Je lance à une amie : « Je vais faire de la randonnée en Ubaye ».
« Ah ouais, tu vas faire du shopping » me répond-elle.
« Du shopping, comment ça ? »
« Ben oui du shopping. Y’a plein de centres commerciaux là-bas. »
Et moi de comprendre qu’elle me parlait de Dubaï et non pas de l’Ubaye.
L’Ubaye n’est pas au Moyen-Orient. C’est à la fois un massif et une vallée coincées entre le parc naturel régional du Queyras et le parc national du Mercantour dont ils appartiennent en partie. Etre au centre de deux mastodontes déjà reconnus, c’est bien mais ça étouffe un peu l’image. Voilà pourquoi, l’Ubaye n’est pas si connu malgré ses 800 km de sentiers balisés. Les montagnards et les amoureux des Alpes du sud connaissent l’endroit c’est sûr… Si ce n’est pas le cas, il faut absolument y aller…
C’est en compagnie de Piotr des blogs 1001 pas et Bien voyager que je me rends en Ubaye pour deux randonnées de 3 jours. La première autour du Brec de Chambeyron (ce récit) et la seconde, plus bas dans la vallée, de villages en villages.
J’espère que vous apprécierez ce récit autant que moi j’ai aimé y marcher. N’hésitez pas à commenter ou à me questionner sur la randonnée.
Saint-Ours – refuge de Chambeyron
- D+ : 1175 m
- D- : 338 m
- Distance : 12,5 km
- Temps de marche : 5h00
Saint-Ours, 8h30. Nous quittons le hameau par une piste qui passe sous la chapelle, se poursuit au dessus des maisons et longe l’ouvrage de Saint-Ours construit entre 1930 et 1938 dans le cadre du programme alpin de la ligne Maginot. Ici les fortifications sont nombreuses puisque sur le versant opposé de la haute vallée de l’Ubaye, l’ouvrage de Roche la Croix trône sous la tête du Siguret (3032 m) Toutes ces constructions de bétons armés et d’acier complètement souterrain n’avaient qu’un objectif : contrôler la zone frontière et empêcher les italiens de pénétrer sur notre territoire.
C’est pour moi avec une certaine émotion que je reviens dans ce secteur. J’y étais venu l’hiver pour faire de la raquette, me voilà de retour l’été, à l’époque où les edelweiss fleurissent sur les tapis herbeux d’altitude. Nous remontons la vallée de Riou du Pinet et arrivons sur la cabane du Vallonnet sous la Tête du Brecquet (3079 m). Les cris de marmottes alertent notre arrivée. Petite pause pour manger une barre de céréales. La grimpette se poursuit jusqu’au col du Vallonnet (2524 m). En chemin, nous croisons les lacs du Vallonnet, inférieurs et supérieurs. Tout autour, on aperçoit nos premières edelweiss. Bien avant dans la montée, arnicas, joubarbes, gentianes, saxifrages et de nombreuses autres inconnues se sont dévoilées à nous.
Quelques lacets encore pour atteindre le col du Vallonnet (2524 m). A partir d’ici, l’itinéraire est entièrement nouveau pour moi. Le chemin quitte le GR5 qui va à Fouillouse et prend la direction du Pas de Couletta en contournant la Tête de la Plate Lombarde (2609 m). Ça descend un peu. Les nuages arrivent et jouent avec la lumière. Une bifurcation. Le refuge de Chambeyron est sur la droite. Nouvelle grimpette un peu raide dans le vallon des Aoupets, sous le soleil revenu alors qu’on chercherait bien un peu d’ombre.
Au pas de Couletta (2752 m), beau panorama sur le refuge de Chambeyron et son lac bleu turquoise en contrebas. Le refuge du CAF du Chambeyron (2626 m) est tenu par Virginie et Romain Sourice et leurs deux enfants Zian et Milo. Un hébergement de 69 places en dortoirs et sans douche en configuration été. Ce « vrai » refuge de montagne construit dans les années 70 sous la face du Brec de Chambeyron (3389 m) est étonnant avec sa forme de casernement militaire et son âme familiale. Par conviction, les gardiens utilisent 50% de produits locaux et biologiques. Ici la soupe n’est pas en sachet même si cela demande à Romain de faire un aller-retour quotidien en moto dans la vallée pour s’approvisionner en produits frais. On recommande. Testez les tartes aussi, c’est Romain qui les réalise 🙂
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.