Voici le récit de mon Trek des Trois Cols au Népal. Il s’agit d’un trekking à haute altitude dans le Parc National du Sagarmatha. Il vous emmènera au pied de l’Everest en passant par trois cols à plus de 5000 mètres d’altitude : Cho La pass (5420 m), Kongma La Pass (5535 m) et Renjo La Pass (5465 m). Ce trek a été effectué avec l’agence Trek Dream Nepal.
Voyage depuis la Suisse
Je rejoins le Népal au départ de Zurich, en Suisse, via Doha, au Quatar. À l’arrivée à Kathmandu, il y à une longue file d’attente pour les visa. Heureusement, j’avais fait l’essentiel des démarches en ligne sur le site officiel. J’attends tout de même presque 1 heure pour régler les frais de 50$, avant de pouvoir passer la douane et de récupérer mon sac et filer en direction de l’hôtel, au cœur du quartier touristique de Thamel. Je fais la connaissance du couple originaire de Pau qui m’accompagnera pendant le trek, ainsi que de notre guide. L’aventure commence !
Voyage depuis Katmandu
+ 200 m / – 420 m 7 km 2h15Nous partons à 04h du matin en jeep pour rejoindre l’aéroport de Manthali, d’où l’essentiel des vols pour Lukla part désormais. Nous patientons 5 heures sur place et décollons vers 13h. Nous arrivons à Lukla, l’aéroport de montagne perché à 2800 m ayant la réputation d’être l’un des plus dangereux au monde. En 2h de marche douce nous rejoignons ensuite village de Phakding (2652 m).
Phadking à Namche Bazar
+ 985 m / – 315 m 10 km 3h50Après une nuit réparatrice, nous partons de bonne heure en direction de Namche Bazaar (3400 m), la porte d’entrée historique de la région de Khumbu. Au niveau de l’entrée du Parc National de Sagarmatha, nous apercevons des traileurs. Ils participent à une course caritative organisée par Dawa Sherpa.
Nous croisons ou dépassons beaucoup plus de porteurs qu’hier. Je suis stupéfait de voir les charges que certains trimbalent à la seule force de leurs mollets sur des chemins, certes relativement en bon état, mais pas nécessairement plats. Notre guide nous explique que quand il était jeune, il n’y avait pas de limite de poids pour les charges. Lui-même portait jusqu’à 60 kilos. Pour la plupart des népalais, c’est sans doute plus que leur propre poids. Aujourd’hui, par soucis de sécurité et pour préserver la santé de tous ceux qui vivent de cette activité, les charges ne doivent pas excéder, en théorie, 30 kilos. Pourtant, au détour d’un sentier, nous découvrons une de ces scènes qui font la beauté du voyage. Un guide, un porteur et un touriste bataillent ensemble pour stabiliser une charge qui a dévalé la pente et a été stoppée in extremis par des arbustes juste au dessus d’un groupe. Je leur prête main forte, nous arrivons à extraire le paquet énorme de son filet naturel. En riant, le porteur nous explique qu’ils s’agit d’une livraison de chaussures pour Namche Bazaar. Il y en a pour plus de 70 kilos. Sourire aux lèvres, il arrache son énorme puzzle de colis du sol et se remet à gravir la pente, avec ce rythme lent mais régulier de ceux qui savent gérer leur effort dans la durée.
Nous arrivons à Namche Bazaar par beau temps. Il n’y a toujours aucune trace de Dawa Sherpa et de ses coureurs. D’autres trekkers, qui comme nous ont eu vent de sa présence dans cette partie du parc, nous demandent si nous l’avons aperçus. Nous sommes visiblement quelques-uns à espérer croiser la légende. Ce sera pour une autre fois.
Nous nous lançons dans une visite rapide du village, construits sur les pentes d’un demi-cirque qui fait face à un 6000 m, le Kongde. On ressent clairement qu’on se trouve dans un endroit spécial. Entre la qualité des bâtiments, en pierres de taille pour certains, les boutiques de marques outdoor qui vendent des produits derniers cris et la présence d’un héliport, on comprend vite que ce village perdu dans les montagnes a une importance de premier plan et un positionnement stratégique dans l’histoire de la conquête de la région de l’Everest.
