constitués par des groupes de 15 à 300 personnes. Là, ça change… je suis seul et j’ai la montagne avec moi !
Vous avez acheté des souvenirs ?
J’ai juste acheté un brassard sur lequel figure le drapeau du Liban que j’ai accroché sur mon sac à côté de la banderole de la LEBANON MOUNTAIN TRAILA. Je n’ai pas vu beaucoup de commerces, ce qui est positif et confirme la dimension très préservée du massif. Ce sont des villages authentiques, avec une vie agricole, pastorale. J’ai été très étonné par l’abondance des sources aquifères du Liban. C’est très vert, il existe des sources presque partout, et on était en août ! Même s’il faisait assez chaud et sec, j’ai quand même découvert de très nombreuses zones arables, des cultures d’arbres fruitiers, de légumes, et j’ai vu à quel point les terres pouvaient être exploitées.
Vous vous êtes fait des amis ?
Oui. J’ai rencontré des gens avec lesquels je serai certainement encore en contact. Une de ces personnes est le patron d’un bar-restaurant situé à proximité du monastère d’El Qoubaiyat. C’est un fan de montagne et nous envisageons de parcourir la haute route Chamonix-Zermatt en ski de randonnée. J’ai également rencontré des Libanais qui vivent ou qui ont des attaches en France. Ils semblaient tous très enthousiastes à l’idée de me faire découvrir leur pays.
Venir seul, au Liban, en milieu montagnard peu connu, il vous a fallu du courage, non?
Pourquoi ? Il existe certes toujours un peu d’appréhension par rapport à l’inconnu. Je ne connaissais pas l’itinéraire. Mais l’appréhension n’était pas plus importante que celle que j’ai eue au départ d’autres randonnées. Lorsque l’on est motivé, que l’on a l’envie et que l’on aime la montagne, le reste suit et alors la volonté, couplée à un peu d’expérience, peut suffire.
Le Liban, c’est pour moi avant tout le « Proche »-Orient. Je dis délibérément “Proche” et non Moyen-Orient comme les anglo-saxons car ce qualificatif met bien en exergue la proximité humaine, culturelle, politique et bien sûr historique qui lie la France et le Liban.
En dépit de certains clichés et de lieux communs qui peuvent malheureusement parfois subsister, il semble utile et opportun de rappeler que l’essentiel du territoire libanais demeure parfaitement fiable et sûr. Mon expérience me permet même d’affirmer que le LEBANON MOUNTAIN TRAIL est totalement « safe ». J’y ai ressenti énormément de quiétude et de calme. Est-il au demeurant utile de rappeler que les Libanais font toujours preuve d’une très grande bienveillance pour les étrangers et qu’ils sont extrêmement chaleureux et accueillants. L’hospitalité des Libanais n’est plus à prouver.
Est-ce qu’on vous a découragé de venir?
Personne ne m’a découragé de manière explicite. Mais j’ai senti des réserves de certaines personnes qui ne raisonnent que par rapport à des représentations, des assimilations et des raccourcis imputables à certains media.
Le LEBANON MOUNTAIN TRAIL est intéressant. C’est fabuleux et enrichissant tant d’un point de vue humain que culturel et cultuel. C’est un itinéraire de montagne qui sort vraiment des sentiers battus et qui est susceptible de plaire à beaucoup d’Occidentaux et en particulier à bon nombre d’Européens dont les Français bien entendu. Il est exigeant et demeure assez sauvage, préservé et n’est pas trop fréquenté comme c’est le cas de certains GR européens à l’instar du GR 20 en Corse.
Vous reviendrez pour visiter davantage ?
Oui. Je reviendrai notamment pour arpenter de nouveau certaines étapes dans le nord mais aussi pour gravir le point culminant du Liban. Je désire aussi approfondir mes connaissances sur le pays et, entre autres, visiter des sites archéologiques à Tyr et des musées à Beyrouth.
En bref, comment était votre expérience dans les auberges ?
Je suis originaire de Bordeaux et donc du Sud-Ouest de la France. Autrement dit, je suis un gascon et un bon vivant! La gastronomie libanaise était au rendez-vous, et ça compte. Je l’ai appréciée à sa juste valeur. En plus, le confort et le prix des guesthouses sont franchement compétitifs par rapport à l’offre constituée par la plupart des refuges de montagne en Europe.
Que pensez-vous de la difficulté des étapes, par rapport aux GR européens ?
La difficulté du LEBANON MOUNTAIN TRAIL n’est pas constante. Certaines étapes sont courtes avec un faible dénivelé. D’autres sont plus longues avec un dénivelé de plus de mille mètres. Le type de terrain est aussi très variable. Mais en comparaison aux autres GR que j’ai faits, où on trouve tous les jours plus de 1000 mètres de dénivelé, je dirais que c’est une difficulté moyenne.
