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Randonnée sur la Côte Bleue, une introduction aux calanques de Marseille

3 jours de randonnée sur le sentier du littoral de la Côte Bleue, de Martigues à l'Estaque. Récit et trace GPS.


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Focus Rando :Randonnée sur la Côte Bleue, une introduction aux calanques de Marseille
3 jours +833 m/-846 m 50 km 3
Randonnée Ligne Camping et Chez l habitant
Littoral et Montagne Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Septembre, Octobre, et Novembre

Randonnée sur le sentier du littoral de la Côte Bleue, de Martigues à l'Estaque, dans le cadre de mon Tour de France « à portée de jambes ».

Le 11 avril 2024, je me suis lancée dans un tour de France « à portée de jambes » de près de 7000 km, et plus précisément le long des frontières de l'hexagone. L'effectuant essentiellement à pied, je me laisse cependant la liberté de pouvoir improviser des tronçons à vélo, l'objectif étant de ne recourir qu'à ma propre énergie pour effectuer mon tour.

Cet article sur les 3 jours de randonnée sur le sentier du littoral de la Côte Bleue vient raconter le parcours effectué de Martigues à l'Estaque, aux portes de Marseille. C'est pour moi l'occasion de faire découvrir un sentier pédestre accessible au plus grand nombre et évoluant dans un cadre paysager méditerranéen varié. Progressivement, des calanques se déploient sous nos pieds : une belle introduction aux calanques de Marseille.

J'ai quitté mon emploi, mon appartement et ma vie routinière pour partir vivre un périple qui me fasse écho avec pour seul compagnon de route mon sac-à-dos de 14 kg.

Ce projet est avant tout personnel et il n'y a pas forcément de raisons limpides qui motivent cette aventure si ce n'est le désir de vivre selon mes propres choix, de m'éprouver et de me (dé)construire par ce voyage. Mais je ne peux partir sans ma casquette d'architecte-urbaniste qui souhaite également observer les territoires dans leur Histoire, leurs spécificités culturelles, leur patrimoine et leur mutation, notamment au regard des enjeux climatiques et environnementaux. Et la marche a de précieux qu'elle permet d'appréhender les territoires sous un autre angle.

Je partage aussi mes photos, journaux de bord et mes articles « Focus » sur mes pages instagram et facebook.

Le sentier du littoral de la Côte Bleue

Le sentier du littoral de la Côte Bleue fait partie d'un aménagement balisé encore bien plus vaste allant des massifs forestiers, entre vallons et collines, au littoral méditerranéen, entre villages, criques et calanques : le Grand Sentier de la Côte Bleue. Long de 62 km, ce sentier se compose de 17 boucles intérieures, de 2 à 12 km et aux dénivelés variés.  Pour la plupart, les sentiers sont accessibles depuis les nombreuses gares qui ponctuent la côte : Martigues, La Couronne, Sausset-les-Pins, Carry-le-Rouet, Ensuès-la-Redonne, Niolon et l'Estaque.

Les différents itinéraires proposent d'arpenter une diversité de paysages aux chemins variables dans leur technicité ; il y en a donc pour tous les niveaux et pour tous les goûts !

  • La partie Ouest de l'itinéraire est caractérisée par un cheminement relativement plat, entre surfaces rocheuses et chemins en terre battue, stabilisé ou bitume.
  • La partie Est, en revanche, évolue dans des milieux plus sauvages aux dénivelés plus importants. À partir de Carry-le-Rouet, il devient plus escarpé et nécessite ponctuellement le recours aux mains pour éviter le déséquilibre.

En ce qui me concerne, j'ai longé la Côte Bleue depuis la gare de Martigues jusqu'à la gare de l'Estaque sur 50 km et un peu plus de 800 m de dénivelé.

Côte bleue : la rade de Marseille et le massif des Calanques en toile de fond
Côte bleue : la rade de Marseille et le massif des Calanques en toile de fond

1 – De la gare de Martigues à Sainte-Croix : des industries aux espaces naturels préservés

+ 118 m / – 148 m 17 km

11h, la chaleur est déjà écrasante ! Fort heureusement, après avoir traversé Lavéla, la pinède m'offre un peu d'ombre et je sens une légère brise qui annonce la côte. J'aperçois les cuves et cheminées des industries chimiques et gazières de l'autre côté du vallon, elles se camouflent derrière le rideau de pins.