Namche Bazar à Thame
+ 588 m / – 266 m 8 km 3h00Une journée relativement courte en terme de marche puisque nous rejoignons Thame (3800 m) en 3 heures. De ce petit village, la vue sur plusieurs 6000 enneigés est fabuleuse ! C’est aussi un gros changement en terme de fréquentation. Pour la première fois depuis le début du trek, nous ne sommes pas entourés de hordes de randonneurs. C’est agréable, je me détends enfin et apprécie pleinement la tranquillité des lieux.
Après un déjeuner au « Paradise Logde », nous grimpons jusqu’au monastère de Thame, juste au dessus du village, à 4000 m. Notre guide nous explique que chaque famille de Khumbu doit envoyer son deuxième enfant dans l’un des monastères de la région. La vie y est studieuse, mais d’après notre guide, on n’y manque de rien grâce au tourisme et aux dons.
Le retour au lodge se fait juste avant que la brume ne fasse son apparition. Elle persistera jusqu’à ce que le soleil se couche. Nous passerons le reste de la journée dans l’atmosphère confortable de la salle commune, chauffée à la bouse de yak séchée.
Thame à Lungdhen
+ 636 m / – 132 m 9 km 3h00Nous remontons la vallée de Thame avec le soleil dans le dos. Le dénivelé est progressif, les températures permettent encore de randonner en manches courtes tant que le vent et les nuages se sont pas de la partie. L’arrivée à Lungdhen (4137 m) se fait pour nous en fin de matinée, ce qui nous laisse le temps de nous prélasser au soleil en attendant le déjeuner, mais aussi d’échanger avec la poignée d’autres randonneurs qui s’arrêtent au même lodge.
Dans l’après-midi puis en soirée, la magie des rencontres en voyage opère et chacun y va de ses récits d’aventure… sans oublier d’évoquer, avec une certaine appréhension, l’énorme étape du lendemain. Le Renjo La (5465 m) nous attend.
Lungdhen à Gokyo
+ 970 m / – 620 m 10 km 5h30Le départ est donné pour 06h. L’objectif du jour est de passer le col de Renjo avant de rejoindre le village de Gokyo, collé à un glacier. L’ascension est violente, l’essentiel du dénivelé étant concentré sur les trois premiers kilomètres. La température oscille probablement entre -10 et -5 degrés, sachant que nous sommes très peu exposés au soleil avant d’atteindre le col.
Chacun essaie de trouver son rythme pour ne pas être essoufflé. On ressent clairement les effets de l’altitude sur les performances physiques. De mon côté, j’ai des difficultés à respirer, des sensations de vertige et je n’arrive pas à me réchauffer les mains en dépit de la paire de sous-gants et de mes gants de ski. Certains trekkers sont pris de violents maux de tête. Le début de l’ascension ne fait clairement pas de cadeau ! La vue est relativement bouchée puisqu’on a en ligne de mire le col à passer et pas grand chose d’autre. Vers 5000 m, on atteint alors un beau plateau herbeux parsemé de quelques lacs d’altitude. L’ascension reprend après une courte pause et, à ma grand surprise, de bien meilleures sensations. Je me retrouve en tête de groupe, puis rattrape les groupes précédents, pour finalement arriver en haut le premier.
La météo était superbe ce jour-là. L’arrivée au col est… chargée d’émotions. Les deniers mètres de l’ascension ne dévoilent la vue qu’au dernier moment. Je me retrouve alors face au plus haut sommet du monde, à 8848 m, entouré de ses lieutenants Nuptse (7861 m) et Lhotse (8516 m). C’et vraiment grandiose. Devant tant de majesté, je commets ma première erreur du trek en terme de gestion d’altitude. J’avais commencé à sentir quelques maux de tête sur la fin de l’ascension. Je les ignore une fois au col. J’y passe 1h30 pour attendre le reste du groupe et patienter jusqu’à ce que tout le monde soit reposé avant de repartir. Mauvaise décision… Alors que l’on commence à redescendre en direction le Gokyo (4800 m), je ressens les premiers symptômes sérieux du mal d’altitude. Un mal de crane épouvantable, des nausées, plus d’énergie. La descente est longue, heureusement l’Everest reste visible jusqu’au bout quasiment.
