Ca y est, c’est la suite des aventures sur la ViaRhôna. Je repars avec Iskut, mon chien. Au programme 450 kilomètres et 8 jours à vélo sur la ViaRhôna entre Vienne et Arles. Vous pouvez retrouver le 1er épisode de notre ViaRhôna entre Seyssel et Lyon ici.
Jour 1 : Vienne – Saint-Pierre-de-Bœuf
+ 35 m / – 60 m 26 kmPremier jour, on est le 11 octobre, je pars de Chamonix. Mission numéro 1, gratter la voiture car il fait deux degrés. Et nous on part à vélo ! Pas de souci, on est confiant et on part en direction du sud, il va forcement faire chaud 😉. Après 3 heures de route, nous voilà à Vienne. Je parque la voiture le long d’une route, car ici, tous les parkings que j’avais repérés sont payants ou limités à quelques heures. Pas d’indication, je pars et je verrais bien si je retrouve ma voiture à la même place dans une semaine.
Ha le plaisir de se retrouver sur la ViaRhôna. Iskut gambade à fond, il est tellement content. Il n’y a pas de voiture, pas de route à traverser, c’est un sacré sentiment de liberté. Et il fait beau et chaud, je roule en tee-shirt et en short. On a vite fait d’oublier les températures de Chamonix de ce matin. Il fait tellement chaud qu’après 7 kilomètres Iskut se couche à l’ombre. Ok j’ai compris, je l’installe dans la remorque. Même pas besoin de l’attacher, il connait maintenant.
Et ça y est, les gens nous regardent, sourient. Il faut dire qu’un husky dans la remorque, ça attire. Aujourd’hui, ça attire plutôt les marcheurs, il n’y a pas beaucoup de cyclo, et les seuls que je croise vont dans l’autre sens. Dommage pour les échanges, peut être demain ?
Petit moment magique, qui est un vrai coup de cœur : le centre d’observation de la nature de l’Ile de Beurre. C’est entre Ampuis et Condrieu, un vrai écrin de nature entre deux villes. J’adore cette forêt immense, tranquille, tous ces oiseaux, le silence. Par contre, je ne comprends pas les barrières qui coupent la ViaRhôna tous les 50 mètres. Avec la remorque, je passe difficilement, je dois passer à pied, puis remonter sur mon vélo et relancer la machine. Le tout avec Iskut et ces 40 kg dans la remorque ! Oui le chien a fait du sacré gras les dernières semaines, le régime sportif commence pour lui !
Je m’arrête ensuite à Saint-Pierre-de-Bœuf pour un repas de midi / soir. L’organisation de mes repas n’était pas mon point fort du jour ! La boulangerie se mérite, elle est au sommet d’une côte. Je m’arrache avec mon vélo, alors qu’Iskut me nargue à coté, en m’attendant au sommet, puis en descendant et en remontant à fond. Il prend le temps de courir après un chat noir, sans jamais l’attraper. Le petit n’est pas fatigué pour un sous ! Petite anecdote marrante, dans le parc situé entre le Batalan et le Rhône, Iskut court après ce qui ressemble à un autre chat noir. Il part à fond, l’adrénaline à 200%, et s’arrête à 3 mètres de l’animal, qui n’était d’autre qu’un chien promené par une vieille dame. Haha l’action et la tête penaude d’Iskut m’ont beaucoup fait rire. Heureusement la dame ne s’est rendu compte de rien.
Ce petit parc est idéal. Il est 16 heures, un peu tôt pour s’arrêter, mais l’endroit est vraiment top. Une table en bois, une petite forêt pour être à l’abri des regards, des canards et des pêcheurs sur le brin de la rivière, des familles qui se promènent… Je flâne pendant trois heures, à bouquiner, profiter des derniers rayons de soleil, écrire le journal de bord, jouer avec Iskut, parler aux gens. C’est relaxant au possible. A la tombée de la nuit je plante la tente, et je m’endors rapidement.
