Les oueds sont de plus en plus larges ; les blocs transportés par l'eau de plus en plus impressionnants. Ce qui témoignent de la puissance des écoulements qui les ont mis là où ils sont et du changement de climat qui s'est opéré depuis. Ces méandres montrent en effet qu'en des temps plus anciens l'eau était plus abondante et le climat pluvieux.
Les hamadas offrent des panoramas saisissants sur les wadis en contrebas. Nous posons le campement dans l'oued de Tin Lalen près d'une famille de nomade à qui nous achetons un bouc pour 100 dinars (environ 75 €). Difficile de négocier les prix : question d'offre et de demande et de statut. Le touriste paie toujours le prix fort ! Mais, tout le monde s'en fout ; il faut bien rééquilibrer le commerce nord-sud.
Petite partie de pétanque improvisée avec des coloquintes. Si pointer s'avère relativement efficace, il faut du génie et une bonne part de chance pour tirer une boule.
Plus tard dans la soirée, Ali tue le jeune bouc, le dépèce, le vide et le découpe. Pour ce soir, foie grillé. Le reste des entrailles doit être habilement nettoyé pour ne pas être intoxiqué par les plantes qu'a brouté l'animal.
Cap ensuite vers le nord en passant par le tassili de Rigaya qui foisonne de formations rocheuses de toute taille et de toute forme : tour de grès, arches, concrétions1 en forme de billets, banc de grès fossilisés (algues, tube, lamellibranches…). A l'entrée du tassili, découverte de deux gravures rupestres dont un très beau rhinocéros.
Poursuite toujours plus vers le nord par un reg coupé d'inselbergs en cours d'érosion. Les lieux sont austères, les voix se sont tus et l'espacement entre les marcheurs a grandi. Le désert se mérite et il faut parfois se taire pour penser le saisir en vol.
Face à nous se dresse un premier rocher de grès qui comporte quelques gravures d'éléphants parfaitement préservées. Un bloc contenant une gravure s'est brisé au sol. Au cours de la journée, nous découvrons un autre témoignage de l'art rupestre au coeur d'un vaste monolithe comprenant plusieurs abris sous roche dont les murs sont marqués de peintures et gravures rupestres. Si les gravures sont bien conservées, les peintures, frappées par le soleil, sont défraîchies et risquent de rapidement disparaître. Ce monolithe marque l'entrée d'Agaram n'Udada, la citadelle des mouflons où nous installons le bivouac pour la nuit dans un écrin de dune bordé de roches.
1 produit de la concentration ou de la ségrégation d'un constituant minéral mineur au sein d'une roche sédimentaire