D’un point de vue organisation, Gokyo a été un cauchemar. J’ai du passer presque 2 heures à arpenter le village pour me trouver une chambre. Notre guide nous avait effectivement expliqué qu’il n’y avait plus aucune chambre de disponible et que je devrais donc dormir dans la salle à manger. Le soucis c’est que des amis arrivés une demie-heure après nous ont trouvé une chambre en quelques minutes seulement. Je me rends compte rapidement que le soucis n’est pas le manque de chambre, mais le fait que les lodges ne veulent pas me donner une chambre alors que je suis seul. On me donne la même réponse partout, « des groupes arrivent à 17 h, repasse après ». La réalité du tourisme dans un pays pauvre m’a donc rattrapé assez rapidement sur ce trek ! J’insiste auprès du guide, puisque le tarif de l’agence inclut un logement en chambre à chaque étape. Il finit par trouver une chambre disponible. Une tentative d’escroquerie de la part du gérant du lodge Gokyo Guest House plus tard, me voilà installé et près à me reposer pour la suite de l’aventure. Gokyo, en dépit de la vue magnifique, restera un bien mauvais souvenir sur le plan humain.
Gokyo à Dragnac
+ 229 m / – 329 m 4 km 1h50Une petite journée pour rejoindre Dragnac (4750 m), à quelques kilomètres seulement de Gokyo. Je suis encore marqué par la journée d’hier et les effets secondaires d’un effort sans doute trop intense sur la fin de l’ascension. Nous traversons le glacier Ngozumba. Nous apprenons que la veille une touriste russe s’y est perdue. Son corps n’a pu être retrouvé qu’au petit matin. Un nom de plus sur la longue liste des victimes de la haute altitude.
Nous arrivons à Dragnac en milieu de matinée, ce qui nous laisse le temps de nous reposer correctement. Le Cho La, prévu pour le lendemain, sera notre deuxième épreuve sérieuse du trek !
Dragnac à Dzungla
+ 940 m / – 772 m 11 km 5h50Dragnac se situe au pied d’un long couloir qui conduit au Cho La (5420 m). Comme pour le Renjo La quelques jours plus tôt, le profil de l’ascension est constitué de deux ascensions entrecoupées par un plateau, vers 5000 m. Le gros ruisseau qui traverse Dragnac est complètement gelée. Il fait humide et là encore nous ne voyons pas le soleil avant un moment. L’un des membres du groupe perd toute sensibilité dans ses mains. Il nous faudra plusieurs minutes passées à le frictionner pour finalement l’entendre hurler de douleurs lorsque le sang se remet à circuler normalement. C’est impressionnant !
La deuxième partie de l’ascension est raide. Elle traverse essentiellement un énorme éboulis, ce qui rend l’utilisation des chaines et cordes fixes nécessaire sur certaines sections. L’arrivée au col est là encore bien récompensée ! Une vallée glaciaire s’offre à la vue, ainsi que plus loin quelques beaux sommets. La surprise de la journée et sans doute du trek se déroule au col ce jour-là, et je suis heureux d’en avoir été le photographe improvisé. L’un des randonneurs avec qui nous marchons depuis quelques jours y fait sa demande en mariage ! Et, avec un peu de retard sans doute du à l’altitude, la réponse a été « oui » !
Une fois remis de nos émotions, nous entamons la descente en direction de Dzungla (4830 m). Le ciel est parfaitement dégagé et, à 5400 m, mieux vaut avoir de quoi se couvrir la tête. Un comprimé anti-douleur et quelques kilomètres plus tard, nous arrivons à ce qui restera pour moi le plus beau lodge du trek. Nous avons une vue imprenable sur l’Ama Dablam, dont je suis personnellement tombé amoureux. Nous déjeunons au soleil, conscients que demain nous rejoindrons la section du trek la plus touristique. Chaque minute de silence est appréciée pour le reste de la journée !
