Randonnée hivernale sur les bords du Danube

Poursuite de notre traversée de l'Europe à pied jusqu'à Istanbul. On vous emmène en randonnée hivernale sur les bords du Danube entre Croatie et Serbie.


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Focus Rando :Randonnée hivernale sur les bords du Danube
17 jours et + +7300 m/-7000 m 2
Randonnée Ligne Bivouac
Campagne, Forêt, et Montagne Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre, et Décembre

Nous sommes le 13 décembre,  après 370 km de marche en Hongrie et déjà plus de 2000 à travers l’Europe, nous passons la frontière croate.

Si vous prenez notre aventure en cours de route, vous pouvez lire nos précédents articles  :

A partir d’ici et jusqu’à notre arrivée en Bulgarie nous suivrons peu ou prou les rives du Danube. Il s’agit d’une route touristique très empruntée en été, notamment par des vélos et kayaks. Celle-ci est jalonnée de sites culturels et de réserves naturelles.

La slavonie orientale

Nous sommes à l’extrémité est de la Croatie, en Slavonie Orientale.

Nous suivons les méandres du Danube à travers la réserve de Kopački Rit . Les petits îlots situés à la confluence de la Drava avec le fleuve abritent plus de 300 espèces d’oiseaux. Nous marchons  le pas silencieux et le regard attentif.

Sur le bord de l’eau les petites cabanes de pêcheurs se succèdent. Par ce temps glacial, ils chôment une tasse de café turc dans une main, un verre de rakia dans l’autre. En été, les silures se vendent très cher nous explique-t-on. On comprend qu’en quelques mois un bon pêcheur gagne de quoi tenir l’hiver.

Un peu plus loin sur le Danube, à Ilok, nous découvrons l’autre visage de cette région, qui a subi de plein fouet la guerre entre serbes et croates dans les années 90. La ville porte les cicatrices de ces affrontements, les maisons abandonnées et façades criblées d’impacts de balles se succèdent. Face à la colline où trône un château, une autre colline est couverte de tombes.

Fruska Gora et ses monastères

Nous poursuivons notre route sur les bords du Danube et arrivons en Serbie. Nous sommes au pied de la Fruska Gora, une petite chaîne de montagnes qui était, il fut un temps, une île dans la mer de Pannonie. Aujourd’hui l’eau a laissé place à de vastes plaines agricoles desquelles émerge ce massif boisé.

Le parc national de Fruska gora abrite 18 monastères orthodoxes construits entre le XVe et le XVIIIe siècle. Nous marchons dans la forêt enneigée, de monastère en monastère, jusqu’à rejoindre Novi Sad. La neige ralentit notre ascension mais enchante le paysage.

Novi Sad et Belgrade

Novis Sad est la seconde plus grande ville de Serbie et la capitale de la région autonome de Voïvodine. Elle s’étend sur la rive nord du Danube sous l’œil vigilant de sa forteresse perchée sur un rocher, de l’autre côté du fleuve.

Seule une centaine de kilomètres sépare Novi Sad de Belgrade, la capitale. Nous y arrivons pour le nouvel an. Le 31 au soir la ville crépite, chaque toiture, chaque terrasse a été investie au profit d’un spectacle mêlant pyrotechniciens amateurs et professionnels.

 

De forteresse en forteresse

De Novi Sad à Golubac, notre parcours le long du Danube est jalonné de forteresses.

Elles témoignent de l’histoire tumultueuse de la région. Le long et large fleuve qu’est le Danube constitue à la fois un lien et un rempart naturel. Dans l’Antiquité, il a formé la limite nord de l’Empire romain. Il a ensuite servi de frontière entre le royaume de Hongrie puis l’empire Austro-Hongrois au nord, et le Despot Serbe puis royaume de Serbie au sud.

Chacune des places fortes que nous avons visitées a pourtant ses singularités et son architecture. Celles de Belgrade et Novi Sad sont perchées sur des promontoires et abritaient en leur sein toute une partie de la citée. Smederevo et Ram s’implantent elles dans le creux d’un méandre. Golubac, certainement la plus spectaculaire, se compose d’un chapelet de tours accrochées à flanc de montagne.

De désert en montagne

Entre deux forteresses, ce chemin nous fait également découvrir des sites naturels d’exception.

Le premier est la réserve de Deliblatska Peščara. Également appelé “Sahara d’Europe”, cette réserve est la plus grande étendue sablonneuse de notre continent. Elle faisait autrefois partie d’un vaste désert créé par le retrait de la mer de Pannonie. Au XVIIIe siècle  alors que la région était sous le contrôle de l’empire Austro-Hongrois, cette plaine a été boisée pour stabiliser le sol et éviter que le sable ensevelisse les villages avoisinants. C’est ainsi que s’est constituée cette végétation atypique mêlant pins, genévriers, bruyères et genets.

Après avoir visité la forteresse de Golubac, nous arrivons dans le parc national du Djerdap. C’est ici que le Danube passe dans d’étroites gorges et traverse la chaîne des Carpates. Nous sommes fin janvier et à nouveau nous sommes amenés à prendre un peu de hauteur. Nous marchons dans de grandes hêtraies, cette forêt de feuillus enneigée nous rappelle la “Fruska Gora” mais la vue sur le Danube et les falaises qui se dessinent sur la rive roumaine donnent une toute autre dimension au paysage.

L’accueil des Balkans, une réalité qui dépasse le mythe

La traversée de la Serbie coïncide pour nous avec l’une des périodes les plus froides de l’année. Notre équipement n’est pas tout à fait à la hauteur, une situation désagréable mais prétexte à de nombreuses rencontres.

Pour prendre un seul exemple, à proximité de la réserve de Deliblatska Peščara, alors que nous marchions sur une digue enneigée, une voiture s’arrête. C’est Igor qui est au volant. Emilie, assise à la place passager descend sa vitre. Nous échangeons quelques mots dans un serbe approximatif et très vite ils nous invitent à les rejoindre pour le dîner.

Emilie tient un bistrot quelques kilomètres plus loin sur le bord du fleuve. Il accueille les cyclistes de l’euro vélo 6 l’été et sert de QG aux pêcheurs au repos l’hiver.

Lorsque nous arriverons, un cochon entier est étalé sur les tables de la terrasse et à l’intérieur une partie de l’animal cuit déjà sur le poêle. Nous sommes accueillis comme des rois !

Les mines de cuivre et d’or

Nous quittons le Danube et prenons la direction sud pour rejoindre la Bulgarie. Notre dernière destination serbe est la vallée minière de Bor.

Ici les galets au fond de la rivière ont une couleur rougeâtre, la neige est grise et le béton glisse. La pollution est palpable. Nous passons successivement à Majdanpek puis à Bor. Les deux villes sont entourées de trous béants. Les quelques immeubles semblent perdus au milieu de ces crevasses où s’activent d’énormes camions et pelleteuses. Ces machines façonnent le paysage, créant  vallées, lacs et montagnes. Ces terrassements permettent de mettre à jour des filons miniers contenant 0.2 à 0.4 g d’or par tonne de terre. De la taille des camions, consommant chacun l’équivalent de 80 voitures, à celle des ces précieuses pépites métalliques, tout ici est hors d’échelle.

Prochaine étape, la Bulgarie !

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