Mes pas me mènent rapidement sur l'Anse de Lauron où je fais face à un paysage de contraste. Nichées entre la pinède et un regroupement de maisons avec leur petit port de plaisance, les deux plages de l'anse sont bien investies tout comme les emplacements de pique-nique. Les plagistes et leurs accessoires en tout genre forment un ensemble mouvant de tâches colorées et chatoyantes qui dénotent avec le milieu sec et terne du paysage environnant. Seules les cheminées de la centrale électrique de Ponteau, peintes en bleu, rouge et blanc, entrent en résonance de par leur saturation chromatique. Dans un même temps, leur simple présence à cet endroit-ci offre un décalage saisissant avec les loisirs qui s'opèrent juste devant. En toile de fond, l'horizon est souligné par la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer d'où émerge un vaste ballet de grands navires. Là-bas, les porte-conteneurs mènent la danse.

Anse de Lauron : paysage brut entre industries et aires de loisirs
Anse de Lauron : paysage brut entre industries et aires de loisirs

La scène qui s'offre à moi me fait difficilement imaginer l'ancien port romain qui investissait l'Anse durant l'Antiquité Gallo-romaine. Le port de Lauron, situé entre celui de Fos (l'avant port d'Arles) et celui de Marseille, montrait déjà l'importance de la Région de Martigues. Il remplissait plusieurs fonctions intégrées au trafic commercial local : port lapidaire pour les produits de carrière de l'arrière-pays, port de pêche et escale pour le cabotage.

Je tourne le dos au paysage industriel pour m'ouvrir progressivement à un paysage « naturel ». Marchant sur un sol rocheux, je longe des pinèdes constituées de pins parasols et pins d'Alep. Je traverse aussi des garrigues à la végétation basse que l'Ajonc et le Thym viennent pigmenter de taches roses et dorées. Elles sont jonchées de nombreuses pierres. Et de fait, la côte Carro reste rocheuse et bien escarpée. Quelques anses offrent de petites plages prises d'assaut. La moindre surface aplanie dans la roche offre aussi un site de choix : l'occasion de profiter de la mer sans devoir s'entasser au même endroit.

Littoral Carro : garrigue et roche calcaire
Littoral Carro : garrigue et roche calcaire

Tout le long de la côte Carro, des panneaux d'interprétation me permettent de mieux découvrir le littoral entre la faune et la flore, mais aussi sur des traces et ouvrages en ruine. J'apprends ainsi que les vestiges militaires que je croise appartiennent au Mur de la Méditerranée, fortification militaire allemande jonchant les 860 km de côte entre la frontière espagnole et la frontière italienne. Édifié lors de la 2nde Guerre Mondiale, le mur était destiné à protéger les rives d'un éventuel débarquement des troupes alliées. Environ 99 blockhaus ont été recensés entre Lavéra et La Couronne.

Arrivée à Carro, village de pêcheur pris d'assaut par le tourisme, je contourne le petit port bien animé par les quelques bars et restaurants adjacents. Ses abords proposent une belle balade agrémentée de bancs, de jeux de boules et d'aires de jeux. Les plantations arborées n'y sont cependant pas abondantes, obligeant les locaux à se munir de parasols pour suivre attentivement les parties de pétanque. Une balade sonore est même proposée ! Des anecdotes qui racontent la vie locale sont proposées sur différents points qui jonchent les quais et les plages de Carro. D'ailleurs, les pêcheurs sont encore présents dans le village. Plusieurs familles vivent autour d'une vingtaine d'embarcations.