Dzungla à Lobuche
+ 229 m / – 156 m 6 km 2h20La journée est relativement courte. Les corps sont reposés, il n’y a plus aucun signe de mal d’altitude dans le groupe. Nous sommes tout de même vigilants à garder un rythme lent mais régulier. Assez rapidement, nous nous rejoignons une bifurcation qui nous fait entrer dans la vallée qui mène au camp de base de l’Everest.
Immédiatement, nous retrouvons mêlés à une longue colonne de randonneurs faites de groupes de touristes et de porteurs entremêlés. Nous avons clairement rejoints la route la plus touristique de la vallée. Lobuche (4910 m) est un petit groupe de lodges au bord d’une route boueuse et parsemées de détritus.
Nous nous sommes rendu compte le matin même que notre guide n’avait pas prévu de nous faire faire l’itinéraire concocté par l’agence. Il ignorait le détail de l’itinéraire de l’agence pour être plus précis. Comme il ne semblait pas prêt à nous proposer une alternative, nous nous sommes penchés sur une carte avec le reste du groupe et, en suivant les conseils discrets promulgués par un guide décidément bien plus professionnel rencontré quelques jours plus tôt, nous avons modifié le programme pour 3 des 5 jours restant.
L’ascension du Kala Patthar
+ 1031 m / – 1031 m 13 km 7h00Nous partons de Lobuche au petit matin avec comme objectif le Kala Patthar (entre 5550 m et 5650 m selon les cartes…). Nous avons décidé de marcher jusqu’à Gorakshep (5140 m), sans continuer en direction du camp de base de l’Everest. Et nous avons bien fait… Sur la section d’éboulis avant d’arriver à Gorakshep, nous devons nous arrêter régulièrement pour attendre que la file interminable de randonneurs se remette en route. Le ballet des hélicoptères est incessant et ils volent relativement proche du sol, sans doute pas à plus de 80 mètres au dessus de nos têtes. Il y en a un toutes les dix minutes environ, chargés de touristes qui se font déposer en face du camp de base, sortent de l’appareil dont le moteur tourne encore, prennent leurs photos, remontent à bord et filent vers des altitudes plus adaptées à leur mode de voyage. Alors que le camp de base était pour nous le but ultime du voyage, ce que nous avons vu pendant les jours précédents nous a fait changer d’avis. Bien trop touristique. La vue n’y a rien de particulier. Aucune expédition ne s’y trouve donc il n’y a pas non plus de tente à cette période de l’année ou d’alpiniste chevronné avec qui échanger. En bref, un champ de cailloux au pied d’un glacier. On nous répète en revanche que le Kala Patthar offre une vue incroyable sur l’Everest et le Nuptse, et qu’il est très peu fréquenté. Les hélicoptères ne peuvent pas s’y poser, et pour les randonneurs qui viennent sur une semaine, ils n’ont pas le temps de s’acclimater pour rester une journée de plus et y grimper. Gorakshep se trouve en effet à 5100 m. Même pour nous qui venons de passer 10 jours en haute altitude, la perspective d’y passer deux nuits nous a rebuté. Nous avons donc décidé de rester à Lobuche une première nuit, de faire le Kala Patthar le lendemain, revenir à Lobuche pour une deuxième nuit, puis enchaîner par le Kongma La. L’avantage de ce changement d’itinéraire est qu’il nous permet de revenir avec 1 journée d’avance à Lukla pour notre vol de retour. Nous avons en effet appris qu’après notre atterrissage, le trafic aérien a été complètement stoppé pendant 3 jours en raison de la météo.
Nous voilà donc en route pour le sommet du Kala Patthar après une bonne assiette de momo. Et Quel sommet ! L’ascension est éprouvante. J’ai le souffle court, en dépit de mon sac allégé au maximum pour cette journée. Les bourrasques soulèvent une poussière fine dans toute la vallée qui vient se faufiler dans les narines, les yeux, la bouche. Nous sommes presque seuls sur le sentier qui grimpe en lacet. Lorsque j’arrive au sommet et que je me retourne, je me trouve face à l’Everest. On peut voir l’emplacement du camp de base, le Khumbu Icefall, le col sud, le South Summit et le sommet, à 8848 m. C’est magnifique ! Ce qui est étonnant c’est que de ce point de vue, le Nuptse semble bien plus impressionnant et plus haut que l’Everest. Je dois expliquer à ceux qui voient cette photo depuis mon retour, que l’Everest est bien le sommet noir a priori peu enneigé qu’on aperçoit en toile de fond. L’absence de neige serait, d’après le guide, du à des vents violents au niveau du sommet.