Jour 2 : Saint-Pierre-de-Bœuf – Valence
+ 160 m / – 150 m 64 kmCouchée au crépuscule, levée aux aurores. Les lumières sont folles, et il ne fait pas froid. C’est trop cool de boire son café avec la vue sur la rivière, avec les canards qui s’approchent et avec Iskut qui vit sa vie, trop content d’être dehors dès le matin.
On reprend tranquillement la route. Iskut court comme un dingue, il est drôle à voir. Rapidement la route devient monotone, et je quitte la ViaRhôna pour vraiment longer le Rhône. J’évolue sur la berge, sur une route carrossable roulante. On retrouve la vue dégagée, et les centrales nucléaires. Tout le paradoxe est là, on veut pouvoir charger nos portables, avoir de la lumière, et on a de plus en plus d’appareils connectés chez nous, mais on ne veut pas de centrale nucléaire. Pourtant il faut choisir et trouver des solutions.
Notre activité du matin consiste à faire la course contre « Fidelity ». C’est un immense porte conteneur qui descend le Rhône. On avance sensiblement à la même vitesse. Il me rattrape lorsque je fais des poses pour regarder l’itinéraire ou faire des photos, ou encore pendant les bains d’Iskut. Je le double aux écluses. Ce petit jeu va m’amuser pendant une heure environ, avant que Fidélity prennent le large, direction un port au sud, et des conteneurs iront peut être à l’autre bout du monde.
En arrivant sur Andancette, je croise Claudia. C’est une cyclo allemande qui est sur les routes depuis 3 mois. Elle est partie de Calais, est descendue le long de l’Atlantique, puis le canal du midi, remonte la ViaRhôna, puis la Suisse et enfin l’Allemagne. Elle parle très bien français, et me dit une phrase que je trouve très drôle : « Je suis contente d’arriver à Vienne parce qu’il y a un Liddl et un Aldi, je vais pouvoir acheter de la vraie nourriture ». Ha si elle savait l’image que les français ont de Liddl, ça ferait un joli débat.
Andancette, c’est une autre France. Pour moi qui viens de Chamonix, ville très touristique, qui bouge beaucoup et toute l’année, visiter Andancette c’est vraiment dépaysant. La boulangerie est vide, il n’y a pas de croissants, pas de pains au chocolat, pas de gâteaux… Que du pain, et deux sortes de pain différentes. Au bar, tout est vieux. C’est le bar de la gare, mais il n’y a plus de gare ici depuis longtemps. Les habitués jouent aux fléchettes et le grand café au lait coûte 2€. On y est vraiment bien reçu, les gens sont gentils, et tout le monde hallucine d’Iskut. Vraiment j’adore !
A Saint-Vallier, la ViaRhôna passe par un escalier avec une rampe. En vélo ça passe, mais pas avec une remorque. Iskut descend donc, et je découvre qu’il s’est assis sur ma pizza ! Ok c’est ma faute, je ne sais pas pourquoi j’ai mis ma pizza dans la remorque et pas dans les sacoches. Iskut a de la sauce pizza partout sur les pattes arrière, il en mangera pendant quelques heures sous mon regard dépité 😉
Après mangé, et afin d’avancer un peu plus vite, je mets Iskut dans la remorque. Pas de bol, après même pas 2 kilomètres, il y a une pente très raide, impossible à monter en tractant le chien. Il en profite pour descendre et pour courir, tout heureux. Si bien qu’il aura couru entre 35 et 40 kilomètres aujourd’hui ! Une machine, ce chien. Et il commence à maigrir un petit peu.
Gros moment de stress à vélo : les travaux sur un pont. La situation est simple, il y a un pont qui normalement est en double sens. Une des deux voies est en travaux et un feu alterne la circulation. C’est une départementale qui roule beaucoup, et il n’y a absolument pas de place pour un vélo + une voiture. Le stress est de ne pas arriver de l’autre coté du pont pendant que le feu est vert. Et ainsi créer un embouteillage avec des voitures face à face. Il faut bien se lancer, j’y vais. J’appuie comme une folle sur les pédales, Iskut reste tranquille dans sa remorque. Mais les ponts ça monte, et c’est dur. Je fais mon max, je suis contente une fois en haut du pont, ça descend donc je vais plus vite. Aie les voitures opposées ne m’ont pas vu, elles s’engagent. J’arrive à me glisser puis à me sortir de la route. Mais pas de bol, une voiture était coincée derrière moi et se retrouve face à face avec d’autres voitures. C’est vraiment le bazar, et tout le monde a respecté le code de la route en passant au feu vert, donc personne ne veut laisser sa place et reculer un peu. Bref sale journée pour les cyclistes qui ont du avoir les oreilles qui sifflent.
