Traversée du Siðujökull

Traversée du Siðujökull - Trekking de de Þorsmörk à Skaftafell

Focus Rando :Traversée du Siðujökull

Quand je dis que l’aventure va bientôt commencer, il serait temps que ça démarre en effet parce que bientôt, le voyage sera fini. Aujourd’hui, premier jour de glacier.
Bon depuis hier soir et ma traversée de Fljotsoddi, je crois qu’on peut dire qu’on y’est. C’est l’heure des braves. Disons que je suis dans le vestiaire avant d’entrer sur le pré d’un terrain de rugby ariégeois au mois de janvier. Ceux qui ont testé comprendront…
D’ailleurs pour les autres, une petite video didactique et disgressive pour aider à la compréhension des énergumènes du coin. J’en peux plus tellement ça me fait marrer. Je l’écoute en boucle. Comment voulez que j’écrive un article sérieux qui fasse ressortir la dramaturgie de ces moments de doute et de stress intense?

Bon bref, j’ai préparé la sauce, y’a plus qu’à la manger.

6h00 du mat sur mon ilot de sable solide au milieu des mouvants, à moins de 100 mètres de la glace, je suis serein. Pas angoissé. Petit déj tout de suite pour changer, je suis pas sûr de vraiment avoir envie de faire de longs breaks sur le glacier si la surface est difficile. A priori, le glacier est super facile en dehors de sa longueur, sauf que je l’attaque beaucoup plus haut que prévu. Le Skaftarjökull avec sa glace noire sera t’il aussi simple?
Bon mais avant de marcher sur le glacier, il faut commencer par y monter. Rien que prendre de l’eau pour mon nesquik est une mission.
Ah ces sables… Le fait de marcher à 50 cm de zones d’eau claire provoque un mouvement de plaques qui a pour effet de troubler les flaques. Pas simple.
Petit exemple rapide que je n’ai pas voulu prolonger au-delà des chevilles (mais on descend largement jusqu’aux genoux).

En fait, j’ai compris la technique. Il faut courir sur les zones les plus meubles. Finalement pas trop compliqué pour accéder à la zone mixte glace cailloux.

La glace est toute noire au début du glacier de par les débris qu’elle charie. De nombreux cônes noirs glacés gênent un petit peu la progression. Souvent autour d’eux la glace est particulièrement tourmentée.
Certains sont particulièrement grands.
Vous avez noté comme je prends soin de mon corps? avec ma crême pour les lèvres que j’ai étalé comme une vieille prostituée jusque sur la barbe (je dis pas que les vieilles prostituées de la barbe)? Aahah, j’ai un bon look moi ce matin.
Pas super esthétique le Skaftarjökull. Ni spécialement accueillant.
Mais on sent que dans pas longtemps, à la jonction avec le Siðujökull, les choses devraient s’améliorer.
Certes, par contre, comme on voit pas l’autre bout, je sens que la journée va être plutôt longue. ca va qu’y a des trucs et des machins pour égayer la monotonie.

Le chemin parcouru derrière moi… Et j’ai l’impression de marcher depuis deux jours alors que je vois encore l’endroit d’où je suis parti avec la grosse zone de glace noire qui m’a bien gavé. Ca va être long aujourd’hui comme une journée de boulot dans un boulot que t’aimes pas (j’avais des vraies expressions mais je les ai utilisées sur mes blogs précédents et là en panne d’inspiration. Je demanderai à l’entraineur ariégeois).
Au loin encore j’aperçois la Skafta. Au revoir, belle rivière, tu m’as fait rêver après m’en avoir fait baver. Qu’est ce que je regrette de ne pas avoir saisi l’opportunité de te défier. Je ne pense pas avoir une autre occasion de tenter ce défi dans le futur. A moins de tenter un jour le tour du Vatnajökull de mer à mer…

Allons enfants de la patrie… lalala, marchons, marchons… (et en plus y’a plein de sillons)
Et des panneaux de signalisation aussi. Mais qu’est ce tu fais là, toi?
Marchons, marchons.

Voila, on est sur le tout plat pour des km et des km.
Pas une crevasse, rien, pas un troquet, pas une mobylette…
ca se voit que j’avance?
Super beau temps au moins, les gros nuages s’arrêtent sur la périphérie du glacier. J’imagine qu’il s’agit de phénomènes thermiques. L’air chaud maritime qui vient du sud se condense sur la masse froide du glacier et la pluie tombe en périphérie sans avoir le temps de monter jusqu’au milieu du glacier, me douté-je. j’accepte la confrontation d’idées…

Il est d’usage sur des gros glaciers comme celui ci de marcher plus ou moins sur la périphérie. Deux intérêts. Un, il y’a généralement moins de crevasses sur le bord à l’endroit où le glacier s’élargit (les crevasses se formant souvent sur les zones de resserrement du glacier (par exemple entre deux montagnes) un peu comme une rivière forme des rapides en rentrant dans un canyon. Deux, si on a un problème, on est pas loin du bord pour s’échapper et rejoindre la terre ferme.
Moi, je suis un anti-convetionnel. J’ai surtout pas envie de faire un km de plus sur ce bidule casse-moral sans fin. On est comme dans le désert sauf que les dunes sont remplacées par les crevasses (guère).
Donc sortir plein est du Skafatrjökull pour éviter les zones de glace noire, une petite descente au sud pour pas monter trop dans les crevasses du goulet d’étranglement du Siðujökull et re plein est dans la mesure du possible.