Après avoir traversé la petite plage de Carro, j'accède à la corniche de Baou Tailla qui me mène jusqu'aux anciennes carrières de pierre exploitée de l'Antiquité grecque jusqu'au XIXe siècle. Situées en bordure de mer, on les devine par les dalles taillées qui demeurent au sol. Il s'agit d'un calcaire coquillé rose qui servait à la construction des principaux édifices marseillais notamment. Plusieurs anciennes carrières en bordure d'eau sont encore visibles jusqu'à Sausset. Aujourd'hui, celle de Carro offre un beau promontoire d'où des jeunes s'amusent à sauter dans l'eau.

Port de Carro, petit village de pêcheurs
Port de Carro, petit village de pêcheurs

À la vue de la plage de Veron, je suis ébahie ! La plage de Carro n'était qu'un petit avant-goût du spectacle qui se joue devant moi. Plage, bancs rocheux de l'anse et rares surfaces enherbées sont envahis par une foule compacte. Je ne m'attendais pas à croiser autant de monde sur mon parcours, mais c'était sans compter sur un week-end férié. Les restaurants et leurs terrasses grouillent également. Des groupes de jeunes jouant à la balle aux personnes qui se concentrent sur leur bronzage, il y a de toutes les activités. Mais ici comme ailleurs sur la côte, je découvre que « faire de la plage » est tout un art ! Parasols, chaises et transat de plage avec ombrière, glacière, sac à livres, portable et écouteurs, et même parfois la kitchenette portative et le petit barbecue : le salon à la plage ! Il faut dire qu'il fait particulièrement chaud. Les citadins et notamment les habitants de Marseille viennent ici trouver un peu de fraîcheur et de grands espaces. Le train est bien pratique pour ça, on est à 40 minutes de la métropole.

Les anses de la Couronne vieille sont moins agitées tout comme celle de la Beaumaderie. En m'y approchant, en surplombe, je peux observer une série de petits bassins dans lesquels divers petits groupes d'individus se calent pour se baigner ou se poser. Ces bassins sont le résultat de l'exploitation d'une carrière là aussi. Une marge rocheuse encore visible servait de digue et de quai d'embarquement, sachant que le niveau de la mer était plus bas.

Jusqu'à la plage Sainte-Croix, des criques successives s'insèrent entre des bras rocheux. Ces derniers se jettent dans la mer et de gros blocs de pierres calcaires jonchent le sol. Tout est plus calme ici. Les gens sont moins concentrés en un même espace, chacun vaque à ses occupations : trempette, lecture, discussion. Comme observé le long de la côte, les pêcheurs sont toujours présents. À quelques mètres, des enfants tentent aussi de pêcher entre les rochers. La journée touche à sa fin, je profite de mes dernières foulées pour observer différentes scènes de vie qui m'attendrissent.

L'anse de la Beaumaderie, loin de l'influence touristique des plages
L'anse de la Beaumaderie, loin de l'influence touristique des plages

 

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2 – De Sainte-Croix au port de la Redonne : une urbanisation tentaculaire

+ 155 m / – 155 m 16 km

Tôt le matin, il n'y a pas beaucoup d'agitation dans les campings que je longe pour rejoindre la plage. D'ailleurs, il n'y a pas beaucoup de campings le long de la Côte Bleue. Ils sont essentiellement concentrés autour de Sainte-Croix.

Après être passée par les deux chapelles Sainte-Croix dressées sur les hauteurs, je contourne l'Anse de Tamaris et son petit port avant de longer celle de Boumandariel. Ici, le cadre est vraiment sympa et le lieu bien calme au-dehors des heures de pointe du touriste. Des vans arrivent tout juste : c'est l'heure de sortir les paddles !

Au petit matin : la Rade et les calanques de Marseille drapées d'une légère brume
Au petit matin : la Rade et les calanques de Marseille drapées d'une légère brume

Profitant de la fraîche comme moi, de nombreuses personnes sillonnent la côte pour leur jogging ou leur balade quotidienne. Les pêcheurs sont déjà en poste tout comme les premiers baigneurs. Sur cette côte quelque peu abrupte, des terrasses pavées ont été creusées dans la roche, accessibles par de petites marches. Des anneaux d'amarrage rouillés subsistent.