La piste cyclable avant Valence est très agréable. On longe le Rhône, le Mistral nous pousse donc on avance sans effort. Un parc me tend les bras à quelques kilomètres de la grande ville, je m’y installe. Ce Mistral qui me pousse la journée m’embête sacrement ce soir. Il est fort et il fait froid, donc je me couche tôt. Les portes conteneurs vont et viennent toute la nuit, en silence.
Jour 3 : Valence – Cruas
+ 120 m / – 145 m 40 kmAujourd’hui la journée ne va pas ressembler aux autres. J’ai rendez vous avec mes parents à la gare de Valence à 11 heures. Ils rentrent d’un séjour à vélo de 18 jours en Corse, et me rejoignent pour faire un bout de la ViaRhôna avec moi, avant de reprendre le train et de rentrer. J’ai hâte !
Je plie le camp tout tranquillement pendant qu’Iskut a un moment de folie, il court partout comme un dératé ! Pourtant il n’y a pas de vent aujourd’hui, ce n’est pas ça qui l’énerve. Nous avons cinq kilomètres à faire. Tout d’abord le chien est en liberté, puis je le tiens en laisse en ville. Il est habitué à rester à droite de la roue et à ne pas tirer, donc pas de stress. La ViaRhôna est très bien indiquée et sécurisée dans Valence, c’est très agréable.
J’arrive en avance à la gare. Je m’installe donc dans un café et je me rends compte de toute la difficulté de voyager seule, à vélo et avec un chien. Impossible de laisser le chien seul dehors dans les grandes villes, sans surveillance. Donc faire les courses c’est compliqué. Aller aux toilettes est compliqué. Trouver un café qui accepte les chiens et avec une vue sur le vélo est compliqué. Enfin on s’adapte.
Mes parents arrivent, on est trop content ! Ils sont tout bronzés, en short alors qu’il fait assez froid (Mistral is back !). Un café, un arrêt dans la boulangerie pour trouver le pique-nique et on prend la route. Iskut veut courir, donc on commence le slow vélo. Si le voyage à vélo est l’éloge du voyage lent, le voyage à vélo avec un chien est l’éloge du voyage très lent ! Enfin on prend le temps, on papote, Iskut fait la course avec mon père, avant d’aller se baigner dans le Rhône.
C’est plaisant de voyager à plusieurs, de papoter, de partager. Contrairement au premier voyage en avril, je n’ai pas rencontré de cyclo avec qui partager un moment de route, un café ou une soirée. Le partage me manquait. Iskut est une sacrée présence mais il n’a pas beaucoup de conversation.
Ma mère veut tester de tirer Iskut et la remorque. On échange de vélo et j’ai l’impression de voler ! Et ma mère malgré tout son entrainement, se bat à chaque coup de pédale. Ha la légèreté, qui est de courte durée, je reprends rapidement mon vélo mais sans Iskut qui préfère galoper.
Petite pause lunch à Charmes-sur-Rhône, un charmant village qui porte bien son nom. On mange au bord du port de plaisance. Iskut va voir les cygnes, mais revient vite la queue entre les jambes : pas gentilles ces bestioles, mon loup de 40 kilos ne fait pas le malin ! Il nous fait tellement rigoler, il préfère renoncer à la baignade et se couche à l’ombre d’un arbre.
On croise un livreur Uber à vélo, qui nous demande la route pour revenir à Valence. Il a fait une livraison ici, et son GPS l’a fait venir par la nationale. Il a eu tellement peur qu’il veut rentrer par un autre chemin. On le plaint, Valence est à 10 kilomètres avec le Mistral de face, il n’est pas rentré ! J’espère que la course paye bien.
Le soir, on plante les tentes à coté d’un champ, à l’abri d’une haie pour se protéger du Mistral. On se couche plus tard que d’habitude, on a encore plein de choses à se raconter.
Jour 4 : Cruas – Pont-Saint-Esprit
+ 115 m / – 110 m 74 kmLe réveil est difficile ce matin, il commence à faire froid. Surtout pour les parents qui trouvent le climat d’octobre beaucoup moins clément que celui de la Corse. Enfin le petit-déjeuner et le soleil nous réchauffent rapidement. Iskut galope, trop heureux. Il aime la liberté, sa laisse est au fond du sac depuis longtemps.
Le ViaRhôna passe au pied de la centrale nucléaire de Cruas. On peut voir l’eau couler sur les réacteurs, et l’ombre projetée. C’est sacrément impressionnant d’être au plus près de ces monstres.
On a un timing à tenir aujourd’hui, il faut être à Montélimar avant 13 heures, les parents ont un train à prendre pour revenir à Chamonix. Hop Iskut dans la remorque et on appuie sur les pédales. En même temps le petit à déjà couru 12 kilomètres ce matin, c’est bien. On prend le temps de boire un café dans une boulangerie. Ici 3 cafés au lait et 3 pains au chocolat coûtent 6 euros. C’est juste fou ! Et Iskut nous attend sagement dans la remorque, ce chien est vraiment extraordinaire !
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Le pont himalayen de Rochemaure nous rapproche de Montélimar, c’est presque le temps de se quitter. Iskut nous en fait une belle. Avant il sortait de sa remorque pour poser sa tête sur les sacoches, provoquant un balancier du vélo assez incontrôlable. Maintenant il met carrément les deux pattes avant sur les sacoches, et la tête posée près de mes fesses ! Ca devient de la haute voltige tout ça ! Et mon pique-nique va de nouveau être écrasé, alors qu’il est bien au chaud dans les sacoches…
C’est déjà l’heure de se quitter avec les parents. Ils traversent le pont direction la gare SNCF, et moi je continue au sud, direction la mer. La séparation est rapide, le timing est serré et on se voit dans pas longtemps.
On repart sous le soleil, la journée est idéale, chaude, le vent est tombé, et pourtant j’ai le moral dans les chaussettes. J’aime le voyage à vélo, découvrir des paysages doucement, s’arrêter quand on veut, où on veut, mais j’aime aussi le partage. Et pour l’instant je n’ai pas rencontré de cyclo (et là je remercie Vanessa que j’avais rencontré sur la première partie de cette ViaRhôna et qui avait rendu cette aventure fantastique), et je me sens un peu seule.
Pour remonter le moral, je regarde pour réserver un hôtel, prendre une douche chaude, faire des courses pendant que Iskut reste à l’hôtel. J’en trouve un assez loin, ça va être un challenge d’y arriver. Donc j’avance avant de le réserver histoire d’être sûre de mon coup. Une fois cette décision prise, le moral va mieux et je profite de nouveau des paysages et du voyage. La ViaRhôna traverse Bourg-Saint-Andéol. Enfin un café sympathique devant la mairie. Ici quatre tables sont prises, toutes par des cyclos. Il y a beaucoup d’Allemands. Comme quoi la ViaRhôna apporte du tourisme et un développement économique. En été, ça doit être la folie. Une des filles va jusqu’à Barcelone à vélo, et dans deux jours elle sera à la mer. Tout le monde roule vite, alors qu’il me faudra encore 5 jours pour y arriver. Tout est une question de cadence et de rythme de vie.
Jour 5 : Pont-Saint-Esprit – Avignon
+ 80 m / – 105 m 62 kmChangement d’habitude ce matin, Iskut commence dans la remorque. Il n’a pas vraiment l’habitude mais il ne bronche pas. Heureusement car il y a de la circulation, notamment sur le magnifique pont de Pont-Saint-Esprit. De retour sur la ViaRhôna je lâche le fauve qui galope dans la rosée matinale. C’est très beau, il est tellement content, ça fait plaisir à voir.
La piste est plutôt monotone, très droite, dans la forêt ou un peu en hauteur sur une digue. Je me perds dans mes pensées, je suis seule au monde… Et je manque de me mettre une grosse gamelle lorsqu’un vélo me double ! Je rêve d’un café, mais il faut croire que le tracé de la ViaRhôna évite les villes. Je fais donc un détour pour m’arrêter à Caderousse. La ville est très jolie, entourée de forteresse. Ici les gens ont l’accent chantant, on boit le blanc à 11h, et on profite du soleil. Je partage un café avec un irlandais qui voyage en vélo pliant avec de toutes petites roues. Ces 50 kilomètres journaliers doivent être un vrai challenge !
La suite est de longues lignes droites assez monotones, mais qui me feront vivre une rencontre incroyable : un papi sur un vélo couché. On va partager environ 10 kilomètres, pendant lesquels il me raconte qu’il a 85 ans, qu’il est mieux sur son vélo que devant la télé et qu’il faisait environ 10 000km / an en vélo avant la retraite. Quand je serai vieille, je voudrais être comme lui !
De fil en aiguille, nous voila amené à Sorgue. Je n’ai pas vu la journée passer. Tous mes plans de bivouac tombent à l’eau, je réserve un hôtel dans le centre d’Avignon pour deux nuits, et je vais visiter la cité des Papes.
L’arrivée à Avignon est tout d’abord sportive. Ca circule beaucoup, la route est défoncée, il n’y a pas de piste cyclable. Heureusement Iskut est génial, bien calme dans la remorque. La suite est le long d’un canal qui nous emmène en plein cœur d’Avignon, jusqu’à l’hôtel.
Jour 6 : Avignon – Arles – Mas Thibert
+ 110 m / – 130 m 67 kmLa sortie d’Avignon est très facile, surtout que c’est dimanche matin, donc il n’y a pas de circulation. On profite d’un magnifique lever de soleil sur le fameux pont d’Avignon. Petite anecdote du matin, sur la piste cyclable il y a un compteur de vélo qui comptabilise le nombre de vélo qui passe chaque jour. Je pense que ça fonctionne au poids parce que le compteur à fait +3 à mon passage 😉.
C’est une agréable route partagée puis une piste cyclable qui nous emmène à Aramon. Cette cité fortifiée propose un bon café sur la place avec des gens très accueillants. On sent le sud ici, de plus en plus ! On roule en tee-shirt dès le matin, il fait chaud et les odeurs sont différentes. Nous passons dans les champs, et on croise des chasseurs. J’ai beau me dire qu’on ne va pas se faire tirer dessus, j’ai peur de lâcher Iskut. D’ailleurs il n’aime pas les coups de feu, et vient se coller à moi à chaque détonation. Je me mets à imaginer en temps de guerre, quand les balles n’étaient pas pour les oiseaux. Pauvre gens.
Avant Beaucaire la piste cyclable est une ancienne voie ferrée, toute plate avec des tunnels. Iskut n’a pas peur des tunnels, il fonce tête baissé et me fait beaucoup rire ! Sur ce tronçon il y a pas mal de cyclos, mais aucun n’est disponible pour échanger, dommage. La traversée de Beaucaire est compliquée, il y a beaucoup de circulation, et je cherche mon itinéraire (et un endroit où casser la croute). Les voitures me doublent n’importe comment, si bien qu’une voiture fini par me doubler juste avant un rond point et prend celui-ci à l’envers ! Ha la patience…
L’après-midi est très longue, on est dans les champs, c’est vraiment plat et il fait chaud. Pour passer le temps je chante à tue tête. Pauvre Iskut 😉. On arrive au « croisement ». À droite, c'est Montpellier et Sète (Découvrez Sète en Kayak grâce au récit de L'oeil et la plume). À gauche, c'est Arles et Port-Saint-Louis. J’imagine changer tous mes plans, partir à droite, aller voir mon oncle à Montpellier, continuer vers les Pyrénées, aller en Espagne, au Portugal… Et hop, je tourne à gauche, Port-Saint-Louis, c'est déjà assez loin !
La petite pause en Fourques est assez drôle, dans un bar hors du temps encore. On fume dedans, on regarde le foot, on parle toujours avec cet accent magique, le covid n’existe pas (c’est reposant). D’ailleurs on dit bien « en » Fourques et pas à Fourques.
