Le Tour des Dents Blanches (TDB), ce petit massif montagneux à cheval entre France et Suisse du côté de Samoëns et des Portes du Soleil, est un superbe trek. Pendant trois jours, j’ai marché dans des paysages fabuleux où alternent pâturages bucoliques et haute montagne. Et connu quelques frissons aussi, car c’est un itinéraire qui peut vite devenir exigeant et technique.
Vous pouvez aussi lire le récit de Guillaume qui a fait le tour des Dents Blanches entièrement en 3 jours. Il a bien crapahuté le gaillard.
« Nous y voilà, mon petit gars », me suis-je dit, fataliste. « Et plus tôt que prévu ». Ce n’est que demain que je devais me lancer dans les redoutables « échelles des Ottans ». Mais la météo a chamboulé mon Tour des Dents Blanches, un tour que m’a joliment concocté Olivier Ricco, l’ancien président de l’association du même nom.
Or, avant de partir, il m’a demandé si je suis sujet au vertige…. J’ai bafouillé un « oui » navré et contrit. Moi qui ai toujours refusé de m’aventurer dans une via ferrata, je me demande dans quelle galère je me suis fourré. « Pas grave, m’a-t-il rétorqué en souriant, j’emporte une corde ».
Une grimpette d’une bonne centaine de mètres sur des échelles métalliques
Car, bien sûr, c’est surtout moi qui les redoute, ces échelles : une grimpette -heureusement que ce n’est pas une descente- d’une bonne centaine de mètres, à la verticale ! Tantôt une échelle métallique, tantôt seulement des barreaux, puis à nouveau une échelle, d’autres barreaux encore. Le tout solidement scellé dans la roche, mais quand même. Il faut monter, évidemment, et passer de l’une à l’autre. Jusqu’à, tout en haut, se faufiler dans un étroit passage pour enfin se hisser sur le plateau.
En fait, les choses se passent beaucoup mieux que je ne le craignais. D’abord parce que personne ne m’oblige à contempler le vide sous mes pieds. Sage précaution en ce qui me concerne. L’ascension commence en effet à l’aplomb d’un très large et abrupt mur de rocailles, déjà bien assez impressionnant en soi. D’ailleurs, la montée sur les étroits lacets où la pente dépasse souvent les 30 % est franchement exténuante. Surtout, je n’ai pas peur grâce à la précaution prise par Olivier, m’encorder. Rassuré et à l’aise, c’est en toute sérénité que je viens à bout des « échelles des Ottans ».
Malgré tout, cela reste mon souvenir le plus fort de ce Tour des Dents Blanches. Ça et les merveilleux paysages rencontrés tout au long du trek ! Je ne m’attendais pas à un tel kaléidoscope. Le massif des Dents Blanches, que j’ai contourné dans le sens des aiguilles d’une montre, est de toute beauté ! A cause du mauvais temps, il a fallu raccourcir la rando de deux jours -c’est l’un des avantages de ces circuits, plusieurs itinéraires sont possibles. Dommage, car j’aurai très volontiers continué quelques jours de plus.
Les vaches me regardent passer d’un air complice sur ce tour des Dents Blanches
Le charme opère dès les premières heures de la rando. Depuis les hauteurs de Samoëns, il ne me faut pas très longtemps pour parvenir dans la vallée de Bostan. Je traverse des pâturages où de fières vaches, de race abondance – reconnaissables à leur robe brune, à leurs lunettes noires et chaussettes blanches – me regardent passer d’un air complice.
Sitôt passé le refuge communal de Bostan, -situé à 1 763m, il a été rénové de fond en comble récemment- s’ouvrent les grands espaces. Au loin se dessine la chaîne des Aravis d’où émerge la pointe Percée. Sa forme me fait irrésistiblement penser au Cervin. J’ai tout loisir d’admirer la première des Dents Blanches, la Dent Occidentale, tout proche « En hiver, ce secteur autour du col et de la tête de Bostan, est la mecque du ski de rando », m’explique Olivier Ricco, qui visiblement connaît chaque vallon comme sa poche.
C’est un autre hors-piste de ski que je longe peu après, la vallée de la Manche, entre Avoriaz et Morzine, qui aboutit vers une ancienne mine d’or. Je le connais pour l’avoir pratiqué à plusieurs reprises et il me plaît bien. Mais je dois dire que je préfère la version été, en trek.Pourquoi ? Peut-être la diversité des couleurs ou le fait d’admirer le panorama dans le détail.
Dans l’immédiat, c’est le col de Coux qui m’en fait baver. La pente est rude, le soleil tape dur. La récompense est un magnifique point de vue à la fois sur le bout du massif des Dents Blanches et, de l’autre côté, sur les Dents du Midi, très photogéniques aussi. Le col est très prisé par les amateurs d’observation des oiseaux car c’est un lieu de passage des migrateurs.
Le tour des Dents Blanches, le genre de rando dont je me souviens bien
Sur la crête, l’arrête de Berroi, un joli sentier me fait longer ce balcon avec vue. Avec en prime la sensation de se trouver entre ciel et terre. Puis c’est la descente vers le plateau de Barmaz, en Suisse. Un endroit idyllique, d’un autre âge. Les quelques chalets affichent presque tous quelques siècles d’existence. En fin de journée, assis devant l’un de ceux-là, j’ai l’impression que le temps s’écoule plus lentement ici.
Des coups de cœur comme celui-ci, j’en aurai pas mal durant ces quelques jours de trek. Le tour des Dents Blanches peut se décliner de différentes manières. Voici quelques décennies, les différents tronçons n’étaient guère fréquentés que par… les contrebandiers. Qui n’avaient évidemment pas l’occasion d’admirer le paysage, d’autant que leurs expéditions se déroulaient le plus souvent de nuit.
J’ai une pensée émue pour eux dans les passages délicats -finalement, il y en quand même pas mal !- qui ponctuent mes journées. Les échelles des Ottans, bien sûr, mais aussi le pas d’Encel. Ou encore la descente depuis le superbe refuge de la Vogealle, au cœur de la réserve naturelle de Sixt-Passy, vers la vallée du Giffre par le pas du Boret. Presque tout du long, j’ai dû m’aider des câbles pitonnés dans la falaise qui font office de main courante. C’est le genre de randos dont je me souviens bien… Du reste, comme l’ensemble du tour des Dents Blanches.
Informations pratiques
Le site de l’Association des Dents Blanches est aussi complet que bien fait : des informations exhaustives, plein de photos et de détails pratiques. A noter qu’elle propose, au travers d’une centrale de réservation, des forfaits intéressants pour des randos accompagnées avec plusieurs formules, au départ de la France et de la Suisse. A partir de 132€ (tour rapide en 3 jours et 2 nuits).
Sympathique et typique, Samoëns est parfait comme point de départ et/ou d’arrivée du tour des Dents Blanches. Ses anciennes maisons rappellent que le village est la patrie historique des tailleurs de pierre dont le savoir-faire se retrouvent dans toutes les Alpes.
Bonnes adresses
- La Cantine de Barmaz, sur le versant suisse, est un bien vieux et beau chalet. Les chambres ainsi que les dortoirs sont joliment décorés, les lits douillets, la table fort avenante. Bref, une adresse incontournable.
- Le refuge de la Vogealle, est situé sur les hauteurs de la commune de Six-Fer-A-Cheval, dans une magnifique vallée perdue loin de tout. Très moderne, il bénéficie de tout le confort et l’accueil y est particulièrement chaleureux.
- La Boule de Neige est un hôtel (2*) sympa avec une table généreuse à Vercland, sur les hauteurs de Samoëns.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !