La froideur de l’hiver est maintenant derrière nous, la chaddar n’étant plus praticable, nous revenons en empruntant les chemins suspendus, soulagées, lors du passage d’un col, d’échapper à l’étouffement et l’enfermement de la vallée. Les jours rallongent, les après-midi plus généreuses reculent le moment où l’on se réfugie dans la chaleur de la cuisine.
C’est avec grand plaisir que nous séjournons de nouveau chez Dolma. Étape reposante où l’on se surprend à ne rien faire, ne plus bouger, ne plus faire son sac, faire un brin de toilette, enfin.
Le monastère de Karsha, à deux heures de marches. La fête des thankas nous incite à reprendre la route. Pour cette occasion, jeun et silence sont de rigueur pour les pèlerins jusqu’au moment où deux immenses thankas sont déployées devant l’assemblée, qui attend, pour certain d’entre eux, depuis des heures. Les peyrac sont de sortie ; ils rivalisent de beauté et de richesse : le nombre de pierres et leur grosseur indique l’aisance de celle qui la porte. Escaliers, réserve de bois, toits et balustrades, la moindre parcelle de terrain a été investi pour mieux voir les deux bouddhas brodés qui ne sortent qu’une fois par an. Prières dans la gompa, offrandes, procession, les rituels s’enchaînent. Les gestes des moines captivent l’assistance. Nous sommes d’autant plus au cœur de cette fête, que c’est un moine, Sonam, chef de discipline du monastère, qui nous offre l’hospitalité dans sa cellule. Initié à l’art de la cuisine occidentale, il sait nous gâter en faisant plaisir à nos papilles en manque de diversité. Avec lui, nous découvrons la vie d’un moine. Tous ces hommes n’ont pas la vocation mais les terres cultivables n’étant pas extensibles, chacun ne peut prétendre fonder une famille.
Dolma Lamo fait partie des sponsors de Karsha, elle est reçue parmi les hôtes privilégiés qui supportent financièrement les moines.
Texte & Photos : Marie-Laure VAREILLES ; Esquisses : Ansatu Schlumberger