L’arrivée à Arles est assez sportive. Il y a de belles pistes cyclables très bien indiquées, mais avec des blocs de bétons ou des barrières qui bloquent l’accès à la remorque. C’est mission impossible ! Et très énervant. Du coup je passe ailleurs, sur la route. On arrive à Arles en passant sous un pont, sous la nationale. C’est assez surprenant mais très sécurisant. Et on en sort en longeant le canal d’Arles à Bouc, assez paisiblement. C’est décidé je visiterai Arles au retour, car je reviens prendre le train ici dans quelques jours.
Le canal est très sympa, il y a des ragondins qui trainent, des familles qui se promènent, des vélos. Iskut court avec les enfants, tout le monde est bien heureux !
Jour 7 : Mas Thibert – Port-Saint-Louis – Salin de Giraud
+ 15 m / – 25 m 57 kmAujourd’hui on va à la mer !! Enfin on a failli ne pas y arriver car il n’y avait aucun hébergement de disponible à Port-Saint-Louis. Et faire l’aller retour Mas Thibert – Port-saint-Louis – Arles dans la journée est inenvisageable. J’ai parlé aux locaux qui me disaient : pas de souci il y a un hôtel à 10 minutes en voiture, vraiment pas loin… Hum mais 10 minutes en voiture, ça fait combien de kilomètres ? Beaucoup trop à vélo ! Je trouve finalement un camping au Salin de Giraud, ça sera absolument parfait.
On s’arme de courage pour faire les grandes lignes droites sans fin. Le topo indique « des routes monotones »…. Des routes suicidaires oui ! Même Iskut en a marre, il se couche dans l’herbe fraiche. Je m’accroche aux éoliennes au loin, elle se rapproche doucement, très doucement. La mer ça se mérite ! Heureusement qu’il n’y a pas de Mistral aujourd’hui. Et dire que demain je dois faire tout ce trajet dans l’autre sens pour retourner à Arles.
Je rencontre un italien à contre sens qui me dit « on est en Camargue là ? Ils sont où les taureaux et les chevaux sauvages ? ». Ca me fait rire, j’adore sa gestuelle, j’adore ces clichés. Malheureusement pour lui, il n’y en a pas un seul aux alentours !
Avant Port-Saint-Louis je rencontre un curieux triporteur. C’est l’association Odyssée Green, deux copains qui sont partis de Valence. Ils nettoient et ramassent tous les déchets qu’ils croisent tout au long de leur aventure. Si bien qu’au sommet de leur triporteur électrique, ils ont une mini moto trouvée dans un fossé. Il faut dire que plus on descend au sud, plus les abords du fleuve sont sales, et qu’il y a des décharges publiques. Ils font également de la sensibilisation auprès des enfants et des entreprises. Vous pouvez les suivre en 2022 entre Lyon et Valence, puis en 2023 entre Lyon et Genève.
L’arrivée à Port-Saint-Louis est magique. Il fait grand beau, vraiment chaud, et on commence à voir de gros bateaux, le genre de bateau qui ne circule pas sur un fleuve. Il y a des mouettes, et ça sent le sel. Ha la mer est proche, toute proche ! Je m’arrête dans un bar pour profiter de l’instant, je me dis que je suis partie de Vienne il y a 9 jours avec le chien et que maintenant je suis toute proche du but. Encore une belle ligne droite de 8,5 kilomètres pour arriver à la plage Napoléon, la fin officielle de la ViaRhôna (il existe une autre fin officielle à Sète, vous vous rappelez, le fameux croisement). On voit d’immenses bateaux, des étangs où l’eau est salée, des flamands roses, des mouettes. Et enfin la plage de sable fin ! Ca y est, on y est !!
