Pendant deux jours, j’ai participé à un stage de survie en pleine nature, dans le parc naturel du Pilat non loin de Saint-Étienne. Comment faire un feu, s’installer en bivouac pour la nuit sous une bâche, filtrer l’eau, me servir d’une boussole, soigner un petit bobo avec les plantes… j’ai appris les rudiments de la survie avec Alpha Survie, l’un des rares organismes sérieux de ce type en France. Loin du survivalisme, j’ai vécu une enrichissante expérience et les apprentissages me resserviront lors de mes randonnées itinérantes.
Allongé sous la bâche disposée sur une corde que j’ai tendue entre deux arbres, bien au chaud dans mon duvet, j’éteins la frontale après une courte inspection des lieux. C’est vite fait : mon installation est très, très sommaire mais je suis au sec et à l’abri. Il fait nuit depuis peu seulement, pourtant un petit soupir de soulagement me vient. Ouf ! Sacrée journée que cette première mi-temps de mon stage de survie débutant avec Alpha Survie. Rien de vraiment fatigant : pas de marche commando à travers la montagne, pas de quête folle à travers les bois et les prés pour récolter sa pitance sous forme de baies et de racines. Non, mais une masse d’infos, de conseils à digérer.
L’animateur, Dany, qui n’est autre que le fondateur d’Alpha Survie, nous a appris énormément. J’ai tout intérêt à m’en imprégner. Car, dans les prochains temps je compte bien passer la surmultipliée en rando : augmenter mes itinérances en bivouac, à la fois en durée et en autonomie. Mais, si je me perds, si je me blesse et si… Alors autant que ça se passe le mieux possible ! Voilà la raison de ma présence ici, à ce stage de survie débutant en ce début juillet très pluvieux.
La pierre à feu, c’est facile… quand on sait s’en servir
Flashback : samedi matin -ce matin donc, mais ça me paraît déjà loin- 8h, à l’entrée d’un chemin forestier dans la montagne. Le rendez-vous est un point GPS en pleine nature, à près de 1 100 m dans les premiers contreforts montagneux du parc naturel du Pilât, à trois quarts d’heure de route de Saint-Étienne dans le département de la Loire. Il y a là une vingtaine de personnes, devant leurs voitures. Moyenne d’âge : 30 – 40 ans. Avec les autres « débutants », je me dirige ensuite vers notre camp. Car chaque groupe -débutants, experts ou familles- a le sien. Et on ne va quasiment pas se croiser de tout le week-end.
Il pleut ? Ben, on va se réchauffer autour d’un feu. Vous avez apporté ce qu’il faut ? Dans la liste de matériel nécessaire au stage de survie débutant avec Alpha Survie figure notamment une pierre à feu. Chacun de nous -nous sommes huit au total, du commercial à la vétérinaire en passant par la coach sportive- sait bien ce qu’il faut utiliser : des herbes sèches, des brindilles avant de songer au bois plus épais. Et on s’essaie à la pierre à feu… sans succès. C’est une chose que d’avoir lu le mode d’emploi et une autre que de savoir s’en servir vraiment ! Dany, l’animateur, nous regarde faire pendant un moment. Puis allume le feu lui-même. L’après-midi, nous apprenons, entre autres, à nous servir de cette fameuse pierre à feu. Comme pour tout, c’est facile… quand on sait faire. Même moi, j’y suis arrivé. Et, allumer un feu, c’est encore plus facile avec les petits trucs indiqués par Dany. Comme se servir d’écorce de boulot en la décortiquant un peu ou, encore plus efficace, de coton hydrogène.
La survie, ce sont des techniques mais aussi de la réflexion
La survie, ce sont certes des gestes et des techniques mais aussi de la réflexion. Sur l’évaluation de la situation, la conduite à tenir, l’élaboration d’un plan… : la théorie est l’un des piliers du stage de survie. La survie, c’est aussi l’anticipation, jusque dans le matériel nécessaire à avoir en toutes circonstances avec soi. Ainsi il a fallu vider son sac à dos. Chacun étale le contenu au sol et Dany commente. Pour ensuite montrer son propre sac, détailler le pourquoi et le comment de tout ce qu’il emporte.
Je ne vais pas vous décrire par le menu les différents ateliers et la masse de conseils prodigués par Dany, l’animateur d’Alpha Survie. Ce serait beaucoup trop long. Non, mais tout de même vous raconter que j’ai été un élève particulièrement attentif. Notamment dans les ateliers pratiques. Comme celui où il est question d’abri pour la nuit. Vaut mieux : ici, la pluie ne cesse pas. J’observe bien les différentes manières d’installer une bâche ou, bien mieux, un tarp, c’est à dire une bâche spécialement conçue pour servir d’abri. En utilisant adroitement ses bâtons de marche, de gros bouts de bois, les arbres ou encore de grosses pierres, on fait un abri tout à fait convenable. Ainsi, j’ai passé une nuit très correcte sous ma tente de fortune : une bâche de plastique seulement posée sur une corde tendue entre deux arbres. Évidemment, à l’atelier « nœuds de corde », je me suis aussi appliqué à apprendre le « double huit »… Ce nœud tient bien, se défait aisément, sert à tout.
