Traversée de l’Andalousie

Traversée de l'Andalousie entre Tarifa et Arriate, 1ère étape de notre traversée de l'Espagne à pied que nous avons réalisé en 61 jours.


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Focus Rando :Traversée de l’Andalousie
8 jours +4885 m/-4095 m 2
Randonnée Ligne Chambre d hôtes et Hôtel
Littoral et Montagne Mars, Avril, Septembre, et Octobre

L’envie de repartir pour un long périple de plusieurs semaines nous tenaillait depuis notre traversée de la France. Restait à trouver un objectif plaisant, pas trop engagé, avec des possibilités d’hébergement et de ravitaillement fréquents pour éviter un sac trop lourd et aussi, si possible un climat favorable pour que les longues journées de marche restent un plaisir.

Après de nombreuses recherches sur le web la traversée de l’Espagne s’est imposée comme un objectif tentant, facile d’accès et avec de multiples combinaisons d’itinéraires possibles. C’est décidé, nous allons joindre l’extrême sud de l’Andalousie à la côte Atlantique dans les Asturies. Pour éviter les trop fortes chaleurs nous décidons de rejoindre Tarifa au début du printemps et allons découvrir des paysages andalous verdoyants, bien loin des images habituelles de ce pays brûlé de soleil.

Ce carnet sur notre traversée de l’Andalousie est la première grosse étape de notre traversée de l’Espagne.

Notre Traversée de l'Espagne à pied :

TARIFA, 27 mars

Notre bus nous débarque à Tarifa sous un temps plutôt maussade, malgré quelques brèves tentatives de percée du soleil. En ce début de printemps nous espérions le soleil andalou et nous frissonnons sous une petite bise venue de l’océan… En attendant le « vrai » départ nous occupons l’après-midi en découvrant les petites ruelles aux maisons blanches et rejoignons l’isthme séparant les eaux de l’Atlantique de celles de la Méditerranée, accessoirement point le plus méridional de l’Europe.

 

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Une petite bruine frisquette accompagnée d’un vent pénétrant n’empêche pas les nombreuses voiles de décorer le ciel de leurs multiples couleurs.

 

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De l’autre côté du détroit les montagnes du Rif sont chapeautées de nuages. En fin de journée des éclaircies font leur apparition et nous retournons vers le mirador situé sur les remparts et en profitons pour repérer le départ du sentier côtier que nous emprunterons demain.

Tarifa – Pelayo

  • 18,3 km
  • D+ 640 m
  • D- 420 m
  • 5 h

Le réveil est plus tardif que prévu à cause d’une mauvaise programmation. Ce n’est pas très grave car nous devons nous adapter aux horaires espagnols pour trouver un bar servant le petit déjeuner et l’épicerie qui n’ouvre pas avant 9 h. Il est environ 9h45 quand nous sommes prêts. Ce sera une étape d’échauffement et de réglage car nous sentons bien que nous ne sommes pas encore complètement dans le bain après quelques journées de tourisme à Séville. Nous traversons la vieille ville pour trouver le sentier du bord de mer. Le ciel est clair avec quelques petites brumes et nuages matinaux qui laissent présager une journée agréable.

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Le sentier bien marqué longe d’assez près la mer en traversant des zones d’herbe rase où pâturent quelques vaches et taureaux. L’itinéraire se déroule dans le Parque natural del estrecho dont la végétation est caractéristique du climat méditerranéen : lauriers, agaves, figuiers de barbarie, argeras en constituent l’essentiel. De petites montées alternent avec de courtes descentes et le panorama permanent vers le détroit de Gibraltar et les côtes marocaines est varié. Le trafic maritime est intense et d’impressionnants porte-conteneurs se succèdent sans interruption au travers du détroit.

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Des alignements rectilignes de rochers plats et sombres striés par l’érosion jalonnent le bord de mer. De nombreuses constructions défensives en ruine sont les témoins de l’intérêt stratégique du lieu. Petit à petit le phare de Tarifa s’éloigne tandis que la silhouette massive d’une tour de guet perchée sur un promontoire grandit. Le petit hameau de Guadalmesi aux maisons colorées occupe le fond d’une crique où se jette un petit ruisseau que la piste traverse sur un gué évitable par une digue de galets inconfortables.

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Des amoncellements de détritus rejetés par la mer encombrent les criques et les restes déchiquetés de canots pneumatiques sont sans doute les témoins du débarquement périlleux de quelques pauvres migrants. Nous abandonnons le sentier du bord de mer pour un étroit chemin qui traverse la végétation épineuse et rejoint une piste qui prend de l’altitude et retrouve la route entre Pelayo et le col del Bujeo.

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Un portail fermé par une chaîne munie d’un cadenas ferme l’accès à la route. Heureusement qu’un étroit passage sur le côté nous permet de sortir, en ayant toutefois déposé nos sacs à dos. Nous découvrons alors qu’un panneau marque l’interdiction d’accès à cette propriété privée… Nous longeons le bord de route très fréquentée et bruyante pour rejoindre l’auberge de jeunesse située à 300 m environ. Las, elle est fermée sans aucun signe de présence humaine. Nous poursuivons, peu rassurés, le long de la route jusqu’au village de Pelayo à l’entrée duquel un panneau indique un hébergement. Par une petite route nous atteignons rapidement un domaine de vacances qui peut nous accueillir dans un confortable chalet. Nous retournons ensuite au village pour acheter des provisions et avec quelques difficultés dénichons quand même une petite épicerie ouverte qui nous permettra de nous ravitailler.

Pelayo – Los Barrios

  • 24 km
  • D+ : 435
  • D- : 645
  • 6h

Nous quittons le chalet confortable de bonne heure vers 9h (le plein jour n’arrive guère avant 8h30 à cet endroit). Il faut remonter le long de la route fréquentée jusqu’au col del Bujeo. Ce jour, le ciel est d’un bleu très pur et de l’autre côté du détroit les sommets marocains resplendissent et émergent d’une couche nuageuse basse. Au col nous abandonnons avec joie la route pour retrouver le calme des forêts de chênes liège.

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Nous croisons quelques promeneurs et coureurs sur la large piste qui remonte en pente douce vers le col de Higuena en pénétrant dans le parc naturel d’Alcornocales. Durant toute la montée un panorama dégagé se dévoile sur la Méditerranée. Un long parcours à flanc de montagne en descente douce permet de profiter longuement de la vue sur Gibraltar et les installations industrielles d’Algeciras recouvertes d’un voile brumeux.

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Nous sommes entourés de magnifiques chênes liège et le début du printemps pare la nature de fleurs colorées. De nombreux VTTistes remontent cette piste roulante mais nous sommes les seuls randonneurs pédestres. Quelques brèves remontées permettent de franchir des éperons rocheux. La vue est toujours aussi dégagée et, bientôt nous apercevons en contre-bas la masse imposante du centre pénitentiaire d’Algeciras dont les toits bleus surgissent au milieu des champs vert intense qui l’entourent. Nous abandonnons la piste au niveau d’un mirador pour emprunter un étroit chemin raide qui dévale la colline au milieu d’une abondante végétation fleurie. La trace est d’abord bien marquée dans la végétation dense, puis plusieurs bifurcations nous font hésiter. Dans un couloir raide où la sente devient plus étroite nous commençons un peu à nous inquiéter sur la suite de l’itinéraire. Mais nous poursuivons quand même car des points de peinture rouge semblent bien indiquer que le cheminement va déboucher. Nous sommes soulagés quand nous retrouvons la piste au niveau de grands espaces de champs vallonnés que nous devons contourner pour continuer vers Los Barrios.

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Au passage nous longeons de près les clôtures du centre pénitentiaire, verrue de béton incongrue à proximité de ce bel espace de nature. Nous longeons un petit lac de barrage dont le fond est constellé de troncs d’arbres morts créant de jolies formes abstraites sur l’eau. Peu avant la ville nous retrouvons une petite route que nous longeons sur un parcours piéton/cycliste bien protégé pour rejoindre le centre de la petite ville de Los Barrios.

Los Barrios – Castillo

  • 24,5 km
  • D+: 625
  • D-: 355
  • 6h

N’ayant pas pu obtenir de renseignements fiables sur la possibilité d’emprunter le trajet direct vers Castillo nous décidons d’attendre l’ouverture de l’office du tourisme prévue à 9h pour y glaner des informations à jour. L’accueil y est chaleureux mais, malheureusement, il nous est confirmé que le chemin direct vers Castillo est privé et nous allons devoir suivre la route une bonne partie de la journée. Nous partons donc au travers des rues du village puis, au bout de 100 mètres, constatons que nous avons oublié les bâtons à l’office du tourisme… Qu’à cela ne tienne, nous retournons rapidement et… trouvons porte close. Nous essayons de comprendre et des personnes travaillant à l’étage au dessus nous indiquent que les employées doivent être parties prendre leur petit déjeuner !!! Nous patientons mais il faudra attendre plus de 40 minutes pour récupérer les bâtons. Il est 10h quand nous traversons le village et empruntons un sentier à côté du cimetière. Ce chemin serpente agréablement au milieu de pâturages vallonnés et verdoyants où broutent quelques troupeaux de vaches.