Iskut court comme un fou dans le sable, c’est une grande première pour lui. La dernière mer qu’il a vue est le Golfe de Bosnie, il avait 3 mois ! C’est trop cool de faire des trous partout, mais rapidement il fait trop chaud donc il se couche derrière la remorque, à l’ombre. J’essaie de faire nager Iskut, mais rien n’y fait, il a peur des vagues. Haha vous voyez l’image ? La Méditerranée, un jour sans vent, calme plat, un mini clapotis… qui suffit à faire peur au loup de 40 kilogrammes ! il n’y mettra pas même une patte ! Hahaha, heureusement qu’on habite à la montagne et pas à la mer.
400 kilomètres pour ça 😉
Une autre cyclo arrive, elle est hollandaise et s’appelle Paula. Partie des Pays Bas depuis 3 mois, d’abord avec ces parents puis toute seule (les parents sont partis vers l’Italie), elle voyage pour réfléchir, pour savoir ce qu’elle veut faire comme travail en rentrant. Elle a travaillé longtemps en Australie pour une grosse entreprise à un poste important, et elle souhaiterait maintenant travailler plutôt dans l’associatif. 90 jours de vélo devraient lui permettre de réfléchir et de trouver l’emploi parfait (et le lieu !).
Chose improbable, on dort dans la même ville, elle a eu le même problème que moi pour trouver un hébergement. Du coup on se donne rendez vous pour le diner. Je reprends le vélo avec Iskut qui court partout. Il teste l’eau des étangs, sa tête est tellement drôle quand il se rend compte que l’eau est salée ! Hahaha je crois qu’il n’aime pas trop l’endroit, il fait chaud, la mer fait peur et on ne peut même pas boire l’eau ! Les 8 kilomètres jusqu’à Port-Saint-Louis passe super rapidement, ça va toujours mieux après deux heures de repos. J’utilise un chemin le long du Rhône pour rejoindre le bac et traverser direction les Salins de Giraud. Aie, je subis ma première attaque de moustiques, pendant que je mets Iskut dans la remorque. Je saute dans le bateau et me rend compte que le pneu de la remorque est à plat. Gros coup de chance, il y a un compresseur sur le bateau, donc on regonfle ça vite fait. Ca sera amplement suffisant pour rejoindre le camping situé à un kilomètre de là, où je pourrais réparer la crevaison tranquillement (oui vous savez le kit de réparation est au fond des sacoches, comme d’habitude). Et deuxième coup de chance, il y a également un compresseur sur le camping, donc je n’aurai pas à utiliser ma mini pompe. C’est la crevaison la plus facile à réparer de l’histoire du vélo 😉
Je rejoins Paula à son hôtel pour partager le diner. C’est la seule cliente de tout l’hôtel, et la ville parait absolument déserte. On n’est pas dans la saison, donc tout est fermé. On sera les seules clientes du restaurant. La soirée sera très sympathique, on est toutes les deux contentes de se raconter nos vies de cyclo, et on fait le même constat : il n’y a pas grand monde sur les chemins en cette période pour partager. Paula me conseille un autre itinéraire pour remonter sur Arles, un peu plus long mais très joli. Je dois prendre un train pour remonter sur Vienne, et j’ai le choix entre le train de 14h ou le train de 18h. En gros prendre le train de 18h me fait arriver très tard chez ma sœur à Annecy, mais me laisse le temps de remonter (et surtout d’éviter les longues lignes droites que j’ai faites ce matin). Je me laisse la nuit pour y réfléchir.
Jour 8 : Salin de Giraud – Arles – Vienne
+ 30 m / – 15 m 43 kmJ’ai pris la décision de remonter par la Camargue, quitte à arriver tard à Annecy. Les grandes lignes droites sont trop dures, et inintéressantes. Je traine au lit, je n’ai pas à me presser vu que je dois prendre le train de 18h à Arles. Et ce matin Iskut me donne du fil à retordre. Il a peur des coups de feu, et se réfugie dans les toilettes du camping (interdite aux chiens, bien évidemment) à chaque détonation. Et il y en a beaucoup. Pas facile de plier le camp dans ces conditions.