Nous redescendons à Lobuche, enveloppé de ce nuage de poussière qui déclenche chez tant de randonneurs une toux sèche caractéristique. Le sentier est bien moins fréquenté, c’est agréable. La journée a été longue et l’ascension plus difficile que ce que je pensais. Demain, nous devrons franchir le dernier et le plus difficile des trois cols, le Kongma La.
Lobuche à Dingboche
+ 756 m / – 1349 m 13 km 5h50Une grosse journée marquée par le passage du dernier col, Komga La. C’est le plus haut des trois cols, à 5535 m. C’est aussi le plus difficile. Notre guide a essayé de nous décourager de passer par le col. L’un des membres du groupe passera par la vallée, aux côtés du porteur, mais pour ma part j’insiste pour franchir le Kongma La avec une autre randonneuse. Nous sommes acclimatés, en pleine forme, la météo s’annonce parfaite. Il n’y a aucune raison, si ce n’est la fainéantise de notre guide, de ne pas passer par le col, comme prévu.
L’ascension depuis Lobuche est en effet laborieuse… après la traversée d’un glacier / moraine le chemin grimpe rudement et sans discontinuer, jusqu’au col lui-même. Le dernier tiers particulièrement est difficile, avec la traversée de pierriers instables. et l’apparition de plaques de glace. Il n’y a pas vraiment de danger en cas de glissade, mais certainement des risques de blessures. Cette fois encore, nos efforts seront récompensés ! La vue est absolument incroyable. Nous avons l’Alma Dablam en ligne de mire, avec en bonus un lac d’altitude d’un bleu azur. C’est absolument superbe.
La descente est longue… très longue ! La vue permet heureusement d’oublier un peu la douleur dans les articulations et pieds. Nous marquons une courte pause au niveau d’un mémorial construit en mémoire des alpinistes polonais disparus sur le Lhotse. Un rappel de plus que la mort est omniprésente dans la région.
Nous arrivons finalement à Dingboche, un grand village qui pourrait sans doute rivaliser en taille et confort avec Namche Bazaar. Notre lodge est le dernier du village. Nous nous y installons avec délice. Là encore, réalité du tourisme oblige, nous serons servis plus d’1h après avoir commandé notre repas. Un groupe de touristes arrivés après nous mais étant bien plus nombreux, nous avons été relégués au second rang en terme de priorité par la gérante du lodge.
Dingboche à Tengboche
+ 193 m / – 646 m 9 km 3h15La fatigue de la veille se fait sentir. Plusieurs personnes dans le groupe ont passé la nuit à vomir. Nous pensions monter jusqu’au camp de base de l’Alma Dablam, au grand damne de notre guide, mais nous optons finalement pour l’itinéraire classique jusqu’à Tengboche (3863 m). Les températures sont à nouveau clémentes. Les manches courtes refont leur apparition.
Tengboche à Namche Bazaar
+ 555 m / – 1000 m 8 km 3h50Aujourd’hui encore notre guide semble vouloir en faire moins. Il m’explique, alors que je marche en tête avec lui, que nous irons directement à Namche Bazaar sans passer par Khumjung (3790 m) comme initialement prévu. Il m’explique que l’un des membres du groupe ne se sent pas suffisamment en forme pour faire ce détour. Surpris, je me renseigne auprès de l’intéressé. Il est en pleine forme. Le guide essaie de se justifier autrement mais fini par accepter de rejoindre Khumjung, à court d’excuses.
À Khumjung nous croisons quelques participants à un ultra trail de 170 km en haute altitude. Chapeau bas ! Nous passons devant l’école locale, créée par Sir Edmund Hillary, tout comme l’aéroport de Lukla et l’un des hôpitaux de la région.