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Le ciel est limpide et au fur et à mesure de la montée la vue se dégage sur les sommets du parc des Alcornocales. Nous atteignons rapidement la petite route que nous allons dorénavant suivre sur plusieurs kilomètres. Heureusement, il y circule très peu de voitures et nous la parcourons d’un bon pas. Elle serpente au milieu de zones boisées et de pâturages. Après environ 2 kilomètres nous rejoignons le parcours du GR 7 que nous allons maintenant suivre durant plusieurs jours. Quand la route rejoint la plaine le paysage devient moins naturel: des installations industrielles surgissent de tous côtés et il est même un peu compliqué de dénicher un endroit tranquille pour faire une halte pique-nique. Nous nous contentons d’un petit coin d’herbe en bordure d’un carrefour pas très bucolique.

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Peu après nous rejoignons une route fréquentée que nous allons suivre sur 6 kms jusque Almoraima. Une large piste cyclable séparée de la route par un muret en béton nous protège et nous éloigne un peu du vacarme de la circulation. De l’autre côté la voie ferrée complète le tableau d’une journée de randonnée pas forcément comme on l’apprécie !!!

Nous avançons à bonne allure entre 5 et 6 km/heure pour tenter d’en terminer au plus vite mais il faut quand même se raisonner pour s’économiser en vue des prochaines étapes. Seule l’observation de nombreux nids occupés par des cigognes au sommet de poteaux électriques ralentira notre allure.

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Arrivés vers 15h à proximité de Castillar de Frontera nous décidons de continuer jusque Castillo. La petite route est tranquille et, au bout de 2,5 kms environ le GR emprunte une ancienne voie empierrée qui permet de marcher sans se préoccuper des voitures. Même si ce n’est pas très confortable pour nos pieds nous sommes seuls, sans circulation et au milieu de la nature. De belles perspectives sur la citadelle perchée de Castillo nous font mesurer notre avance. Pour terminer la randonnée, c’est par un agréable chemin pavé en lacets que nous gravissons l’éperon sur lequel est construit le village. Une fois le sac posé nous partons à la découverte du village dont toutes les maisons ont été judicieusement restaurées et de ses rues bordées de murs d’une blancheur éclatante.

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Castillo – Jimena de la Frontera

  • 21,8 km
  • D+ : 240
  • D- : 370
  • 5h

Dès que nous avons franchi les portes du village nous sommes pénétrés d’une petite bise glaciale nous obligeant à enfiler un coupe vent. Toute la journée le vent va nous accompagner et nous ne quitterons pas la laine polaire même sous le soleil. Nous poursuivons sur le GR 7 qui, visiblement, a été balisé récemment avec la mise en place de panneaux et de poteaux en bois. Une petite route sans issue descend au milieu des pâturages et se prolonge par un chemin qui rejoint la plaine où de grandes étendues cultivées de céréales obligent le chemin à de longs contours.

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La vision d’un « gaucho » chevauchant fièrement son cheval au milieu de son troupeau nous transporte dans de lointaines contrées. Le cheminement rejoint ensuite une voie ferrée qu’il va suivre presque jusqu’au terme de l’étape. Contre toute attente le parcours n’est pas trop désagréable car des haies d’arbres occultent souvent la voie ferrée et, en prime, nous protègent du vent.

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À l’exception des ouvriers travaillant sur la voie nous ne rencontrons pas beaucoup de monde. Nous traversons une zone de vastes cultures bordées de collines verdoyantes tandis que les bords du chemin sont agrémentés de fleurs épanouies. Quelques passages au bord d’une paisible rivière ombragée apportent leur note bucolique à l’itinéraire.

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En fin d’étape, une certaine monotonie s’installe cependant, heureusement égayée par les aperçus sur le village de Jimena avec ses maisons blanches dominées par la tour du château. Une sévère montée conduit au cœur des rues du village dont les façades blanchies sont éblouissantes de lumière.

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Des rues pavées à la pente impressionnante nous guident vers l’extrémité du village où nous louons une chambre dans une ancienne maison entourant un calme patio. Nous partons évidemment à la découverte de ce magnifique village et de sa citadelle qui offrent un panorama élargi sur toutes les montagnes environnantes et même sur le rocher de Gibraltar.

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Jimena de la Frontera – Ubrique

  • 37,5 km
  • D+ : 1105
  • D- : 875
  • 9h15

Cette étape qui s’annonce très longue nous inquiète évidemment mais il n’est pas possible de faire autrement car il n’y a aucun village ou hébergement sur le parcours. Nous nous levons de bonne heure et préparons notre sac et notre petit déjeuner de manière particulièrement efficace… à 8h nous sommes en route. Méfiants nous marchons à l’économie en traversant le village encore endormi. Après avoir dépassé le camping l’itinéraire emprunte un sentier qui remonte les pentes assez soutenues qui dominent le village.

Rapidement, nous prenons de l’altitude et nous retournons fréquemment pour observer le village qui s’éclaire sous les rayons matinaux du soleil. Le ciel est clair, sans brume, nettoyé par une petite brise fraîche et, loin derrière, nous observons clairement les sommets du Maroc et le rocher de Gibraltar.

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Les pentes sont couvertes de pins parasol denses qui, sous l’éclairage rasant du soleil, ressemblent à de gigantesques brocolis. L’air est vif et pur et d’immenses espaces boisés nous entourent. C’est ensuite une large piste qui guide nos pas. Il n’y a pas âme qui vive autour de nous et une grande sensation de calme et d’harmonie règne. À tel point que nous abandonnons un peu de notre vigilance sur l’itinéraire et que nous nous laissons emporter par notre allure décidée et oublions un changement de direction. Heureusement, nous réalisons rapidement l’erreur et n’avons ajouté que quelques centaines de mètres à cette longue journée. Retrouvant le bon itinéraire nous grimpons sur un raide sentier caillouteux au milieu de blocs rocheux en suivant un ancien muret de pierres.

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Nous débouchons ainsi à une maisonnette vraisemblablement utilisée comme vigie qui bénéficie d’un large panorama sur la région. Une piste suit ensuite pendant plusieurs kilomètres une ligne de crête sinueuse d’où la vue porte très loin : derniers aperçus du Maroc mais nous découvrons vers l’ouest les plaines andalouses. Après avoir traversé un pâturage verdoyant où paissent quelques vaches le GR 7 s’insinue au fond d’un étroit vallon humide que nous allons remonter sur plusieurs kilomètres. L’atmosphère change complètement avec une végétation dense, un petit ruisseau que nous traversons à plusieurs reprises.

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Durant cette remontée je sens que la forme physique est bonne et j’ai parfois l’impression d’ un état de quasi euphorie et de grand bien être. Les kilomètres passent et l’inquiétude matinale sur la longueur de la journée se dissipe. Le vallon s’ouvre sur un col aux prairies vertes avec de nouveaux grands espaces autour de nous. Peu après des ruines montrent qu’autrefois ces lieux isolés étaient habités et exploités.

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Depuis ce matin nous trouvons régulièrement des panneaux et des bornes indiquant le cheminement du GR, pas toujours posés aux endroits stratégiques, mais nous suivons ainsi mieux notre progression. Nous nous arrêtons pour le pique-nique près du panneau matérialisant le milieu de la journée : Ubrique n’est plus qu’à 5h de marche… Dans l’après-midi la fatigue commence à se faire sentir d’autant plus que le cheminement à bonne allure sur ces pistes au revêtement dur échauffe nos pieds et provoque quelques douleurs dans les genoux. La piste débouche sur une petite route et nous croisons les premiers promeneurs de la journée. Suivant cette route sur environ 2 kms nous accélérons le pas car une certaine lassitude pointe. Heureusement le paysage change encore d’aspect et les crêtes montagneuses arides de la sierra de Grazalema font leur apparition.

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Au détour d’un virage la ville d’Ubrique apparaît avec ces maisons blanches adossées à la montagne. Mais nous sentons bien qu’il faudra encore du temps avant de poser notre sac, de fait encore environ 2 heures.