Comment vous vous êtes guidé pendant la randonnée: balisage ? Carte ? GPS ? Guides locaux ?
J’avais un GPS que j’ai utilisé tous les jours. Mais je me suis aussi orienté grâce aux balises qui jalonnent presque tout le parcours. Si cette signalisation doit encore être complétée et développée sur quelques secteurs, il convient toutefois de mettre en exergue sa pertinence et sa fiabilité. La possibilité d’engager un guide sur ces sections peut, au demeurant, permettre de résoudre les éventuels problèmes d’orientation.
Comment vous vous êtes organisé pour la réservation des maisons d’hôtes et les préparatifs ?
La tenue d’une liste exhaustive des guesthouses par la LEBANON MOUNTAIN TRAIL rend les choses très simples. Un simple coup de téléphone quelques jours avant son arrivée permet de prévenir de sa venue et d’effectuer une réservation. Je me permets de préciser que plusieurs personnes de la LEBANON MOUNTAIN TRAILA ont fait preuve d’une constante disponibilité. Je pense notamment à Joseph, à Sawsan et bien entendu à Christian dont je voudrais souligner la bienveillance permanente et le très grand professionnalisme.
Est-ce que vous auriez une anecdote à nous raconter durant votre randonnée sur le LEBANON MOUNTAIN TRAIL?
J’ai rencontré à plusieurs reprises de jeunes enfants qui m’accueillaient avec leurs parents dans les maisons d’hôtes. Certains sont venus, parfois en dépit de leur timidité, me parler en français avec beaucoup de fierté et d’enthousiasme. J’ai ressenti un vrai bonheur pour eux car ils pouvaient parler en français à un Français. Je voyage assez souvent – un peu sur tous les continents – et je n’ai vraiment ressenti cela qu’au Liban. En 1998 et cette année. Cette francophonie mêlée à cette francophilie, quand on voit ça dans les yeux d’un enfant de 7 ou 8 ans, c’est extrêmement touchant.
Quel est votre paysage favori sur le LEBANON MOUNTAIN TRAIL ?
Dans la réserve du Chouf, j’ai pris le parcours en altitude sur la crête. C’est un des plus beaux points de vue de toute la traversée. On voit la plaine de la Bekaa à gauche et on devine la Méditerranée à droite, c’est magnifique.
Vous partez du Liban avec quelle impression ?
Il faudra que je revienne impérativement! J’ai beaucoup appris, mais comme je le signale parfois à Paris, il existe une sentence qui dit que c’est quand tu commences à croire que tu comprends le Liban que tu réalises que tu n’as rien compris. Je pense que cet adage est particulièrement pertinent. J’y pense tous les jours ! Il illustre le caractère exceptionnel et complexe de ce pays ; c’est extrêmement diversifié, très riche, toutes ces communautés qui, quoique l’on en dise, coexistent quand même bien. Je fais partie des Français qui considèrent que le Liban n’a jamais été un pays comme un autre. Il occupe même, à juste titre, une place très particulière dans l’esprit et le cœur de bon nombre de mes compatriotes. Cet état de fait doit perdurer !
Auriez-vous quelque chose à ajouter ?
J’ai croisé quelques guides locaux comme Nizar et Habib. Ce sont des gens remarquables, extrêmement dévoués, très professionnels et qui aiment leur métier.
J’espère sincèrement que tout le travail remarquable qui a été fait par les gens de la LEBANON MOUNTAIN TRAILA sera mis à profit. Le LEBANON MOUNTAIN TRAIL mérite d’être encore développé parce qu’il mérite d’être mieux connu. En termes de sécurité, comme je l’ai déjà dit, je n’ai rencontré aucun problème. C’est aussi sensiblement moins cher qu’en Europe. C’est un itinéraire qui sort des sentiers battus. On y fait des rencontres intéressantes et on y croise toute la diversité du Liban. Je crois qu’il peut vraiment exister une clientèle pour cela partout dans le monde.
Pour tout renseignement sur le LEBANON MOUNTAIN TRAIL merci de me contacter et/ou de vous connecter sur lebanontrail.org.
J’ai découvert la randonnée tardivement. Ceci dit j’ai toujours été un grand marcheur soif d’aventure.
Il y a plusieurs années j’ai fait une randonnée dans les Cevennes, puis plus rien.
Depuis 2 ans, j’ai découvert par l’intermédiaire d’un ami, un club de randonnée au Liban: LMT , et depuis je fais régulierement des randonnées dans ce beau pays. La dernière, en avril 2016, j’ai traversé le Liban du nord au sud par les montagnes sur un parcours de 470 km en 30 jours.
Aujourd’hui, la randonnée c’est ma passion et je compte bien continuer.