La Bulgarie offre dans ses montagnes de somptueux paysages. En hiver, ils sont réservés aux rares amateurs de raquettes. J’ai été l’un de ces privilégiés en participant à un trek avec le voyagiste à pied Terres d’Aventure, dans le sud-ouest du pays entre les massifs du Rila et du Pirin. Plus qu’une sympathique échappée en blanc, c’est aussi une plongée dans la Bulgarie traditionnelle.
Des bains thermaux un peu partout dans la région
La journée se termine de la meilleure des façons : me voici à me prélasser dans des bassins en plein air. Le fond de l’air, justement, est plutôt frais. Mais l’eau est engageante. Tout en appréciant le paysage, car la vue est dégagée, je passe d’un bassin à l’autre au gré de mon humeur. Et de leur température, qui monte jusqu’à 43 °. En prime, une tisane –on se sert à volonté à un grand samovar– de temps à autre.
L’eau thermale, ici à Sapareva Banya, possède d’indéniables vertus médicinales. Lesquelles ? Nous, nous ne le savons pas, mais les Romains, eux, les connaissaient déjà. Aujourd’hui, cette eau coule dans la tuyauterie de la plupart des hôtels de la petite ville. Et jusque dans les fontaines publiques, que l’on repère ainsi de loin à leur panache de vapeur. On vient de loin pour profiter de ces bains publics : à entendre les autres baigneurs, nous ne sommes pas les seuls étrangers.
Cette escale est pour notre petit groupe l’occasion de se délasser les jambes, de voir autre chose que de la neige et du blanc à perte de vue. Plusieurs soirs de la semaine, nous poussons ainsi la porte de tels établissements. Il y en a un peu partout dans la région. L’un est franchement luxueux et spacieux, un autre pas du tout. Qu’importe : c’est bien agréable. Je passe du bon temps, à l’instar des nombreux Bulgares qui visiblement apprécient eux aussi ces bains.
Dans le parc naturel de Vitocha
Pour autant, il ne faudrait pas croire que les randos sont exténuantes. Le séjour est classé en « une chaussure ». Et surtout pas cette première journée de marche, au départ d’Aleko. C’est une toute petite station de ski, fermée en cette fin d’hiver, à 1 750 m. La balade nous emmène dans la réserve de Torfeno Branishte, située sur un plateau montagneux dans le parc naturel de Vitocha. Elle a été créée pour protéger les 145 hectares de tourbières remarquables…que nous devinerons tout juste. La neige recouvre tout.
Nous ne sommes pas encore très éloignés de Sofia, la capitale. Le matin, en chaussant les raquettes, je l’aperçois, là-bas, tout en bas. Pourtant, j’ai l’impression d’être seul au monde ici. L’endroit est superbe : un vaste plateau parsemé de petites forêts et de quelques éboulis rocheux, encadré par les collines enneigées et balayé par un vent froid. Nous ne croisons pas âme qui vive, d’ailleurs tout comme durant la plus grande partie de ce séjour.
Au moins dans les montagnes. Car presque chaque rando est ponctuée d’une étape culturelle, l’occasion de découvrir le riche patrimoine de la Bulgarie, où bien entendu il n’en va pas de même. Je vais ainsi admirer, notamment, la belle église de Boyana avec ses superbes fresques murales du XIIIe, et surtout l’extraordinaire et grandiose monastère de Rila, un joyau de la Renaissance bulgare inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le massif du Rila en raquettes
Les jours suivants nous emmènent dans le massif du Rila. C’est là que commencent les choses sérieuses. Pour la raquette, s’entend. Là encore, la rando débute dans une station de ski, à Panitchichte, avec quelques grands hôtels. Cheminant à travers la montagne, nous arrivons au refuge de Skakavitsa, le plus ancien du pays. Il se trouve tout à côté de la majestueuse cascade du même nom, haute de 80 m. Drapée dans ses atours de glace et de neige, elle constitue le point d’orgue d’un très beau cirque rocheux. C’est l’un des sites emblématiques de la montagne bulgare.
Plus haut, par-delà les forêts, commencent les pentes qui mènent au secteur des Sept Lacs. Une enfilade d’étendues gelées, à quelque 2 225 m. J’ai parfois un peu de mal à discerner leur contour. Qu’importe, le décor est majestueux. Une fois n’est pas coutume, nous ne sommes pas les seuls à en profiter. Une équipe de cinéma est en plein tournage –un film policier– et nous demande de patienter. Silence, on tourne ! Personne ne se plaint de devoir souffler un peu…
Raquettes dans le massif du Pirin
Une autre rando mémorable, et tout aussi exigeante, nous trouve dans le massif du Pirin, encore plus au sud, sur les hauteurs de la jolie petite ville de Bansko. Cette fois nous partons du refuge de Gotze Deltchev, pour monter en télésiège à 2 200 m. Quelques rudes grimpées –surtout à cause d’un vent froid et mordant– nous emmènent jusqu’au mont Bezbog, à 2 645 m.
Nous voilà en bordure du parc national du Pirin. Au fur et à mesure de l’ascension se dévoilent les sommets qui constituent la toile de fond autour du mont Vihren, à 2 914 m. Un chapelet blanc qui se découpe dans le ciel bleu. C’est l’image qui reste gravée en moi.
Informations pratiques
Cette semaine en raquettes a été réalisée avec le voyagiste à pied Terres d’Aventures qui propose un circuit accompagné « Au cœur de la Bulgarie traditionnelle ». Circuit de 8 jours à partir de 1 190 € (vol AR Paris-Sofia compris).
Office de tourisme de la Bulgarie
Journaliste professionnel venant de la presse régionale, j’ai toujours aimé bouger. Au fil de mes pérégrinations, j’ai découvert le voyage à pied et à vélo, que j’apprécie énormément l’un comme l’autre. Et plus j’en fais, plus j’en redemande !