Carnet d’un trekking de 7 jours menant au Camp de base de l’Annapurna au cœur du sanctuaire des Annapurnas, véritables chapelets de sommets enneigés de 6000 à 8091 mètres. Des montagnes aussi évocatrices que le Machhapuchhare (6983 m), l’Annapurna sud (7219 m), le Gangapurna (7455 m) ou l’Annapurna I (8091 m). Parti de Phedi (1100 m), le chemin traverse des villages Gurung, peuple descendu du Tibet dans un lointain passé, encerclés de culture en terrasse, rejoint la Modi Khola et la remonte jusqu’à sa source dans le sanctuaire des Annapurnas. Là se dévoile un formidable panorama glaciaire…
Les Annapurnas sont situés à environ 210 km à l’ouest de Kathmandu. Le massif des Annapurnas est composé d’une dizaine de sommets culminant à plus de 6000 mètres, dont le plus haut est l’Annapurna I (8091 m).
Après villages et rizières, au sortir de la forêt, la vallée s’élargit tout à coup pour pénétrer au cœur du Sanctuaire des Annapurnas. Depuis le Camp de Base Sud de l’Annapurna, le panorama à 360° offre une vue magnifique. Tout autour dans cet énorme amphithéâtre naturel, les crêtes dépassant 6 000 m relient des sommets culminant à plus de 7 000 m : Hiun chuli (6 440 m), Annapurna Sud (7 220 m), Fang (7 650 m), Annapurna I (8 091 m), Annapurna III (7 555 m), Machhapuchhare (6 983 m) etc. Le spectacle des sommets et de leurs glaciers laisse sans voix.
J’ai réalisé ce trek en individuel en 7 jours.
Place au récit, écrit sur place, day after day…
Phedi – Tolka
Départ : 1100 m
Arrivée : 1790 m
D+ : 1100 m
D- : 400 m
Temps de marche : 7h00 (pauses comprises)
27/10. 7h00. J’hèle un taxi à la sortie de mon hôtel. Direction la station de bus pour Phedi sur la route de Baglung. Il fait mine de ne pas comprendre et propose de m’y emmener pour 600 Rs. Au bout de 5 minutes, il finit par lâcher le morceau et me conduit où je lui ai demandé. Un car est sur le point de partir. Je paie rapidement et monte dans le bus. Une fois installé sur la dernière place assise, je me rends compte que j’ai oublié mon porte-carte dans le taxi. Trop tard, le bus roule déjà. Il me manque donc une carte, une boussole, un stylo et mon carnet de voyage. Par chance, j’ai une autre carte dans le sac à dos, moins précises certes, mais elle fera l’affaire.
Un gars d’Hong-Kong descend avec moi. Yung fera un bout de chemin avec moi. Les premiers lacets sont horribles. 200 mètres plus haut, on est tous les deux essoufflé. On est monté trop vite. D’autant que je traîne un début de bronchite et une espèce de gastroentérite. Fièvre et nausées seront mon lot quotidien jusqu’à l’Annapurna Base Camp (ABC).
Je jure déjà à propos de mon sac, trop lourd à mon goût (environ 14 kg). Sans compter mes 5,9 kg de matériels photos. Vous avez dit maso ? Que la journée va être longue…
Après cette première montée, le chemin s’aplanit aux premières maisons. Hommes et femmes récoltent le millet, principalement de l’ethnie Gurung, principal peuple de la région des Annapurnas. Ceux sont essentiellement des agriculteurs et des éleveurs de moutons. Depuis longtemps, les Gurungs forment le gros des troupes Ghurkas employées par l’Inde et la Grande-Bretagne.
Des enfants bloquent le passage sur le chemin en formant une chaîne et réclament une taxe. Des futurs maoïstes ?
Une autre montée un peu raide et nous sommes au cœur de Damphus. Le Machhapuchhare (6983 m), littéralement la queue de poisson, est censé se montrer à nous. On le devine à peine derrière une épaisse couche de nuages.
Damphus (1600 m), repère des voleurs, selon le Lonely Planet, possède encore son check-point Maoïste. Celui-ci a tout bonnement remplacé celui de l’Annapurna Conservation Area Project (ACAP). On nous demande de payer une taxe révolutionnaire. Après le printemps 2006 et le vent de démocratie qui a soufflé au Népal, les maoïstes avaient abandonné cette pratique à l’automne 2006. Mais voilà, le parti Maoïste a décidé le 18 septembre 2007 de se retirer du gouvernement dans l’attente des élections. Et les anciennes pratiques sont revenues aussi vite. Dommage car elles écornent l’image du pays.
Les tarifs ont quand même baissé par rapport à mon précédent passage en 2005. Après négociation, je m’en tire à payer 300 Rs au lieu des 700 demandés.
On continue à grimper à travers une belle forêt de rhododendrons, puis c’est le yoyo, un coup je monte, un cou je descends, jusqu’à Pothana (1900 m). Arrêt « Mixed fried rice ». Si le temps était couvert, c’est maintenant une vraie purée. On ne voir pas à 30 mètres. Alors les sommets de l’Annapurna : Nada !
Je rejoins Yung à la sortie du village. Le chemin, glissant par endroit, monte à travers une forêt dense, parsemée de clairières. Il atteint Deureli à 2100 mètres. Très bon contact avec la tenancière du premier gîte. Mais, je préfère marcher encore un peu…
Nous entamons la descente vers la Modi Khola. A Bichok, composé de quelques habitations éparses, nous croisons deux anglais et leur drôle de cargaison. Deux porteurs trimbalent sur le dos deux kayaks. Demain, les joyeux lurons rejoindront les méandres de la Modi Khola, importante rivière née des glaciers du massif des Annapurnas, pour se jeter dans les rapides et descendre jusqu’à Nayapul. Vu le débit, j’espère qu’ils en ont dans les bras…
Après avoir traversé un pont suspendu un peu instable, le sentier part sur la droite en montant légèrement. Nous posons notre barda au 1er lodge de Tolka, le sunlight Tourist Guesthouse and Restaurant. Ce soir, je partage chambre, repas et lodge avec Yung. Mais ça s’arrête là ! A 19h30, au lit. Sans rire !
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.