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Heureusement, l’itinéraire abandonne le goudron et un petit chemin coupe les virages de la route et épargne un peu nos muscles qui commencent à réclamer du repos. Pour terminer, une courte remontée nous conduit aux premières maisons de la ville où, curieusement, des bruits variés de basse-cour et un troupeau de moutons qui traverse au milieu des rues donnent une note agreste à un environnement peu chaleureux. Il nous faudra encore parcourir 2 kms sur les trottoirs de cette ville toute en longueur avant de trouver un hôtel en plein centre ville.

Ubrique – Montejaque

  • 27,2 km
  • D+ : 1090
  • D- : 725
  • 7h15

La nuit a été bruyante à cause de la circulation et du ronronnement de la climatisation/chauffage laissée en marche pour mieux sécher notre lessive. De bon matin nous cherchons un café pour prendre un rapide petit déjeuner puis nous attendons l’ouverture du supermarché pour acheter quelques provisions. Il est 9h30 quand nous démarrons, une heure finalement matinale pour l’Espagne. Par de petites rues nous rejoignons le départ d’une ancienne voie romaine dallée qui remonte en pente régulière.

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Contrairement aux jours précédents nous ne sommes pas seuls et rencontrons des promeneurs à la recherche d’asperges. À l’approche de la route menant vers Villaluenga del Rosario nous sommes un peu étonnés du flot continuel de voitures, motos et autobus et finissons par imaginer qu’une fête doit se dérouler plus loin. La montée est soutenue et je suis soulagé de ne pas ressentir d’effets néfastes de la longue étape de la veille. Le sentier coupe un lacet de la route puis longe celle-ci sur quelques centaines de mètres, soit sur une large bande herbeuse confortable, soit en contrebas en traversant une vaste plaine d’altitude verdoyante. Nous sommes rentrés aujourd’hui au cœur de la montagne et le paysage est à nouveau très différent. Des sommets calcaires aux roches blanches entourent de vastes prairies verdoyantes bordées de genêts étincelants

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À Villaluenga nous découvrons que c’est la fête du fromage et une grande animation règne dans ce charmant village aux maisons éclatantes de blancheur.

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Après avoir traversé le village une large piste à travers la pinède conduit à une vaste dépression verdoyante fermée de toutes parts par des montagnes au relief karstique. Nous traversons ce magnifique espace et une raide montée dans un couloir aux rochers déchiquetés mène à un col d’où nous découvrons rapidement une nouvelle plaine d’altitude encore plus vaste que la précédente. La traversée de cette plaine absolument plate est longue mais jamais monotone car le paysage est attrayant et des troupeaux disséminés de chevaux, vaches ou moutons retiennent notre attention.

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Après un refuge à l’aspect peu accueillant nous entamons la descente sur une large piste qui rejoint Montejaque non sans franchir quelques brèves mais rudes remontées. La piste traverse des zones cultivées. Quelques nuages commencent à obscurcir l’horizon et nous sentons l’impatience de l’arrivée grandir. Montejaque ne se découvre qu’au dernier moment au débouché d’une étroite gorge dominée par des montagnes calcaires au relief très accidenté.

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Montejaque – Ronda

  • 12,7 km
  • D+: 475
  • D-: 435
  • 3h20

La nuit n’a pas été très calme car des noctambules ont parlé fort sur la place du village jusque tard dans la nuit. Après ces longues journées nous ne sommes pas trop pressés par le temps car l’étape est courte. Nous prenons donc le temps pour nous préparer et déguster un copieux petit déjeuner. Le ciel est d’un bleu très pur mais la température plutôt fraîche quand nous parcourons les rues du village. Pas très attentifs nous arrivons dans une impasse avant de retrouver la route principale qui doit nous conduire au départ du chemin. Comme dans tous les villages de la région les maisons sont repeintes de blanc et, peu avant la sortie, nous découvrons un ancien lavoir restauré tandis que quelques constructions abandonnées troublent l’harmonie générale.

 

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Peu après la sortie, un chemin se détache à gauche et rejoint un ancien sentier dallé qui escalade la pente par des lacets réguliers. La vue générale sur le village lové au pied de falaises éblouissantes de lumière est magnifique.

 

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La montée est rapidement avalée et sur l’autre versant nous découvrons une petite chapelle. Le chemin traverse ensuite un replat cultivé puis descend sur le versant dominant une large vallée au milieu des cultures d’oliviers et de céréales. De l’autre côté de la vallée apparaît la ville de Ronda perchée sur son abrupt impressionnant.

 

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Après avoir traversé la voie ferré puis le petit rio Guadiaro il faut remonter l’autre versant qui rejoint un col d’où les falaises supportant la ville apparaissent dans leur ensemble. Des panneaux indiquent la ville à 30 minutes de marche mais il nous faudra près d’une heure pour y arriver par cet itinéraire qui contourne toute la base des falaises avant de remonter vers la porte de la ville. Au passage la vue sur les ponts enjambant de plus de 100m la gorge est spectaculaire.

 

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En ce dimanche la ville est très animée et parcourue par de nombreux visiteurs tant espagnols qu’étrangers. Ronda mérite qu’on s’y attarde. Nous commençons par les arènes considérées comme les plus grandes d’Espagne. La visite permet de découvrir brièvement les règles de la tauromachie avec le corral des taureaux ainsi que le manège et les stalles des chevaux. Les gradins circulaires et les arcades entourant les arènes composent un ensemble architectural élégant.

 

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Nous découvrons ensuite la promenade parcourant le bord de l’abrupt, lieu de promenade très fréquenté puis les ruelles étroites de la vieille ville où quelques belles demeures montrent des façades ornées de grilles ouvragées.

 

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Ronda – Arriate

Le ciel est gris, la température de 5 degrés mais le vent s’est fait discret. C’est avec joie que nous reprenons nos sacs à dos et traversons la ville, croisant les écoliers qui vont à l’école. Passées assez rapidement quelques zones commerciales périphériques notre cheminement suit une petite route au milieu de zones de pavillons sans charme. Il faut descendre au fond d’une vallée avant de remonter les tranquilles ondulations menant à Arriate, petit village assez animé avec de nombreux commerces.

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Des rues étroites avec de raides escaliers permettent de couper les virages de la route et, en haut du village, nous trouvons la petite route qui doit nous conduire à Partiche. Mais le sort en décide autrement. En franchissant un petit muret de pierres un fâcheux roulé boulé provoque un atterrissage brutal sur le poignet. Malgré la douleur vive, après un peu de repos nous décidons de continuer car, évidemment, nous n’avons aucune envie de faire demi tour. Mais, au bout de quelques minutes l’évidence s’impose : il faut faire examiner le poignet avant que nous ne soyons plus loin où le retour deviendrait problématique. La mort dans l’âme nous faisons demi tour et faisons signe à quelques voitures. Un conducteur s’arrête et nous conduit directement aux urgences de l’hôpital de Ronda. Après une radiographie le médecin constate une fracture et les espoirs que nous essayions de garder s’effondrent. Il faut se rendre à l’évidence, notre périple va s’arrêter là alors que nous nous sentions bien en forme avec plus que jamais l’envie de poursuivre. C’est un grand moment de désarroi mais nous reviendrons…l’année prochaine.

Comment rejoindre la Méditerranée depuis l’Atlantique ?

Après notre déception d’avoir du abandonner la traversée de l’Espagne l’an passé à cause d’une chute malencontreuse nous n’avions de cesse de repartir. La consultation de multiples cartes, topos et récits durant ce laps de temps nous ont permis d’affiner notre itinéraire afin de concilier les contraintes d’hébergement et de ravitaillement avec l’intérêt de la découverte et des paysages.

Les premiers jours, nous suivrons le GR 7 au balisage très aléatoire puis, à partir d’Antequera, les divers chemins de Compostelle seront notre fil directeur avec, parfois quelques raccourcis que l’étude de la carte nous suggérera.

Nous attendions avec une grande impatience que le printemps revienne pour reprendre notre marche au long cours. Il allait tout naturellement de soi que, pour notre nouveau départ, nous devions assurer la jonction avec le parcours précédent et notre première étape nous conduira donc au départ du petit village andalou, à peine mentionné sur les cartes, de Cuevas del Becero.

Ce carnet de route est donc la suite de nos 8 jours de marche entre Tarifa et Ronda. Nous reprenons notre marche quasiment où nous l’avions arrêté.

Après 2 h de vol nous atterrissons à Malaga et nos sacs à dos doivent paraître un peu incongrus au milieu de tous les voyageurs en short et débardeurs venus profiter du soleil andalou.

Après quelques courses dans un petit supermarché nous rejoignons la gare routière et achetons un billet de bus pour Cuevas del Becerro. Lorsque nous présentons notre ticket le chauffeur semble très surpris que nous ayons choisi cette destination visiblement peu fréquentée par les touristes. Les faubourgs de Malaga que nous traversons offrent un aspect ordonné mais sans attrait. Le bus traverse ensuite de grandes zones commerciales et artisanales avant de parcourir des territoires vallonnés plantés de champs d’amandiers ou d’oliviers et, aussi, de cultures verdoyantes qui colorent le paysage. Le vent fait ondoyer les herbes et les nombreuses éoliennes implantées sur les crêtes moulinent à tout va.

