Skaftafellsfjöll

Skaftafellsfjöll - Trekking de de Þorsmörk à Skaftafell

Focus Rando :Skaftafellsfjöll

Donc pas d’eau, pas de journée de repos.
Chuis comme ça, moi. Et je me répète, hors de question de redescendre au glacier. Je ne veux plus m’en approcher. Indigestion de glace.

I have a dream ce matin… Que cette journée soit exceptionnelle. C’est la dernière. Jusqu’à maintenant, j’ai eu une channe météorologique indigne, pourvu que ça dure encore quelques heures.

Départ programmé à 7h00 du matin.C’est un erreur, j’aurais dû partir beaucoup plus tôt.

En même temps que moi, le départ des tchèques pour leur traversée du Skeiðararjökull.
Je les ai pris en photo pour donner une idée de l’immensité du glacier.
Sont pas gros, hein? heureusement que je sais.
Bon et en zoomant peut être…
Hier soir déjà, j’avais vraiment mal aux jambes. Jusqu’à hier, chaque nuit de sommeil m’a parfaitement régénéré.
Ce matin, pas du tout remis. Bien fracassé le mec. Et je dois m’attaquer à la seule journée de montagne de mon voyage (fjöll ou fjall= montagne en islandais).

La solution évidente serait d’accepter de redescendre au glacier faire le plein et me reposer toute la journée. Mais non, je suis sur une espèce de dynamique du non stop.
Et donc me voilà parti pour monter à Blatindur qui culmine à 1200 mètres. Environ 700 mètres à monter donc.
En temps normal, ce n’est pas un dénivelée qui m’effraie, mais je n’ai pas 250 bornes dans les pattes et 20 gros kilos dans le sac (quand je me souviens que je suis parti à 30…). Je te jure Olivier (mais pourquoi les seuls types que je connaisse qui ont traversé l’islande s’appelent Olivier? ça va provoquer des confusions) que dès que je renouvelle mon matos, je bascule en mode MUL. Pfff. De reprendre ton lien, jai revisionné tes vidéos. Des frissons dans le dos… Je veux repartir dès que possible… C’est trop dur de devoir attendre un an.

Au début la montée est une petite succession de montées et de plats pour accéder à un grand plateau contournant Langagilsegg. Pas mal de zones dans de la grosse rocaille puis dnas des zones d’éboulis de plus en plus fins et rouges.
Le paysage est absolument extraordinaire. Les nuages commencent à s’enrouler autour des sommets. Pourvu que ça tienne.
Les vidéos sont à peu près identiques mais c’est si beau…
En montant, le glacier est de plus en plus impressionnant.
Et hop, encore une vidéo redondante.
Mais des paysages comme ça, on peut mourir après.
Qu’est ce que c’est beau… Ca me pousse à avancer malgré mon mal aux jambes.
cette couleur rouge propre à cette montagne est tout bonnement hallucinante.
J’arrive à un premier col.
Et là, erreur de direction. J’abandonne le tracé gps (celui de Dieter) qui me fait passer par le versant nord pour suivre les traces de pas d’un groupe important qui préfère passer par le sud (celles de Michael sans doute qui m’a dit après être passé par là)
Que la pente d’éboulis est raide. Faut pas se mettre en l’air ici. Au moins ça ouvre des perspectives magnifiques…
Vue mer…
Aie aie aie, les nuages commencent à arriver par le sud.
Les crêtes accrochent la brume. C’est si beau. Deux heures s’il vous plait, je demande que deux heures de visibilité.
Ben non, les prières n’ont pas marché.
Et en plus je perds les traces.
Me voici donc tout seul dans le brouillard sur une montagne que je ne connais pas, par le versant non détaillé par le gps avec des pentes d’une raideur extrême. Tout va bien.

Stop les photos jusqu’à ce que je me récupère.
Je décide de récupérer la crête pour la suivre jusqu’au sommet du Blatindur en espérant qu’elle sera débonnaire (comme ils disent dans les topos de rando). Arrivée à un deuxième (celui de la photo ci dessus). Visibilité inférieure à 100 mètres. Quel est l’intérêt de monter à Blatindur?
J’attends derrière un rocher une petite demi-heure pour voir un peu l’évolution météo. Mon baromètre dégringole à vue d’oeil.
Beaucoup de vent mais la masse ne se déchire pas. Il fait froid dans cette humidité ventée. Un moment pas cool du tout.
Donc j’abandonne l’idée du Blatindur et de la vue qu’il ouvre sur cette zone fabuleuse. Parait qu’on voit jusqu’à Graenalon. De toute façon, je suis super en avance sur le programme. Demain, je pose la tente à Skaftafell puis je randonnerai dans le parc jusqu’à vendredi. Dès qu’un jour de beau temps se pointe, je remonte ici.