Nous rejoignons finalement Namche Bazaar. La boucle est bouclée.
Namche Bazaar à Lukla
+ 637 m / – 1228 m 18 km 5h40Une journée plutôt morne, marquée par la fatigue et l’envie d’en finir. Nous avons déjà vu ces paysages, le sentier est pris d’assaut par les caravanes de mules et de yaks, sans parler des hordes de touristes qui, comme nous quelques jours plus tôt, partent en découdre avec la haute montagne. Nous sortons en fin de matinée du Parc National de Sagarmatha et nous arrivons en début d’après-midi à Lukla.
Retour à Kathmandu
Le retour à Kathmandu se fait en mini-bus que nous partageons avec un autre groupe. Le voyage est moins mouvementé qu’à l’aller (merci au chauffeur qui anticipait habilement les nids de poule, virages et croisements). Nous nous retrouvons en revanche bloqués dans les embouteillages pour rentrer dans Kathmandu. L’enfer absolu… On n’y voit rien, les phares n’éclairant que très peu en raison des nuages de gaz d’échappement qui écrasent la ville et ses environs. Il fait bien plus chaud qu’en montagne, et nous attaquons notre 11eme heure de transport.
L’arrivée à l’hôtel, et ma première douche depuis le début du trek sont particulièrement appréciées ! Nous retrouvons ensuite le gérant népalais de l’agence pour un « débriefing ». Le gérant pose quelques questions sur les paysages que nous avons vu avant d’immédiatement passer au sujet qui visiblement semblait être le plus important: l’argent. En guise de débriefing, nous devons donc écouter de longues explications sur le système de pourboire au Népal. Il nous suggère de donner 180 euros au guide, ce qui nous semble excessivement élevé compte tenu de la performance du-dit guide. À noter également que ce montant correspond au salaire moyen népalais.
Le lendemain, nous retrouvons le guide sympathique qui nous avait aidé à revoir notre itinéraire à Lobuche. Il est souriant et authentique. Il nous fait visiter « son » Kathmandu, à l’extérieur du quartier pour touriste de Thamel. Nous mangeons dans un tout petit restaurant qui ne paie pas de mine mais qui s’avéra être excellent. Il nous parle du voyage qu’il a fait en Suisse récemment dans le cadre d’un partenariat avec une association helvète qui a aidé son village après les terribles tremblement de terre de 2015. Nous échangeons nos numéros et lançons un groupe de conversation sur WhatsApp. L’aventure se poursuivra via l’application.
Informations pratiques
Comment s’y rendre ?
Vol international jusqu’à Kathmandu. Pour rejoindre Lukla, en raison de travaux de rénovation seuls quelques vols décollent en matinée de Kathmandu. La plupart des trekkers se rendent en jeep (départ vers 03h ou 04h du matin de Kathmandu) jusqu’à l’aéroport de Manthali’s Ramchha, d’où l’essentiel des avions décollent aujourd’hui.
À noter que certains courageux qui ont le temps opteront pour se rendre à Lukla depuis Kathmandu à pied. C’est faisable, il faut compter 3 à 4 jours.
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Avec qui partir ?
Le Trek des 3 cols a été réalisé avec l’agence Trek Dream Nepal. De nombreuses autres agences sont disponibles. Devant l’ampleur de l’offre, il faudra prendre le temps de bien se renseigner pour éviter les mauvaises surprises (qualité des logements, réservation des logements en avance, porteur ou pas, permis de trek inclus dans le prix…).
Difficulté du trek
Le Trek des 3 Cols est réputé pour être l’un des plus difficiles de la région du Khumbu, principalement du fait de la durée et de l’altitude à laquelle il faut évoluer sur plus de deux semaines. Une excellente condition physique rendra l’expérience bien plus agréable. Une bonne connaissance de la montagne est un plus, ainsi que des notions de base de secourisme et de gestion du mal des montagne.
