Tour du Mont Pourri

Tour du Mont Pourri de refuge en refuge en 4 jours dans le parc national de la Vanoise. Récit et trace GPS de cette randonnée réalisable en 2, 3, 4 ou 5 jours.


Télécharger la "Trace GPS du Tour du Mont Pourri" (628 téléchargements)
Focus Rando :Tour du Mont Pourri
4 jours +2550 m/-2550 m 36 km 2
Randonnée Boucle Bivouac et Refuge
France Alpes ; Vanoise Bus, Remontées mécaniques, et Train
Montagne Juin, Juillet, Août, et Septembre

Voici le récit et la trace GPS de mon tour du mont Pourri dans le parc national de la Vanoise. 4 jours de randonnée en refuges. L’itinéraire est réalisable en bivouac réglementé et en 2, 3, 4 ou 5 jours avec quelques variantes. C’est une superbe alternative au tour des glaciers de la Vanoise.

Jour 1 : Arc 2000 – Refuge du Mont Pourri

+ 475 m / – 245 m 7 km  2h45 Refuge du Mont Pourri

Habitant la région lyonnaise, je rejoins Arc 2000 en voiture et me gare au parking P7 près du lac des Combes. Il est couvert et gratuit l’été. Il est 10h45 quand nous commençons à marcher en direction du refuge du Mont Pourri. Le chemin remonte les pistes de ski, coupe le télésiège du Saint-Jacques, le lac éponyme et rejoins le plan de l’Homme. A partir d’ici, la station n’est plus visible et on commence à vraiment se sentir en montagne.

Il fait gris depuis ce matin, et lourd. Des orages sont annoncés.

Nous rejoignons le lac Marlou (2505 m) et y pique-niquons. Nous n’avons pas beaucoup marché mais nous avons petit-déjeuné tôt ce matin et l’estomac crie déjà famine. Le ciel devient de plus en plus sombre et il ne fait pas chaud non plus. Du coup, nous ne traînons pas à manger notre salade de pâtes et repartons. Nous arrivons au lac des moutons où nous étions déjà passé lors de nos 2 jours de randonnée autour de la crête des Lanchettes au départ du refuge de Rosuel. Il commence à pleuvoir. Il nous faut rapidement mettre la veste imperméable car la pluie s’intensifie.

Les dernières 45 mn se font sous une belle pluie. Nous arrivons tremper au refuge du Mont Pourri (2374 m). Laurent, le gardien du refuge, nous allume le poêle et nous permet d’étendre tout ce qui est mouillé. Cool !

Il nous reste tout l’après-midi pour bouquiner et discuter de tout et de rien. Connaissez-vous l’étymologie du mont Pourri (3779 m) ? Il est si moche qu’il est pourri ? Non. Sa roche est tellement mauvaise à grimper qu’elle est pourrie ? Non plus. Il semblerait qu’un certain Monsieur Pury ait donné son nom au sommet après l’avoir gravi. Comme souvent, par erreur, le nom a été modifié par la suite.

Soirée bien sympa en bonne compagnie et avec un génépi.

Jour 2 : Refuge du Mont Pourri – Refuge de la Martin

+ 920 m / – 1130 m 14,5 km  6h30 Refuge de la Martin

Il n’est pas 8h00 quand nous quittons le refuge du mont Pourri. Celui-ci se trouve encore à l’ombre et les nuages envahissent la vallée du Ponturin. Je peine à voir le sommet de Bellecôte à travers les nuages. Nous décidons de prendre le chemin du bas qui part rejoindre le plan de la Plagne plutôt que le sentier du haut qui passe par l’ancien refuge Regaud.

Nous traversons quelques petits ponts de métal et longeons la cascade de Nant Pudors. A l’arrivée sur le plan de la Plagne (2110 m), les nuages disparaissent, le soleil fait son apparition et les marmottes sortent de leur terrier. Nous gagnons les chalets de la Plagne qui marquent notre intersection pour la suite de la journée. Je suis déjà passé par le plan de la Plagne en 2020 lors de ma traversée de la Vanoise de la gare de Landry à celle de Modane. Une marmotte était venue lécher le sel sur mes jambes. Une expérience assez inattendue. Aujourd’hui, les marmottes gardent leur distance.