Bonne idée, mais en attendant il faut retrouver le bon chemin et notamment la vallée qui amène jusque dans la plaine mille mètres plus bas.
Pendant près de deux heures donc, sous la pluie et dans le brouillard, je descends le long de crêtes et dans des vallons profonds en espérant à chaque fois ne pas tomber sur des falaises ou des ravins infranchissables. Beaucoup de chance dans l’exécution, je passe à merveille sans jamais faire de gaz .
Je devine dans le brouillard qui s’éclairct maintenant que je suis bien descendu des sentes venant du Blatindur que je récupère en contre bas. Mon gps aussi retombe sur ces traces. J’ai réussi sans galère à me remettre sur le bon chemin. Un miracle. J’ai eu chaud.
Retour des photos.
La vallée de la Morsa. En bas, c’est gagné. Le voyage sera fini.

YES… la grosse euphorie me gagne.
C’est beaucoup moins beau de ce côté, mais quand même.
A côté de quoi je suis passé? Pour savoir, faut remonter.

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Magnifique rivière pour une magnifique pause avec double petit déj lait-nesquik avec accompagnement de saucisson et de fraises tagada.
Au-dessus, le brouillard ne se lève pas. Pas de déception donc de ne pas avoir attendu.
Le vallon de descente et les crêtes menant au Blatindur (caché).
Le Skeiðararsandur dans son immensité sous mes yeux. Juste la Skeiðara jusqu’à la mer sur la photo.

A quelques pas de la fin de la descente, un truc incroyable.
Je découvre une forme curieuse. Dur à décrire.
ils sont regroupés en petit nombre, un peu plus grands que moi. Chacun comporte une espèce de tube plus ou moins épais et plus ou moins droit. De couleur grise, limite argentée. Vers le sommet, se détachent un tas de petits tubes plus petits qui partent dans toutes les directions. Sur tous ces tubes sont accrochés des petits bouts de papier verts qui brillent et bruissent dans la brise.
Tout celà est bien étrange. Depuis que je suis en Islande, je n’ai jamais vu pareil spectacle.
C’est quoi?

Bon, ça je sais ce que c’est. Pierrot, tu n’as plus le droit désormais de me dire que je leur marche dessus sans les voir.

Et voila, je suis en bas.
Normalement, en farfouillant bien, une petite récompense m’attend.
Ah ah, ça fume…
Vous savez ce qu’est le bonheur absolu pour moi???
Ben oui, je porte un slip.

Les vannes lachent… je suis trop bien.
Le téléphone fume. J’appelle mes parents pour leur dire comme je suis bien. Comme d’hab, le portable de tatiana doit plus avoir de batterie (fait chier ce téléphone).
Besoin de partager avec des islandophiles, tél à Daniel qui doit chauffer dans son garage vauclusien. Je ne sais pas si j’arrive à faire passer mon émotion mais je susi le plus heureux du monde.

Je ne rentre pas ce soir à Skaftafell.

Besoin de passer encore une nuit à l’écart. Après deux heures dans la piscine à écouter la musique sur mon mp3 que je sors pour la première fois de mon sac, je redescends dans la plaine pour dresser la tente un peu à l’écart des zones trop visibles au regard (le camping est interdit dans le parc national).
Les nuages deviennent très menaçants.
Le temps de monter la tente et au moment où je tire sur la fermeture éclair, pour ouvrir, le gros déluge pendant deux heures (photo du lendemain matin, j’ai failli oublier de photographier ce bivouac).
Se blottir dans le duvet, remettre les écouteurs sur les oreilles, et saturer le réseau téléphonique de sms de bonheur vers la France.
J’ai hâte de rentrer maintenant, de partager mon plaisir et ma joie avec le reste du monde.

Des étoiles pleins les yeux… Des larmes aussi…

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