Retour en texte et en images sur notre traversée des Alpes à pied de Modane à Menton en 13 jours.
La génèse de notre randonnée
Les années 2020 et 2021 se suivent et d’une certaine façon se ressemblent. Nous avions prévu de fêter nos 10 ans (déjà … !!) de notre Transalpine en traversant symboliquement l’arc Alpin par la largeur par le Traumpfad.
Tout était prêt calé il n’y avait plus qu’à mais voilà 1 semaine avant le départ la COVID-19 refait parler d’elle avec les complications qui vont avec et le passage de trois frontières … Bref sans trop s’étendre sur le sujet, nous avons joué la carte de la simplicité et décidé de remiser le projet quelques temps pour une traversée simple à organiser mais tout aussi belle.
Les étapes de notre traversée des Alpes de Modane à Menton
Un rapide coup d’œil à la carte de France au GR5 de 2008 et nous imaginons une traversée parallèle un peu plus sauvage à sautes frontières avec l’Italie et comme objectif la Grande Bleue. C’est donc dans la précipitation que notre traversée des Alpes de Modane Menton voit le jour mais nous n’avons pas été déçu de notre revirement…
- Modane – Bivouac Vallon de Tavernette : 14.5 km et 1390 D+
- Bivouac Vallon de Tavernette – Le Martinet (Camping) : 30 km et 1420 D+
- Le Martinet – Lac Le Grand Laus : 27 km et 2123 D+
- Lac Le Grand Laus – Refuge Mte Granero : 28 km et 1882 D+
- Mte Granero – Gr. Route (au dessus de Pontechianale) : 20 km et 1411 de D+
- Route au dessus de Pontechianale – Rif Campo Base (Camping) : 20 km et 1200 de D+
- Rif Campo Base (Camping) – Lac de Derrière la Croix : 22 km et 1973 D+
- Lac de Derrière la Croix – St Etienne de Tinée (Camping) : 23 km et 929 D+
- St Etienne de Tinée (Camping) – Col Mercière : 31 km et 2001 D+
- Col Mercière – Gias Cabret (Au dessus de la Madone de Fenestre) : 26 km et 1376 D+
- Gias Cabret – Refuge des Merveilles (Bivouac) : 12 km et 985 D+
- Refuge des Merveilles – Sospel (Camping) : 28 km et 795 D+
- Sospel – Menton : 20 km et 1112 D+
J1 : Modane – Bivouac Vallon de Tavernette
+ 1390 m 14,5 kmMidi sandwich dans le sac nous partons pour notre traversée des Alpes, un peu la tête dans les chaussettes le corps se réveil tout doucement avec une première portion bien raide jusqu’au Charmaix. Histoire qu’il n’y ai pas trop de résonance avec le GR5, on opte pour les chemins parallèles quand c’est possible mais rapidement on se rend compte que nous ne nous souvenons pas de grand-chose quand il s’agit de repasser par certains tronçons empruntés 14 ans plus tôt .
Nous passons tranquillement le col de la Vallée Etroite et avant de redescendre au Pont de la Fonderie nous installons notre premier bivouac sur les hauteurs, heureux de retrouver les sensations de l’itinérance.
J2 : Bivouac Vallon de Tavernette – Le Martinet (Camping)
+ 1420 m 30 kmAprès une première nuit dans les hauteurs, nous dévalons tranquillement la Vallée Etroite en longeant le ruisseau éponyme.
Première incursion en Italie où le sentier qui nous mène jusqu’au Rocher de Barrabas est tout simplement somptueux !!
A peine le temps de s’imprégner de l’air de l’Italie que nous rebasculons en France pour retrouver un sentier emprunté 14 ans plus tôt (mais aucun souvenir n’est venu jusqu’à nous, pas un arbre pas un rocher… Le temps a fait son œuvre et ça n’est pas pour nous déplaire 😉).
Nous faisons le plein d’eau au niveau du Chalet des Acles avant de continuer juqu’au col de Dormillouse qui nous fera rejoindre le Martinet au milieu de la vallée de La Clarée, notre étape camping pour la nuit.
J’avais un peu hésité à bivouaquer au-dessus ou après Montgenèvre pour éviter le détour Clarée. Avec le recul, je pense que la solution 1 est la meilleure car ça évite quelques kilomètres et quasi 500 m de D+ sur l’ensemble du parcours.
La remontée des pistes de Montgenèvre est moins rébarbative que prévue, en effet quelques sentiers bien placés permettent de rejoindre le Col sous le Grand Charvia sans trop croiser de remontée. La pause de midi au bord du petit Lac juste derrière le col est revigorante pour le corps et l’esprit.
