Week-end Randonnées Hivernales en Vallée de Valserine (Monts du Jura)

Parallèle aux plus hautes crêtes du Jura, l’étroite vallée de la Valserine a été creusée par un torrent aux eaux pures. Sur ses rives, cinq villages s’égrènent. Mijoux est l’un d’eux, et c’est même celui situé le plus en amont. Au pied du col de la Faucille, il offre un accès rêvé au Colomby de Gex, au Crêt de la neige et à leurs panoramas sur le pays gessien, Genève, le Léman, le Rhône et les Alpes. C’est ce terrain rêvé pour la randonnée en raquettes qui nous a convaincu d’y passer un weekend de janvier.

J1 : Mijoux – Lajoux – Mijoux

Deux jours de raquettes à travers cimes et combes jurassiennes, en étoile autour d’un gîte au caractère jurassien bien affirmé, tel était le programme que nous avions bâti. Mais voilà, les hivers n’étant plus que l’ombre d’eux-même, un coup de redoux a douché nos espoirs de paysages blancs. Il nous faut donc faire contre fortune bon cœur et nous adapter, savoir profiter de ce qui s’offre à nous. A commencer par le délicieux petit-déjeuner du gîte de la Michaille et ses confitures artisanales. Mais aussi profiter du soleil qui baigne la vallée de la Valserine d’une lumière éclatante pour une randonnée à pied.

Notre boucle du jour démarre juste derrière le gîte. Un large chemin forestier grimpe régulièrement à travers la hêtraie-sapinière. Nous cherchons, sur le sentier humide, les traces rondes typiques du lynx qui fréquente les forêts du massif. Sans succès, mais celles d’autres mammifères, renard, blaireau, cerfs, chevreuils et chamois témoignent de l’activité intense qui se passe loin de nos yeux. Sur un névé, nous repérons même celles d’un écureuil qui a laissé le squelette de quelques « pives ».

Quelques kilomètres plus loin nous quittons la forêt pour entrer dans un tout autre paysage, celui des hautes combes. Ces vallons au relief très doux, où la limite entre prairie et bosquets est incertaine, nous conduisent tranquillement jusqu'au village de Lajoux. A 1165 m d’altitude, c’est le plus haut village du massif jurassien. Mais pour être honnête, ce n’est pas cette caractéristique qui nous a attiré, mais plutôt le fait qu’il abrite une des très rares fruitières à produire du bleu de Gex. L’intérêt du site réside non seulement dans la possibilité d’acheter sur place ce fromage à pâte persillée, doux et subtil mais aussi dans le fait qu’il est possible de voir sa fabrication et celle du morbier produit également ici. Après la visite, une petite heure de marche nous sépare de Mijoux, nous avons donc tout le temps d’admirer la brume qui envahit peu à peu la vallée de la Valserine, remontant de l’aval comme une vague ouatée et silencieuse, gommant le paysage pour cette fin de journée.

J2 : Mijoux – Montrond – Mijoux

A l’ambiance forestière et doucement vallonnée de la randonnée de la veille, notre itinéraire d’aujourd'hui oppose un programme radicalement différent. Partis légèrement avant le lever du jour, le brouillard givrant nous accompagne dans la montée raide qui s’attaque au relief de la haute chaîne du Jura. Une grosse demi-heure nous suffit à atteindre le col de la Faucille où je retrouve un public plus familial, arrivé par la route qui n’est pas loin. Mais ce public est bien en peine de faire quoi que ce soit, car ici la neige n’a pas complètement fondu mais s’est largement transformée en glace vive. Les restaurants et la vue sur la vallée de la Valserine seront, pour la plupart, un lot de consolation déjà très appréciable.

Pour ma part, je poursuis sur le GR Balcons du Léman qui parcourt toutes les crêtes. Dans la pessière, roitelets et mésanges noires profitent du soleil qui dégèle la végétation et leur facilite l’accès à la nourriture, petites graines, insectes réveillés par la tiédeur. Au loin, un pic noir lance son cri d’alarme, si facile à reconnaître. Mais difficile de se concentrer sur le chant des oiseaux tant le sentier est glissant. Une paire de mini-crampons aurait été nécessaire, mais nous n’avons emmené avec nous que les raquettes.

Ce n’est qu’arrivés à la cote 1400 m que nous quittons la forêt, la neige s’ameublit enfin et nous chaussons nos MSR Lightning ascent. Quel plaisir de marcher enfin dans la neige ! Sous le soleil radieux, vestes refermées jusqu'au col pour se protéger du vent, nous atteignons la ferme d’estive du Crozat, à 1475 m. Seuls 140 mètres nous séparent de la ligne de crête, mais ils sont diablement raides et la neige soufflée par endroit complique un peu l’ascension. Rien cependant d’insurmontable et voici enfin le panorama qui s’ouvre sur le bassin lémanique et, derrière, le Mont Blanc et les Alpes suisses. Le retour emprunte approximativement le même itinéraire, évitant seulement un passage particulièrement verglacé et difficile à la montée. Parvenus à mi-descente, nous croisons un chamois qui nous observe. Nous marquons une pause pour admirer ce grand mâle, impressionnant de puissance.

