Tour du Mont Ventoux par le sommet

Henri et Fanny sont partis 4 jours sur le tour du Mont Ventoux. Une randonnée avec, en prime, l'ascension de la sublime et austère face nord. Récit et trace GPS


Télécharger la "trace GPS du Tour du Ventoux par le sommet" (432 téléchargements)
Focus Rando :Tour du Mont Ventoux par le sommet
4 jours +2245 m/-2245 m 63 km 3
Randonnée Boucle Bivouac et Chambre d hôtes
Forêt et Montagne Juin, Septembre, et Octobre

Ventoux. Son nom signifierait, en langue celte, “la montagne qui se voit de loin”. Encore aujourd’hui, ce massif pré-alpin est bien connu des vacanciers qui voient sa silhouette se dessiner à l’Est de la route du soleil. Mais le Mont Ventoux mérite bien plus qu’un coup d’œil lointain. A la croisée des Alpes et de la Provence, il offre une très grande variété de paysages, un patrimoine culturel historique et une nature très riches. Nous sommes partis en explorer quelques sentiers, sur une itinérance de quatre jours. Voici notre tour du Mont Ventoux par le sommet.

De Sault à Montbrun-les-Bains

+ 252 m / – 430 m 14,3 km

Nous sommes à la mi-novembre, dans le joli village perché de Sault, en Provence Alpes Côte d’Azur. Au programme, quatre jours d’itinérance à pied autour du Ventoux avec, en prime, une balade au sommet que nous atteindrons par son versant nord. La première étape, facile, nous conduit d’abord au joli hameau d’Aurel où nous profitons de la fontaine pour nous désaltérer et marquer une brève pause. A cette saison, les villages de l’arrière pays provençal sont plutôt calme et nous ne rencontrons qu’un chat lézardant au soleil automnal. Puis nous poursuivons entre les chênes aux teintes jaune-or et les massifs de cournouillers pourpres. Le paysage a revêtu ses teintes d’automne les plus vives, c’est sublime. Le GR que nous empruntons domine à présent le village de Montbrun les Bains et la vue s’ouvre sur le sommet du Ventoux. Nous faisons halte cette nuit chez l’habitant, ce qui nous offre tout le loisir de profiter de la soirée dans le village. Montbrun les Bains est classé parmi les plus beaux villages de France. Il aurait été dommage de ne pas profiter de son patrimoine architectural, de ses ruelles tortueuses empreintes d’Histoire, … Nous aurions bien profité également de l’espace détente de son centre thermal qui offre piscine, sauna, terrasse avec jacuzzi, et séances de relaxation, mais le temps nous manque.

Au pied du versant Nord

+ 490 m / – 505 m 16 km

La deuxième journée démarre sous un soleil voilé de quelques cirrus. La température fraîche et les rassemblements de grives dans les buissons ne laissent guère de doutes sur la saison qui glisse doucement vers l’hiver. A l’image de l’étape de la veille, celle d’aujourd’hui reste modeste en dénivelés. Nous avons donc pleinement le temps de profiter des ambiances des sous-bois de chênes et d’érables, d’admirer les panoramas sur l’austère versant nord du Ventoux. Passé le charmant hameau de Reilhanette, nous poursuivons toujours plein ouest jusqu’à atteindre Savoillan puis Brantes. Ce village, entièrement construit en calcaire clair, semble écrasé par l’ubac du Ventoux qui le domine de presque 1500m ! Si l’ombre de la montagne doit être bien agréable au cœur de l’été, elle est plutôt “frigorifiante” à cette saison. Nous profitons de la fontaine des Bernard, située dans le dernier hameau avant la forêt, pour remplir nos réserves d’eau. Quelques kilomètres à peine nous séparent de notre bivouac, posé dans une clairière. Un thé chaud, un lyophilisé vite avalé et nous nous glissons dans nos duvets, à l’abri du froid humide qui nous transperce.

