Ce récit raconte notre tour du Mont Rose en bivouac (sauf pour une nuit) et en 11 jours réalisé lors de l’été 2023. Récit et trace GPS. Tout au long du carnet, je donne quelques astuces notamment sur les bivouacs. On notera également qu’il y a de l’eau régulièrement donc pas besoin de se charger inutilement.
Gressonay La Trinité, le lieu de notre départ était judicieux car nous avons laissé la voiture au début du chemin.
J1 : Gressonay La Trinité – Lac Gabiet
+ 759 m / – 14 m 5,2 kmNouveau départ. Cette année, c’est au tour du Mont Rose que nous nous attaquons. J’ai prévu 12 jours en partant de Gressonay La Trinité en Italie. La première étape, une fois arrivés, nous fera monter au lac Gabiet à 2370 m. Pour y arriver nous avons un peu de route.
Nous nous levons à 6h30 et partons à 7h50 de la région parisienne. Le trafic normal sur la route jusqu’au tunnel du Mont Blanc où il nous faut 1h30 pour passer. Cela nous a fait arriver à Gressonay en Italie vers 17h. Nous commençons à préparer nos sacs. Les gouttes commencent à tomber. Une averse orageuse. Nous attendons une heure dans la voiture et démarrons un beau chemin vers 18h.
Le soleil revient mais les nuages aussi. Alors que nous avons monté 500m. A nouveau des gouttes. Nous mettons nos équipements de pluie. Heureusement, ça se dégage à nouveau. Ce n’est pas facile d’enchainer une journée de voiture et une ascension même si l’étape est courte. Nous arrivons au lac où nous installons notre bivouac vers 21h. Le soleil se couche. De belles montagnes enneigées sur les sommets. La nuit tombe.
J2 : Lac Gabiet – Cascina Lunga
+ 559 m / – 1281 m 11,7 kmLa nuit n’a pas été fameuse. Couchés tard. La tension n’était pas descendue.
5h30 il pleut. Pas beaucoup mais il pleut…
Nous nous levons vers 7h30. La pluie s’est arrêtée mais les nuages encombrent la montagne. 8h30 départ. Le brouillard tombe. On monte. Pas de visibilité. Par moment je prends mon téléphone avec le positionnement GPS pour me situer et trouver le chemin. Nous continuons la montée jusqu’au col d’Osen. On ne voit rien. Ce ne sera pas une journée photo et mais une journée de frustration de ne pas voir les paysages qui nous entourent. Nous entamons la descente par un chemin alternatif. Super au début avec de belles traversées de névés.
La première descente est technique et raide. Dur avec le sac à dos. Ensuite le sentier est en balcon mais nous ne voyons rien. Sauf 3 jeunes bouquetins. Toujours un plaisir. Nous arrivons au col Bochetta delle Pisse. Et puis redescente. A nouveau très raide et très technique. Enfin nous arrivons vers notre lieu de bivouac. Nous trouvons un joli coin avec des tables de pique-nique. Il est 16h15.
Les nuages se lèvent enfin nous permettant de découvrir de magnifiques montagnes au-dessus de nous.
J3 : Cascina Lunga – Col di Turlo – Crocette
+ 1187 m / – 1460 m 16,4 kmCe matin grand bleu. Enfin nous voyons les montagnes qui nous entourent avec leurs glaciers. Nous démarrons à 8h. Le soleil arrive juste à notre niveau. La journée va être chaude. Aujourd’hui c’est simple. On monte et on redescend.
Le sentier est magnifique. Empierrer mais avec des pierres énormes et cela va durer jusqu’au col et également de l’autre côté. Incroyable ce qu’il faisait dans le temps. Et comment ils déplaçaient de telles pierres, un mystère.
Historique trouvé sur Internet :
Le sentier qui monte au col de Turlo était autrefois un lieu de passage particulièrement important, tant pour le commerce que pour les flux migratoires : au XIVe siècle, les colons Walser de Macugnaga passaient par là, fondant les premiers établissements de la région d’Alagna. Il s’agit en fait d’une route militaire historique qui a été transformée en chemin muletier dans les années 1930 par les Alpini.
