C’est mon 5ème stage à l’UCPA d’Argentière cette année après la freerando, le ski de randonnée, le Pass Trail et le Pass VTT. Cette fois-ci, place à la randonnée, au trek même car ce trek dans le val d’Aoste au cœur des géants des Alpes se déroule en autonomie avec des nuits en cabane, camping, bivouac et refuge. Un trek au milieu des 4 000 des Alpes : Mont-Blanc, Mont Rose, Cervin, Grand Combin et le Grand Paradis pour les plus connus et autour du Mont Emilius (3 559m) que nous verrons quotidiennement. Je peux d’ores et déjà vous dire que c’est un trek exceptionnel par la beauté de ses paysages et son ambiance haute-montagne. En plus, la météo a été avec nous. Ciel bleu tous les jours. Que du bonheur…
Je vous invite d’abord à découvrir la vidéo du trek dans la Val d’Aoste.
La vidéo de ma semaine de randonnée dans le Val d’Aoste
Larp – Lac des Laures
+ 1384 m / – 220 m 5,7 km 4h0010h00. UCPA d’Argentière. Nous nous répartissons les vivres collectives pour les trois prochains jours du trek. On ne fait pas vraiment dans le light : diots de Savoie, saucissons, polenta, riz au lait… L’UCPA, dans sa démarche d’accessibilité, prête même aux stagiaires le matos de randonnée : chaussures, bâtons, matelas, sac de couchage et tente. Une superbe initiative je trouve même si les produits ne sont pas les plus lights là non plus. Les sacs sont assez lourds : entre 13 et 14 kg pour les deux filles du groupe et entre 16 et 20 kg pour les sacs à dos des gars. Les temps de marche tiennent donc compte du poids de nos sacs à dos 😉
Après un court transfert en véhicule d’Argentière à Larp (1311 m) au dessus du village de Brissogne dans le Val d’Aoste, nous démarrons la randonnée. Il est 12h30.
L’UCPA est l’un des derniers organisateurs de randonnée à proposer des circuits en bivouac avec portage. Je trouve ça bien. C’est une école de la randonnée et de la vie. J’apprécie aussi l’idée de mélanger des mineurs et des majeurs. Cette semaine Anthonin, Jean et Raphaël font partie du groupe au même titre que tous les adultes. Génial ces gars en plus.
Cette première étape est courte mais raide. Le poids des sacs à dos se fait vite sentir sur les hanches ou les épaules. Impossible de l’oublier sous cette chaleur accablante. Heureusement que la première portion de la journée est en partie sous le couvert forestier. Nous croisons de nombreux torrents qui proviennent des 3 000 des alentours : Becca Seneva (3 081 m) et Becca de Sale (3 137 m) en particulier.
Après le pique-nique, il nous reste 600 mètres de grimpette au dessus de la forêt. L’organisme commence à souffrir de la chaleur. C’est le premier jour, le corps doit s’habituer au poids du sac à dos et à l’effort. Le panorama s’ouvre au loin sur les 4 000 du Valais : Grand Combin (4 314 m), Cervin (4 478 m) et Mont Rose (4 634 m).
Il nous reste un dernier verrou à passer pour rejoindre le lac des Laures (celui d’en bas). D’un bleu pur et profond, il est magnifiquement posé sous le Mont Emilius. Une bâtisse en pierre, sans doute une ancienne bergerie, a été construite sur son rivage. Elle appartient à l’association des amis des Laures. A la disposition des randonneurs un espace bivouac (Menabrèaz Ernesto) ultra confortable avec 9 lits, des couvertures, une gazinière, de la lumière et même un radiateur. « Ultimate », étirements, détentes s’égrènent jusqu’au repas (diots polenta). Il est 22h15 quand tout le monde se couche. Personne n’en demande davantage.
Lac des Laures – Bivouac Rotary Egidio Borroz
+ 1371 m / – 1814 m 15,5 km 8h007h00. Le soleil a commencé son entrée du jour sur le Mont Emilius. Un joli spectacle pour débuter la journée.
