Ma première randonnée itinérante en autonomie, je l’ai réalisé dans la réserve naturelle de Néouvielle dans les Pyrénées. C’était en 2002. Les prémices d’I-Trekkings et de ma passion pour l’itinérance. 15 ans plus tard, je suis retourné randonner dans la réserve de Néouvielle avec des amis pour une semaine de vacances en utilisant la logistique de La Balaguère qui s’est occupée du transfert des bagages, de la réservation des hôtels et refuges, et de la remise du topo (très bien fait), de la trace GPS et de la carte IGN.
Nous sommes 10 au total, adultes et enfants compris, plus ou moins sportifs avec plus ou moins d’expériences de la randonnée. Mes amis ne sont jamais partis en itinérance et n’ont jamais dormi en refuge. Une première pour eux !
Nous nous donnons RDV à Barèges, point de départ de la randonnée dans le massif du Néouvielle.
Tour du Pic d’Ayré
Depuis la rue principale de Barèges, nous partons après avoir laissé les sacs de voyage à l’hôtel. Nous partons pour deux jours en autonomie autour du Pic d’Ayré (2416 m). Toute la première partie de l’itinéraire est en forêt. Le panorama s’ouvre au dessus du hameau d’Artiguette. Nous marchons sur le GR10F jusqu’au ruisseau de Bolou. Là, nous remontons le vallon en suivant le cours d’eau. C’est sauvage, peu balisé. Les enfants ne sont pas encore tout à fait dans le rythme de la randonnée. Leur esprit est encore accaparé par leur smartphone et leurs relations sur les réseaux sociaux. Nous avançons lentement. La fatigue arrivant, forcément, ça râle un peu…
En fin de première journée, nous arrivons au refuge de la Glère (2153 m). Pas forcément le plus authentique mais il jouit d’une belle vue et il est très agréable à vivre. Même la douche froide n’a pas entamé notre bonne humeur. Pour une première nuit en refuge, les enfants l’ont baptisé avec succès par un concert de pets. Il n’y avait personne d’autres dans le dortoir. Heureusement pour eux !
Après cette belle première journée, la seconde prend une tournure bien différente au regard de la météo. C’est simple, on ne voit rien à 20 mètres. Le lac de la Glère sous le refuge n’est même pas visible. Nous devions monter jusqu’au lac de la Mourette (2326 m). Finalement, nous décidons de redescendre la vallée de la Glère jusqu’à Barèges où nous retrouvons l’hôtel Alphée.
C’est sous la bruine que les enfants prennent le pas de la randonnée. Leurs corps et leurs esprits viennent d’accepter l’effort de la marche. Alléluia !
Avec le brouillard, le paysage semble suspendu dans le temps
La réserve naturelle du Néouvielle sous le brouillard
Au matin du 3ème jour, j’ai bien cru que Météo France s’était trompée. Mais finalement non, les nuages ont bien envahi la vallée de Goubous peu après notre départ du parking de Tournaboup. Nous quittons le balisage du GR10 en direction du lac dets Goubous (2041 m). Petite pause dans le brouillard près de la cabane puis nous repartons sur ce qui doit être un très joli tracé. Nous passons près du lac Blanc. Avec le brouillard, le paysage semble suspendu dans le temps alors que nous continuons à avancer. C’est une sensation assez étrange, presque irréelle. Un temps, j’ai même cru voir huit lunes dans le paysage. Mais sans doute était-ce un rêve éveillé !?
Nous pique-niquons sur le bord du laquet qui jouxte le lac Nère et repartons motivés pour passer la Hourquette d’Aubert à 2498 m. Petite séance photo à côté du panneau. Nous regagnons assez vite le lac d’Aubert. A partir de là, nous décidons de finir à pied au lieu de prendre la navette qui rejoint le lac d’Orédon. C’était une erreur. Les enfants en avaient marre. On s’installe au chalet-hôtel d’Orédon. C’est une belle bâtisse mais l’accueil est quelconque et finalement je préfère de loin l’ambiance des refuges de montagne. Dommage pour moi, on y reste deux nuits ! Autre option pour la nuitée : le refuge d’Orédon à moins de 5 mn à pied.
La randonnée, ça n’est pas une punition !