La lumière du matin est particulièrement belle, elle révèle la blancheur du calcaire qui contrastent avec la mer profondément bleue. Ça s'éveille doucement, je croise des criques et des plages tranquilles puis, progressivement, une urbanisation dense et diffuse s'installe. Au loin, à l'Est, le paysage me compte une belle douceur : la rade et les calanques de Marseille sont drapées d'une légère brume qui vient atténuer leurs lignes saillantes. Les massifs se mêlent à l'eau en toute délicatesse.

Carry-le-Rouet : une logique d'étalement urbain tentaculaire
Carry-le-Rouet : une logique d'étalement urbain tentaculaire

À partir de la plage bleue, le chemin est aménagé en promenade côtière le long de la route jusqu'à Sausset-les-Pins et son port. L'agitation pointe le bout de son nez. En chemin, les petites plages et les squares sont pourvus de kiosques, de nombreux bancs agrémentent la balade et une première villa surplombe directement la mer. Arrivée à Sausset, c'est le vertige. Tout dénote de ce que j'ai pu arpenter jusqu'à présent. Ici, ça grouille de partout entre les véhicules, la foule, les enseignes à foison, les bars, restaurants et hôtels omniprésents. La ville se développe de manière tentaculaire. Du cœur de vie qui s'articule autour du port se diffusent de grandes opérations pavillonnaires. Le moindre foncier est pris d'assaut au point que les communes de Sausset-les-Pins et Carry-le-Rouet ne forment plus qu'une même unité urbaine.

Le port de Sausset traversé, je parcours tout un tronçon en zone urbaine pour rejoindre Carry. La promenade de la corniche permet de profiter de l'air marin, de la mer et offre de belles vues sur Marseille et ses calanques. D'ailleurs, tout le long de la balade se trouve des points d'eau bien pratiques en cette forte chaleur.

Après avoir été coupée ponctuellement de la côte, je retrouve le sentier du littoral qui longe une enfilade de propriétés privées, et ce, jusqu'au port de Carry. Chaque terrain en surplomb a son petit accès sur le cheminement. Le sentier reste agréable, pas mal de personnes s'y baladent et les rochers restent toujours un bon terrain de jeux pour les pêcheurs et les enfants. La roche présente d'autres tonalités qui tirent davantage vers l'ocre rosé ou orangé. Là aussi, leur base au contact de l'eau se couvre d'une pellicule cendrée. Il ne s'agit pas de pollution, mais de cyanophycées et leur combinaison avec le sel dissout le calcaire, creusant de nombreuses cuvettes de profondeur variable.

Arrivée au port de Carry, je plonge dans le même univers que celui de la commune voisine, Sausset-les-Pins. À partir de ce point, le littoral de la Côte Bleu évolue avec plus de dénivelé et devient progressivement plus escarpé. Toujours en zone urbanisée, je suis cette fois-ci bien coupée de la côte, comme celle-ci est bordée de terrains privés. Je traverse de nombreux quartiers lotis, entre villas et barres d'immeuble à flanc de colline pour que chacun puisse avoir sa vue privilégiée sur la mer. Le « sentier du littoral » sillonne alors entre des propriétés barricadées, coupé du littoral physiquement, mais aussi visuellement. Le Paysage n'est plus un bien commun. La brise marine se fait moins ressentir, le bitume et les pots d'échappement m'échauffent davantage. Je ne traine pas, bien que certaines villas visibles depuis la rue me scotchent sur place.

La madrague de Gignac, un port intimiste
La madrague de Gignac, un port intimiste

Une fois descendue jusqu'à la plage du Rouet, le sentier m'éloigne des lieux urbanisés. La ville cesse enfin de s'étaler à outrance, le milieu naturel dans lequel je m'engage n'est plus aussi docile. Je respire enfin !