Prologue de Cuevas del Becerro – Cortijo Nuevo

 + 85 mm / – 95 m  3,8 km  1h00

À 13h30 le bus nous dépose à Cuevas del Becerro et, cette fois, nous chargeons les sacs pour de bon et, bâtons à la main, nous traversons le village.

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Le départ est un peu laborieux ; le sac chargé avec de la nourriture pour le repas du soir, le petit déjeuner et le pique-nique du lendemain semble lourd (en fait, seulement une dizaine de kilos) mais l’arrêt intempestif de l’année passée reste dans la tête et j’ai encore un peu de mal à me projeter dans un parcours de longue durée. Je compte sur les premières étapes pour me roder. La rue principale, tout en longueur, est bordée de façades blanches réfléchissant violemment le soleil. Au détour des rues le vent nous surprend et nous secoue avant de pouvoir dénicher un banc relativement à l’abri pour ce pique-nique tardif.

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Devant nous, la petite route sinueuse serpente au milieu d’un agreste paysage ouvert sur des massifs calcaires échancrés de grottes. Il n’est que 15h quand nous atteignons Cortijo Nuevo où nous avons réservé un hébergement pour la nuit. Attenante à la petite maison une agréable terrasse ensoleillée domine toute la vallée.

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Cortijo Nuevo – Ardales

 + 570 m / – 930 m  19,3 km  5h00

La météo avait prévu un avis de tempête et nous n’avons pas été déçus. Toute la journée le vent nous a secoué, de préférence de face car nous marchons la plupart du temps vers l’est. Nous poursuivons sur la large piste suivie depuis Cuevas del Becerro qui serpente dans de larges vallonnements.

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Le spectacle des champs d’un vert intense ondulant vivement sous les rafales du vent nous fascine. De loin en loin les bourrasques soulèvent des mini tornades de poussière. Au bout d’une heure de marche environ nous atteignons Serrato, village blanc caractéristique d’Andalousie.

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À la sortie, nous empruntons une petite route peu fréquentée où le vent nous assaille encore plus violemment et nous devons nous appuyer fermement sur les bâtons pour progresser dans la pente soutenue. Heureusement, après environ 1,5 kms, nous quittons la route pour un large chemin qui s’incruste dans un vallon un peu abrité. Devant nous, des escarpements rocheux verticaux surplombent une sombre forêt plantée de pins. La piste louvoie vers le puerto de los Cruces où elle bascule sur le versant est entre champs d’oliviers et d’amandiers. Quelques fermes blanches ponctuent le patchwork coloré des champs et le cheminement varié serait très plaisant si nous n’étions giflés régulièrement par la poussière. L’arrêt pique-nique est rapide au bord du chemin légèrement à l’abri des rafales. En vue d’Ardales les bourrasques reprennent de plus belle. Le village d’un blanc étincelant est étagé sur un éperon rocheux dominé par les ruines d’un fort et les modernes éoliennes qui fleurissent en abondance sur toutes les crêtes.

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Après avoir traversé l’ancien pont construit sur le soubassement d’un pont romain nous grimpons dans les rues du village à la recherche d’un hébergement. Nous redescendons sur l’autre versant jusqu’au seul hôtel répertorié situé à la sortie. Il est malheureusement complet et nous sommes contraints de remonter au centre du village. Les cafés sollicités n’offrent pas de chambre mais nous indiquent les apartamentos d’Ardales, confortable résidence offrant des petits appartements. Nous n’hésitons pas longtemps avant de prendre un logement joliment aménagé. En fin d’après-midi nous ressortons pour visiter le village et remontons vers l’église au fronton baroque. Les rues étroites sont particulièrement pentues. Un petit supermarché près de la place nous permet d’assurer le ravitaillement pour le lendemain.

Ardales – Valle de Abdalajis

 + 1150 m / – 1195 m  27,3 km  7h10

Nous rejoignons le bas du village puis empruntons la bretelle de sortie de la voie rapide sur quelques centaines de mètres. Après être passés sous celle-ci nous trouvons sur la gauche une piste que nous allons suivre. Étonnamment, le balisage du GR7 est remarquablement visible à toutes les intersections. Par contre les panneaux précisant la direction indiquent des temps de marche largement fantaisistes. La piste, en partie bétonnée et goudronnée parcourt une ligne de crête louvoyant entre de nombreux mamelons recouverts de forêts de pins. Le paysage est très sauvage avec très peu d’habitations et quasiment pas de zones cultivées.

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Le temps reste venteux et le ciel assez palot. Nous rejoignons ensuite une petite route qui par quelques virages en lacets grimpe sous la retenue d’eau supérieure de la Encantada. Nous contournons cette retenue curieusement située au sommet de la montagne. Au passage nous pouvons admirer l’impressionnant défilé de los Gaitanes dominé par de raides parois rocheuses ainsi que les parois verticales de 300 m de haut dominant El Chorro tandis que tournoient des rapaces en grand nombre.

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Le GR7 redescend ensuite dans un profond vallon par un sentier caillouteux et abrupt bordé de curieuses parois de grès ou d’un conglomérat de galets. Au creux de la vallée, le village d’El Chorro étale ses maisons sans charme sur la pente. Après avoir traversé l’agglomération nous remontons sur une large piste qui parcourt une forêt de pins et d’eucalyptus par de multiples lacets dans une pente soutenue en longeant la base des falaises, contreforts de la sierra de Huma.

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En haut de cette pente le paysage s’ouvre sur de vastes espaces agricoles où apparaissent à nouveau des champs d’oliviers et de quelques amandiers. Après avoir traversé ces zones de culture, à une bifurcation, le chemin de Valle de Abdalajis abandonne le balisage rouge et blanc pour poursuivre tout droit en descente vers la vallée. Peu après, au détour du chemin nous découvrons une chèvre trop gourmande qui est prisonnière de la clôture au travers de laquelle elle essayait de brouter quelques herbes sans nul doute savoureuses. Sa tête est prise dans une maille et ses cornes coincées l’immobilisent. N’ayant évidemment pas d’outils coupants nous passons un long moment pour dégager la pauvre bête qui, dès qu’elle est libérée bondit en grandes enjambées dans la pente sans demander son reste.

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Une petite route goudronnée descend ensuite en pente raide jusqu’à la route principale qui permet de rejoindre le but de notre étape. Notre hôtel, réservé la veille, est situé presque à la sortie nord du village. Une fois libérés des sacs à dos nous descendons en quelques minutes vers le supermercado pour acheter nos provisions du lendemain.

Valle de Abdalajis – Antequera

 + 590 m / – 435 m  23,4 km  5h20

Le petit déjeuner n’étant servi qu’à partir de 8 h (heure espagnole oblige) dans le bar voisin de l’hôtel, notre départ est moins matinal qu’espéré. Le vent est toujours présent mais les rafales semblent moins violentes que les jours passés. Par contre, le ciel est très gris et couvert de nuages en début de journée. Nous commençons en marchant sur la route d’Antequera, peu fréquentée. Je prends rapidement un rythme rapide car je ressens moins de difficultés que les deux premiers jours. À tel point que je me laisse emporter par mon élan et manque la bifurcation qui doit nous éloigner de la route. Heureusement, au bout de 300 mètres je constate mon erreur et le demi tour est rapide. Nous empruntons alors une large piste goudronnée qui serpente au milieu de champs de céréales et de plantations d’oliviers et offre, au fur et à mesure de la montée, un vaste panorama sur la vallée et les sommets escarpés qui la dominent.

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Arrivés au cortijo Castillo nous basculons sur le versant nord et, par une marche de niveau, découvrons un versant planté de vastes champs d’oliviers. Le paysage est très étendu et la marche facile.

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Par contre, aucune trace de balisage n’apparaît de la journée à l’exception d’une croix peinte sur un rocher. Nous essayons de suivre scrupuleusement le descriptif du topo du GR7 et quittons donc la large piste facile pour un chemin en descente qui au bout de 200 m environ va se noyer au milieu de grandes prairies labourées. Ce sera le deuxième demi-tour de la journée qui nous contraint à poursuivre sur la route durant cinq bons kilomètres. Nous quittons celle-ci pour un autre chemin goudronné qui rejoint l’abbaye de Magdalena transformée en hôtel de luxe.

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De là, un agréable sentier en balcon rejoint les premières maisons d’Antequera quasiment en courbe de niveau en offrant en sus de superbes vues sur la ville et le golf verdoyant.

