St Martin de l’Albère – Banyuls

St Martin de l'Albère - Banyuls - Traversée des Pyrénées par la HRP

Focus Rando :St Martin de l’Albère – Banyuls

St Martin de l’Albère – Banyuls

+1000/-1300m

Le jour tant attendu. Non seulement on est obligé d’être heureux, mais en plus l’itinéraire est beau. A part quelques portions de route un peu "rasoir", on randonne sur les collines avec des panoramas superbes ou bien le long de rangées de mûres délicieuses. Peu d’eau sur cette étape, faites-en suffisamment au col de l’Ouillat pour aller jusqu’à la fontaine des chasseurs après les tours de Madeloc.

Le bonheur

Hop, debout ! Aucun problème pour se lever, malgré une nuit moyenne: un chien est venu nous rendre visite et nous tourner autour (pacifiquement) toute la nuit. Il ronflait le bougre ! Si même en évitant les refuges et en dormant dans des granges il n’y a pas moyen d’éviter les ronfleurs, mais où va-t-on !
On est vite d’attaque après notre cake au fruit matinal Nico et moi. Micha est en running… Quoi ?! Ben oui: il avait gardé ses pompes pourries dans son sac jusqu’à maintenant et met les salomon qu’il a achetée dedans.
On retrouve le chemin sans trop de mal et la montée au col de l’Ouillat nous prend environ une heure: ça aurait été vraiment dur de le rejoindre hier. Nico entre dans le refuge faire de l’eau pendant que je prépare mes pieds à faire de la route et grignote avec Micha quelques mûres qu’on a cueillies.
Il ressort après avoir un peu papoté avec le gardien: "Eh y a des gars qui l’ont fait en 15 jours ! Pour préparer un raid gauloise." Waouh, les bêtes.
La suite du voyage est une succession de crêtes et de bosses très aplatis derrière chacune desquelles on attend de voir enfin la mer. Même si notre hâte est grande, il faut profiter de cette étape car elle est superbe.

On passe un refuge complètement crade et peu avant le pic des Pradets, sur notre gauche: la voilà ! Ca y est, on voit la mer.
L’émotion m’envahit irrésistiblement. Parce qu’on réalise vraiment qu’on est presque arrivés; mais aussi parce que l’impression visuelle est forte: d’un coup la terre s’arrête. La montagne prend fin. La côte presque rectiligne renforce l’effet couperet: une fois franchie (mais pas avant) fin de la montagne, fin de l’aventure.
Alors qu’on repart, toute une foule de souvenirs reviennent, je ressens une joie immense. La cadence a un peu fléchi et à chaque point de vue on s’offre une petite pause pour contempler, mais surtout pour savourer le bonheur d’être là.
Pour profiter de nos derniers instants de vagabons des Pyrénées.

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Au pic de Sailfort, Banyuls apparait. Une petite photo et après, chuss dans la dernière descente.

Nos sacs font environ 5kg, presque vides de bouffe, il me semble que je marche avec une allégresse caricaturale !
Avant les tours de Madeloc, je me suis tellement gavé de mûres que je décide de m’arrêter pour éviter tout problème intestinal !

La descente sur Banyuls se fait tantôt sur chemin, tantôt sur sentier, quelques champs de raisins nous tendent leurs grappes, Micha et moi on ne résiste pas à en chiper une qui dépassait de la cloture.

Plus j’approche, plus mon coeur se met à battre fort, on arrive directement dans le village, quelques pas de plus… voilà la place du village et … la mer.

Ah oui, et la plage aussi… Au début on hésite un peu: y a du monde quand même! Et ils vont sans doute encore nous trouver bizarres avec nos bâtons de ski et nos piolets !! Puis l’envie est trop forte, on veut aller jusqu’au bout, jusqu’à la mer qu’on a dominé toute la matinée et qu’on attend depuis si longtemps. Alors on s’avance, quelques personnes ouvrent un oeil, ou s’assoient ou s’interpellent mutuellement. Les yeux rivés vers notre but, un sourire aux lèvres grand comme ça on avance comme hypnotisés. Voilà, là on est assez près. Poser les sacs et les bâtons, enlever la chemise et le chapeau, les chaussures et chaussettes plus tout à fait blanches, vider les poches du short: boussole, lunettes, carte, papiers divers tombent en vrac sur la plage. Après on court sur les 4 derniers mètres et on plonge sans réfléchir. La température est parfaite bien sûr, quelques fractions de secondes silencieuses en apesanteur, le temps de vérifier que le short devenu trop grand est toujours là et on on retrouve le soleil qui nous a été si fidèle durant cette traversée. Mon pote est là tout près, on se tape dans les mains, on rigole, ivres de bonheur, on se dit qu’on a réussit, que c’est fabuleux, oui ça l’est. Et puis finallement on se calme, on se laisse alors aller doucement sur le dos, bercés par les flots. Les yeux fermés on se sent plus vivant que jamais et on se dit que la vie vaut vraiment la peine d’être vécue pour des moments comme ça. Puis on se décide à revenir sur terre parmi les terriens à redescendre un peu de notre nuage. Certains nous regardent toujours, à voir nos têtes ils comprennent qu’on a vécu quelque chose de fort et hésitent à nous parler. La photo. On pose torses nus, bras sur les épaules en signe d’une amitié très profonde, loin de tout triomphalisme. Un peu maigres mais encore plus en forme qu’au départ, "clic", ça y est l’instant est immortalisé, c’est l’occasion pour le photographe volontaire de tenter timidement d’en savoir plus: "vous avez des piolets, vous faites de l’escalade ?".
Alors on raconte un peu (sinon on ne pourrait plus s’arrêter), ça nous fait plaisir de partager notre bonheur.

Notre but est achevé: "arriver en bonne santé, en prenant un maximum de plaisir à marcher avec des sacs hypers-légers", mais c’est bien plus que ça ce qu’il s’est passé pendant cette traversée. Il y a les rencontres, l’enrichissement personnel, l’expérience accumulée, mais avant tout: les genoux de mon pote de toujours sont guéris ! C’est une longue histoire, mais un an après l’Islande il était toujours soigné et le mal ne passant pas, il craignait de ne plus pouvoir faire de longues randos.
Maintenant ces années tristes sont oubliées et il faut fêter ça: après avoir appelé la famille et bien glandé dans les fauteuils des bars de bord de plage: direction la pizzeria !

Epilogue: l’aventure n’était pas finie, après être retournés à Hendaye en train, on nous apprend que la voiture est … à la fourrière !!! Où et comment on l’avait garée ? Relisez la première phrase du résumé du jour 1 .

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