Au sommet du Ventoux

+ 1432 m / – 333 m 17,3 km

Le hululement d’une chouette hulotte, l’aboi rauque d’un chevreuil, … la nuit la faune sauvage reprend possession des lieux. Écouter ces animaux est, pour nous, un des plaisirs majeurs du bivouac. Pour être honnête, nous espérions entendre le loup ! Revenu depuis quelques années sur le massif, photographié ici à plusieurs reprises par le talentueux Nicolas Ughetto, il est l’âme sauvage de la forêt. L’entendre est l’une des plus belles expériences que l’on puisse vivre en bivouac. Mais ce matin du troisième jour, il nous faut nous contenter des cris d’alarme de quelques geais, mécontents de notre passage. Après les deux journées tranquilles précédentes, nous passons aux choses sérieuses. Près de 1400 m de dénivelés positifs et au moins 16 km. Au moins, parce que notre projet de dormir au sommet dépend d’une minuscule source. Seul point d’eau sur notre parcours, la source du refuge du Contrat conditionne boisson et alimentation du soir et du lendemain matin. Si elle ne coulait pas, il nous faudrait poursuivre plusieurs kilomètres pour atteindre la suivante. Bien que le dénivelé soit important, la montée est agréable, en lacets réguliers traversant les différents étages de végétation. Les érables méditerranéens sont les premiers à quitter la scène, rapidement suivis par les chênes pubescents. Nous atteignons le refuge du Contrat vers midi. Mais où est cette fichue source ? Silencieux, un minuscule filet d’eau coule d’un muret à peine aménagé, en contre-bas du refuge. Je reprends quelques noisettes enrobées de chocolat pour fêter ça ! Les sacs lestés par quelques kilos d’eau, nous poursuivons sur le sentier qui se fait plus raide. Les pins et les genévriers se clairsèment et bientôt ce ne sont que des pierriers qui nous entourent. Un dernier “coup de cul” et nous voilà au sommet, à 1910m. Un mistral de tous les diables souffle au sommet et nous conduit à chercher l’abri des pins à crochet sur l’arête située en léger contre-bas. La tente installée, il ne nous reste plus qu’à profiter du panorama, avec les massifs alpins au nord et les collines provençales au sud.

Retour à Sault

+ 67 m / – 967 m 14 km

Bien abrités du vent par les arbres, nous avons passé une excellente nuit. Nous nous levons avec les premiers rayons du soleil qui embrasent la crête. Les silhouettes fugitives de quelques chamois disparaissent dans les brumes. Un thé russe infuse dans la casserole tandis que nous savourons quelques fruits secs. Je ne sais pas si vous avez une meilleure définition du bonheur, … nous pas. Un peu plus de 1000 mètres de descente nous attendent pour boucler la boucle et rejoindre notre point de départ, par le versant sud du Ventoux. A l’austérité de la crête, très minérale et profondément érodée, succède de grandes forêts de hêtres. Nous marchons sur un tapis profond de feuilles mortes et voyons réapparaître, au fil de la descente, les espèces méditerranéennes, genévriers de Phénicie, érables de Montpellier… Le jas Forêt accueille notre pause de midi. Ce refuge a été joliment restauré par Tous à poêle, une association qui bichonne les cabanes libres. Le puits situé devant le jas a également bénéficié de soins et nous permet de refaire un petit thé avant de parcourir les derniers kilomètres qui nous séparent de Sault.

En complément ce ce tour du Ventoux, vous pouvez aussi réaliser le tour des jas du Ventoux, une très belle alternative.

Carnet pratique pour le Tour du Mont Ventoux par le sommet

Quand effectuer cette randonnée ?

Les mois septembre-octobre ont notre préférence. En mai-juin, les conditions peuvent également être idéales mais il faut s’assurer qu’il n’y ait plus de névés sous le sommet ou prévoir des crampons légers. On évitera l’été, en raison des températures élevées et des difficultés à trouver de l’eau hors des villages.

Comment y aller ?

L’itinéraire est accessible en transports en communs par les lignes 912 (Carpentras – Sault) et 916-926 (Apt – Sault) des bus de la région PACA

Où dormir ?

