Malgré les ronflements de nos colocataires de chambre, nous avons dormi à nouveau comme des pierres, probablement l’effet du vin combiné à la longue journée.
Le temps est bizarre : le ciel est dégagé, mais de hauts stratus colorent le ciel d’un léger voile blanc en altitude, suffisant pour que le soleil ne brille pas, et ne réchauffe pas.
Le vent est plutôt violent, et cette perspective n’est pas très réjouissante. Dorota a un début de rhume, et l’étape du jour consiste pour l’essentiel en une marche en crête, le long des plus hauts sommets des Velka Fatra.
Vers 9h, après avoir fainéanté vainement, espérant un quelconque radoucissement du temps, nous nous arrachons du confort du Chata pod Borišovom. Nous sommes vêtus au maximum, surtout Dorota, qui, écharpe et capuche combinés, a l’allure d’un cosmonaute. Nous passons d’abord derrière le flanc Ouest de Ploská, par un sentier à niveau constant contournant son sommet, puis regagnons la crête, que ne nous quitterons désormais plus.
Nous entrons dans une zone de vastes pâturages herbeux, que constitue cette très large croupe herbeuse. Ca et là, émergent du sol de curieux reliefs karstiques, « bosselant » le paysage de micro reliefs aléatoires. Par endroits, il s’agit de véritables zones d’affleurement de lapiaz crevassé, comme on en voit dans les Pyrénées. Ca et là, quelques oiseaux planqués décollent comme des boulets de canon, dérangés. Dans un coin, nous apercevons un « salaš », autrement dit une cabane de berger. Elle est fermée, car la saison est encore trop précoce.
Hormis le vent qui siffle, la solitude est complète. Nous traversons cette zone avec un sentiment d’émerveillement, de dépaysement, mélangé à celui de l’inquiétude, du lugubre. Les Velka Fatra ne ressemblent à aucune autre « moyenne montagne » des Carpates Slovaco-Polonaises, aucun endroit ne produit une telle sensation d’isolement et de « désertique ».
Nous atteignons le début d’une montée, à travers une petite zone boisée de pins et hêtres. Le passage est délicat, car des névés subsistent entre les arbres. Puis nous voilà sur Suchy Vrch (pic « sec »), et ensuite sur Ostredok, le toit des Velka Fatra, qui ressemble à tout sauf à sa signification : « petit pic pointu ».
Il est Midi, le soleil semble revenir un peu, nous poursuivons sur la crête de cette montagne, encore vierge de randonneurs, jusqu’à un dernier sommet, Kryžna, où le charme est subitement interrompu par la présence d’une antenne relais. Nous ne passons pas devant et bifurquons à droite, pour descendre sur une crête perpendiculaire, le long d’une piste pour 4×4. Nous croisons enfin quelques personnes. La crête se termine à « Králova Strudňa », la « couronne du roi », où trône un groupement de formations calcaires qui accroche le regard, d’où ce nom flatteur.
Ici commence une région des Velka Fatra assez caractéristique, faite exclusivement d’affleurements calcaires, parfois assez élancés et spectaculaires, émergeant de la forêt.
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Nous nous dirigeons vers le second refuge où nous avions prévu de rester. L’heure est avancée, j’avais prévu un peu large dans mes calculs d’horaires, mais le rhume de Dorota ne s’arrange pas, et la fin de l’étape arrive à point. « Horský Hotel Králova Strudňa » est l’endroit en question, et nous le découvrons au détour d’un tournant, en contrebas. Autant annoncer la couleur : je ne m’attendais à rien d’exceptionnel. C’est un refuge pour les sports d’hiver comme on peut en trouver en Pologne ou en Slovaquie.
Précisons déjà que celui-ci date de la grande époque du socialisme, l’ère du tout-en-tôle, tout-en-plaques-de-béton, tout-en-plastique, rapide, pas cher. « Horský Hotel Králova Strudňa » tombe vraiment en ruines, et il est en travaux.
Nous allons commander un repas dans la grande salle du bas, qui fait penser une salle des fêtes de village. Un grand billard inégal trône au milieu, et dans un coin, près du plafond, une petite télé diffuse un matche de hockey. La Slovaquie est à égalité avec les USA. La même télé doit être installée dans la pièce d’à côté, car nous entendons de temps à autre les cuisiniers hurler.
Dorota ne va pas vraiment mieux. Le repas fini, et après quelques parties de cartes (nous n’avons pas grand chose d’autre à faire !), elle choisit de s’assoupir sur le lit de la chambre et de somnoler.
Je m’en vais de mon côté tuer le temps restant de cette fin d’après-midi en allant m’aventurer dans les environs, avec pour seul bagage l’appareil photo, ce qui me dégourdira un peu les jambes et soulagera les épaules. Je remonte en direction de Králova Strudňa, endroit qui a interpellé ma curiosité, et devant lequel nous sommes passés trop vite. A proximité se situe une estive, qui donne accès à un vallon par en derrière, où il m’a semblé apercevoir des choses. Il y a en fait deux petites cabanes de berger, toutes les deux mignonnes, dans lesquelles un bivouac aurait été sympa. Il y a aussi un monument, non loin : c’est une stèle à la mémoire des « partisans », les résistants de la 2nde guerre mondiale : je l’apprend grâce à ma carte qui indique la légende. Non loin sous la stèle, un vestige de bunker, où sont déposées de gerbes de fleurs récentes.
Cette région, tel notre Vercors, était un véritable guêpier durant la 2nde guerre, sur lequel les Allemands n’ont jamais vraiment réussi à étendre leur emprise. Bien entendu, l’épilogue de l’histoire est lié à la « libération » des Russes, et vous connaissez la suite… D’ailleurs, une étoile rouge trône toujours en haut de la stèle, même si ce ne sont pas des Russes qui ont laissé leurs vies ici.
Je décide de m’aventurer encore un peu plus loin et je remonte tout le joli petit vallon. Le soleil brille de tout son éclat, nous aurions du partir encore plus tard ce matin… Pour la première fois, je foule de l’herbe verte, de l’herbe printanière. Les pins sentent bon, il y a comme une ambiance « méridionale » dans cette partie du massif. Je surprends encore et toujours des oiseaux nichés ça et là, des piverts, des coqs de bruyère, des je-ne-sais-quoi encore.
Au passage, je remarque aussi un rhododendron de montagne avec sa première fleur, toute rose ; comme ceux qui tapissent les Pyrénées au début de l’été. C’est la première fois que je ce rhododendron dans les Carpates Polono-Slovaques (il y en avait en Roumanie). Le vallon se termine par un petit promontoire, « Smrekov », boisé de pins nains, où ça et là émergent quelques affleurement de pierres calcaires blanches. Voici quelques gentianes bleues, en pleine floraison, au soleil.
Je reviens tristement à « Horský Hotel », me disant que si Dorota n’avait pas eu ce rhume, nous aurions certainement mieux fait de dormir ici, dans l’une des deux cabanes ou à la belle étoile…