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Les 2 premiers hôtels contactés n’ayant plus de chambre disponible nous accélérons le pas pour en dénicher un qui a encore des chambres libres. Nous partons ensuite à la découverte de la ville aux petites ruelles bordées de maisons blanches dominées par une citadelle aux pierres chatoyantes.

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Antequera – Cuevas Bajas

 + 290 m / – 445 m  28 km  6h00

En réglant la note l’hôtelier aimable m’offre une tasse publicitaire en remerciement. Un peu encombré de ce lourd cadeau je « l’oublie » dans la chambre. Nous traversons ensuite la ville endormie en ce dimanche matin puis, en direction du nord, marchons sur une petite route dans une zone agricole zébrée d’autoroutes, voie ferrée et pylônes électriques. Nous sommes maintenant sur le Camino Mozarabe et le balisage devient plus efficace avec des panneaux et de nombreuses flèches jaunes maintenant le pèlerin sur le droit chemin.

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De nombreux cyclistes nous saluent au passage et un «grand-père» vient converser quelques minutes sur notre itinéraire. Nous apercevons même, quelques centaines de mètres devant nous, notre premier randonneur reconnaissable à son encombrant sac à dos. Le vent violent a enfin cessé et une légère brise nous aère agréablement. Une fois traversée la dernière autoroute nous retrouvons un peu de tranquillité sur un large chemin bordé de cultures qui s’étalent à perte de vue sur cette vaste plaine puis cheminons en légère montée au milieu d’une oliveraie à la dimension impressionnante.

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La montée vers le village de Cartaojal est tranquille. Dès l’entrée du village nous retrouvons la route bitumée que nous suivrons pendant plus de 10 kilomètres au milieu d’oliveraies. Heureusement, il ne circule quasiment pas de voitures ce qui nous permet de marcher de manière un peu automatique comme si on avait mis son cerveau en veille. Après chaque pause le démarrage est un peu difficile avec des douleurs au talon et aux genoux qui réapparaissent puis s’estompent comme anesthésiées par le rythme rapide et régulier de la marche. Peu avant l’arrivée, le paysage s’anime, les collines prennent forme et quelques massifs montagneux occupent l’horizon.

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N’ayant pas d’hébergement réservé pour la nuit, nous sommes un peu inquiets en découvrant l’entrée du village complètement déserte. Heureusement, nous découvrons, plus loin, une petite place entourées de terrasses de bars et, sur l’un d’entre eux, le logo du « Camino ». L’accueil est très sympathique et on nous remet rapidement la clé de l’auberge des pèlerins après avoir tamponné nos crédentials tout neufs. Le gîte est très récent et confortable et dans le dortoir notre seul compagnon pour la nuit sera un asiatique de Singapour qui marche depuis Grenade.

Cuevas Bajas – Lucena

 + 570 m / – 385 m  27,4 km  6h10

Ce matin, nous ne sommes pas très rapides et, le temps du petit déjeuner et de quelques courses pour le pique-nique il est déjà 9 h largement passés quand nous partons. C’est avec grand plaisir que je constate que la nuit a effacé toute trace des efforts de la veille sur les routes bitumées. Une petite route traverse rapidement la zone artisanale puis nous franchissons le rio Genil au courant étonnamment puissant pour une si petite rivière. Les chants d’oiseaux réjouissent nos oreilles dans cette ambiance de sous bois humide.

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La petite route gravit ensuite un escarpement qui offre une vue dégagée sur Cuevas Bajas et poursuit jusque Encinas Reales. Les abords du village présentent peu d’attrait mais le cœur de la ville avec ses rues étroites et ses petites places vivantes est plaisant.

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Des passants nous renseignent spontanément sur l’itinéraire quand nous semblons hésiter. Depuis que nous empruntons le chemin de Compostelle les habitants semblent beaucoup plus attentifs. Auparavant, dans les villages traversés sur le GR7 une indifférence polie nous accueillait. Une raide montée vers une mini zone industrielle nous conduit à la piste que nous allons désormais suivre durant plusieurs kilomètres. Après avoir traversé le gué de la rivière Anzur sans se mouiller les pieds nous poursuivons au creux de vallonnements plantés d’oliviers.

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Le chemin prend ensuite une allure ascendante continue sur de nombreux kilomètres dans des espaces sauvages non cultivés. La piste est agréable et nous prenons un rythme de montée soutenu sans effort. Lorsque la piste bascule sur le versant nord les cultures d’oliviers à perte de vue réapparaissent et ce patchwork de champs alignés géométriquement est magnifique. Le ciel reste un peu voilé et la luminosité dans les lointains blafarde. Durant plusieurs kilomètres le cheminement louvoie au milieu d’un dédale de collines. Une courte descente conduit à l’entrée de la zone industrielle de Lucena où nous retrouvons le goudron.

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La motivation faiblit un peu dans ce « paysage » sans attrait mais il reste encore 4 kms avant d’arriver dans le centre. Les petites douleurs aux talons ou aux genoux que l’on arrive à chasser de l’esprit quand l’environnement de la marche est intéressant se font plus présentes et les derniers kilomètres nous paraissent interminables. Arrivés dans le centre ville un aimable passant vient spontanément vers nous et nous indique où nous pouvons trouver un hôtel. Il ne reste plus qu’à suivre ses conseils. Après la douche et une bière bien fraîche sur la plaza Nuevo ensoleillée toute proche nous nous sentons ragaillardis.

Lucena – Cabra

 + 65 m / – 85  m  12 km  2h35

L’étape d’aujourd’hui est très courte. Ce matin, j’ai découvert qu’une ampoule s’était formée sur le dessus de mon petit doigt de pied, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des années. L’échauffement sur les routes revêtues d’hier a été fatal. Heureusement, j’avais prévu des pansements anti ampoules dans ma pharmacie. Nous prenons donc notre temps pour démarrer tranquillement et rejoindre l’ancienne voie ferrée devenue voie verte sur laquelle nous allons rejoindre Cabra.

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À notre grand désespoir elle est revêtue de goudron ce que nos articulations apprécient peu, d’autant plus que le terrain est plat. Par chance, sur la bordure, une étroite bande n’est pas revêtue ce qui nous permet finalement de marcher dans un relatif confort. Rapidement, le rythme s’accélère et nous progressons à bonne allure sur cet itinéraire plutôt adapté aux cyclistes qu’aux marcheurs.

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Les bords abondamment fleuris et les plantations d’oliviers attirent le regard et compensent l’absence de variété de ce paysage. Pour la première fois depuis Tarifa nous rencontrons de nombreux cyclistes, marcheurs et coureurs qui arpentent la voie verte. Leurs joyeux « buenas dias » ou «  buen camino » nous surprennent. À Cabra nous avons réservé un l’hôtel situé dans un magnifique bâtiment ancien orné de grilles en fer forgé. Il est à peine midi quand nous déposons nos sacs dans une chambre joliment décorée et nous profitons du parc boisé voisin pour « déguster » sans précipitation notre pique-nique. L’après-midi nous laisse le temps de préparer l’itinéraire des jours suivants, ce qui s’avère beaucoup plus compliqué que nous l’imaginions car tous les hébergements de Cordoue sont complets le week-end suivant où se déroule la fête de la croix de mai. Nous sollicitons l’aide de l’office de tourisme qui avec une grande gentillesse téléphone à l’hostal que nous recherchions à santa Cruz, dernière étape avant Cordoue.

Cabra – Baena

 + 1075 m / – 1080 m  31,6 km  7h50

Nous partons pour une longue journée de marche. L’itinéraire normal du camino Mozarabe poursuit sur la voie verte que nous trouvons un peu monotone. Nous décidons donc de traverser par le parc naturel de la sierra Subbética ce qui impose une dizaine de kilomètres supplémentaires que nous ne regretterons pas compte tenu de la variété des paysages traversés. Le temps n’est pas très encourageant et les sommets sont encapuchonnés dans une calotte nuageuse. Après avoir retraversé la ville en direction de la voie ferrée nous empruntons une large piste qui remonte de manière régulière et continue au milieu des oliveraies sur un peu plus de 600 m de dénivellation.

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Parti lentement en prévision de la longue journée j’apprécie de ne pas ressentir de douleurs et, comme souvent, les 2 premières heures de marche se déroulent sans que je me rende compte du temps passé. Quelques brèves éclaircies nous font espérer le retour du soleil mais sans succès. Arrivés au point haut le panorama se dégage sur de vastes étendues planes bordées de massifs karstiques.

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Après quelques centaines de mètres de descente sur une petite route nous poursuivons sur une piste qui domine le poljé de la Nava, large étendue verdoyante, ponctuée de magnifiques arbres au port majestueux où paissent des troupeaux de chevaux et de moutons.