Sinon montée difficile pour Cat mais elle a tenu. Je ne dis pas que c’était facile pour moi. D’autant que la descente n’était pas facile et avec 15kg sur le dos encore moins. Ce soir nous avons trouvé un bivouac dans le petit hameau abandonné de Crocette.
Nota : Faire un km de plus vers le lac pour trouver de supers coins pour le bivouac.
Ce soir température agréable avec quelques nuages.
J4 : Crocette – Lac Stausee Mattmark – Saas Fee
+ 1681 m / – 842 m 16,8 kmCe matin le ciel est bleu. Nous démarrons à 7h30. Nuit habituelle. Beaucoup de réveils en cours de nuit. Le bruit du torrent à côté. Nous descendons. Nous passons à côté d’un lac avec une très belle vue.
Normalement aujourd’hui c’est 1600m à monter. Cependant on a vu qu’il y a un téléphérique et en plus il est ouvert (15€ par personne). Ce sera plus rapide qu’à pieds. Nous embarquons vers le col de Monte Moro.
Le panorama est superbe encore une fois. Nous sommes en haut à 2800m mais il faut descendre maintenant. Les italiens, très catholiques, ont posé une Madone (Madonna della Nevi) au col. C’est très kitch. Du col, c’est sur des très gros rochers que nous entamons la descente. Pas vraiment de sentier encore. C’est très bien balisé et il fait très beau. L’air est frais là-haut mais en descendant cela va chauffer dur.
Les rochers laissent la place à un sentier alpin jusqu’à rejoindre un grand lac artificiel. La couleur bleu gris tend à montrer que le lac est plein de limon. Nous passons sur la digue du lac dont la capacité est de 100 millions de m3.
Arrivés de l’autre côté du lac, deux possibilités. On continue à pieds mais il reste au moins deux heures sur un chemin pas forcément extra ou le bus qui nous amène à 2km de notre prochain bivouac. C’est l’option 2 que nous choisissons. Nous sommes à Saas Fee. Magnifique village suisse sans voiture avec une vue incroyable sur montagnes et glaciers.
Nous y faisons le plein de denrées pour les prochains jours et atteignons notre magnifique bivouac au calme dans la forêt de mélèzes.
Le téléphérique et le bus nous permet de doubler l’étape. Pour info, le bus prend les euros.
J5 : Saas Fee – Hannigalp
+ 841 m / – 642 m 15 kmCompte-tenu de la chaleur, nous avons décidé de nous lever plus tôt. Après une très bonne nuit, je me lève à 5h pour faire le petit-déjeuner. Départ 6h. Il fait frais. Le soleil se lève mais nous serons à l’ombre pendant une heure et demie. Pas un nuage. Le sentier serpente dans une forêt de mélèzes. Le chemin est facile pour démarrer mais plus il monte plus il devient technique et exigeant.
Nous passons sur des vires avec un beau vide à côté. Nous traversons un énorme éboulis de rochers. Nous passons sous un torrent au travers d’un tunnel. Nous nous arrêtons pour le pique-nique sur une petite avancée. L’endroit est magnifique. Tout autour des sommets avec des glaciers. Nous sommes à l’ombre et prenons le temps.
Il nous faut encore pas mal de marche pour terminer le parcours. Ce sentier était incroyable, aérien et technique. Tout en balcon. A un moment, alors que j’attends Cat, un chamois déboule d’en haut et continue sa descente. Quand je vois par où il est passé, c’est incroyable de constater comment cet animal est adapté à son environnement. Nous débouchons sur des arrivées de remontées mécaniques. Il y a même une chapelle auprès de la laquelle nous plantons la tente. Le ciel assombrit. l’orage gronde vers 20h. Il dure toute la nuit. A 5h30 il remet ça.
J6 : Hannigalp – Herbriggen
+ 369 m / – 1194 m 12,9 kmFinalement, la pluie s’arrête vers 7h. Nous mettons tout notre matériel sous l’entrée couverte de la chapelle. Petit dej. Nous faisons les sacs à dos, il est 8h quand on démarre. Malheureusement, le ciel est bien couvert avec des passages de brouillard. Après une descente d’une heure nous atteignons Grächen que nous traversons. Un très joli village suisse.