Carnet pratique – Week-end Randonnées Hivernales en vallée de Valserine

Comment rejoindre la vallée de Valserine ?

Saint-Claude dispose d’une gare TER (trajet depuis Paris avec une correspondance à Dole Ville) et d’une gare routière. De là, la ligne de car 305 de Mobigo dessert Mijoux en 1h.
Sinon, Bellegarde sur Valserine (Valserhône) dispose d’une gare TGV (la reliant à Lyon, Grenoble, Valence, Genève …) et d’une gare routière de laquelle part le car A53 desservant Mijoux en 1h10

Où dormir ?

Le gîte de la Michaille est un point de chute idéal. Vous aurez le choix entre le dortoir ou des chambres d’hôtes, et serez accueilli par Orlane qui vous préparera un bon petit-déjeuner et de succulents petits plats. Elle prépare aussi les pique-niques (pensez à apporter votre contenant pour limiter les déchets).

Avec qui partir ?

Les randonnées proposées ne présentent pas de difficultés majeures et sont accessibles à tout public en forme et ayant une expérience minimum. Si ce n’est pas votre cas ou si vous souhaitez bénéficier des explications d’un accompagnateur en montagne, consultez la liste des professionnels 

Quelles difficultés ?

Les itinéraires ne présentent pas de difficultés techniques. Seuls quelques très rares passages de l’itinéraire Montrond peuvent s’avérer avalancheux en conditions extrêmes. Cependant, en hiver le facteur qualité de la neige (ou de la glace) est à prendre en compte avant de se lancer, une randonnée courte et facile pouvant rapidement devenir très difficile. Consultez la météo, l’état d’enneigement, anticipez les soucis en partant tôt et bien équipés.

Quel équipement prévoir ?

Le traditionnel système trois couches vous permettra de vous adapter aux variations météo pendant la randonnée. Pour l’itinéraire Montrond. des chaussures de randonnée haute route, avec une bonne semelle, sont conseillées ainsi que des raquettes de qualité avec des crampons qui accrochent et permettent de tenir dans les raidillons et les dévers quel que soit l’état de la neige. Une paire de mini-crampons peut s’avérer pratique. Gants, bonnet et lunettes de soleil de catégorie 4 pour protéger efficacement de l’éblouissement lié à la neige sont indispensables.

Réduire son impact environnemental ?

Ramener ses déchets – et ceux trouvés en chemin -, ne pas faire de bruit ni de feu sont des règles de base pour profiter durablement de la nature. L’itinéraire traverse plusieurs secteurs forestiers. En hiver, la neige y est moins épaisse qu’ailleurs, le froid moins vif, le vent moins violent, la nourriture plus accessible. Chamois, cerfs et bien d’autres s’y réfugient fréquemment. Ce sont donc des espaces dont il faut préserver la quiétude à tout prix, avec une approche responsable, à ski ou en raquettes. Cela signifie ne jamais faire de bruit ni quitter les itinéraires balisés et respecter scrupuleusement les interdictions. L’itinéraire Mijoux-Montrond est concerné par ces restrictions d’accès pour protéger le grand tétras. Cet oiseau, emblématique de la montagne jurassienne pour sa capacité à survivre aux hivers rigoureux en se nourrissant de végétaux peu caloriques (aiguilles d’épicéa) et en s’abritant dans des igloos, est classé en danger critique d’extinction. Si la sylviculture et le réchauffement climatique sont sans nul doute les principales causes, le tourisme, hivernal en particulier, pèse sur les chances de survie du grand tétras. L’oiseau étant farouche, chaque dérangement, aussi minime soit-il, l’incite à s’enfuir et l’oblige à consommer les précieuses calories nécessaires pour résister au froid.

Avec un chien ?

Les itinéraires sont envisageables avec un chien. Vous êtes cependant dans un Parc Naturel Régional (PNR Haut Jura) où la préservation de la faune et de sa quiétude sont essentiels. Randonnez responsable en gardant votre chien en laisse et en respectant les réglementations que vous penserez à vérifier avant de partir pour éventuellement adapter votre itinéraire

A voir, à faire autour des sentiers

Se promener dans les rues de Mijoux pour découvrir les fresques murales dessinées par Robert BESSARD

Visiter la Maison du Parc à Lajoux où une intéressante muséographie permet de découvrir le patrimoine et la culture de la région

Visiter la fruitière de Lajoux et acheter du bon fromage jurassien

Pour en savoir plus ?

Le site web de l’office du tourisme Pays de Gex Monts Jura rassemble toutes les ressources nécessaires pour organiser votre séjour

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