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La longue traversée de cette cuvette est un plaisir pour les yeux et pour les muscles qui apprécient de marcher sur un terrain souple. Quelques fontaines permettent de se réapprovisionner en eau sur le parcours. L’itinéraire régulièrement balisé de poteaux de bois est facile à suivre et débouche au bord d’un vallon étroit bordé de petites falaises. Au débouché du vallon, apparaît soudain, encadré de falaises, le village de Zuheros. Accrochées sur la pente, les maisons blanches composent un magnifique tableau.

À la sortie du village, le caractère de la randonnée change complètement et nous retrouvons les espaces de collines plantées d’oliviers au milieu desquels nous louvoyons par un dédale de pistes. La trace enregistrée sur notre GPS est fort utile pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe. Nous retrouvons le camino Mozarabe et son balisage rassurant quelques kilomètres avant de rejoindre Baena. Les derniers kilomètres en descente sur un bon chemin sont avalés à vive allure avec, devant nous, la vision de la ville ancienne perchée sur son mamelon rocheux.

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Nous devinons qu’il nous faudra gravir des ruelles en pente raide pour rejoindre notre albergue située en plein cœur de la cité. Pour le dîner, il nous faudra redescendre jusqu’à la ville moderne et, évidemment, remonter ensuite : après plus de 30 kilomètres avalés dans la journée nous nous serions passés de ce supplément…

Baena – Castro del Rio

 + 150 m / – 385 m  21,2 km  4h35

L’étape est relativement courte et nous prenons notre temps pour faire une rapide visite dans la vieille ville avant de partir.

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Il est 9h30 quand nous sortons du supermarché où nous avons acheté un pique-nique léger. Il nous faut traverser la ville et suivre une route que nous quitterons au bout d’un kilomètre environ. Par une alternance de montées et descentes en pente douce nous traversons des champs d’oliviers. Dans cette région, l’olivier règne sans partage.

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Dans tous les champs, des paysans s’activent à la taille des arbres, à la pulvérisation de produits où au ratissage dessinant de belles formes géométriques autour des arbres. Nous rejoignons ainsi la large vallée où coule le rio Guadajoz que nous suivons jusqu’au terme de l’étape. Le rio se perd en de multiples méandres tandis que la petite route goudronnée file assez droit. Nous marchons d’un pas alerte, pressés d’arriver car quelques gouttes de pluie nous font craindre l’averse. L’environnement serait assez banal si les chants mélodieux des oiseaux, qui nichent en grand nombre au bord de l’eau, ne venaient nous divertir de leurs joyeuses trilles.

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Nous traversons toute la ville avant de trouver une pension où l’accueil est particulièrement chaleureux et attentionné. Après douche, lessive et un peu de repos nous découvrons rapidement le centre déployé autour d’un massif château bâti sur une petite éminence.

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Castro del Rio – Santa Cruz

 + 375 m / – 405 m  22,2 km  5h20

La pluie s’est invitée une bonne partie de la nuit perturbant un peu mon sommeil. Au réveil, une pluie fine persiste et la météo aperçue au bar durant le petit déjeuner n’est pas encourageante. Nous préparons donc l’équipement de protection complet, Goretex, housse pour le sac, casquette pour protéger les lunettes et nous partons en suivant les balises jaunes qui passent juste à côté de l’hôtel. L’ambiance est pour le moins humide et nous marchons le long de la route, pas encore trop fréquentée, sous une légère bruine. Quand nous quittons la route, après environ un kilomètre, le chemin détrempé recouvre instantanément nos semelles d’une boue lourde et collante.

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Nous essayons de louvoyer entre rebords herbeux et cailloux. Nous sommes finalement satisfaits de retrouver un petit passage sur le bitume peu avant Espejo. La lumière est vraiment terne effaçant tout relief.

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Les rues escarpées du village, accroché sur un piton rocheux, sont joliment décorées de pots de fleurs colorées et de belles grilles ornent les façades.

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La citadelle massive couronne l’ensemble. Nous suivons les traces GPS enregistrées sur internet pour retrouver le camino ce qui nous entraîne au travers d’une oliveraie que nous traversons hors sentier…

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Nous retrouverons ensuite rapidement le cheminement balisé sur une large piste qui circule entre les champs cultivés. La monoculture de l’olivier cède la place à des cultures variées et les couleurs diverses des champs sont d’un bel effet quand le soleil pointe le bout de son nez.

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Nous aurons juste le temps d’un rapide pique-nique avant que la bruine ne recommence. Un panneau curieusement libellé nous informe que le chemin est impraticable pour cause de pluie et de boue mais sa position nous laisse douter de l’itinéraire à emprunter. Quelques dizaines de mètres sur un des chemins nous avertit bien vite lorsque nous nous enfonçons quasiment aux chevilles ! Nous retournons vers la « déviation » ce qui ne nous empêchera pas de lutter dans certains passages pour extraire nos chaussures de la gangue de boue. Toutes les flaques sont mises à profit pour tenter un nettoyage sommaire des chaussures. Quand nous apercevons Santa Cruz et les voitures sur la route nous pensons être rapidement sortis des difficultés. C’était sans compter avec un ruisseau grossi par les pluies et qu’il faut franchir par un gué : l’eau monte largement au dessus des chevilles tandis que le courant nettoie nos semelles avec une certaine efficacité.

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Nous débouchons peu après sur la route et profitons d’un terre plein de carrefour pour ôter nos chaussures et les délivrer de l’eau transportée. Rapidement, nous arrivons à l’hostal réservé par l’office du tourisme de Cabra. Nous avons juste le temps de nettoyer nos chaussures sur la terrasse avant qu’une averse drue ne s’abatte à nouveau.

Santa Cruz – Cordoue

Cordoue

Compte tenu des difficultés d’hébergement à Cordoue durant le week-end du 1er mai nous avions décidé de dormir trois nuits à Santa Cruz. Bien nous en a pris, car il a plu toute la nuit et il pleut encore le matin, à tel point que nous retardons notre départ en bus pour aller visiter Cordoue. En trente minutes un bus confortable nous mène à la gare routière de Cordoue située à environ quinze minutes de marche de la vieille ville. La pluie tombe drue à notre arrivée et nous sommes obligés de patienter en attendant l’accalmie.

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Quand l’intensité diminue, lassés d’attendre, nous partons en rasant les façades pour profiter au maximum des auvents. Nous nous dirigeons vers la célèbre mosquée cathédrale afin d’être à l’abri des intempéries. À notre grand étonnement la file d’attente pour la visite est réduite et nous pouvons accéder rapidement à l’intérieur de cet édifice aux dimensions impressionnantes. Les extensions successives de la mosquée lui permettaient d’accueillir jusqu’à quarante mille fidèles. La juxtaposition de styles aussi différents ne manque pas d’étonner. La sobriété des riches enluminures du style arabe contraste avec le foisonnement des sculptures du baroque.

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Entre rares éclaircies et grains nous poursuivons la visite vers le pont romain traversant le Guadalquivir puis les ruelles étroites et tortueuses de la vieille ville. Les maisons blanches sont fréquemment décorées de fleurs et certaines montrent de magnifiques patios intérieurs.

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C’est la fête des croix de mai et sur les placettes les habitants ont déployé des croix décorées de fleurs tout en absorbant moult boissons et tapas à l’abri des chapiteaux dressés à côté dans une ambiance sonore à haut niveau. Nous terminons notre visite par la petite synagogue sobrement restaurée.

30/04 :

À nouveau nous prenons le bus pour rejoindre Cordoue. Le ciel a retrouvé une couleur limpide qu’il va perdre petit à petit au cours de la journée. Nous commençons par visiter l’Alcazar et ses jardins qui sont loin d’être aussi charmants que ceux de Séville.

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Nous errons ensuite au hasard des rues. D’abord, dans le quartier proche de l’Alcazar et des écuries aux maisons blanches abondamment fleuries puis sur les rives du Guadalquivir et les rues de la vieille ville.

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Nous y découvrons de nouvelles croix de mai avec une ambiance toujours animée et sommes impressionnés par les dimensions imposantes de la grande place de la Corredera.

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Pour terminer nous rejoignons la gare routière en passant par les ruines romaines découvertes à proximité de l’hôtel de ville. Nous avons erré beaucoup au hasard et en fin de journée sommes plus fatigués qu’après certaines journées de marche et j’ai du mal à garder les yeux ouverts dans le bus pour ne pas manquer l’arrêt à Santa Cruz.