Depuis l'itinéraire, il est possible de se rendre jusqu'à la chapelle Notre-Dame du Rouet. Située sur le cap de la Vierge, elle domine à l'Ouest la baie du Rouet et offre à l'Est un beau panorama sur la rade de Marseille ainsi que sur le viaduc ferroviaire des Eaux Salées qui surplombe la calanque du même nom. Progressivement, au fil de quelques escaliers et de quelques contournements de la ligne ferroviaire, je rejoins rapidement les hauteurs habitées de la Madrague de Gignac. Sillonner à travers les ruelles est une véritable expérience sensorielle : les couleurs et le parfum des plantations, le chant des oiseaux, l'écho de la houle en contrebas et le son du vent pris dans les feuillages, la fraîche dégagée par la végétation, mais aussi celle qui s'installe en cette fin de journée. Ici, les constructions cherchent à s'intégrer au contexte sans se barricader ni obstruer les vues ce qui fait le bonheur des locaux qui semblent apprécier s'y promener. C'est agréable.

Descendre jusqu'à la madrague, c'est faire l'expérience d'un beau parcours visuel qui enchaîne différents tableaux composés entre architecture, intégration paysagère et points de vue dérobés. J'aperçois en contrebas des criques à la roche bien saillante. La madrague de Gignac est un petit port protégé par de grands bras rocheux et des digues. Un linéaire de cabines le longe, il semblerait que ce soit des locaux de stockage pour les pêcheurs. Sur le quai bétonné, quelques personnes se réunissent autour d'une table pour prendre l'apéro. Le soleil s'éteint petit à petit, j'arrive enfin au port de la Redonne, plein de charme. Le cœur du village de pêcheur a su garder son authenticité. Il est 18h, le bar ferme déjà et les derniers promeneurs se dispersent pour regagner leur voiture ou la gare, perchée sur le viaduc.

À partir d'ici, la côte deviendra plus sauvage et le sentier plus sportif.

Arrivée sur la Redonne
Arrivée sur la Redonne

3 – Du port de la Redonne à l'Estaque : parcours sportif en terres sauvages

+ 560 m / – 553 m 17 km

Je traverse le massif de l'Estaque, grande falaise rocheuse se jetant dans la mer. La rade de Marseille, le massif des Calanques et l'archipel du Frioul accompagneront mes pas, en toile de fond, sur tout mon parcours. M'en approcher progressivement est exaltant. Le paysage se fait à chaque fois plus net et plus contrasté, entre emprises urbaines et portuaires dominées par une nature brute et aride. Il existe une variante passant par le fort Niolon puis une seconde passant par le fort Figuerolle, davantage en recule. Pour ma part, je reste sur le sentier des douaniers, itinéraire rocheux, parfois aérien et non sécurisé sur certaines parties, notamment de la calanque de l'Everine jusqu'à Niolon où le sentier est en corniche.

La ligne de chemin de fer est mon fil directeur jusqu'à l'Estaque, je suis amenée à la longer ou passer sous les arches des viaducs à plusieurs reprises. Elle est bien pratique pour desservir les villages principaux de la côte et les désengorger au maximum des véhicules, mais, dans un même temps, elle donne du fil à retordre pour longer les falaises à pied.

La calanque habitée de Petit Méjéan : charme et sérénité
La calanque habitée de Petit Méjéan : charme et sérénité

L'itinéraire me fait passer par une série de calanques habitées : Figuières, Petit et Grand Méjéan. Avec leur petit port et les petites habitations regroupées autour, ces calanques sont d'une telle sérénité. À Figuières, deux plongeurs équipés se jettent à l'eau. Le long du port de Petit-Méjéan, des maisons de pêcheurs profitent d'un cadre privilégié. Deux femmes se sont installées sur leur terrasse. Café, ordinateur, mains actives sur le clavier : ça sent le télétravail. Depuis le port de Grand-Méjéan, le sentier mène jusqu'au vallon de l'Everine et ce sont des criques qui ponctuent désormais ma marche. En chemin, je m'écarte du sentier pour descendre vers la grotte marine de Méjéan. Le passage qui y mène est peu visible. Lorsque le temps est bien ensoleillé, il paraît que l'eau de la grotte est d'un beau bleu limpide et des reflets hypnotiques voileraient la roche. Je ne peux assister à ce spectacle. Il fait peut-être lourd et chaud, mais le ciel reste couvert.