J3 : Le Martinet – Lac Le Grand Laus
+ 2123 m 27 kmL’objectif de ce 3e jour et de se rapprocher au maximum d’Abriès. Pour ça, il faut emprunter un morceau de piste/route un peu rébarbatif entre Le Bourget et le Refuge des Fonds de Cervières.
Il est 15h quand nous attaquons l’ascension de notre 2e col de la journée. Le vallon est joli mais la journée commence à être longue. C’est la tête dans les chaussures que nous passons le col sous le Pic du Marlif.
Heureusement, la vue sur le lac du Grand Laus nous fait oublier les dernières difficultés et l’ambiance au bord du lac est tellement grandiose que nous décidons d’y passer la nuit.
J4 : Lac Le Grand Laus – Refuge Mte Granero
+ 1882 m 28 kmUne fois n’est pas coutume nous attaquons la journée par une descente !!
Direction Abriès pour ravitailler et compléter le petit-déjeuner qui est à base de Prince, ce qui est il faut bien le dire un poil léger par moment … 😊 Nous quittons Abriès à 10h pour une portion peu champêtre le long de la route et le long du Guil jusqu’à la Monta départ de l’ascension du Col Lacroix où nous arriverons pour manger vers 12h30. Le repas est bref, le vent est froid, le temps se couvre et nous espérons bivouaquer au niveau du refuge du Viso. Le temps donne une ambiance plutôt austère au vallon où coule la Pellice que nous remontons.
Pour rejoindre le refuge Graneto, nous optons pour le « Chemin des pierres » qui a le mérite d’être direct … Arrivé au niveau du refuge nous nous accordons une petite pause avant de repartir sous un épais brouillard qui va sceller le sort de notre journée …
En effet, sans repère nous avons suivi les traces rouges et blanches qui nous ont tranquillement orientées sur le col Manzol … A l’opposé du Col Sellière … Après quelques hésitations mais sans carte précise du versant Italien nous avons décidé de rebrousser chemin et d’opter pour le bivouac à côté du refuge.
J5 : Mte Granero – Gr. Route (au dessus de Pontechianale)
+ 1411 m 20 kmAu réveil le temps est mitigé mais laisse entrevoir quelques bonnes portions de ciel bleu. La montée du Col Sellière est raide et nous offre un nouveau passage de frontière.
Coté français le temps s’annonce sombre et humide …
Juste avant de passer le refuge du Viso, nous sortons veste et pantalon gore-tex que nous ne quitterons plus avant midi …
Une peu à l’image de ma session VTT dans le Queyras 3 ans plutôt nous passons le Col de Valante sous la pluie et sans voir à plus de 10 m. La descente jusqu’à Castello fut « vivifiante »… La meilleure façon de se réchauffer ça reste de marcher …. !
Petit restaurant bien revigorant à Castello avec une mention spéciale pour les pattes de poulpe en entrée … ?!! (Comme quoi même après 1 ans passé en Italie on peut commander sans comprendre … Hein Rudi … 😉)
On décide de ravitailler à Madalena mais la supérette n’ouvre pas avant 15h30. On profite de ce temps pour faire sécher tous nos habits, notre tente et même grand luxe : les chaussettes … !!! Cette petite pause ensoleillée nous fait un bien fou et nous fait complètement oublier notre longue matinée.
Après avoir fait le plein de victuailles nous reprenons de la hauteur pour aller bivouaquer en direction de notre col du lendemain : Passo Di Fiutusa. On ne va pas se mentir ce bivouac fait largement parti du top 5 des bivouacs les plus pourris de ces 15 dernières années … Entre une végétation bien dense, un plat tout relatif et des patous qui veillent au loin, nous avons peu dormi.
J6 : Route au dessus de Pontechianale – Rif Campo Base (Camping)
+ 1200 m 20 kmNous avons eu la « chance » de faire plus ample connaissance avec nos 6 gardiens de la nuit à poils blancs … En effet notre chemin (vraiment très peu marqué) passe exactement à l’emplacement de la tente du berger et de ses patous. Vraiment pas de bol !
Autant dire que le passage a été vivifiant … !!! S’ensuit une longue ascension raide et très peu empruntée qui doit être passablement “paumatoire” dans le brouillard. Notre journée animalière continue de manière beaucoup plus accueillante avec une harde de bouquetins au niveau du col qui n’ont pas semblé du tout déranger par notre présence. On a même cru qu’ils ne partiraient jamais 😊. Moment magique et suspendu qui nous a permis de faire quelques belles photos.