Notre parcours peut s’envisager avec trois nuits sous tente ou en mêlant, comme nous l’avons fait, nuit chez l’habitant et en pleine nature. On peut également l’envisager sans bivouac. Cette dernière option nécessite quelques aménagements, dormir à Brantes (chambres chez l’habitant) et organiser une navette par taxi ou vtc depuis le sommet vers les hébergements situés au pied du Ventoux, à Bédoin, Flassan ou Villes-sur-Auzon.

Quelles difficultés ?

Passé par l’évaluation IBP Index, notre itinéraire ressort coté 320, soit “difficile”. Les principales difficultés sont concentrés sur la troisième et quatrième étapes avec près de 1400m de dénivelés positifs et 1000 mètres de descente sur des sentiers parfois caillasseux. Le reste se déroule sur bons sentiers.

Quel équipement prévoir ?

Le traditionnel système trois couches vous permettra de vous adapter aux variations météo. Les chaussures tiges hautes ont ma préférence pour ce type d’itinérance avec portage sur sentiers pierreux. Mais l’absence de passage de pierriers techniques permet à chacun d’envisager tiges basses ou hautes selon ses préférences.

Réduire son impact environnemental ?

Rester discret, ne pas cueillir la flore sauvage, ramener ses déchets – et ceux trouvés en chemin -, ne pas faire de feux sont des règles de base pour profiter durablement de la nature. Il est important de rester sur les chemins pour préserver la quiétude de la faune, ne pas couper les lacets pour limiter l’érosion, très forte sur le massif du Ventoux. Emporter une paire de jumelles pocket peut être une bonne idée pour profiter des belles opportunités d’observer chevreuils, cerfs, chamois, sangliers et mouflons, nombreux sur le massif.

Tour du Mont Ventoux avec un chien ?

Aucune réglementation ne s’oppose à parcourir cet itinéraire avec son fidèle compagnon à quatre pattes. On veillera donc simplement à ce qu’il ne divague pas, par respect pour la faune mais aussi pour sa sécurité. L’itinéraire n’est cependant pas sans difficultés du fait de gros dénivelés, et de terrains pierreux et difficiles pour les coussinets. Il ne doit être envisagé qu’avec un chien en forme et entraîné. La rareté des points d’eau impose également de transporter de l’eau sur de longues distances. Vous vous posez des questions sur ce qu’il faut savoir pour randonner avec son chien, lisez notre article sur ce sujet.

En savoir plus

Tout sur la région, les hébergements et les activités sur le site Ventoux-Provence.

6 réflexions au sujet de “Tour du Mont Ventoux par le sommet”

  1. Votre récit m’inspire : je prévois aussi de faire l’ascension du Mont Ventoux par la face nord, de préférence sur 2-3 jours, sans doute au départ de Sault. Si vous voulez entendre le loup, je vous conseille d’aller [edit xxxx] dans le Luberon, [edit xxxx]. Il paraît qu’ils s’y baladent la nuit 😉

    Répondre
    • Bonjour Philippe et merci pour ce commentaire et ce conseil. Je me suis permis d’éditer ton message pour supprimer les informations précises de lieu car je reviens justement du Luberon. J’ai eu la chance de les entendre chanter 😍 Mais j’ai malheureusement également constaté la présence de personnes armées patrouillant en 4×4 et tirant jour et nuit. Autant ne pas donner de sites trop précis pour ne pas ajouter de pression. Bien cordialement

      Répondre
      • Je comprends. Le massif du Luberon est un territoire sensible, avec des coins de haut lieu de biodiversité. La chasse est aussi réglementée, je crois. Pas étonnant qu’il y ait des frictions. Bref j’y ai fait une traversée en octobre dernier, d’ouest en est, j’espère que mon carnet sera bientôt publié 😉

        Répondre
  2. Bonjour.

    Merci. Je suis toujours preneur d’idée randonnée de 4 jours.

    Je la ferai en 2023 je pense car j’ai bien aimé les quelques randonnées que j’ai déjà faites sur le Mont Ventoux.

    Et j’ai vu que c’était relativement facile d’accès par le train depuis Paris. Moyen de transport que je privilégie désormais.

    Répondre

Laisser un commentaire

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Share via
Copy link
×