Santa Cruz – Cordoue

 + 455 m / – 525 m  27,3 km  6h00

Après ces journées de temps gris, ce matin, le ciel est d’un bleu limpide quand nous chargeons à nouveau notre sac pour rejoindre Cordoue. Nous marchons d’un bon pas sur la petite route qui monte doucement au milieu des champs cultivés. Dans les lointains des villages resplendissant sous le soleil matinal apparaissent perchés sur leurs collines. L’atmosphère lavée par les pluies passées est pure et l’horizon très net. Je suis quand même un peu inquiet sur l’état des chemins que nous allons trouver quand nous quitterons la route goudronnée. En effet, il est peu vraisemblable que la boue ait eu le temps de sécher complètement et le parcours risque d’être long si nous pataugeons comme nous l’avons expérimenté avant Santa Cruz. Mais il faut bien avancer pour voir sur place. Après six kilomètres parcourus rapidement nous empruntons un large chemin de terre et comprenons rapidement que, même si les conditions se sont améliorées car nous n’enfonçons pas trop, la marche ne va pas être de tout repos. En effet, en quelques mètres nos semelles se chargent de glaise collante et très difficile à ôter. Nos belles chaussures fraîchement nettoyées prennent très vite à nouveau une couleur brunâtre et terreuse. Nous hésitons un moment à rebrousser chemin et à emprunter une petite route qui pourrait nous amener à Cordoue, mais au prix d’un détour d’au moins 7 ou 8 kilomètres. Des traces de passage d’un VTT et de quelques marcheurs nous laissent penser que l’itinéraire est quand même praticable et nous poursuivons. Certains passages sont facilités grâce au rebord herbeux mais régulièrement nos chaussures se rechargent d’une épaisseur de boue impressionnante. Le chemin joue aux montagnes russes dans un paysage de cultures qui l’animent de leurs couleurs variées. Les champs de fèves succèdent aux plantations de céréales et de tournesol dans une belle harmonie géométrique.

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Au bout d’environ 5 kilomètres, après le cortijo de la Torre de Juan Gil, une large piste empierrée nous délivre de cette marche chaotique et nous pouvons accélérer le pas sans forcer. Les cultures d’oliviers ont disparu laissant la place aux amandiers. À l’entrée d’un long plateau, la ville de Cordoue se dévoile au loin mais nous pressentons qu’il faudra encore beaucoup de temps pour y arriver ; en fait, au moins deux heures. Quelques courtes montées et descentes mènent à une petite route qui rejoint les faubourgs résidentiels de Cordoue. Leur traversée est relativement rapide et nous atteignons le pont romain sur la Guadalquivir dont les pierres irradient une chaude lumière sous les rayons du soleil.

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Les rues de la ville sont envahies de monde et les terrasses des cafés pleines de visiteurs qui se prélassent au soleil.

Cordoue – Cerro Muriano

 + 545 m / – 130 m  17,9 km  4h20

Aujourd’hui, nous prenons notre temps pour déjeuner, faire quelques courses avant de partir. Il est 9h40 quand nous quittons l’hôtel pour un long cheminement dans les rues de Cordoue. Il nous faudra presque une heure pour quitter la zone urbaine. Une fois la voie ferrée traversée, nous quittons la route goudronnée pour un petit chemin qui franchit un ruisseau sur un ancien pont romain puis zigzague dans une zone entre ville et campagne pas très bucolique.

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Nous empruntons ensuite une piste qui s’élève doucement et rejoint la zone urbanisée de Dona Manuela, cité dortoir récente aux rues désertes. Un arc de triomphe surprenant et plutôt kitsch marque l’entrée de la ville.

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À la sortie le « Camino » emprunte un sentier étroit qui s’élève dans la forêt de chênes et gravit quelques escarpements schisteux. J’ai un peu de mal à garder un bon rythme de marche car depuis ce matin un mal de gorge tenace m’a saisi et je ressens des jambes en coton. Le panorama se dégage et, derrière, nous apercevons les faubourgs de Cordoue et au loin le vaste plateau traversé hier.

Le sentier s’élève ensuite sur des banquettes calcaires offrant des paysages très ressemblant à ceux de Provence. Peu avant Cerro Muriano l’itinéraire court-circuite quelques virages de la route et par une légère descente nous atteignons le terme de notre étape. Dans le premier café rencontré (casa Bruno) on nous indique qu’un seul hébergement est désormais disponible dans le village. Nous y sommes accueillis très agréablement. Notre hôte se montre très sympathique et nous communique des informations pratiques très intéressantes sur la suite du chemin, notamment sur la possibilité de scinder en deux la très longue étape après Villaharta. Au cours du dîner, alors que j’ai demandé un verre de vin j’ai le droit à la bouteille complète à volonté : mais avec les kilomètres qui m’attendent je préfère rester raisonnable…

Cerro Muriano – Villaharta

 + 300 m / – 240 m  20,5 km  4h45

Nous profitons de l’ouverture matinale du bar voisin de l’hôtel pour prendre notre petit déjeuner et partir assez tôt, ce qui nous permet de marcher dans la fraîcheur durant cette journée où la chaleur commence à pointer. À la sortie du village nous longeons pendant un long moment une base militaire visiblement de grande importance et nous croisons de nombreux soldats qui courent et nous saluent joyeusement. Notre itinéraire va suivre en permanence une route, heureusement sur des pistes ou des sentiers parallèles, le plus souvent au milieu de la végétation. Les champs couverts de fleurs, les chênes aux formes majestueuses, les cistes, les lavandes papillon et les genêts fleuris nous donneraient facilement l’illusion d’être en pleine nature si le bruit de fond de la circulation permanente de la route ne venait nous rappeler à la réalité.

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Cette végétation méditerranéenne embaume l’air de ses senteurs. À mi chemin, nous traversons le village d’el Vacar aux maisons curieusement basses dominées par un château fortifié perché sur la colline.

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Peu avant Villaharta, de petites constructions abritent des fontaines d’eau riche en fer. Une brève montée par des sentiers évitant la route au maximum permet d’atteindre le centre du village.

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L’auberge, qui nous a été recommandée la veille, est située juste à l’entrée. Angel, le propriétaire, nous réserve un accueil chaleureux et nous propose une chambre avec sanitaires partagés. De plus, il nous confirme la possibilité d’utiliser un véhicule à un prix raisonnable (35 euros pour 2) afin de découper la longue étape suivante en dormant 2 nuits dans l’auberge. Ils se charge en plus de téléphoner à l’hôtel que nous avons réservé pour le lendemain afin de décaler notre arrivée. Tout va donc pour le mieux et nous sommes rassurés car la perspective d’une étape de presque 40 kilomètres nous tracassait depuis quelques jours !

Villaharta – Puerto Calatraveno

 + 560 m / – 380 m  19,5 km  4h25

Nous partons donc pour une demie étape jusqu’au col Calatraveno avec un sac allégé puisque, ce soir, nous retournerons à Villaharta en voiture. Le ciel est complètement dégagé et nous hésitons à abandonner la laine polaire dès le départ, mais une petite brise légère nous incite à rester encore couverts. Si je n’avais un léger rhume qui m’a gêné une partie de la nuit et une grosse ampoule sur le petit doigt de pied la forme serait parfaite : mes légères douleurs au genou et au talon se sont estompées. Une fois de plus, je constate que le corps s’endurcit au bout de quelques jours de marche et que la motivation à poursuivre est un puissant stimulant. Après la traversée du village et un court passage sur la route le chemin s’engage au milieu des champs.

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Par moments, nous brassons dans les herbes hautes encore humides. Le paysage change d’aspect. Des troupeaux de vaches ou de moutons paissent dans les prés et nous traversons des zones agricoles et forestières très verdoyantes.

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Le chemin bordé de fleurs serpente entre de petites collines pour plonger dans la vallée du rio Guadalbarbo que le chemin traverse sur un gué. N’ayant pas très envie de nous mouiller les pieds nous cherchons un passage sur des pierres que nous trouvons une centaine de mètres vers l’amont. Par une montée sans difficulté nous rejoignons une large piste quasi rectiligne qui circule au milieu de plantations d’oliviers. Nous quittons cette piste, un peu monotone, pour un chemin caillouteux qui remonte au milieu d’une végétation méditerranéenne embaumant agréablement l’air.

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Peu avant le col nous abandonnons le balisage du Camino pour suivre une large piste qui rejoint la route près d’un monument. Par téléphone, nous prévenons le patron de l’auberge de notre arrivée et vingt minutes plus tard il nous récupère avec sa voiture pour nous ramener à Villaharta.

