Au sud du Haut-Atlas et du djebel Saghro commence le Sahara, ses dunes blondes et rougeoyantes et ses regs rugueux et étendus. Je suis parti randonner 5 jours dans le Sahara marocain avec Terres d’Aventure pour une très belle traversée des dunes de Merzouga. Récit.
25 février. Maroc. 1h00 du matin. L’avion se pose sur le tarmac et me réveille. L’aéroport d’Ouarzazate est vide. Je passe rapidement les contrôles douaniers. Salam, guide du groupe pour la semaine de randonnée, m’accueille et me dépose à l’hôtel pour une courte nuit. Je m’endors des souvenirs de déserts plein la tête.
Erg Znaigui
+ 20 m/ – 10 m 5,8 km9h00. C’est le départ en minibus pour les dunes de Merzouga. Le trajet est l’occasion de faire connaissance avec les autres randonneurs. Ça s’annonce bien, tout le monde est bien sympa. Dans l’après-midi, le véhicule s’arrête sur le bord de la route RN17A, au milieu de nulle part. Je pose les pieds sur le sable. Je suis déjà ailleurs, bien loin de la France…
Pas d’habitation, la randonnée peut débuter. Les premiers kilomètres traversent des zones parsemées de fleurs et de plantes. Salam nous fait un petit cours de botanique. Des sistanches du désert par ci, des asphodèles par là.
Plus nous approchons de l’erg Znaigui, plus c’est beau. Nous posons le bivouac au pied du cordon dunaire. J’avale rapidement un thé à la menthe, le premier d’une longue série et quelques biscuits secs puis je file prendre mon appareil photo. La golden hour arrive, ce moment magique où la lumière est douce et chaude. Concrètement, c’est soit dans l’heure qui suit le lever du soleil, soit dans l’heure qui précède le coucher du soleil.
J’escalade les dunes derrière le campement pour photographier la lumière qui décline sur le désert. Je frétille littéralement de bonheur. J’aime le Sahara, je m’y sens bien à chaque fois. Nos chameliers et dromadaires arrivent avant la tombée de la nuit.
Je retourne au camp et monte ma tente.
Le plateau du djebel Baiga
+ 280 m/ – 240 m 14,75 km7h33. J’entends chuchoter dans la tente voisine. Je regarde l’heure et me lève en douceur. Je plie mes affaires, les sors de la tente et démonte toiles, arceaux et sardines.
Nous prenons le petit-déjeuner face au soleil qui se lève. Quel luxe ! J’aime ce moment où les rayons du soleil viennent déposer leur chaleur matinale sur nos corps encore froid.
Après l’éternel thé noir, pain, confiture et kiri des treks sahariens, nous nous mettons en route à travers l’erg Znaigui.
Nous suivons Salam sur les crêtes, chevauchant et zigzaguant à travers les dunes. Il est notre boussole, notre métronome.
Nous courons en descendant les dunes. Le désert réveille l’enfant qui est en nous. Nous nous libérons de nos quotidiens. Je me sens libre comme l’air.
A la sortie du cordon dunaire, nous suivons des siouf, ces dunes qui prennent une forme longitudinale sous l’effet du vent. Puis, c’est le reg, plat et ténébreux jusqu’au pied du plateau du djebel Baiga où les khaimas sont déjà montées. Il est 13h45.
Nous déjeunons-lentilles, légumes et sardines-faisons une petite sieste, montons les tentes. La fin de la journée se poursuit par une magnifique boucle au départ du campement vers le sommet du djebel Baiga. Quelle claque ! Ce n’est pas beau c’est magnifique… Il y a dans les paysages un air du sud de l’Algérie. D’ailleurs, la frontière n’est pas loin. Roche et sable s’entrechoquent délicatement pour composer un décor somptueux. Désolé pour tous ces superlatifs. Au sommet, nous assistons au coucher de soleil. Il nous faut revenir au camp mais c’est clairement le genre de moment qu’on souhaiterait éternel.
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Au pied de l’erg Chebbi
+ 60 m/ – 60 m 21 kmCe matin, le groupe a des difficultés à se mettre en marche. Il faut dire que la vue pendant le petit-déjeuner sur le Djebel Baiga avait de quoi nous faire tourner la tête. Ce n’est finalement qu’à 9h30 que nous démarrons la marche. Direction l’erg Chebbi. C’est une longue journée de marche sur un erg qui semble interminable. Il est ponctué de courts passages sablonneux et de zones plus vertes parsemées de buissons. Pour beaucoup l’erg est synonyme d’ennui. Pas chez moi. L’erg est parfait pour l’introspection et le lâcher prise.
Nous croisons des Renault 4 participant au 4L Trophy qui a lieu chaque année dans le sud marocain au mois de février. C’est un rallye-raid pour les moins de 28 ans. On les regarde passer. Ils nous font des signes. Leur enthousiasme fait plaisir à regarder.
Nous pique-niquons sous un acacia près des gravures rupestres de M’Fis où l’on trouve des représentations de bovidés, autruches en partie ensablées. Le vent s’est levé. Je l’aime bien ce sable qui s’immisce dans les moindres failles : entre les doigts de pied, dans les assiettes au moment de passer à table. Tout le repas est alors rythmé par un crisp crisp qui part des dents jusqu’aux oreilles. Dit comme cela on pourrait croire que je peste. Mais pas du tout, je l’aime bien ce sable des dunes de Merzouga.