Le sentier démarre en pente douce, traverse une tourbière d’altitude et rejoint le lac long des Laures (2630 m). Le chemin attaque la montée au col de Leppe (3 108 m) par un pierrier assez casse patte compte-tenu qu’il est encore en glace à certains endroits, ce qui est assez étonnant en cette fin août. Mais mieux vaut le monter que le descendre. Quelques étagnes (femelle du bouquetin) se déplacent entre les grosses pierres avec bien plus d’aisance que nous. Une belle ambiance minérale !
Au col, les uns partent au sommet de la pointe de Leppe (3 305 m) pendant que les autres descendent sur la berge du lac en contrebas du col. S’ensuit 700 mètres de dénivelé négatif jusqu’au chalet de Grandechaux (2 383 m) où nous déjeuner et nous ravitaillons en eau à la source. Une pause salvatrice pour tout le monde.
Dans la descente, les pieds ont commencé à souffrir de la chaleur et les straps ont trouvé leur place sur les talons ou les orteils. La journée est loin d’être terminée. Nouvelle grimpette à nouveau dans un paysage plus vert que ce matin. Les sacs commencent à peser, les corps fatiguent, le mien en tout cas.
Tout le monde est heureux d’atteindre le col de Lavodilec (2 854 m). Du col, on aperçoit le lac éponyme 500 m plus bas. Quelques marmottes lancent des appels pour prévenir leurs congénères de notre arrivée. Plus bas, c’est une vipère aspic que nous croiserons dans le lit d’un torrent. Impossible de la confondre avec une couleuvre, c’est bien une tête de vipère, large et triangulaire. Elle peut mesurer jusqu’à 90 cm de long. Attention, son venin peut être mortel pour l’homme.
Nous prenons ensuite la direction du Mont Glacier (3 185 m) et nous nous arrêtons au bivouac Rotary Egidio Borroz (2 151 m), un refuge en accès libre pour 25 personnes. Encore le top du luxe pour un abri en montagne. Il est 18h40 quand nous arrivons. Tout le monde est meurtri de fatigue mais la banane se lit sur tous les visages. Une très belle journée de randonnée.
Bivouac Rotary Egidio Borroz – Lillaz
+ 1495 m / – 1980 m 23,1 km 10h007h45. Nous quittons le refuge Rotary Egidio Borroz après une nuit réparatrice. Direction le col de Fenis (2 8 57 m). 700 mètres de grimpette à l’ubac principalement. La fin de la montée est bien raide. Les bâtons de randonnée aident bien à progresser. Les trois jeunes n’en n’ont pas. Je pense qu’ils ne referont pas cette erreur lors de leur prochain trek.
Au col, on vire à l’est par le chemin du Roi puis le 7. Antoine dont les pieds sont pétris d’ampoules commence à peiner dans les descentes. Un calvaire qui durera pour lui jusqu’à la fin du trek. Ça ne lui enlèvera pas le sourire. Nous sommes dans le parc naturel du Mont Avic. Nous rejoignons le lac de Miserin où se trouvent un refuge et une cinquantaine de vaches. Nous faisons le plein d’eau et repartons par l’itinéraire 7B qui monte au col de la Fenêtre de Champorcher (2 826 m). Bien que nous soyons en Italie, de nombreuses indications sont écrites en français. La Vallée d’Aoste représente le seul régime de bilinguisme d’Italie. Le français est obligatoire à l’école.
Au col, le massif du Grand Paradis nous fait face. Je me souviens avoir fait l’ascension de son sommet en 2006 il y a 10 ans déjà. Un vent à écorner un bœuf sévit au col. Du coup, on décide de déjeuner plus bas au lago di Ponton (2 600 m). Coup gagnant : pas de vent et un lac qui invite à la baignade. Sarah et Romain s’y jetteront presque. Nous prenons le temps de manger et de nous reposer malgré la longueur de l’étape. La météo est excellente et le risque d’orage est nul. Autant en profiter à fond !
Le chemin part en direction du refuge Sogno di Berdzé (2 526 m). Nous coupons à travers les pâturages pour raccourcir un peu et récupérons le sentier 13 qui descend le vallon dell’Urtier jusqu’au camping de Lillaz.
Encore une grosse étape. Tout le monde en a plein les pattes. Mais quelle journée encore une fois ! Qui dit camping, dit douche chaude, la première du trek, recharge de batteries, course pour se ravitailler pour la fin du trek et bar pour boire une bière, un Coca ou un Spritz.
Lillaz – Lac Coronas
+ 1411 m / – 495 m 9,3 km 4h00Les deux étapes précédentes et la longue soirée d’hier soir pèsent encore sur les organismes quand Jacques vient nous réveiller sur les coups de 6h20. Les paupières sont un peu gonflées. Nous plions les tentes machinalement, prenons le petit-déjeuner et décidons à l’unanimité de nous avancer un peu en bus pour soulager la fatigue. Direction le village de Gimillan sur les hauteurs de Cogne. Semblant de rien, on gagne quelques kilomètres et 250 m de dénivelé.
Nous quittons le village par le sentier n°8 qui monte au Pian della Cretella. Derrière nous, le Grand Paradis en impose du haut de ses 4 061 m. Nous poursuivons la remontée du vallon de Grauson. Petite pause à la croix du Pila (2 121 m).
A une intersection vers 2400 m, nous partons dans la pente raide du sentier 8A. Un bon coup de barre me plombe la montée. J’ai l’impression que quelqu’un a mis une pierre dans mon sac à dos. Tout me semble plus lourd, plus difficile. Tout en marchant, je me ravitaille et me colle dans le pas de Rémi pour avancer machinalement.
Nouvelle pause à la bergerie du Grauson Dessus. Nouvelle barre de céréale. Nous finissons l’ascension tranquillement par le chemin 8B jusqu’au lago Coronas (2 701 m). On y prend le pique-nique. Une fois rassasiée une partie du groupe monte sur un sommet sous la punta di Leppe. Avec quelques autres membres du groupe, je reste sur les bords du lac à me détendre. Petite sieste, partie de « Uno », petite balade et écriture de ce carnet de randonnée. Prendre le temps, c’est aussi appréciable.
Au retour du groupe, tout le monde se baigne dans le lac (plus ou moins longtemps). Puis, c’est le montage des tentes avant le coucher du soleil. On perd de précieux degrés. Tout le monde se couvre pour prendre le dîner (spaghettis bolognaise) et faire une partie de Time’s Up.
Lac Coronas – Refuge d’Arbolle
+ 1263 m / – 1477 m 13 km 8h15Avec Georges-Antoine, je ne puis pas dire que nous ayons trouvé un emplacement de bivouac très plat. Le dos est courbaturé de s’être contorsionné toute la nuit.
Peu avant le départ, un troupeau de vaches remonte la vallée. Il passe à proximité de nous. Une vache semble bien intéressée par le sac de Romain. Mais que cache t-il dedans pour faire autant d’effet à Marguerite ?
On quitte le lago Coronas lorsque le soleil commence à se refléter sur les eaux du lac. On monte en direction des lacs de Lussert. Quelques autres tentes ont été plantées ici aussi mais leurs occupants sont moins matinaux. Dernières vues sur le Grand Paradis avant de rejoindre le col des Laures (3 035 m) qui s’ouvre sur les paysages du second jour : Grand Combin, Cervin et Mont Rose pour les 4 000 et lac long des Laures plus bas dans la vallée. Avec l’altitude, la prairie alpine a laissé place à un large pierrier. La descente du col est assez chatotique. Bien que le pierrier soit aussi dense, je préfère finalement la montée au col d’Arbolle (3 154 m). Quelle ambiance de haute-montagne. J’adore !
Au col, le panorama sur le Mont-blanc est exceptionnel avec lago Gelato au premier plan. Entouré d’un immense pierrier et de quelques névés, il a belle allure avec son bleu turquoise. Guillaume semble subjugué par le paysage. Le panorama est parfait pour la photo de groupe de la semaine.