Puerto Calatraveno – Alcajaceros

 + 2219255 m / – 405 m  18,3 km  3h55

À huit heures précises notre hôte nous prend en charge avec deux autres randonneurs français pour nous conduire vers le puerto Calatraveno, terme de notre étape d’hier. Le ciel est plombé, menaçant avec des rafales de vent et les prévisions météo aperçues à la télévision durant le petit déjeuner ne sont guère encourageantes. Par précaution nous installons la housse de pluie sur le sac. Nous quittons le col d’un bon pas alors que le soleil semble vouloir déjouer les prévisions et fait quelques apparitions. Au bout de huit cents mètres nous retrouvons les bornes du Camino abandonné hier. Le chemin descend entre des mamelons verdoyants joliment éclairés.

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Il atteint le rio Cuzna qu’il faut franchir grâce à une murette de pierres qui évite de se tremper les pieds car il y a une bonne dizaine de centimètres d’eau sur le gué. La remontée sur l’autre versant est en pente douce continue sur un chemin toujours bordé de fleurs et accompagnés du chant des oiseaux.

traversée de l'Andalousie

Le vaste et agréable paysage de ce plateau situé à 700 m d’altitude se dévoile mais les nuages menaçants nous incitent à accélérer le pas. Environ 6 kilomètres avant l’étape nous rejoignons une petite route goudronnée, bientôt suivie d’une large piste qui nous semble assez monotone. Quelques hangars de fermes barrent l’horizon et, dans les immenses prairies, des troupeaux de vaches et de moutons se régalent de l’herbe fraîche du printemps. Je marche un peu comme un automate pressé d’arriver pour éviter l’averse, mes ampoules au pied semblent moins douloureuses qu’hier, à moins que ce ne soit l’envie d’arriver ou l’habitude qui anesthésie la douleur. De beaux coins de pique-nique se présentent devant nous à l’ermitage San Isidro ainsi qu’à l’entrée du village où un belvédère aménagé offre un superbe panorama.

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Mais la pluie menace et nous préférons aller directement à notre hôtel qui n’est plus très loin. Il est à peine 12h40 quand nous y déposons nos sacs. Quelques minutes plus tard, une petite averse nous conforte dans notre décision de ne pas traîner en chemin. En fin d’après-midi, comme tous les jours, nous déambulons dans les rues du village à la recherche du ravitaillement du lendemain. Le village, sans grande animation, est placé à un carrefour de routes et quelques boutiques sont disséminées dans les petites rues aux maisons blanches. On y trouve, évidemment plusieurs bars à la télévision bruyante, quelques commerces d’alimentation et une pharmacie où je peux faire une provision de pansements contre mes ampoules qui s’obstinent. Alors que je n’avais jamais attrapé d’ampoules dans mes précédentes randonnées itinérantes j’en ai, cette fois, plusieurs sur un même petit doigt de pied et quelques échauffements sur d’autres. C’est sans doute dû à l’humidité des jours passés et aux bains de pieds forcés pour traverser les gués. Bardé de remèdes contre ces bobos qui commencent à devenir vraiment douloureux je peux envisager la suite avec moins d’inquiétude. Pour le dîner, nous abandonnons le restaurant de l’hôtel qui n’apparaît pas très agréable ni propre et nous éloignons pour en découvrir un autre où le serveur jovial, parlant de plus français, nous fait patienter jusque 21h. Mais, en récompense, nous y dégustons une excellente soupe maison.

Alacajaceros – Hinojosa del Duque

 + 115 m / – 190 m  21,3 km  4h30

Il est 8h30 quand nous prenons la route. Très rapidement nous marchons sur un chemin sablonneux bordé de murets en granit. Presque tout l’itinéraire se déroulera sur ce type de chemin, souple et régulier bien apprécié par mes pieds encore un peu endoloris. Nous avons quitté les montagnes et marchons sur un plateau légèrement mamelonné qui offre des paysages de champs colorés sous un vaste ciel bleu paré de cumulus joufflus. La température reste fraîche et idéale pour la marche. Le pas est alerte et Villanueva del Duque rapidement atteint.

Des cigognes nichent sur le clocher de l’église. Des monuments célèbrent le passé minier de la région.

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La région est très agricole avec de grandes exploitations pratiquant l’élevage et des cultures de céréales et de fourrages. De gros blocs de granit affleurent au bord des champs et quelques croix de pierre sobres sont dressées au bord des chemins souvent bordés de murets de pierre.

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La marche n’est absolument pas monotone sous ce paysage changeant avec la lumière dorée du soleil. À Fuente la Lancha, la fête se prépare avec des guirlandes dans les rues et la décoration des croix de granit par des tissus.

Nous poursuivons au milieu de grands champs où alternent pâturages et cultures.

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Vers midi, à peine installés au pied d’un arbre où nous prévoyons de savourer notre pique- nique, un habitant circulant en voiture nous indique que nous serions mieux installés en poursuivant quelques minutes. Nous suivons ses conseils et trouvons rapidement une aire de loisirs aménagée avec tables et bancs en pierre. Il nous faut ensuite suivre la route sur quelques centaines de mètres, seul moment désagréable de cette étape, avant de retrouver un chemin qui longe une zone artisanale et nous mène rapidement vers le village que nous atteignons en début d’après-midi.

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En fin de journée nous parcourons la ville à la recherche d’une épicerie ou d’un supermarché pour nos provisions du lendemain. Les lieux sont plutôt déserts mais, finalement, un habitant nous renseigne sur l’emplacement du supermarché à l’opposé de l’hôtel… Au retour nous flânons par les petites rues du centre et découvrons au passage la cathédrale de la Sierra, église à la taille imposante dont les portails sont ornés de frontons baroques chargés de sculptures. Au cours du repas du soir, nous aurons droit, comme chaque jour, au match de football télévisé avec ses commentaires bruyants.

Hinojosa del Duque – Monterrubio

 + 335 m / – 315 m  33,4 km  7h10

Le réveil est matinal en prévision de la longue étape qui nous guette. La salle du bar où nous prenons le petit déjeuner est animée et bruyante. C’est habituel dans ce pays où les nombreux cafés, véritable institution sociale et conviviale, sont très fréquentés et où les conversations des consommateurs tentent de surpasser le son des postes de télévision. Nous traversons une nouvelle fois le village et il nous faut marcher 2 kilomètres pour sortir de la zone urbanisée.

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L’itinéraire emprunte ensuite, tantôt des chemins sablonneux faciles, tantôt des chemins en bordure de champs envahis par les herbes. Nous découvrons un paysage de plateau légèrement mamelonné sous un ciel d’une grande pureté qui laisse apparaître avec netteté quelques massifs montagneux lointains. Les champs, principalement de culture fourragère, se succèdent et offrent une palette de couleurs variées dans des formes géométriques diverses.

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Les 10 premiers kilomètres sont parcourus rapidement et sans voir le temps passer. Je ne me lasse pas d’observer ces grands espaces et mon esprit vagabonde sur ces pistes faciles. Le rythme est rapide, mes douleurs au pied semblent stabilisées et, contrairement à ce que je craignais, cette étape de plus de 30 kilomètres devrait se passer sans trop de mal. À l’exception d’un cycliste et d’un paysan obligé de rappeler ses chiens qui nous poursuivent en montrant les crocs nous ne rencontrons personne durant ces heures de marche. Les zones cultivées laissent peu à peu la place à des zones de jachère où la nature reprend ses droits. Dans ces espaces, de nombreux portails subsistent bien que nous ne rencontrons pas trace de troupeaux. Après avoir traversé une voie ferrée bordée de bâtiments ruinés le paysage devient plus « montagnard » avec des espaces herbeux dégagés qui dominent les vallées alentour.

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Le rio Zujar déploie ses méandres au creux des vallons et son ruban verdoyant attire les oiseaux qui nous régalent de leurs chants.

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Nous rejoignons la route alors qu’il reste encore plus de 8 kilomètres à parcourir. Heureusement, la petite route est peu fréquentée mais cette fin d’étape va nous paraître bien longue et monotone sur ces lignes droites qui nous incitent à forcer le pas au risque de réveiller les douleurs. Le passage de l’Andalousie à l’Estrémadure est matérialisée par un changement de revêtement et un panneau.

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La joie d’avoir réussi à traverser l’Andalousie depuis Tarifa est estompée par la perspective des kilomètres douloureux qu’il nous reste à parcourir avant l’arrivée. Le bitume renvoie la chaleur du soleil qui nous fait face et j’essaye de faire le vide, de regarder juste devant moi et non pas au loin vers cet horizon qui ne s’approche jamais. Enfin, Monterrubio apparaît au pied d’une petite montagne.

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Les abords, comme souvent, présentent peu d’attrait avec des hangars industriels et agricoles, mais, qu’importe, le but est proche et quelques centaines de mètres dans les rues du village nous mènent à l’hostal où nous bénéficions d’un tarif pèlerin plus économique que celui annoncé à la réservation.

Prochaine étape de notre traversée de l’Espagne : la traversée de l’Estrémadure.

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