5 heures de marche. Oh… un bidule. C’est là qu’il faut que je vais (sic..(je précise au cas où c’est qu’on croirait que je déraille avec mon subjonctif)). Hagongur. Je dois sortir juste dessous, au sud.
Ah oui, ça rompt avec la monotonie. C’est sûr.

Retour de grosses zones de glace noire au sol. C’est un peu déstabilisant. On a peur de passer au travers, comme s’il s’agissait d’un tout petit film cachant de terribles crevasses.
Prochaine photo de mes jambes en gros plan, strep tease, promis, mes

demoiselles qui êtes en admiration devant ce corps musculeux d’athlète mais malheureusement si souvent caché sous ses épais vêtements de protection.

Des zones rocheuses émergent de ci de là, assez spectaculaires mais pas indiquées sur la carte. Les points de vue du sommet doivent être assez somptueux. Si j’aurais sû (sic (idem sauf que c’est le conditionnel plutôt que le subjonctif)), je serais passé beaucoup plus au nord quitte à zig-zaguer dans les quelques zones crevassées pour tenter une ascension. Je suis là beaucoup trop loin pour un détour. Dommage. Même si je pense qu’un bivouac est envisageable au pied de certains sommets que j’imagine dégagés partiellement de glace (non, j’imagine pas tenter celui-ci)
Pffff…
Pffff…
Commence à me gaver.
Ah, ces zones noires qui égayent mon après midi.

Une de mes photos préférées bien que complètement floue. J’aime l’enveloppe du mystère.
8 heures de glace, je commence à avoir mal sous les pieds, et surtout au moral.
Avec la chaleur de l’après midi , il commence à se former quelques bédières mais aucune assez large pour gêner ma progression.

Une petite zone de crevasses.
Pas de problemo. Tranquillou je gère. Rien à voir avec le Mulajökull l’an dernier.
Hagongur commence à vraiment prendre de la hauteur et je commence à bien discerner les accidents de sa surface. Je me dis que ce soir, ça pourrait être amusant d’y monter après le dressage de la tente.
En bas à droite apparait aussi Eldgigur, un petit volcan tout rouge.
Ah oui, le bord de ce glacier me parait plutôt sympatoche. Enfin faut dire que je crois que même les immeubles de l’Ariane me plairaient maintenant.

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Non, c’est vraiment un très bel endroit. Tout compte fait, Je monterai Eldgigur plutôt qu’Hagongur. Tout rouge et moins haut, j’y vois que des avantages…
Je commence à apercevoir aussi la Djupa, que Michael m’a décrit comme une rivière plutôt difficile à traverser, à ne surtout pas prendre à la légère.
On voit aussi la continuité du glacier enveloppant quasiment Hagongur. Magnifique.
Retour dans le bordel tout noir plein de cônes.
Bon, interruption de l’image jusqu’à la Djupa. Parce que là, franchement, je me tape une petite heure de pas cool du tout mais alors vraiment pas du tout.

La descente du glacier n’est pas un problème en soi. J’ai encore les mots de Michael en tête: "si tu arrives tôt à la Djupa, n’essaie pas de la traverser en fin d’après midi. Prends ton mal en patience, plante la tente et attends le matin que le niveau ait diminué. Le courant est très fort le soir."

Oui, mais euh, Eldgigur et les coins que je trouve sympas sont de l’autre côté.
Je sais que Michael traverse juste à la sortie de la plaine avant que la Djupa ne pénètre dans une gorge étroite (non, je dirai pas profonde).
A ce niveau, la rivière a récupéré l’eau des deux glaciers, le Siðujökull donc où je suis et celui qui se trouve entre Hagongur et Eldgigur (v. photo précédente) et qui porte pas de nom.
Faisant appel à mon intelligence supérieure qui m’a sorti des centaines de fois de situations périlleuses (ben oui), je me dis que je si je franchis le flot issu de Siðujökull avant de me taper le bras principal juste sous Eldgigur,le flux de ce dernier sera moins important et le franchissement aisé. cqfd.
M’a l’air un peu confuse, mon explication… donc place aux actes et aux braves. Assez de paroles.

Les torrents sortant du Siðujökull ne sont pas très larges, mais trop pour être franchis d’un bond. Par endroits, les bords sont plus étroits mais l’eau a creusé la glace dessous et ces espèces de petits promontoires ne m’inspirent pas du tout confiance. Une chute serait sans conséquence hormis pour mon amour propre et mes chaussures qui se rempliraient d’eau glacée.
J’ai encore les crampons. J’ai pas envie de déchausser pour mettre les tongs et traverser ces merdouilles d’un mètre cinquante mais profondes d’au moins 20-30 centimètres.
Donc je remonte un petit quart d’heure vers l’amont en restant sur la la limite du glacier pour trouver un passage peinard. Ben non, y’a pas, va falloir se jeter.
Et hop… Splafff (je suis très fort en onomatopées)… Les pieds sous l’eau… Mais les guetres et le pantalon étanche font leur taf… Même pas mouillé… Trop fort ce bigfoot.