Nous descendons le vallon qui semble peu fréquenté jusqu’à une intersection où l’on retrouve un balisage franc. Pour éviter quelques centaines de mètres de dénivelé en descendant à Pian Ceiol, on décide de rester à « flanc » en passant par Gr Oulun, Gr Belvedere … Autant dire que ça n’a pas été l’idée du siècle … 😊
Il nous a fallu l’aide de la montre GPS pour trouver le chemin au milieu de la végétation hyper dense. Le chemin est peu marqué voire inexistant et s’avère être une succession de montées et descentes toutes aussi raides … On n’a peut être gagné quelques mètres de dénivelés mais en terme d’énergie dépensée on a largement grillé quelques cartouches … !!
Après la pause de midi au Gr Dell Autaret, on retrouve pas mal de monde notamment au Colle Di Bellino (dont la descente est un super single pour le VTT !). Nous finirons tranquillement la journée où nous passerons la nuit au camping de Campo Base.
J7 : Rif Campo Base (Camping) – Lac de Derrière la Croix
+ 1973 m 22 kmLe temps est couvert au réveil et l’option petit-déjeuner au refuge est la bienvenue car un orage éclate entre deux tartines … ! Une bonne session de grêle plus tard, on s’équipe pour la pluie et c’est parti pour l’ascension du col de Sautron sous l’orage .
Comme souvent, nous passons le col et le temps commence à se faire plus clément …
Le reste de la journée est plus calme, repas au col de la Gipière de l’Orennaye dans une ambiance “seule au monde”.
Puis, le Mercantour commence à faire son apparition , en remontant le sentier le long de l’Ubayette afin d’installer notre bivouac au Lac de Derrière La Croix.
J8 : Lac de Derrière la Croix – St Etienne de Tinée (Camping)
+ 929 m 23 kmSans nous en souvenir nous remontons le temps, nos pas croisent ceux d’il y a 14 ans, entre Pas de la Cavale, Col des Fourches et même le petit café de Bousiéyas où la pause tarte aux myrtilles nous fait un bien fou !!
Passé le col de la Colombière l’estomac commence à réclamer son dû … ! Nous ne le savons pas encore mais la descente jusqu’à St Dalmas le Selvage est comme qui dirait interminable ! Mais heureusement on trouve un restaurant avec un peu de place et surtout de gros Hamburgers !!!
L’après-midi, le temps se gâte vraiment, au loin les orages éclatent… Par miracle, nous arrivons à St Etienne de Tinée en passant à travers les gouttes ! Nous décidons de passer la nuit au camping car il nous faut réorganiser un peu nos étapes pour la fin du périple.
J9 : St Etienne de Tinée (Camping) – Col Mercière
+ 2001 m 31 kmL’idée initiale était de suivre le GR52 et de rester en altitude, mais le peu de temps pour préparer notre périple ne nous a pas permis d’affiner les étapes. Après avoir ravitaillé nous choisissons de shunter le secteur Refuge de Vens, Refuge de Rabuons et d’aller directement à Isola puis Isola 2000.
Autant dire que la portion de route entre St Etienne de Tinée et le village d’Isola est harassante et inintéressante …
A ceci il faut associer la montée à la Baisse de Merlier
et la traversée des pistes d’Isola 2000 et on obtient une journée de transition qui ne resterait pas dans les mémoires … Ou si mais comme une journée à oublier. Heureusement le bivouac sous le col Mercier est plutôt enchanteur.
J10 : Col Mercière – Gias Cabret (Au dessus de la Madone de Fenestre)
+ 1376 m 26 kmAprès la très longue journée de le veille, on apprécie de démarrer pas une légère descente en direction du Col de Salèse en quête du tracé du GR52. Rejoindre les GR réputés, c’est se reconnecter avec une densité non négligeable de randonneurs itinérants ou pas.
Nous avions eu vent des dégâts de 2020 dans le parc du Mercantour et notamment au niveau du Vallon de Salèse. Cela commence par une interdiction d’emprunter le GR et de rester sur la route. Au début, on se dit que c’est de l’excès de prévention mais plus on descend en direction de la vallée du Boréon plus on prend conscience du chaos qui règne suite à la tempête de 2020. C’est tout simplement incroyable le désordre et la désolation qui règnent dans le vallon !!! Il y en a pour des années à tout reconstruire.
Étonnement une fois la Vacherie du Boréon passée, on retrouve le paysage enchanteur du Val du Haut Boréon.
On coupe directement en direction du Lac de Trecoplas sans passer par le refuge de Cougourde, puis s’ensuit le Pas des Larde, un passage éclair au niveau de la Madonne de Fenestre où une stakhanoviste de l’étirement accomplissait sa 3e heure … 😉
Beau bivouac au niveau du Gias Cabret entaché par une nuée de moustiques qui nous a précipité dans nos tentes une fois le dîner terminé.
