Montée au refuge des Conscrits par la passerelle
- D+ : 1575 m
- D- : 190 m
- Temps de marche : 5h00
Le rendez-vous est donné devant le magasin Intersport des Contamines-Monjoie. J’arrive à la bourre, la tête dans les nuages. Le reste du groupe s’équipe déjà à l’intérieur. Bien que classée PD (Peu Difficile ne veut pas dire sans difficultés), la traversée des Dômes de Miage reste une course d’alpinisme. Il faut donc s’équiper en conséquence : baudrier, casque, piolet et crampons en plus des affaires classiques de randonnée. Cordes et broches à glace sont emportées par les guides. Ne pas oublier non plus : les gants, le bonnet et la frontale pour le départ en nocturne.
Bien loin de l’agitation du Mont-Blanc, nous voilà sur le parking du Cugnon, point de départ de notre course. Nous sommes guidés par le bureau des guides des Contamines. Il est 10h00. L’itinéraire s’enfonce dans la forêt au cœur de la réserve naturelle des Contamines-Monjoie. 5500 hectares à protéger mais surtout plus haute réserve naturelle de France avec le plus grand dénivelé, des portes du village des Contamines-Monjoie à l’Aiguille nord de Tré la Tête (3892 m). Tous les étages alpins sont présents.
770 mètres plus haut, nous arrivons au refuge de Tré la Tête. Première pause. On s’installe à l’intérieur. Marielle, la gardienne, nous a préparé des omelettes et des spaghettis bolognaises. L’ambiance est bon enfant. Mais l’heure tourne… et nous repartons.
Pour rejoindre le refuge des Conscrits (04 79 89 09 03 pour réserver), nous n’empruntons pas l’itinéraire ancestral par le glacier de Tré la Tête mais le nouveau sentier de haute montagne tracé par les guides du bureau des Contamines. Pourquoi ce nouvel itinéraire ? Jusqu’à aujourd’hui, le sentier impliquait un passage par « le Mauvais Pas ». « Il y a eu pas mal de chutes de pierres à cet endroit. Ça commençait à devenir vraiment dangereux pour tout le monde, les alpinistes individuels, les clients et les guides » me dira Ricardo Mora, guide des Contamines. Plus haut, le passage par le glacier nécessitait aussi de passer par des échelles. Avec le recul du glacier, il aurait fallu en ajouter de nouvelles chaque année. Outre la sécurité, la construction de la passerelle permettra aussi de réduire l’impact en équipements sur le glacier lorsque les échelles auront été démontées. « Elles le seront durant la saison 2013 » me confie Hervé Viollet, lui aussi guide aux Contamines. Le sentier, qui reste alpin, est néanmoins plus facile que par le glacier de Tré la Tête. L’affluence aux refuges des Conscrits risque d’augmenter avec un contingent de randonneurs plus important.
Le sentier est particulièrement enneigé cette année (dès 2250 m) et les traces de peinture bleues de l’itinéraire ne sont pas très visibles. Quelques panneaux indiquent ici et là le chemin à suivre mais il n’est pas toujours évident à trouver. L’itinéraire offre une vue magnifique sur le bas du glacier de Tré la Tête dont on peut voir d’étranges formations circulaires résultant d’un effondrement de la couche glaciaire (j’y reviens dans le récit le J3).
La passerelle est face à nous. 60 mètres de long, bardée de drapeaux à prières népalais, suspendue au dessus des gorges. Un aménagement soutenu par la fondation Petzl qui a pour but de servir le milieu de la montagne dans lequel la marque Petzl s’est développée. On la traverse sur un plancher en bois égrené de tasseau agrippant qui évite de glisser. J’ai lu sur Camptocamp que certains alpinistes s’étonnent de la proximité de la passerelle avec la paroi. Pour Ricardo Mora, « les risques d’avalanche sur la passerelle sont minimes » car même si la face est exposée aux avalanches, elle ne permettrait pas à la neige de se tasser. Si avalanche il y a, elle serait de petite taille et s’écoulerait entre la paroi et la passerelle.
Il reste quelques centaines de mètres avant de rejoindre le refuge des Conscrits (2602 m). Ce navire de la montagne tout en bois est encerclé par la neige. Christine Mattel, la gardienne, nous accueille avec le sourire. Une fois le matos d’alpinisme laissé dans les casiers du rez-de-chaussée et le sac à dos dans le petit dortoir 4 places, c’est une bonne mousse qui vient me rafraichir le gosier. Nous ne tardons pas à passer à table. Les guides nous annoncent que le lever du lendemain est fixé à 3h00. Bon, faut pas tarder à aller se coucher !
Fondateur d’I-Trekkings et des blogs I-Voyages et My Wildlife, j’apprécie le rythme lent de la marche et des activités outdoor non motorisés pour découvrir des territoires montagneux et désertiques, observer la faune sauvage et rencontrer les populations locales. Je marche aussi bien seul, qu’entre amis ou avec des agences françaises ou locales. J’accompagne également des voyages photo animaliers qui associent le plaisir d’être dans la nature et l’apprentissage ou le perfectionnement de la photographie animalière.