Yes, j’ai franchi la Djupa Siðujökullienne (si quelqu’un arrive comprendre ce passage de mon récit, il est vraiment fort, parce que même moi à la relecture, j’y comprends rien).
Faut sortir de la moraine maintenant et atteindre la grosse Djupa. Je peux enfin retirer les crampons.

Et là, je me reçois quelques chiffarnasses bien senties (de mon pote ariégeois).
C’est clair que la moraine me remet la tête à l’endroit.

C’est pas long, moins de 200 mètres peut être, mais en plein sables mouvants, pire que du côté ouest de ce matin. Le choix entre le très mou et l’extremement mou pour ne pas dire liquide. Chaque pas est une aventure. Je ne sais pas où il faut passer. Un pas là me fait sortir une flaque 20 cm devant ou alors une grosse à 5 mètres disparait dans un bruit épouvantable de sucion. J’essaie de rester sur les points hauts entourant les flaques et sur les zones les plus caillouteuses possibles mais rien ne tient sous mon poids. Tout s’éboule, tout s’effondre. Je tombe deux trois fois sans jamais toutefois perdre vraiment l’équilibre. Jusqu’à mes cuisses, je suis couvert de terre et de boue. Je suis tout pourri mais c’est vraiment le cadet de mes soucis.
Je me sens pris au piège. Il faut s’échapper, sortir de ce secteur. Cesser de réfléchir au bon passage. tout arrêt est synonyme d’enfoncement jusqu’aux chevilles, plus prolongé jusqu’aux genoux.
Ah, la bonne idée intelligente…(hein, Pierrot, c’est pas pire qu’un coup de pied intelligent…)
Ah, tu la voulais l’aventure et l’engagement… Vas-y Gary, profite de ces moments privilégiés.

Je sors finalement en courant, espérant enfin que le prochain pas se fera sur du dur (marrant l’ enchainement de ces trois mots)
Bien sûr que je m’en sors. Fallait que je rentre pour raconter mon aventure et puis aussi pour payer mes contraventions.

La Djupa. Bon, moi je la sens bien, et puis rester de ce côté ci avec la moraine à quelques encablures… euh non merci… Et si elle avait des tentacules qui se déroulent la nuit? On sait jamais au pays des trolls.

Deuxième difficulté donc en l’espace de quelques minutes.
Michael:"si tu arrives tôt à la Djupa, n’essaie pas de la traverser en fin d’après midi. Prends ton mal en patience, plante la tente et attends le matin que le niveau ait diminué. Le courant est très fort le soir."
Il est 18h30. Ah ben oui, je suis en plein dans l’horaire pas bon. Oui mais moi, les gués costauds, vous le savez maintenant, ça m’éclate.

Donc en tenue sexy pour vous mesdames.
La question ultime du blog: est ce que je porte un slip?

La djupa, c’est ça. C’est du sérieux, oui.
Grosse traversée avec un courant très fort mais finalement relativement peu profond.
Un régal de résister à la force de l’eau, sentir les batons vibrer, l’eau glacée contre les cuisses et enfin la délivrance de remonter lentement vers la rive opposée. J’adore dans ces conditions sans pluie.
Voilà ce que j’aime dans le trekking en Islande, ces moments là de défi.
Je viens vraiment de prendre mon pied à me mesurer à la Djupa.
Je ne sais pas pourquoi les gens appréhendent les franchissements de gué. La sensation est tellement puissante.
La vidéo ne donne pas bien l’idée du bidule, mais bon maintenant qu’elle est prise, je vous la livre.

Bon bref, marcher un peu pour se mettre à l’abri d’un éventuel coup de vent. Je rentre dans la coulée de lave rouge de Eldgigur et me planque derrière un talus pour dresser ma tente.
Quelques difficultés pour trouver de l’eau claire dans un affluent de la Djupa, lui aussi trouble. Je récupère l’eau sur un tout petit bras où le courant n’est pas assez fort pour charrier le sable. Celui ci décante donc et je peux récupérer de l’eau propre.

Dans la soirée, montée comme promis à Eldgigur avec couleurs et vues somptueuses sur les glaciers et la plaine.
Endroit de désolation totale.
Le sommet
Et donc en dessous du sommet avec la Djupa
Et sans la Djupa (un ptit peu quand même sous le glacier sans nom (enfin si il a un nom: c’est juste le très modeste Vatnajökull). Le Siðujökull est juste son excroissance vers le sud-ouest.
La brume s’invite. Il est temps de rentrer at home avant de plus rien y voir et de se paumer (mais d’abord une petite vidéo).
Ce qui est pas loin de se produire. Heureusement que mes traces de pas sont nettes.

Bon dodo sous temps très clément.

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