La calanque de l'Everine, une plage de galet intimiste qui se mérite
La calanque de l'Everine, une plage de galet intimiste qui se mérite

La calanque de l'Everine puis celles du Jonquier sont intimistes. Les plages de galets sont dominées par le viaduc ferroviaire. Quelques personnes profitent du cadre, c'est leur belle récompense. Et de fait, les sentiers qui y mènent peuvent être glissants (pierriers) et escarpés. Mon coup de cœur va pour la calanque de l'Everine, avec la petite île du même nom qui lui fait face et la tour qui la guette. L'eau y est claire et cristalline, difficile de résister ! En ce mois de mai, il n'y a pas foule ce qui me permet de bien apprécier cette partie de la Côte Bleue. À noter que de Méjéan à Niolon, il n'y a pas d'alternatives au sentier et aucun autre village. Partir bien équipé et avoir suffisamment d'eau avec soi est donc un immanquable.

A Niolon, je retrouve une dynamique de village tournée autour de la pêche et du tourisme. De petits restaurants animent les quelques ruelles et offrent des vues lointaines sur la mer. Il y a pas mal de locations saisonnières et même un centre UCPA pour des stages de plongée sous-marine. Le port reste intimiste, une balade en fait le tour entre mini plage de galets, blocs rocheux, escaliers et quais bétonnés le long de pans rocheux. Des personnes viennent y pique-niquer, bronzer ou piquer une tête.

Mes pas me mènent ensuite jusqu'au port de la Vesse. C'est à partir de ce point que la Côte Bleue devient « sauvage ». Sur le reste du parcours, il n'y a ni habitations, ni accès routier jusqu'au Resquiadou. Le parcours n'est pas sécurisé tout du long, il peut être escarpé et glissant, certains passages sont à escalader : la vigilance est de mise.

Sentier en corniche le long du massif de l'Estaque
Sentier en corniche le long du massif de l'Estaque

En balcon à une trentaine de mètres de la mer, le sentier de la Côte Bleue me fait passer à côté d'une petite grotte, puis la grande cavité du Cap Ragnon : un spot de luxe ! Cette dernière daterait du Néolithique (5 700 avt. J-C) et elle comprend trois cavités qui communiquent entre elles.

Je descends ensuite vers le vallon de l'Establon, découvrant au passage un bunker recouvert de rocailles, puis des casemates le long de la voie ferrée : des ouvrages du Mur de la Méditerranée. Arrivée au hameau de Resquiadou, je m'apprête à passer radicalement d'un milieu à autre. Fini les sentiers : pour rejoindre la gare de l'Estaque, je marche sur le bas côté de la pénétrante -la D568- au flux soutenu et constant. Fini les milieux naturels : place aux ports de plaisance, aux entrepôts, aux paquebots de croisière, aux sociétés gazières d'un côté, et aux maisons entassées, décrépies, parfois penchées, et aux balcons débordant de vie de l'autre. Car ici, tout est vivant : ça grouille, ça klaxonne, ça s'agite, ça s'interpelle, ça converse avec véhémence, ça rie, ça s'amuse, ça traine, ça se balade, ça se repose, ça bronze et ça se baigne. Par le Parc Mistral, j'approche du cœur de bourg de l'Estaque, port de banlieue aux airs de village, entre villas fastes, maisons sans prétention, bars et restaurants qui animent la départementale. Les plages et les promenades du bord de mer offrent une vue impressionnante sur le reste de Marseille. On y lit en un seul regard toute la richesse et la complexité de la ville.

La rade de Marseille
La rade de Marseille

mavillucca
Je marche depuis toujours et j'ai appris à chérir les grands espaces en pleine nature dans lesquels je me retrouve pleinement, et plus particulièrement dans les Alpes. Ayant la bougeotte et ayant soif de découvertes, je suis à l'affût de nouvelles expériences et/ou de nouveaux horizons tout en veillant à concilier sport en pleine nature et visites culturelles pour mieux appréhender les espaces que j'arpente.>> Depuis avril 2024, je me suis lancée dans un Tour de France (TDF) à pied de près de 15 mois et plus précisément le long des frontières de l'hexagone.Entre trek et [...]

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