On décolle dans le brouillard, c’est une sacrée ambiance matinale. J’adore ! Puis le soleil perce et il fait grand beau. Iskut galope comme au premier jour, il fait la course contre lui-même dans la rosée, il est trop heureux ! Les paysages sont super chouettes, des étangs immenses avec plein d’oiseaux, des flamands roses, quelques camping cars pour se rappeler qu’on n’est pas seul au monde. Au bout de 23 kilomètres Iskut fatigue (et moi aussi), et au bout de 24 kilomètres un café sorti de nulle part nous tend les bras. Ha les bonheurs simples mais que j’adore ! Qu’il est bon ce café !
Plus on avance vers Arles, plus la route est inintéressante. Des champs, des habitations, un peu plus de circulation… Iskut se fait attaquer par un chien alors qu’il est dans la remorque. Ces yeux disaient : au secours, accélère, je ne peux rien faire, je suis dans la remorque, et il est gros le chien !!!! Je ne pensais pas me faire attaquer par des chiens en France, mais bon, j’ai eu sacrément peur (pour Iskut et pour moi !). Je comprends les cyclos qui s’équipent de petite matraque dans les pays ou il y a beaucoup de chiens errants.
Je regarde l’heure, il est 13h, et nous sommes à quelques kilomètres d’Arles. Je me dis qu’il est possible de prendre le train de 13h50, et pour la visite d’Arles, ca sera une autre fois. J’appuie sur les pédales, Google maps à fond pour l’itinéraire. Je passe le long des quais du Rhône, et je sors juste à coté de la gare. Facile, je suis même en avance et j’ai le temps d’acheter mon billet, de parler avec la guichetière, d’acheter à manger et de boire un café. Je suis agréablement surprise parce que la gare est déserte, donc je suis confiante pour laisser Iskut (et le vélo) 2 minutes sans surveillance. La guichetière me dit que ce n’est pas tous les jours comme ça.
Monter dans le train est toujours une mission compliquée avec un chien, un vélo chargé et une remorque. Mais heureusement ces trains sont équipés d’un wagon entier dédié aux vélos donc il y a de la place. Et c’est fou le nombre de personne en vélos (électrique notamment) qui font la ViaRhôna et qui remontent en train. Je papote avec plus de cyclo en deux heures de train qu’en 8 jours à vélo sur la ViaRhôna !
La sortie à Vienne est facile (= tu jettes tous sur le quai et tu attends que le train parte pour ranger les affaires), et la voiture est toujours là !
La ViaRhôna à vélo entre Vienne et Arles avec un chien, c’est :
- 10 jours d’aventure dont 8 de vélo
- 433 kilomètres
- D+ 665m
- D- 740m
- 1 crevaison
- 5 nuits en tente
- 3 nuits à l’hôtel
- 15 pauses cafés / coca tellement agréable
- 235 « ho regarde le chien il est trop beau !! »
- 17 « mais le chien pourrait vous tirer quand même »
- 17 « mais il est fatigué le chien, il faudrait le mettre dans la remorque »
Et pour les prochaines aventures ?
Partir avec un vélo électrique pour pouvoir tirer Iskut dans les montées et faire du dénivelé. Le plat c’est facile mais très monotone, et la sensation de descente est grisante.
Et acheter de meilleurs pneus pour la remorque d’Iskut afin d’arrêter de crever à chaque fois 😉
Bonjour, qu’elle est la référence de votre remorque ? Beau récit et belles photos 😊
Bonjour.
La remorque est une doggy bike, et j’ai choisi la taille la plus grande.
Si c’était à refaire, je modifierait simplement les pneus pour en prendre des increvables, comme ça c’est la fin des problèmes 😁
Bonjour,
je lis vos aventures avec Iskut et cela nous donne très envie.
Avec une copine et nos deux chiens (un malinois et une finnoise), nous allons faire une partie de la viarhôna en septembre prochain.
Nous lisons un maximum d’articles et les votre nous ont bien plu.
Nous sommes de Sallanches et Cluses. Et nous nous sommes demandées si nous pourrions nous rencontrées afin de partager votre expérience.
Si cela est possible n’hésitez pas à nous écrire, nous en serions très ravie.
Merci d’avance.
Anne Sophie
Hello.
Pas de souci pour se rencontrer. Je suis sur Chamonix.
Vous pouvez m’ajouter sur Facebook Maud Devouass et on s’organise.
Bonne journée
Maud