Petite pause juste au dessus des chalets. Puis nous nous remettons en route en direction du col de la Sachette (2713 m), point culminant du tour du Mont Pourri. La pente est d’abord raide mais le paysage est si splendide qu’on en oublie l’effort. Belle vue sur le lac de la Plagne et le refuge Entre le Lac. Au chalet de la Sache, nouvelle petite pause. Contrairement à la veille, la météo est bien meilleure et les nuages sont les restes de la dépression. Le ciel bleu est maintenant largement dominant.

Le goulet qui mène au col de la Sachette est bien visible. Le passage en impose par sa minéralité. Nous nous remettons en chemin. Vers 2600 m, les pelouses alpines disparaissent pour laisser la place à la roche. On se croirait presque au Ladakh. Nous arrivons enfin au col. Photo souvenir puis nous redescendons car il ne fait pas bien chaud. Le vent est même glacial. Une fois arrivée au niveau de la pelouse alpine du vallon de la Sachette, nous faisons notre vraie pause pique-nique. Mais comme l’étape est longue et qu’on n’avance pas très vite pour cause de reprise en montagne, nous ne ferons pas de sieste. Elle était pourtant bien tentante.

Nous poursuivons la descente avec une belle vue sur le glacier suspendue. Des chutes de pierre ont lieu dans un couleur voisin pendant que des traquets motteux et des niverolles alpines accompagnent nos pas jusqu’au pont du ruisseau de la Sachette (2067 m). Il reste 3 km à parcourir pour rejoindre le refuge de la Martin. Le reste de l’étape est une succession de up and down. Avec la fatigue de la journée, la fin d’étape paraît plus longue mais lorsque nous arrivons au refuge de la Martin, les douleurs disparaissent comme par magie.

Pascal et Julia, les gardiens, nous parlent de leur refuge avec passion et amour. Jusqu’aux années 30, c’était un chalet d’alpage qui permettait de garder un troupeau de génisses. Puis, il a été reconstruit : l’écurie pouvait accueillir 70 vaches tandis que le chalet à côté servait de lieux de vie pour les alpagistes tout en servant à la fabrication des fromages. En 1972, le parc national de la Vanoise transforme le chalet en refuge. Aujourd’hui, le chalet est rustique. Pas de douche, un toilette et un dortoir et une salle à manger dans une même pièce. Mais l’ambiance et le cadre sont vraiment sympas même quand le refuge est complet comme ce soir. J’aime les lieux habités. Le refuge de la Martin est de ceux là. A la fin de l’été 2022, il doit être rénové. Il sera dôté de vrais sanitaires avec douche et toilettes pour les randonneurs et le gardien et son équipe.

Une fois le dîner de croziflettes et le digestif passés, nous partons admirer le Mont-Blanc depuis un point de vue situé à 5 mn du refuge.

Jour 3 : Refuge de la Martin – Refuge de Turia

+ 810 m (+150 m pour le panorama sur le glacier de la Martin et de la Savinaz ; n’est pas sur la trace GPS) / – 575 m (-150 m pour le panorama sur le glacier de la Martin et de la Savinaz ; n’est pas sur la trace GPS) 7,2 km  4h00 Refuge de Turia

Tout le monde se lève et prends le petit-déjeuner à 7h00, excellent au demeurant. Pas d’autre choix vu que la salle à manger et le dortoir ne font qu’un. Et cela même si la journée de randonnée est courte. Johanne a mal dormi. Elle décide de rester au refuge pendant que je pars faire la petite balade sur les hauteurs du refuge permettant d’aller voir les glaciers de la Martin et de la Savinaz. Le parc national de la Vanoise compte 54 glaciers et comme vous vous en doutez, ils fondent d’année en année (plus d’infos).