Le lendemain, le topo-guide prévoyait une belle boucle au cœur de la réserve naturelle jusqu’au pic de Gourguet (2619 m) mais voilà la météo en a décidé autrement. Les plus courageux iront jusqu’au lac Supérieur. Johanne, les enfants et moi n’iront pas au-delà du col d’Aumar (2381 m) où la neige nous est tombée dessus. Encore une fois, on n’y voyait pas grand-chose ! Et puis, nous avons retenu la leçon : inutile de pousser les enfants à bout. La randonnée, ça n’est pas une punition !
Les lacs de Bastan
Cette 5ème étape qui nous conduit au refuge de Bastan, je l’ai faite il y a 15 ans mais dans l’autre sens. Je constate que la mémoire est sélective. J’avais souvenir d’un sentier facile au départ du chalet d’Orédon en direction du col d’Estoudou (2260 m). C’est bien loin d’être le cas. C’est raide et il nous faut jouer avec les rochers et les souches qui jonchent toute la première partie du chemin. Mais ce matin, le beau temps est au rendez-vous. Rien ne semble pouvoir nous arrêter. Florine devant donne le rythme suivie non loin par Mathilde puis un peu plus loin Clément et Lucas qui discutent tout en grimpant d’un bon pas. Je les aime bien ces jeunes avec leur personnalité propre, leurs caractères, leurs qualités et leurs défauts. Ça me ferait presque regretter de ne pas être père. Mais bon voilà, c’est comme ça…
Pour fêter le retour du soleil, petit selfie du groupe avant de repartir pour les derniers lacets jusqu’au col d’Estoudou. Là, les enfants vérifient leur portable et constatent qu’ils captent la 3G/4G. Inutile d’essayer de les inviter à nous suivre jusqu’au sommet du Soum de Monpelat (2474 m). Ils nous attentent au col en compagnie de Johanne pendant que nous allons profiter d’une vue spectaculaire à 360° sur le massif granitique de Néouvielle et ses lacs d’altitude.
Les ronflements sont de la partie. On est en refuge oui ou merde !
Sur les rives du lac d’Orédon, nous pique-niquons avant de repartir pour finir la journée de randonnée au refuge de Bastan. La fin du parcours est une vraie autoroute de randonneurs même si l’on croise encore plus de moutons. Il faut dire que le refuge est accessible en 1h30 depuis le col de Portet. La fin de journée s’étire autour d’une partie de tarot pour les uns, d’un peu de lecture, d’une baignade et de repos pour les autres. Nous mangeons au second service à 20h00 puis allons nous coucher sous la tente marabout. Tant mieux, il y a fait c’est sûr moins chaud que dans le dortoir du refuge. Quelque soit la température, les ronflements sont de la partie. On est en refuge oui ou merde !
Sur le GR10C par le col de Bastanet
Je ne sais pas si c’est parce que c’est le dernier jour ou parce que Météo France a annoncé une journée radieuse mais nous traînons les pieds dès le réveil comme s’il fallait profiter de chaque moment avant de finir la randonnée. Ce n’est qu’à 9h45 que nous quittons le refuge par le GR10C en direction du col de Bastanet (2507 m), le plus haut col de la semaine. Une heure plus tard, nous profitons de la vue offerte par le col. Là encore nous prenons le temps. Les filles tournent une musical.ly pendant que les gars réfléchissent à la prochaine blague qu’ils vont partager sur leur compte Instagram. C’est quand même un beau cadre d’inspiration la montagne !
Poursuite par une succession de lacs : la Hourquette, Arrédoun, Campana où nous pique-niquons (c’est aussi ici qu’on trouve le refuge Campana), Gréziolles et le réservoir des Laquets. Là, la vallée semble se métamorphoser : d’une montagne de caillasse, nous entrons dans une montagne à vaches, l’herbe remplace la pierre, les vaches à la place des lacs.
Un minibus la Balaguère nous attend à 17h00 au parking du virage du Garet. Fin de la randonnée.
Si vous avez envie de prolonger la randonnée par une semaine de balades et randonnées dans les Hautes-Pyrénées, allez lire l’article de Mathilde.
Informations pratiques
Avec qui partir ?
Cette randonnée –Néouvielle de lacs en lacs– a été réalisée en liberté avec la Balaguère.
Références des cartes IGN
Gavarnie Luz-Saint-Sauveur 1748 OT et Néouvielle vallée d’Aure 1748 ET
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.