L’étape est loin d’être terminée. On descend le vallon jusqu’à l’intersection en prenant le temps de nous amuser sur un névé. Là, le groupe se divise en deux : ceux qui restent là à attendre en raison de leurs pépins physiques (ampoules, mal de dos, fatigue) et les autres qui montent au col des trois capucins (3 241 m) ou au sommet du Mont Emilius (3 559 m). Le chemin jusqu’au col est aisé. A noter la présence d’une source en cours de route. Elle servira dans la descente. Après, le balisage est plus discret. Les mains servent pas mal pour passer les rochers. Mon vertige me cloue sur place à 3 200 m d’altitude. Carole, Rémi, Antonin, Georges-Antoine iront au sommet avec Jacques alors que Guillaume s’arrêtera, pris de vertiges physiques, un peu au dessus de moi. Dans la descente, on constatera qu’il y avait une trace plus facile à suivre. J’aurai peut-être pu aller au sommet. Dommage. Mais honnêtement, je m’en fou. Cette semaine de trek est tellement démentielle que j’ai mon plein de paysages hallucinants.
Le Mont Emilius portait le nom de « Pic des 10 heures » jusqu’en 1839, date à laquelle Emilie Argentier, une adolescente de 14 ans grimpa la montagne. C’est l’alpiniste Georges Carrel qui propose de rebaptiser le sommet pour promouvoir la pratique de la montagne pour tous à une époque où les femmes restaient au foyer. Carole est un peu notre Emilie.
On rejoint le reste du groupe et on file tranquillement vers le refuge Arbolle (2 507 m). Confortable, équipé de douches chaudes, il offre aussi un joli panorama sur le Grand Combin. Fatigués, nous le sommes tous mais la joie se lit sur tous nos visages. C’est qu’on prend conscience d’avoir vécu une semaine de dingue. Un trek de fou avec une météo parfaite. Forcément ça se fête. Allez génépi pour tout le monde !
Refuge d’Arbolle – Pila
+ 171 m / – 887 m 5,2 km 2h00Au réveil, une mer de nuages a envahi la vallée d’Aoste, quasiment nos premiers depuis le début du trek. C’est hallucinant quand j’y pense une météo pareille. Une montgolfière s’envole au dessus des nuages. C’est beau.
On quitte le refuge alors qu’il est encore dans l’ombre. Un dernier col à passer, celui de Chamolé (2 580 m) avant de redescendre vers le télésiège de Chamolé. Pour prolonger un peu le plaisir d’être ensemble et malgré les douleurs aux pieds d’Antoine, on décide à l’unanimité de poursuivre à pied jusqu’à Pila pour prendre les œufs qui descendent à Aoste où nous attendent les minibus de l’UCPA. Retour à Argentière. Douche et repas avant de se quitter.
Ce trek n’était pas beau ou bien. Ce trek était terriblement hallucinant, esthétiquement exceptionnel. Je le recommande chaudement.
Informations pratiques
Avec qui partir ?
Trek organisé par l’UCPA ouvert aux personnes âgées de 18 à 40 ans. Plus d’infos.
J’ai beaucoup apprécié l’accessibilité du prix du trek et la pédagogie véhiculée (matériel en accès sans supplément, apprentissage de la lecture de carte, du chargement du sac et de la marche dans le but de permettre aux stagiaires de devenir autonomes.
Difficulté ?
Trek physique en raison de la longueur des étapes et du portage des sacs à dos. Sacs entre 14 et 20 kg. Pour les sportifs.
Cartes
- Carte au 1/50 000 Gran Paradiso, Valle d’Aosta (Kompass). Il manque un court passage autour du refuge Rotary Egidio Borroz
- 3 cartes au 1/25 000 couvrent l’ensemble de l’itinéraire : Valle di Cogne, Gran Paradiso trekking, Valpelline Saint Barthelemy trekking et Conca di Aosta. Mont Emilius, Mont Fallére
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.