J11 : Gias Cabret – Refuge des Merveilles (Bivouac)
+ 985 m 12 kmMême si la fin n’est pas là, on commence déjà dans nos têtes à se projeter sur l’après. C’est parfois compliqué les journées où l’esprit n’y ai plus mais heureusement les paysages du Mercantour dépassent nos espérances ! Entre le Pat du Mont Colomb très escarpé, la vue incroyable sur le refuge de Nice grâce à notre « raccourci… », on en prend encore plein les yeux.
Nous décidons de nous arrêter au bivouac du refuge des Merveilles. La vallée est à la hauteur de sa réputation en termes de paysages et d’histoire. Sa réputation n’étant plus à faire, le monde qui s’y promène est là en nombre …
La règlementation est stricte : interdit de sortir des chemins et interdit de bivouaquer en dehors de la zone aménagée autour du refuge. En effet il faut préserver la multitude de gravures dont certains sont mises en évidence dans le but d’éviter que chacun parte en quête d’un trésor et n’y appose sa gravure…
On passe une bonne soirée sur la terrasse du refuge par 8°c … 😊 Nous avons pris le dîner au refuge et comme ce soir il y a 130 repas (!!!) à servir il a fallu pousser les murs et servir en terrasse malgré le temps froid et grisonnant. Mais finalement l’équipe du refuge a vraiment assuré ! MERCI !!
J12 : Refuge des Merveilles – Sospel (Camping)
+ 795 m 28 kmA noter que la veille, nous avions réussi à trouver un spot de bivouac à l’abri du vent derrière un gros rocher ! Bon, petit bémol une légère pente qui nous a valu une nuit plus que moyenne, ce qui peut rassurer tous ceux qui nous ont envié d’être à l’abri du vent… 😉
Le Pas du Diable marque la fin des « hautes » altitudes et le début de notre descente vers la mer.
La journée pour rejoindre Sospel fut ventée, pluvieuse et froide. Nous avons beaucoup regarder nos chaussures, nous nous sommes peu arrêtés pour garder de la chaleur … Mais de ce que nous avons pu voir de cette crête qui passe par la Baisse de la Déa par le Mangiabo ou encore la Baisse de Linière doit être magnifique sous quelques rayons de soleils.
Sospel marque le retour à la civilisation et aux contraintes du COVID. Nous pensions profiter de cette escale citadine pour passer une petite soirée sympa et finalement elle fut longue et stressante…
J13 : Sospel – Menton
+ 1112 m 20 kmNous espérions depuis 2 jours voir la mer mais le relief et le temps nous ont gardé la surprise pour la fin. Cette dernière journée commence plutôt bien, nous démarrons en forêt tout en restant assez loin de l’urbanisation. Le dénivelé du jour n’est pas négligeable et la chaleur commence à refaire son apparition au fur et à mesure que la Grande Bleue pointe le bout de son nez ! On enchaine le col du Razet, le col du Trétore pour finir par une montée bien raide sous un soleil de plomb qui nous mène au dernier col de notre traversée le col du Berceau.
Il est 11h30 quand on arrive. La vue sur Menton et la mer bleue azur est époustouflante ! On contemple en attendant de prendre notre dernier déjeuner de l’aventure ici.
L’arrivée sur Menton est un peu longue, nos esprits quittant cette traversée progressivement.
Plus on approche de la ville plus l’urbanisation se fait sentir, incivilités ici ou là, habits, sacs en bordure de chemin, traces de vie de personnes qui ne randonnent pas comme nous pour le plaisir mais seulement pour espérer une vie meilleure.
Heureux d’être arrivée nous longeons le front de mer pour rejoindre la vieille ville et notre logement réservé in extremis la veille. Comme d’habitude nous concluons notre périple par un bon restaurant à deux pas de la plage en rêvant déjà à nos futures aventures …
C’est toujours difficile de se présenter… Grand brun, yeux bleux… Bon ok moyen brun futur chauve ça me correspond mieux !!! ^^
Sinon je pratique pas mal de sport en général. Course à pied, rando, vtt… Et surtout une passion pôur les randonnées au long cours depuis 2007 avec une première expérience autour du Mont Blanc.
Depuis j’ai parcouru en compagnie de Rudi le GR5 de Nice à Wissembourg en 45 jours, en solo la traversée Nord Sud de l’Islande à vélo sur la piste F 35 et plus récement à nouveau avec mon compère Rudi une transalpine Samoëns – Trieste durant 71 jours.
Pour route question n’hésitez pas à me contacter surtout j’y répondrais avec grand plaisir !!!
En attendant bonne lecture à tous et longue vie à I Trekking !!!!
Super ! que ce soit le paysage, les animaux ou le parcours. Ca vend du rêve !