Cartographie
Il existe de nombreuses cartes de la région, sur support papier ou digital. Pour vous donner une idée du parcours, voici une version en ligne gratuite. Pour les cartes papier, il faut savoir que la cartographie de la région de l’Everest est régulièrement mise à jour, notamment en ce qui concerne les altitudes et les noms de lieux ou sommets mineurs. Mieux vaut donc opter pour une édition récente. Vous en trouverez à Kathmandu ou sur Amazon.
Passionné de randonnée, je suis toujours à la recherche de nouvelles destinations !
Super trek, fait en partie en avril 2015 . . . juste avant la cata .
Le trek semble magnifique à réaliser mais a un côté dangereux. Le mal des montagnes et l’altitude ne pardonnent jamais les erreurs humaines. Une leçon à ne pas oublier pour être humble. Certains lieux en montagne sont des pièges à touristes qui ne font le déplacement que pour s’afficher en conquérant sur Instagram. En tout cas, c’est une expérience à faire, pas tout à fait dans les mêmes conditions niveau guide 😉
Super reportage!! Bravo! me donne envie de changer la direction de mon treck que je voulais plutôt côté Annapurnas/Daulaghiri..
Merci aussi pour les photos, très chouettes!
Tous ces noms de villages m’ont rappelés mon passage dans ce trek. Quel souvenir.
Salut Philippe,
“Le mal des montagnes et l’altitude ne pardonnent jamais les erreurs humaines”. Peut-être mais il peut aussi toucher tout le monde.
Un récit qui m’a passionné, d’autant plus que j’ai très envie de faire un trek similaire.
Sublime. Pas acclimatation nécessaire à l’altitude ?
L’acclimatation est nécessaire ! La journée passée à Namche Bazar enchaînée avec une journée de marche sans trop de distance ni de dénivelé ont servi à cela.
Bonjour,
Je dois faire un trek au Népal en octobre ou novembre prochains et l’agence me propose celui dont vous parlez (3 cols).
Sachant qu’au départ Je voulais faire le trek du camp de base simple.
Il m’a prévenu qu’il était assez physique et j’appréhende un peu…Je suis sportive mais pas du tout alpiniste ou specialiste de randonnée.
Pensez-vous que c’est jouable ?
Comment je peux m’entraîner ?
Est-ce dangereux ? Je suis une femme qui voyage seule et serait intégrée à un groupe.
Merci pour votre réponse.
Hello Kady,
Le Trek des 3 Cols n’est pas particulièrement technique. Il n’y a pas vraiment de passages vertigineux ni de tronçons qui nécessitent d’être encordés ou de chausser des crampons. En revanche la difficulté vient de l’altitude de croisière, au dessus de 4000m avec les 3 cols à plus de 5200m. Le risque avec une agence est d’avoir besoin de plus de temps pour s’acclimater que ce que permet l’itinéraire pré-établit. Comme toujours, toute activité en montagne est dangereuse, d’autant plus quand il s’agit de milieux relativement isolés comme c’est le cas au Népal. Risque relatif car toute la région est accessible en helico et que les compagnies privées d’helico se battent pour faire le maximum d’évacuations. Une arnaque fréquente de certaines compagnies peu scrupuleuses c’est justement d’inquiéter les touristes au premier mal de tête jusqu’à ce qu’ils optent pour une évacuation par helico. C’est très lucratif pour ceux qui les opèrent. Donc à mon sens il faut prendre les précautions habituelles : bien se renseigner, connaître la géographie du coin, se renseigner sur la météo, avoir un plan B en cas de mal des montagnes et prévoir suffisamment de temps sur place au cas où… pour rappel, l’aéroport de Lukla reste parfois fermé plusieurs jours, voir plusieurs semaines !
Avec une agence, il y aura très certainement des porteurs, donc un poids limité sur les épaules et a priori un guide, ce qui facilite quand même pas mal le trek.
Pour la préparation, j’avais personnellement fait en sorte de faire des sorties à la journée assez longues avec beaucoup de dénivelé et à un rythme soutenu pour simuler autant que possible l’effort respiratoire en haute altitude. Je ne sais pas si scientifiquement c’est une méthode efficace, mais elle a eu le mérite de m’aider à aborder ce trek sereinement.