Ensuite nous marchons en balcon sur un sentier facile qui nous fait bien avancer. La suite c’est autre chose. Ça monte, ça descend pour éviter des barres rocheuses. C’est extrêmement fatigant. C’est en pleine forêt. En plus suite aux orages de la nuit, c’est une chaleur moite qui nous entoure. Autant te dire que c’est éprouvant. Compte-tenu du relief, on se demande si on va trouver un coin pour la tente. Dans le doute et avant de commencer une nouvelle montée, nous trouvons un vieux grenier à foin qui fera l’affaire pour cette nuit.
Je viens d’aller chercher de l’eau pour ce soir et demain matin. Il est 15h50. un peu de repos.
J7 : Herbriggen – Bärgji
+ 1581 m / – 669 m 18,3 kmHier soir, l’orage est revenu. Il y a eu de grosses bourrasques de vents. Heureusement nous étions bien à l’abri. A 2h petite pluie fine encore. 5h debout et départ à 6h. C’est qu’on a plus de 1000m à faire en dénivelé. Nous sommes encore une fois dans le brouillard qui ne se lèvera pas de la matinée. Encore une frustration car aujourd’hui c’est une rando en balcon avec sommets et glaciers en face.
Le sentier monte super raide. Lors du passage d’une combe, un escalier et des protections ont été installés. C’est magnifique. Nous atteignons le chemin en balcon. Ça monte et ça descend toujours mais plus calme. Après avoir passé le refuge de Europahutte, nous enjambons une combe sur le pont suspendu Charles Kuonen, le plus long pont à haubans du monde avec une traversée de 500m qui dure environ 10mn. Impressionnant quand tu es dessus car il bouge sous nos pas (on notera que Cat n’était pas très à son aise). A ce moment là, il pleut légèrement. Ensuite nous passons encore une combe très très aérienne. Bien protégée. Magnifique. Nous croisons le chemin des edelweiss qui porte bien son nom car elles sont bien présentes. Puis nous atteignons notre bivouac. Il est 14h et enfin le soleil se montre généreux et le panorama se découvre avec notamment le Cervin et sa couronne de nuages.
J8 : Bärgji – Zermatt
+ 532 m / – 1156 m 13,9 kmMerveilleux ce bivouac. Je me suis levé de bonne heure pour prendre les photos du Cervin et des alentours. La journée va être belle. Par contre ce matin il fait très frais. Nous démarrons à 8h.
Le chemin commence par descendre. Sur la pente. Nous apercevons un chamois. Il nous regarde. Nous avançons et le voyons remonter la pente tranquillement. Nous traversons la combe. Chose incroyable, nous passons sur un passage qui est un demi tunnel en béton pour protéger les marcheurs en cas de chute de pierres. Les suisses sont prévoyants…
Le Cervin s’approche et le voyons de mieux en mieux.
Cat prend plein de photos de fleurs alors que le soleil arrive et que les mélèzes nous protègent encore des rayons. Nous passons le hameau de Ottafe, traversons un torrent et passons de l’autre côté de la combe. Ici il commence à y avoir plus de marcheurs, voire des VTT. Le sentier est en balcon. En bas Zermatt. Le Cervin toujours plus proche commence à être emmailloter par les nuages. Le soleil brille et le vent se lève un peu. Nous déjeunons. Au moment de repartir un couple de français commence à discuter avec nous. Nous descendons à Zermatt ensemble. Lui a 75 ans, elle 65 ans. D’Annecy. J’espère avoir sa forme à son âge. Très sympa. Nous discutons de nos voyages respectifs et d’autres choses.
Nous nous séparons à Zermatt. Salut Marcel et Danielle.
Nous rejoignons le camping. Oui, ce soir il y aura douche. Ensuite nous allons nous promener dans la ville. Elle est pleine de monde, d’activités, de consommations en tout genre. Jolie ville mais le m2 doit être hors de prix.
J9 : Zermatt – Pied de la combe de Rollin
+ 755 m / – 1064 m 20,5 kmJournée de contraste. Déjà la nuit en ville n’a pas été de tout repos. Les gens parlent, les cloches des chèvres tintent tant qu’elles ne sont pas endormies, les trains passent, etc. Il y a eu quelques heures de sommeil cependant. Cat est inquiète quant à la traversée du glacier aujourd’hui.