Nous ne quittons le refuge de la Martin qu’à 9h45. Autant dire qu’on a bien traîné. Nous partons en direction de la Gurraz, point le plus bas du tour du Mont Pourri avec ses 1585 m. En chemin, nous croisons la jolie cascade du ruisseau de la Savinaz. Balade dans le hameau et ses jolies maisons en pierre. Au dessus du parking nous faisons une pause sur l’une des tables à pique-nique et faisons le plein des poches à eau. Le reste de l’étape se résume à une montée raide voire très raide par endroit. Nous sortons de la forêt un peu avant le chalet du Cousset vers 2110 m. Nous pique-niquons dans les environs. La montée a séché Johanne et il reste 300 m à monter pour rejoindre le refuge. Après avoir dévoré sa salade, elle jette ses dernières forces dans l’ascension. Le refuge arrive comme un sauveur. Nous buvons un coca et discutons avec la maman de Claire, la gardienne.

Dans l’après-midi, je vois plusieurs fois le gypaète barbu volé au dessus du refuge. La gardienne m’apprend qu’un mouton a été tué la veille dans le secteur par un loup, ce qui explique le survol insistant du gypa. Je verrais aussi un aigle royal dans les airs. Un couple niche dans le secteur du refuge.

Le refuge de Turia (2410 m) est aussi un refuge du parc national de la Vanoise. Durant l’été 2023, il doit être rénové et agrandit. Il restera ouvert pendant les travaux. Il dispose aujourd’hui d’un dortoir de 20 places et d’une salle à manger qui fait aussi office de cuisine pour la gardienne. La voir cuisiner devant nous met en appétit. Et les lasagnes sont excellentes.

Le panorama depuis le refuge est dingue : d’un côté le Mont-Blanc et de l’autre la pointe de la Sassière et ses glaciers sans oublier les chamois qui gambadent dans les pierriers sous le mont Turia (3646 m).

Depuis le refuge, il est possible de prolonger la journée de marche. Deux balades alpines sont possibles : la première permet de rejoindre la Croix Palli (2650 m) au pied des glaciers de la Gurraz et la seconde rejoint les lacs glaciaires de Riondaz (2541 – 2674 m).

Encore une soirée très sympa avec un brin de liqueur de verveine !

Jour 4 : Refuge de Turia – Arc 2000

+ 345 m / – 600 m 7,7 km  3h45

Ce matin comme les jours précédents, c’est petit-déjeuner à 7h00. Nous quittons le refuge à 8h00. Le chemin quitte le parc national de la Vanoise et pénètre dans la réserve naturelle des Hauts de Villaroger qui abrite tétras lyre, lagopède et perdrix bartavelle. Nous traversons l’extrémité de la moraine du glacier de Turia. Ce coin est superbe.

Le chemin poursuit sa descente. En contrebas de la vallée en direction du ruisseau du Lavancher, nous observons le troupeau de moutons qui s’est fait prélevé une bête l’avant-veille. De loin, nous voyons les chiens s’activer pour maintenir le troupeau en place. Au même moment un vautour fauve passe devant nous et survole le troupeau. Il se pose au sol près de la carcasse de mouton que nous n’avions pas vue.

Nous nous remettons en route. Le sentier descend jusque 1943 m et continue en balcon sur la vallée de la Tarentaise. Nous dominons Villaroger, Sainte-Foy en Tarentaise puis la Rosière 1850. Les premiers paravalanches sont en vue, Arc 2000 est en approche. En chemin, un 4×4 s’arrête à notre portée. C’est un agent de l’Office français de la biodiversité qui cherche le sentier pour se rendre sur le lieu de l’attaque et constater les faits. Nous discutons un moment avec lui et de son métier puis entamons nos derniers kilomètres jusque Arc 2000.

Avant de reprendre la route pour notre chez nous, nous allons déjeuner au Kilimandjaro. Un burger hors de prix mais excellent.