L’erg Chebbi est en vue. Il semble tout proche alors qu’il nous reste 8 km à parcourir. En chemin, nous découvrons de nombreux coquillages fossilisés et des roses des sables. La nature est toujours pleine de surprises. Nous croisons aussi quelques dromadaires en pâturage. Certains sont entravés, d’autres non, ce qui me laisse supposer que ceux qui sont entravés ont déjà eu envie de prendre la poudre d’escampette.
Nous posons le campement à Hassi Mardani au pied des hautes dunes de l’erg Chebbi. Le cadre est idyllique. Il serait même parfait s’il n’y avait pas ses traces de pneus et la présence d’autres campements assez proches. Le randonneur est assez exclusif, moi y compris. J’aimerais parfois avoir un lieu à moi tout seul pour entrer en communion avec lui. Fort heureusement, on trouve encore notre tranquillité. Assis sur une dune, je regarde le soleil se coucher. Je ne suis pas le seul à chercher cette communion avec la nature. Je regarde passer Mohar, le chamelier, qui ramène les dromadaires près du camp. Au même moment, Mohamed, le cuisinier, prépare un feu en vue de la soirée qui s’annonce fraîche. Il finira de préparer le dîner sous sa tente cuisine. C’est une sacrée équipe qu’on a là. Ce soir, je dormirai dehors.
Jusqu’aux dunes de dunes de Bouird
+ 325 m/ – 275 m 14 kmComme la veille, on se met en route tardivement. C’est vraiment dommage pour les photos car nous traversions de belles dunes mais la golden hour est largement passée et le paysage semble parfois bien écrasé.
C’est dans cette zone de l’erg Chebbi que nous croisons les plus hautes dunes du Maroc. Plus de 150 m de haut pour certaines d’entre-elles. Il s’agit de dunes pyramidales en forme d’étoile qu’on appelle ghourd.
Nous en gravissons quelques unes en suivant les crêtes. Lentement, car les pieds s’enfoncent dans le sable qui se délite sous nos pas. Les courbes sont douces. C’est un réel plaisir d’être là à ce moment là. Je kiffe chaque instant. Et je ne suis pas le seul. En fait, il y a vraiment une bonne ambiance dans ce groupe. L’esprit et très positif.
Nous croisons quelques 4×4 espagnols qui font mumuse dans les dunes. Fondamentalement, ça m’emmerde mais je suis si détendu que ça me passe au dessus.
Nous rejoignons notre campement près d’un palmier au pied des dunes de Bouird. Lorsque j’ai fini d’installer mon bivouac dans une dépression pour être à l’abri du vent, Mohar m’apporte un scinque, un lézard discret qui se cache sous les pierres, dans les racines, les terriers ou sous le sable. Son corps est tellement hermétique, qu’aucun grain de sable ne pénètre sa peau ou ses orifices. Dès qu’il nous l’a montré, il le redépose sur le sable à l’écart du camp. Je n’en n’ai pas parlé mais on a pu croiser quelques espèces d’oiseaux tout au long de cette traversée des dunes de Merzouga : courvite Isabelle, traquet du désert, cochevis huppé.
Un peu avant 18h00, nous partons au sommet d’une de ces grandes dunes pour s’émerveiller devant cette lumière rasante. On s’assoit sur la crête d’une dune. En silence, nous regardons le soleil se coucher. S’abandonner à son rythme pendant une semaine, cela fait un bien fou. Ce soir, c’est le dernier bivouac. Du coup, lorsque l’on revient au camp, Mohamed a allumé un feu et prépare son pain des sables avec les braises. On le regarde faire, complètement fasciné. Salam sort des bidons de jerrican vide. Chants lancinants rythmés par les tam tam sur les jerricans font notre soirée. C’est un grand classique au Sahara mais la magie opère à chaque fois.
Jusqu’à la route
+ 50 m/ – 60 m 5 km5 petits kilomètres pour cette dernière journée de randonnée. Deux petites heures de marche où déjà les souvenirs de cette semaine passée dans le désert refont surface. Et puis, on aperçoit une kasbah et une route. On dit au revoir aux chameliers avec beaucoup d’humilité puis on monte dans le minibus.
Marcher dans le désert, c’est le meilleur remède pour éliminer les toxines du corps et de l’âme, ça devrait être remboursé par la Sécurité Sociale.
Le voyage n’est pas tout à fait fini puisqu’on se dirige ensuite vers la vallée du Dadès pour une dernière journée de randonnée au milieu des champs le long de l’oued.
Informations pratiques
Comment s’y rendre ?
Vol international jusqu’à Ourzazate.
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Avec qui partir ?
Cette randonnée a été réalisée avec Terre d’Aventures qui a à son catalogue 27 randonnées au Maroc dont 12 au Sahara. Le circuit s’intitule « Merzouga et la palmeraie de Skoura ». Entre 2h et 6h de marche par jour.
Un peu de lecture
Smara, carnets de route d’un fou du désert : une œuvre majeure qui se déroule dans le sud marocain. Si la littérature saharienne vous intéresse, lisez notre article qui vous suggère 10 livres à lire au désert.
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.