7h la tente est pliée. Nous traversons Zermatt qui se réveille. A noter que c’est une ville sans voiture à moteur à combustion. Il n’y a que des véhicules électriques mais ce n’est pas pour autant que la conduite est apaisée.
Après 40 mn, nous atteignons le départ d’un télécabine qui nous amène au départ du téléphérique (50€ par personne). Grâce à ce dernier nous arrivons rapidement à 2900m. Le temps est splendide. Pas un nuage. Le Cervin est juste à côté maintenant. Il y a des glaciers partout. C’est sublime. Le temps de trouver le sentier qui est d’abord sur le rocher. Puis nous arrivons au bord du glacier. La traversée s’effectue à un endroit où c’est plat donc pas de crevasse et pas de crampons par ailleurs. Je sens que Cat est tendue.
Nous démarrons. C’est magique. On remonte le glacier sur 2,3 km. Cat se rassure tout se passe bien. Un moment deux VTT à assistance électrique nous doublent. Et oui. Nous arrivons au pied du refuge. Une belle remontée qans neige et nous y sommes. 3307m.
Nous prenons le temps de boire un café avec une belle part de tarte aux myrtilles. En haut du glacier, à l’arrivée à 3800m. les gens skient.
Les nuages montent. De l’autre côté c’est une station de ski mais italienne car au niveau du refuge nous repassons en Italie. Station d’hiver car même si le refuge Théodulo est à 3307m, le versant plutôt sud a donc peu de neige de ce côté. Contraste car toute cette zone que nous traversons, a été travaillée par l’homme pour cet or blanc. Résultat très peu de végétation. Et en plus ils continuent. Ils agrandissent le domaine. C’est laid avec ces remontées et cette montagne défigurée. Il nous faut un moment pour passer ce grand cirque et retrouver la montagne telle que l’aimons. Pelousée, fleurie, sauvage…
Mais les nuages s’accumulent. Le haut des montagnes nous est caché. Nous déjeunons vers 14h. Continuons vers le lieu que j’ai identifié pour le bivouac. Nous passons à côté d’un superbe lac. Nous arrivons et plantons la tente. Une petite ondée arrive. Nous sommes à l’abri.
J10 : Pied de la combe de Rollin – Col du Rothom
+ 830 m / – 760 m 13,1 kmCe matin, les bouquetins et les chamois se sont approchés de la tente. Pas à côté mais cela permet de voir qu’il y a de la vie dans la montagne. Nous démarrons à 8h15. Paysage de montagne bien verte et plein de fleurs. Les torrents coulent issus des glaciers dont nous voyons les extrémités. Le chemin descend tantôt doucement tantôt plus raide. Les genoux commencent à fatiguer. Puis c’est la remontée. Au travers les mélèzes. Le temps est beau. Quelques nuages.
Nous remontons au col du Rothom à 2687m. Après les mélèzes, la pelouse, puis la caillasse et enfin le col. Près de 700m de dénivelé. juste après le col, deux petits lacs où nous établissons le bivouac. Ce n’est pas grand beau mais cela me permet d’aller me laver à l’eau très fraîche.
J11 : Col du Rothom – Gressonay la Trinité
+ 0 m / – 1011 m 7,2 kmC’était la dernière nuit en altitude. 2627m pour être précis. Pas un bruit cette nuit à part quelques rafales de vent mais rien de bien méchant et le bruit lointain d’un torrent.
Ce matin le soleil vient nous réveiller. Il fait très frais et ses rayons sont les bienvenus.
Nous commençons notre ultime descente de 1 000m à 8h. Le mont Rose s’offre à nous comme dernière offrande à ce trek. Nous ne nous lassons pas de le voir en fonction des lacets du sentier.
Mais au départ d’un lacet, ce lieu est aussi une station de ski et tout de suite le paysage et prend un coup et pas dans le bon sens.
Nous poursuivons notre descente raide le long d’un vallon qui nous amène à notre point de départ, Gressoney la trinité. La boucle est bouclée.
C’était encore une fois une merveilleuse expérience devant une nature qui nous invite à rester humble.
Bilan – D+ 7923 m – D- 10262 et 143 km.
Références des cartes de randonnée :
Trekkeurs avec ma compagne depuis de nombreuses années en France et ailleurs en bivouac.