Dany Guettit n’a rien d’un Rambo. Ni la taille, ni l’allure. Pourtant, le fondateur d’Alpha Survie impressionne. Par l’étendue de son savoir-faire, de ses connaissances. Expert en bushcraft, tresser une corde avec des tiges d’orties est pour lui un jeu d’enfant. Il vous apprend à ne pas confondre menthe sauvage et germandrée, qui se ressemblent tellement. En fait, il sait tout, ou presque, des plantes, des arbres, des astres. De la nature.
Agé de 34 ans, Dany a déjà plusieurs vies derrière lui : après des études de biologie, il a notamment travaillé en laboratoire, comme délégué médical aussi. Avant de s’adonner entièrement à sa passion : la forêt, la nature. Cette passion a émergé alors qu’il n’était encore qu’un enfant, dans sa Kabylie natale, et qu’il allait garder les chèvres durant l’été. Elle a mûri en lui, l’a guidé. Dany est ainsi devenu formateur en survie, pour ensuite lancer sa propre structure, Alpha Survie. Qui connaît un rapide succès. L’effet Covid, sans doute, le bouche-à-oreille aussi. Car Dany est une personnalité hors du commun, qui maîtrise parfaitement son sujet. Il lui arrive de traverser le massif du Pilat à la mauvaise saison, pieds nus et seul, sans autre matériel que le contenu de ses poches.
Durant les stages, Dany n’a pas de limite non plus, ne connaît pas d’horaires. Il est à l’école de la nature, ne demande qu’à ouvrir sa salle de classe. Tant que vous en voulez, il sera là. Pour partager sa passion, répondre aux questions. Toutes, y compris sur le matos. Dany en connaît un rayon sur tout ce qui touche à l’outdoor en général. Pas le côté « chiffons », vêtements ou chaussures, encore que… Mais les couteaux, scies, tarps, tentes, duvets, cordes, boussoles ou duvets, ça oui !
J’apprends à me servir d’une boussole
Le lendemain matin, séquence topographie : j’apprends à lire une carte au 25/000e, me servir d’une boussole, me localiser, déterminer un cap… Pas évident tout ça ! Au passage, l’animateur nous explique aussi quelques trucs à savoir sur les boussoles elles-mêmes. Toutes ne se valent pas, loin de là. Travaux pratiques d’orientation dans la foulée. Sur de très courtes distances, quelques centaines de mètres : marcher, explique Dany, tout le monde sait faire.
La survie passe aussi, et surtout, par les plantes J’ai ainsi appris que les orties sont très nourrissantes. Les cueillir sans se faire piquer ? Prendre la feuille par les bords, la rouler et l’écraser avant de la mettre en bouche. C’est plein de calories et pas mauvais du tout. Ceci dit, qu’on se rassure : chacun apporte sa nourriture. Pour moi, comme les autres participants, c’est du lyophilisé à chaque repas. La cueillette, c’est du rab. Mais ce stage de survie débutant est pour moi l’occasion d’en apprendre tant et plus sur les plantes. Celles qui sont comestibles, celles qui sont dangereuses. Que la sève du pin, qu’on recueille facilement, nourrit aussi bien qu’elle soulage piqûres d’insectes et petites brûlures. Bien sûr, il est aussi question des premiers secours. Le stage se conclut même là-dessus, histoire de rappeler au passage quelques règles élémentaires de prudence. Mais la grande leçon que j’ai apprise ici : la survie, c’est la nécessaire osmose avec la nature, son apprentissage. Et ça, il faut plus de deux jours.
Informations pratiques
Alpha Survie propose plusieurs formules de stages de survie : débutant en un ou deux jours, en famille, survie expert, stages de bushcraft et même, durant l’hiver évidemment, des stages grand froid.
Dans le massif du Pilât, où j’ai participé à un stage de survie débutant durant deux jours, Alpha Survie dispose de vastes terres -une quinzaine d’hectares- en pleine nature près du village de Saint-Sauveur-en-Rue, non loin de Saint-Étienne dans le département de la Loire. En principe, il faut apporter son matériel, dont la liste est fournie à l’inscription, mais possibilité de prêt et de location.
Créé en 2019, Alpha Survie connaît un fort développement. L’organisme essaime : un autre centre a ouvert en Bretagne, sur la presqu’île de Crozon, tandis qu’un troisième est en cours de création dans la région parisienne, en Seine-et-Marne.
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !
J ai déjà effectué un stage avec Alpha survie, j aimerais bcp en réaliser un autre
Moi aussi, ce premier stage m’a beaucoup plu. Et il me donne envie de perfectionner les techniques de survie, toujours avec Alpha Survie.