Informations pratiques pour le tour du Mont Pourri

Comment se rendre à Arc 2000 en transport en commun ?

Train jusque la gare de Bourg-Saint-Maurice, puis funiculaire jusque Arc 1600 (toutes les 30 mn) et bus navette inter stations jusqu’à Arc 2000 (toutes les heures).

Quand randonner sur le tour du Mont Pourri ?

Le tour du Mont Pourri est réalisable de mi-juin à mi-septembre. Les refuges sont généralement gardés de la troisième semaine de juin à mi-septembre.

Cartographie

3532 ET Les Arcs-La Plagne

Le tour du Mont Pourri en bivouac

Le tour du Mont Pourri est tout à fait réalisable en bivouac. Notez cependant que dans l’enceinte du parc national, le bivouac n’est autorisé que près des refuges. Il doit être réservé en amont car les places sont limitées et il est payant (5 € en moyenne par personne). Plus d’infos.

Le tour du Mont Pourri en 2, 3, 4 ou 5 jours ?

En 2 jours

  • Jour 1 : Arc 2000 – Refuge de la Martin (D+ : 1395 m, D-:1375 m, Distance : 21,5 km)
  • Jour 2 : Refuge de la Martin – Arc 2000 (D+ : 1155 m, D-:1175 m, Distance : 14,9 km)

Difficulté : Niveau 4/5

En 3 jours

En trois jours, je propose un itinéraire avec nuit au refuge Entre la Lac au lieu du Mont Pourri, ce qui permet de mieux équilibrer les étapes.

  • Jour 1 : Arc 2000 – Refuge Entre le Lac
  • Jour 2 : Refuge Entre Le Lac – Refuge de la Martin
  • Jour 3 : Refuge de la Martin – Arc 2000

Difficulté : Niveau 3/5

En 4 jours dans le sens inverse de mon itinéraire

Dans ce sens, le tour du Mont Pourri permet de descendre la raide montée au refuge de Turia et de profiter de la montée en direction du mont Turia. Si c’était à refaire, j’aurais fait la randonnée dans ce sens.

  • Jour 1 : Arc 2000 – Refuge Turia (D+ : 600 m, D-: 345 m, Distance : 7,7 km)
  • Jour 2 : Refuge Turia – Refuge de la Martin (D+ : 575 m, D-: 810 m, Distance : 7,2 km)
  • Jour 3 : Refuge de la Martin – Refuge du Mont Pourri (D+ : 1130 m, D-: 920 m, Distance : 14,5 km) ou Refuge Entre le Lac
  • Jour 4 : Refuge Entre le Lac ou Refuge du Mont Pourri – Arc 2000 (D+ : 245 m, D-: 475 m, Distance : 7 km)

Difficulté : Niveau 2/5

En 5 jours

  • Jour 1 : Les Arcs 2000 – Refuge du Mont-Pourri
  • Jour 2 : Refuge du Mont-Pourri – Refuge du Col du Palet
  • Jour 3 : Refuge du Col du Palet – Refuge de la Martin
  • Jour 4 : Refuge de la Martin – Refuge de Turia
  • Jour 5 : Refuge de Turia – Les Arcs 2000

Difficulté : Niveau 2/5

Attention : cet itinéraire n’est pas réalisable en 2022 car le refuge du col du Palet est fermé. Sa source est à sec.

Plus d’infos

www.vanoise-parcnational.fr

2 réflexions au sujet de “Tour du Mont Pourri”

  1. Quelle différence de météo et de température par rapport à la dernière fois jusqu’au refuge du Mont Pourri ! La montagne souffle encore le chaud et le froid 😉 Les gardiens de refuge sont toujours autant passionnés par leur métier, ça fait plaisir.

    La Vanoise est vraiment un terrain de jeux idéal pour toutes sortes de périples et d’aventures ! Elle me manque, j’ai hâte d’y retourner dès que possible

    Répondre

Laisser un commentaire

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
×